C’est avec une certaine amertume que Jeremiah avait quitté Dera, il y a quelques jours. Il avait fait la rencontre d’une étrange jeune femme qui lui avait fait comprendre quelque chose qui vint le bouleversé. Aussi fort qu’il pu le renier de toute son âme, il dû se rendre à l’évidence qu’au fond, il n’était pas supérieur aux autres. L’acte qu’il avait commit était la preuve même qu’il n’était qu’un simple bâtard, à l’image de tous les autres qui peuplent ce monde. Alors pourquoi continuer son travail? Pourquoi œuvrer pour la véritable justice alors que lui-même n’est qu’une immondice de chair et de sang? C’est là que sa deuxième grande révélation se fait voir. La réponse est que c’est tout simplement irrépressible. C’est un sentiment fort qui le submerge, qui l’enivre et il n’a guère le choix que de répondre à cet appel sanguin. Il en avait besoin, voilà tout.
La vallée des mégalithes se présentait alors à lui sous un nouveau jour. Il avait emprunté ces chemins sinueux et peuplés de grands rochers quelques fois auparavant, mais ce n’était pas avec la même conscience d’esprit. Après sa quête spirituelle qui s’était avéré être une partie de jambe en l’air, Jeremiah se sentait revivre. Il laissa alors tomber le masque de la déshumanisation pour en enfiler un tout neuf, tout beau. Ce masque, il le portait à merveille, d’ailleurs. Les chemins de terre se succédant les uns aux autres, notre héros se demanda bien ce qu’il pourrait y trouver, au bout du compte. Il n’y avait pas âme qui vive et tôt ou tard, il aboutirait à Équilios, là ou il pourrait avoir ce qu’il cherchait. Le monde est noir, après tout. Il n’était pas le seul un tant soit peu malhonnête. Des gens bien pire, il en avait et seuls les esprits le savaient. Son regard acclimaté à la noirceur distinguait sans problème les formes, les dimensions des objets qui peuplaient cette vallée déserte de tout âme qui vive. Même els animaux semblaient avoir abandonné l’idée de rester, tellement c’était vide. Pour seule compagne le souffle du vent qui lui caressait la nuque, il entreprenait de traverser cette vallée maudite au plus tôt, cherchant finalement à se rendre à Équilios. Ses vêtements amples et légers accueillaient le vent, lui donnant une impression de frisson de temps à autres. Finalement, c’est l’attrait d’un petit groupe d’arbres qui le fit dériver de son chemin, comme si quelque chose avait réussit à attirer son attention. Oh mais attendez, c’est que quelque chose avait réellement attiré notre pauvre homme sans défense. Un bruit, une sonorité qui présageait une autre présence vivante. Son sang s’accéléra dans ses veines. Si c’était un animal, il le tuerait. Si c’était un humain…il le tuerait aussi. Il faut rester honnête envers soi-même, après tout.
Son corps souffrait encore de sa dernière rencontre avec l’étrange femme. Courbaturé, sensible à divers endroits de son corps, il subissait silencieusement l’appel de souffrance de ce dernier, sans pour autant se reposer. Il tâta son torse, venant doucement caresser la plaie béante au niveau de son cœur. Heureusement, elle avait arrêté de saigner depuis un bon moment. Maintenant, la chair était relativement sensible, mais bien traitée pour qu’elle ne pourrisse pas. Un bandage rudimentaire fait d’un bout de vêtement protégeait son corps de l’air extérieur, évitant ainsi qu’elle s’infecte. S’approchant de plus en plus des étranges sons dans la forêt, Jeremiah se faisait de plus en plus silencieux, masquant le bruit de ses pas sur l’herbe longue. Il sentait la ‘’chose’’ bouger, entendant le son de plus en plus près de lui. Finalement, au bout d’un certain moment, il déboucha de l’amas d’arbres pour tomber face à face avec une bien étrange bête. Ainsi ce n’était qu’un animal tout bête. Un loup, qui plus est. Il jaugea la créature, examinant sa taille, estimant son poids et par la même occasion sa force. Dans un geste désintéressé, il dégaina sa dague qui reposait toujours dans son étui imperméable et s’arrêta à mi-chemin de son mouvement, un autre bruit l’ayant interrompu.
-Qu’est-ce que ce sera cette fois? Un chien, un chat? Ou bien quelque chose de légèrement plus intéressant?
Il étira le mot « légèrement », bien qu’en fait, il s’en fiche royalement. Alors, qu’était-ce? Prit entre deux feux, il restait néanmoins attentif à la créature, au cas où.