La nouvelle Fulenn [Prio Tyris Soulless]

L’aube ne s’était pas encre levé et Tenamas dormait encore à poings fermés. Depuis deux heures déjà, Fulennn avait été tirée de son repos par une raison inconnue et avait immédiatement éprouvé le désir, tout aussi étrange, d’aller boire un verre. C’est donc sans précipitation qu’elle s’était rendue à une taverne située non loin de son abri, endroit où elle commençait à se faire connaître. Elle fut accueillie dans l’établissement avec étonnement, étant la seule cliente à une heure pareille. La demi-elfe noire vint donc se poser sur un tabouret sans grand enthousiasme, saluant d’un signe de tête la gargotière derrière son comptoir, occupée à astiquer un verre. C’est fou ça d’ailleurs, dans ce métier, ils sont toujours en train d’essuyer leur vaisselle, même au beau milieu de la nuit. D’une voix rauque et terne, la brune commanda :

-Une bière steuplaît.

La tavernière demeura interdite et toisa son interlocutrice un instant, après quoi elle lui répondit, un ton de reproche dans la voix :

-Fulenn… C’est pas bon de boire quand on attend un petit.

L’intéressée, qui n’était pas du genre à se laisser dicter sa conduite, et à qui un tel propos rappelait qu’elle était enceinte, ne fut pas des plus douces. Elle lança, hargneuse :

-Fou moi la paix et file moi ce que je t’ai demandé. Et ferme la à propos du gamin, ça m’fatigue déjà assez comme ça.

La tavernière s’exécuta tout en lançant un regard sombre à la jeune femme. Fulenn porta la chopine à ses lèvres et en but quelques gorgées. Elle ferma les yeux afin de mieux faire passer le liquide amer. Celle-ci lâcha dans un souffle :

-Pas terrible la bière au petit-déj’.

La belle avala le contenu de sa choppe tout en se remettant en question. Il ne fallait pas se leurrer : elle ne pouvait plus continuer ainsi. Ses activités devenaient impraticables avec la mauvaise nouvelle que constituait l’arrivée d’un enfant, et cette dernière ne comptait de toute façon pas vendre son corps toute sa vie. Bien qu’elle ait le physique de l’emploi, la vie de fille facile n’avait été dans son esprit, et ce depuis sa fugue de chez son père, qu’un moyen provisoire de gagner assez pour se nourrir et d’épargner un peu d’argent simultanément. Sa popularité dans la branche avait permis à Fulenn de remporter une belle somme et celle-ci décida qu’il était temps pour elle d’arrêter.

-Et alors, pour le gosse, t’as trouvé un moyen ?

Face à l’absence de réponse et à la mine maussade de la jeune femme, la serveuse n’insista pas et retourna à l’entretien de ses verres.

*Même si je ne lui réponds pas, je dois y réfléchir. Mais plus tard. Revenons à cette histoire de métier.*

De toute façon, la brune ne comptait pas se reconvertir dans une profession plus sage : de nature fougueuse, elle ne le supporterait pas. Soudain lui revint en mémoire un soir où elle se trouvait ici-même, avec un ange dénommé Sannen. Elle s’était furtivement approchée d’un groupe d’homme et avait volé la bourse de deux d’entre eux en les distrayant par ses formes généreuses. Ce fut l’illumination.

* Voilà ce que je vais faire. Voleuse et assassine.*

Un sourire satisfait vint peindre la face de Fulenn, événement qui interloqua la tavernière. Celle-ci se garda bien de lui en demander les raisons, de crainte de se heurter une nouvelle fois à un mur. La joie de la belle s’envola cependant quand elle ressentit un mouvement en provenance de son abdomen. Foutu gamin ! C’était le seul élément qui l’empêchait de tirer un trait sur son ancienne existence, unique témoin de sa précédente vie de débauche. Elle attendrait qu’il naisse et l’abandonnerait. Voilà qui était une bonne idée.

Fulenn réalisa qu’elle avait terminé sa bière. Heureuse, elle lança deux pièces à l’aubergiste qui n’en finissait pas d’ouvrir des gros yeux et quitta la pièce d’un pas pressé.

La demi-elfe noire était passé dans sa tente misérable où elle avait récupéré le pécule accumulé lors de ces deux dernières années, période où elle avait vécu seule de prostitution. Celui-ci était plutôt lourd. Elle se dirigea vers les quartiers riches dans l’espoir d’y trouver un tanneur et un armurier.
La femme trouva non sans mal les deux ateliers qui étaient construits côte à côte, probablement pour faciliter l’achat des aventuriers. Après avoir acheté du cuir dans la première échoppe dont le vendeur l’avait pris pour une dingue, elle affronta l’air surpris de l’armurier.

-Bonjour. Je voudrais une armure en cuir. J’ai les matériaux nécessaires. dit la brune en désignant sa récente acquisition.

-Je ne pense pas que vous ayez une somme suffisante, mademoiselle.

Fulenn sortit sa bourse, ce qui eut pour effet de clouer le bec de l’homme. Celui-ci se contenta de s’approcher de la demi-elfe noire et de prendre ses mesures. Un certain malaise s’installa entre eux lorsque l’artisan prit la taille du ventre de cette-dernière. Malgré le fait qu’il ne soit pas excessivement gros, la petite bosse dure et tendue trahissait l’état de Fulenn.

-Ne vous en souciez pas, faites juste plus serré.

L’homme travailla toute la journée. Lorsque la nuit tomba, l’ouvrage était terminé, et magnifique. La cliente l’essaya et le créateur ne put réprimer un sifflement d’admiration. L’armure semblait robuste et de belle qualité, sans pour autant cacher la feminité de sa propriétaire, bien au contraire. Le cuir épousait délicieusement les courbes de Fulenn, suivait la ligne des jambes nerveuses de celle-ci ; le corset, plus épais, tombait dans un décolleté vertigineux et les épaules découvertes de Fulenn rajoutaient un côté malicieux à l’armure. Le noir de celle-ci était nervuré d’un violet sombre et mystérieux. La nouvelle tenue de la demi-elfe noire lui offrait une beauté sauvage et féline, dégageant une aisance et une force séduisante, ce qui jurait avec la frêle et délicate apparence de l’ancienne Fulenn.

La jeune femme n’avait gardé que ses bottes dont elle sortit ses deux dagues. Mimant une position d’attaque, la belle s’enquit :

-Ca fait bien ?!

L’armurier acquiesça et Fulenn paya son dû, geste qui allégea considérablement la quantité d’or qu’elle possédait. A présent, il ne restait plus qu’à tester tout ça.

La demi-elfe sortit de la boutique. Elle était très souple, qualité développée grâce à son ancien travail et assez sportive. Elle savait manier ses deux dagues, mais ceci de manière très restreinte. Il lui fallait gagner en musculature, et trouver un ou une partenaire pour s’entraîner. L’instinct ferait le reste.

La brune entreprit donc de grimper sur les toits. Elle repéra un bâtiment proche d’elle, qui offrait un grand nombre de prises. S’accrochant aux volets, cette-dernière se hissa vers le haut à la force de ses bras. Arrivée au sommet, elle était exténuée et ses bras étaient douloureux. L’obscurité ne facilitait pas la tâche non plus. Pourtant, toujours plus motivée pour devenir un instrument de mort imbattable, Fulenn se releva. Elle courut vers la maison d’en face, afin de sauter sur son toit. Elle y parvint et atterrit sans trop d'encombre.

La femme continua sa course folle sur les toits jusqu’au moment où elle avait mal jaugé la distance jusqu’à sa cible. Elle vint s’écraser au sol, et sonnée, celle-ci y resta pendant quelques minutes.

[HRP] Désolée pour la longueur du post ^^

"Mais tu est complètement dingue?"

Jaelis était presque tombée de sa chaise lorsqu'il avait entendu la proposition de la jeune femme. Se rattrapant de justesse, il avait fini par lui répondre. Imperturbable, elle avait continuée. Même les quelques clients qui attendaient leur tour n'en revenaient pas et avaient les yeux grands ouverts.

"Je croyais que tu étais le meilleurs dans ton domaine, ta réputation serait elle usurpée?"

"Non mais... On ne fait pas voler une maison ! Encore moins un manoir entier! Ce n'est même pas possible et si ça l'était, tu te ruinerais en matériaux magique. Ecoute, on se connait depuis longtemps et croit moi, laisse tomber cette idée de fou."

Un peu déçu, Tyris sortie de la boutique, pensive, elle aurait tellement aimée faire voler son chez soi. Mais elle savait que son ami n'avait pas tord, c'était impossible. Pourquoi avait elle voulu ça? Rêve d'enfant sans doute, rien de plus. Frustrée tout de même, elle gagna les quartiers marchant, décidant de gâcher un peu d'argent pour se changer les idées. La noble possédait en effet une fortune considérable et se promener en s'appropriant de nouvelles choses la détendrait. Le premier vendeur à qui elle rendit visite fût le joaillier, dont elle quitta le magasin avec une bague en or sertie d'un diamant qu'elle ne porterait sans doute jamais. Puis ce fût au tour du tailleur, de chez qui elle ressortie un peu plus tard avec un nouveau manteau noir, qu'elle porta immédiatement par dessus l'actuel. Bien qu'il ne faisait pas très froid, le soleil n'était pas sous son meilleur jour et le vent était frais. Un paquet de sucrerie compléta l'ensemble après un passage chez le pâtissier et fût bien vite entamé.

Hormis son architecte, Jaelis, l'elfe n'avait pas beaucoup de connaissance à Umbra, voir pas du tout. Elle était censé être morte, ce qui n'aidait pas particulièrement et les gens se demandait qui pouvait bien avoir payé les travaux de réparation d'un manoir en ruine, qui était en fait celui de Tyris. Elle s'y dirigeait tranquillement pour finalement atteindre la grille d'entrée qu'elle ouvrit en touchant le sceau du portail. Les travaux avançait bien, les bâtisseur avait du raser les reste de l'ancienne habitation pour tout reconstruire selon les plans de la jeune femme. Elle en profita pour déposer son manteau, saluant les travailleurs au passage et vérifiant que tout se passait bien comme elle l'avait prévu. Ils étaient en avance, surement que le patron les avait motivé pour rendre service à son client, ce qui ravi Tyris et lui remonta un peu le moral. L'ennui la gagnait et elle se demanda ce qu'elle pourrait bien faire pour s'occuper à présent, ne sachant pas où se trouvaient les derniers mercenaires qu'elle avait décidée de tuer. Reprenant finalement la direction du quartier commerçant, la jeune femme utilisa un moyen de déplacement qu'elle connaissait par coeur: les toits.

*Je sais qu'il y en a encore en ville, il faut que tu trouve quelqu'un pour te renseigner et essayer de questionner le prochaine avant de le tuer, qu'il nous conduise aux autres.*

N'ayant plus eu de nouvelles de Vasa depuis quelques jours, elle fût surprise et manqua de perdre l'équilibre. Se rattrapant de justesse, elle lui répondit finalement, continuant sa route.

*Tu a raison, j'ai laissé Fang et Chut au manoir, j'irais les chercher pour flairer une éventuelle piste après, sous le couvert de la nuit.*

Ayant l'habitude de se déplacer comme un fantôme de cette ville, la jeune femme avait apprise à la connaitre et à devenir aussi anodine qu'une ombre. Elle avait prit goût à l'observation des gens, s'amusant de leurs mimique, leurs habitudes, leurs défauts. Sa vue d'aigle ne manquait aucun détails et les gens qui traversait la place commençaient à lui être connu. Ils devaient avoir une vie très ennuyante à devoir faire la même chose tout les jours, heureusement que certains sortaient parfois du lot. Quelque chose attira soudain son attention, une jeune femme qu'elle pût à peine apercevoir se tenta à elle aussi utiliser les toits comme moyen de déplacement. Curieuse, l'elfe la suivit de loin, juste pour ne pas la perdre de vue, et assista à sa chute. Pas très habituée à aider les gens, elle n'avait rien d'autre à faire alors... Pourquoi pas.

En quelques bonds, le sol fût atteint et la demoiselle n'était qu'à quelques pas. Elle ne semblait pas au mieux de sa forme et Tyris s'agenouilla à ses côtés pour la secouer doucement, puis lui proposa une sucrerie. Bien entendu, la blessée ne pouvait répondre, sonnée. La noble décida finalement de la tirer dans un coin plus calme puis s'appuya contre le mur non loin, attendant qu'elle se réveille. Dès que l'étrangère reprit conscience, sa "sauveuse" lui tendit un bâtonnet de sucre accompagnée d'un grand sourire.

"Mange, ça te fera du bien."

Lorsque Fulenn se sentit mieux, elle n'était plus au même endroit. Décidément, il y avait toujours quelqu'un pour la secourir... Après tout, la brune n'avait aucune raison de s'en plaindre, mais il était amusant de constater qu'une bonne âme se débrouillait toujours pour être là quand elle en avait besoin. Il y avait-t-il quelque part un ange ou une étoile qui veillait sur celle-ci ? Peu importe.

*Où suis-je ? Oh.. J’en ai marre de tomber dans les pommes à tout bout de champs.*

La brune se redressa et passa sa main gauche sur son dos, douloureux. Elle le frictionna un instant, quand une femme que Fulenn n’avait pas encore remarqué s’approcha d’elle. L’inconnue devait-être celle qui l’avait aidé, puisqu’elle venait du mur en face de là où se tenait la blessée, veillant sur elle. C’est en tout cas ce que Fulenn osait espérer. Les deux protagonistes avaient à peu près le même âge. On devinait à sa morphologie et à ses oreilles pointues, semblables à celles de la brune, que l'étrangère était une elfe.

*D'où est-ce qu'elle vient ? Est-ce qu'elle a eu une enfance paisible ? *

Les origines de l’inconnue intriguaient Fulenn, cependant celle-ci continua son observation, se promettant de la questionner plus tard. Ses longs cheveux blancs d’apparence soyeux suggéraient également un bon entretien, et trahissaient, tout comme ses habits, luxueux, le rang de la femme. Elle devait sûrement posséder beaucoup d’argent… Malgré cette aura qui émanait de sa sauveuse, il y avait quelque-chose d’étrange dans son aspect, c’était… ses yeux. Ils n’étaient pas de la même couleur !

L’ancienne fille de joie se sentait minuscule et ridicule aux côtés de cette femme. Elle était pauvre, engrossée par elle-ne-savait qui, ambitieuse sans pour autant être talentueuse, blessée, à terre. Alors que l’inconnue avait l’air noble, portait des vêtements splendides, était belle, et semblait pouvoir se battre tout aussi bien qu’elle se tenait, altière.

Pourtant, malgré le physique minable qu’affichait Fulenn, la femme lui proposa d’une voix douce et rassurante :

"Mange, ça te fera du bien."

Fulenn la regarda un instant et baissa les yeux, honteuse. Elle n’était pas sûre de mériter l’attention d’une noble, elle qui était si misérable. Sa nouvelle armure lui revint un instant en mémoire, ce qui eut pour effet de la revigorer. Elle avait fière allure ! Il ne fallait pas l’oublier. Et puis…elle venait de tirer un trait sur son passé ! Il suffisait à la brune de faire comme si de rien n’était, d’investir son nouveau rôle d’assassin sans se tracasser outre mesure. Et puis il y avait le bébé… Quelle que soit la décision qu’elle prendrait à la naissance de celui-ci, elle n’avait pas le droit de le laisser mourir. D’ailleurs, sa chute la préoccupa un instant. Elle porta ses mains à son abdomen et le massa tendrement.

*Merde, c’est que je commence à m’y attacher à ce petit-là…*

Relevant la tête, Fulenn rendit son sourire à l'elfe et lâcha, la voix enrouée :

-Merci beaucoup. J’ai eu de la chance de tomber sur…toi. Je suis Fulenn. Vous..Tu te prénommes ?

La brune avait marqué une hésitation. Elle ne savait pas vraiment comment se comporter envers cette femme, si la politesse imposait qu’elle la vouvoie où si elle pouvait s’octroyer la liberté d’utiliser une formule plus personnelle avec l’inconnue. Coupant court à ses réflexions, Fulenn croqua avidement dans la sucrerie que venait de lui offrir l'elfe, trop heureuse de pouvoir manger quelque-chose.

* Ça faisait longtemps…*

Maintenant que la femme s'était redressée, Tyris pu l'analyser en détail. Fine et élancée, la fille qu'elle avait ramassée semblait avoir quelques points commun physiques avec elle, mais de nombreuse différence. Ses yeux bleu encadrer par une chevelure noir surmontait un corps fait pour plaire, protégé par une armure flambant neuve. Après sa chute, ses cheveux étaient poussiéreux et elle ne semblait pas en très grande forme mais elle gardait son charme. La noble nota qu'elle avait un petit air d'elfe, mais qu'elle n'en était pas une à part entière. Son ventre était étrangement arrondit, mais la jeune femme aux cheveux blancs ne fit pas le lien avec un possible enfant, de plus, elle savait qu'elle avait plus de prestance mais ne s'en souciait pas, son humeur n'était ni à la méchanceté, ni à la cruauté ce soir la et rabaissée la jeune femme ne l'amusait pas outre mesure.

Elle arrêta de la dévisager pour jeter un coup d'oeil au ciel, le temps que la semi-elfe finisse de se rétablir.

-Merci beaucoup. J’ai eu de la chance de tomber sur…toi. Je suis Fulenn. Vous..Tu te prénommes ?

La noble était un peu surprise, elle avait l'air de troubler la femme qui lui faisait fasse, de manière complètement involontaire. Souriant à nouveau pour la mettre en confiance, elle répondit.

"Tyris, juste Tyris. Enchantée Fulenn, tu tombe souvent des toits?"

Aucune méchanceté ou moquerie dans le ton, elle avait juste voulu mettre son interlocutrice en confiance avec une petite plaisanterie et la détendre un peu. Elle lui tendit la main pour l'aider à se lever et son visage s'éclaira une fois encore d'un sourire. Elle continua sans attendre de réponse à la question précédente.

"Dit moi, si ce n'est pas indiscret, où courrais tu comme ça?

Sans vraiment savoir pourquoi, Tyris avait été piquée d'intérêt pour cette drôle de femme qui tombait des toits, peut être que l'ennui la poussait à s'intéresser à tous ceux qu'elle croisait, ou peut être avait elle autre chose derrière la tête...

"Tyris, juste Tyris. Enchantée Fulenn, tu tombes souvent des toits ?"

La dénommée Tyris ne cessait pas d'employer un ton doux et avenant, et son visage ne semblait pas avoir l'intention de se départir du magnifique et sincère sourire qu'elle affichait. Finalement, peut-être Fulenn pouvait-elle se comporter avec l'elfe comme envers une congénère ? C'est ce que suggérait l'agréable comportement de celle-ci. La brune suivit donc son instinct et se détendit. Le sucre contribuait au fait qu'elle retrouve son calme, le bonheur, simple pourtant, de se nourrir revigorant la nouvelles spadassin.

La formulation de l'elfe était amusante. Elle la poussait à raconter un peu de sa vie, de ce qu'il lui arrivait par l'intermédiaire d'une plaisanterie. Elle était vraiment gentille. Et puis elle s'intéressait à la brune, ou alors elle était très curieuse. C'était...perturbant. Fulenn n'avait pas l'habitude de fréquenter des gens comme ça. Cependant, la jeune femme refusait de tirer des conclusions si hâtives, l'épée tenue contre Tyris l'en dissuadant. Il se pouvait que, comme l'ancienne courtisane, elle mente pour arriver à ses fins. Quoique... Cette-dernière doutait qu'il y ait quelque-chose à tirer d'elle.

-En fait c'est que.. C'est un peu compliqué à expliquer en vérité.

Tyris enchaîna, ne cessant de jouer de l'interrogative :

- Dis moi, si ce n'est pas indiscret, où courrais tu comme ça ?

Fulenn pensa un instant à la manière dont elle allait dire son histoire. Ca n'était pas facile, pas facile du tout. Valait-il mieux tout lui dire, ou rien du tout ? Fallait-t-il mieux garder un peu de mystère, de secret, ou bien devait-elle faire part de son existence à cette aimable elfe ? Après tout, elle avait également quelques questions à poser à Tyris. Afin de se donner un peu de temps pour y réfléchir, la brune proposa :

- Je ne crois pas que ce soit le lieu idéal pour parler de ça. Allons nous assoir quelque-part, je te raconterai tout. Sache que je ne fais pas confiance à n'importe-qui. A vrai dire, avant toi, je n'ai fait confiance à personne. Et surtout pas des femmes...

Fulenn se mit debout en s'appuyant contre le mur. Elle démêla ses cheveux du bout des doigts et poussa un petit soupir satisfait. Mis à part son coude, plutôt douloureux, le bilan de la chute était positif. Mais au moins, elle tirait une leçon de cet échec : il fallait rester concentrée en tout temps, et ne surtout pas se laisser dépasser par des sentiments comme l'orgueil, la fierté ou l'ivresse de la vitesse.

*Je serai plus prudente la prochaine fois. Allez, c'est parti. J'espère que je ne fais pas de bêtises avec cette fille.*

Se retournant vers Tyris, elle lui demanda, un sourire aux lèvres :

- Tu as une idée précise dans la tête ? Une taverne que tu affectionnes, une maison peut-être...? Bien que je comprenne que tu n'aies pas envie d'emmener une inconnue - elle réprima le mot pouilleuse, le jugeant un peu trop dur pour elle - chez toi...

La noble constatait avec joie que sa compagne commençait à se détendre un peu, toujours souriante, elle l'observait avec attention, toute amusée, attendant une réponse à ses questions. Elle sortit une nouvelle sucrerie qu'elle goba en écoutant son interlocutrice.

- Je ne crois pas que ce soit le lieu idéal pour parler de ça. Allons nous assoir quelque-part, je te raconterai tout. Sache que je ne fais pas confiance à n'importe-qui. A vrai dire, avant toi, je n'ai fait confiance à personne. Et surtout pas des femmes...

Tyris jeta un petit coup d'oeil aux alentours, en effet, cette ruelle sombre et plutôt sale malgré son appartenance au quartier riche n'était des plus agréable pour une discutions entre dames. Elle regarda Fulenn se relever à l'aide du mur, refusant son aide. Pas le moindre du monde vexée, elle retira sa main tendu, la belle avait peut être trop d'amour propre pour accepter, ou bien juste n'avait elle pas fait attention, encore un peu sonnée. L'étrangère disait ne faire confiance à personne, l'elfe elle, n'avait pas vraiment de personnes sur qui compter, la confiance était un mot dont elle ne connaissait que le sens, pas la teneur.

- Tu as une idée précise dans la tête ? Une taverne que tu affectionnes, une maison peut-être...? Bien que je comprenne que tu n'aies pas envie d'emmener une inconnue chez toi...

Une idée précise, elle n'en avait pas, bien trop habituée à marcher au hasard voir où elle se retrouverait. Mais une maison, ça oui, elle en avait une! Le visage soudain enjoué, elle prit sa nouvelle rencontre par la main pour la guider derrière elle à travers les rues, marchant d'un pas rapide et expliquant en même temps.

"En fait, je n'ai pas vraiment de maison mais je fais reconstruire mon manoir! On va aller prendre le thé, j'en ai plein de différents! Puis on demandera aux gars de nous monter une table et des sièges, ils sont très confortables!"

Le visage de la noble apportait le sourire tant elle semblait heureuse, ses yeux normalement vides pétillaient comme ceux d'une enfant qui allait montrer son nouveau jouet à une amie. Avec entrain, elle conduisait Fulenn vers une grande avenue du quartier riche, passant devant des maisons de plus en plus luxueuse pour finalement s'arrêter devant un portail noir sans serrure et sans poignée. On ne pouvait voir à travers et il était particulièrement haut, ornée de pointes, encadré par des murs ou les plantes avaient pris le dessus, eux aussi massifs. De dehors, les lieux ressemblaient à l'entrée d'une maison hantée abandonnée depuis longtemps, d'ailleurs tout le monde changeait de côté de la rue pour éviter de passer juste devant, les lieux avaient en effets mauvaise réputation.

Imperturbable, la jeune femme aux cheveux blanc posa sa main sur un cercle de fer en plein milieu du portail, d'apparence anodine, mais qui brilla pourtant d'une lueur blanche à son contact et le portail émit un grincement plaintif avant de s'ouvrir de lui même. De la où elles étaient, un bosquet touffu d'arbre ayant poussés sans contraintes les empêchaient de voir quoi que ce soit de plus. Devant se spectacle, Tyris se retourna vers son invitée, après un petit tour enjouée sur elle même, gardant son immense sourire enfantin.

"Nous y voilà! Bienvenu dans le domaine des Soulless!"

Fulenn était réticente au moment d'émettre l'hypothèse que Tyris avait une maison où elle pourrait l'emmener. Elle avait encore du mal à cerner la jeune elfe, et il semblait étonnant qu'elle accepte de l'y conduire. Cependant, contrairement aux appréhensions de la brune, cette proposition allécha sa nouvelle compagne, la rendant visiblement impatiente et à la limite de l'euphorie. Elle se précipita dans les rues en la tenant par la main pour l'orienter. On aurait presque dit une gamine qui promenait son ours en peluche. C'était très surprenant... Mais l'empressement et la joie de Tyris étaient contagieux, puisqu'un grand sourire vint peindre le visage de la jeune femme, curieuse de savoir où les conduirait l'elfe. Celle-ci expliqua tout en continuant sa course:

"En fait, je n'ai pas vraiment de maison mais je fais reconstruire mon manoir ! On va aller prendre le thé, j'en ai plein de différents ! Puis on demandera aux gars de nous monter une table et des sièges, ils sont très confortables !"

*Du thé ?! Les gars ?*

Fulenn ne répondit rien mais son intérêt se fit encore plus vif. Elle n'était pas certaine de savoir ce qu'était le thé. Il semblait que ce soit des feuilles qu'on trempait dans de l'eau chaude pour obtenir un breuvage qui avait bon goût. Malheureusement, ça n'était pas le genre de boisson qu'on servait dans les tavernes, et la brune n'en avait donc jamais goûté. De peur d'avoir l'air bête, cette-dernière n'avoua donc pas à Tyris son ignorance. Et puis, des gars ?! Elle avait des domestiques ? Vraiment, l'elfe devait être quelqu'un de bien. Et puis elle était vraiment gentille, son allégresse était communicative, presque autant que son grand sourire.

La jeune femme en oublia complétement sa précédente chute et son désir de s'entraîner plus que quiconque pour devenir une tueuse professionnelle. La brune était effectivement plongée dans l'observation du paysage et des demeures, toujours plus grosses et précieuses, comme Fulenn n'en avait jamais vu. Il n'était pas dans ses habitudes de s'enfoncer aussi loin dans les quartiers riches, restant d'ordinaire à la frontière avec ceux des pauvres. Au lieu de se sentir gênée comme elle l'avait fait auparavant devant Tyris, la jeune femme était à présent envoûtée. Son abri devait faire la taille d'un placard de l'une de ses villas somptueuses !
Les jardins, tout aussi raffinés que l'architecture des bâtiments qui les surplombaient étaient luxuriants et colorés.

Tant de beauté émoustillait Fulenn qui aimait les belles choses sans en avoir jamais possédé. Désireuse de ne pas avoir l'air d'une mendiante, la jeune femme sortit de son armure le collier que lui avait offert Fléau, un bijou d'une grande valeur, et s'arrangea pour le mettre en évidence. La promenade s'arrêta bientôt sur une porte immense, ou plutôt un panneau gigantesque. Derrière cette clôture massive, un amas de plantations avait trouvé refuge à cet endroit et s'emmêlaient de manière tout à fait remarquable. Il était difficile d'imaginer comment elles avaient pu se retrouver ainsi agencées, certains nœuds de branches étant impossibles à refaire. Etait-il seulement possible de traverser un tel bazar ? Et, il y avait-il vraiment une maison derrière ?

*C'est la mort ici... Ça ne m'étonnerait pas que ça fasse peur à certains.*

Fulenn cessa sa contemplation pour se concentrer sur le portail. Il n'y avait aucun moyen d'ouvrir celui-ci. Peut-être ne pouvait-on le pousser que de l'intérieur ?!
Avant qu'elle ait pu émettre son inquiétude à Tyris, celle-ci avait appuyé sur un élément du panneau que la brune n'aurait jamais soupçonné comme responsable de l'accès au manoir. C'était magique, puisqu'une lumière émana de la pression de l'elfe, et que la porte s'entrebâilla subitement, sans que personne n'y ait touché. C'était de plus en plus intimidant. Pourtant, la compagne de Fulenn n'avait rien perdu de son minois joyeux, ce qui remit la brune à l'aise. Elle ne parlait cependant pas, sidérée par la magnificence du bâtiment qui lui faisait face, à demi dissimulé derrière des arbustes qui avaient probablement pris de l'ampleur avec le temps, et ceci plus qu'on ne l'aurait voulu.

"Nous y voilà! Bienvenu dans le domaine des Soulless!

- Ça me donne des frissons... Montre moi la suite, j'ai hâte de découvrir l'intérieur !

Fulenn s'emporta et claqua même dans ses mains, à la manière d'une enfant. Les deux jeunes femmes s'entendaient plutôt bien, et toutes deux n'avaient pas du tout l'air adulte en cette soirée riche en découverte. Alors qu'elles avançaient tranquillement, la nouvelle assassin, qui jugeait l'endroit assez discret pour parler d'elle entama son récit :

-Alors en fait... Ça risque d'être un peu long. Mon père était un elfe noire qui avait de sombres desseins. Il essayait de s'approprier des pouvoirs luciniens, bien que natif d'Umbra. C'est pour cette raison que je suis née, du viol de la femme à l'existence autrefois paisible qu'était ma mère. Il l'a tué peu après ma naissance, et il m'a fait faire des tas de choses... horribles.

La jeune femme marqua une pause et avala sa salive. Il n'était pas facile de se confier et de raconter des choses aussi personnelles à une quasi inconnue. De tristes souvenirs lui revinrent en mémoire, des images effroyables que la brune s'efforça de chasser de son esprit. Après avoir reprit contenance, elle continua :

-Je me suis enfuie il y a deux ans. Et puis j'ai.. vendu mon corps dans Tenamas. Ne me juge pas s'il-te-plaît. Je n'avais pas d'argent, je ne savais rien faire. Enfin, j'ai accumulé suffisamment d'argent pour acheter des dagues, et ensuite pour me faire faire une armure. Elle est toute neuve, tu vois ! Parce-que maintenant, j'ai décidé d'être voleuse et assassin.

Fulenn attendit encore un instant pour laisser le temps à Tyris d'assimiler tout ce que venait d'expliquer la femme. Après quelques minutes, celle-ci acheva son récit :

-J'avais déjà fait ça une fois. J'étais à la taverne et il y avait des mecs bourrés. Je me suis donc rapproché, furtivement quoi, et j'ai fait semblant de les séduire. Je les ait distrait, après quoi je leur ai piqué leur bourses. Donc c'est ce que je compte faire. Ça paye bien. Par contre, j'ai besoin de m'entraîner à l'épée et de gagner du muscle. Parce-que niveau souplesse et discrétion, j'ai déjà acquis. Quand tu fais le métier qu'est le mien, il faut savoir se faire voir sans être vu. C'est un peu compliqué à expliquer en fait. Mais t'as saisi l'idée, pas vrai... ?

Fulenn baissa les yeux, anxieuse à la perspective d'une réaction négative de la part de Tyris. Les filles faciles n'avaient pas bonne réputation, en général... Pourtant, peu importe la façon dont l'elfe réagirait, le fait d'avoir tout dit à quelqu'un allégeait la brune d'un poids.

La noble était ravie que sa compagne soit elle aussi gagnée par la joie, surtout à la vue du jardin pourtant peu accueillant. Elle avait pris Fulenn par la main pour la conduire vers le bosquet d'apparence impossible à traverser tout en écoutant son histoire. L'elfe garda le silence jusqu'à ce qu'elle soit sûre que son amie ai terminée, habituée à enregistrer plein d'information pour les ressortir plus tard, elle ne perdit pas une goutte de ce que son invitée lui disait. Si Tyris pouvait parfois avoir l'air un peu simplette, sa mémoire n'était pas à sous estimer et après une petite inspiration et un nouveau sourire à la demoiselle aux cheveux bruns à ses côtés, elle entama à son tour.

"Je ne peux pas tout comprendre, aucun homme ne m'a jamais touché et je n'ai vécu qu'avec ma mère. Je ne peut pas non plus comprendre ce que tu a fait pour survivre, je n'en ai jamais eu besoin mais je suis sûre que tu avais de très bonne raisons d'agir ainsi."

Dégainant sa magnifique épée, elle pointa les arbres devant elle pour désigner un petit passage, complètement invisible de l'extérieur et qu'on ne pouvait trouver sans connaitre. Continuant sa marche, elle dégagea quelques branches avec des coups experts et précis d'un bretteur confirmé, ce qu'elle était. Rapidement, elle reprit la discussion sans regarder son invitée, concentrée à s'assurer que la voie était encore libre.

"On a beau les couper autant qu'on veux, ça repousse vite. Les gars sont obligés de faire un détour pour amener les matériaux de construction, j'ai refusée que l'on arrache cette barrière naturelle. Enfin, le manoir n'est pas encore fini comme tu va bientôt le voir mais ça ne sera pas très gênant pour nous. Pour en revenir à tes projets, je tue moi même parfois contre de l'argent et je peux t'apprendre quelques bases de combat si tu en a envie."

Au moment même où Fulenn aurait pu répondre, l'elfe poussa une exclamation de joie à la vue de la lumière et accéléra la cadence pour sortir de cette jungle miniature. Elle se retourna vers celle qui venait pour la première fois dans ces lieux et lui désigna plein de fierté l'édifice qui se dressait devant eux. Imposant autant par sa taille que son aspect, le bâtiment principal était protégé par une nouvelle série de rempart qui, bien que plus petit, rappelaient ceux d'un château. Entièrement fait de pierres taillées, l'habitation était reliée à la foret par un petit chemin pavé qui passait sous un portail garni d'une herse, levée mais visible. Une fois le mur dépassé, on pouvait enfin admirer la construction, déjà agréable malgré le manque de finitions en de rares endroits. Quelques marches conduisaient les visiteurs devant la porte principale, haute de trois bon mètres, entièrement faite d'un bois sombre et ornée de deux têtes de loups qui veillaient jalousement sur les anneaux qui permettaient d'ouvrir la demeure. En levant les yeux, on pouvait voir un nombre important de fenêtres, qui devait rendre l'intérieur très lumineux les jours de soleil, donnant en même temps un aspect riche aux murs gris sombre teinté de rouge par l'astre nocturne. Quelques excroissances arrondies sur les murs devaient former des petites alcôves permettant l'intimité aux gens qui s'y abritaient et, bien que surplombant la partie arrière de la maison, une pointe de tour était visible de la position de deux femmes. Décorée à plusieurs endroits de pointes travaillées ou de sculptures représentant en majorité des loups, le manoir avait à la fois un aspect effrayant par son côté sombre, mais aussi resplendissant grâce à sa décoration.

"Il est beau hein? Et c'est moi qui ai fait les plans! Viens! On continuera à parler dedans!"

Et elle repartie d'un pas rapide, trainant à nouveau Fulenn par la main, admirative devant son chez elle. Traversant un petit pont qui surplombait un ruisseau juste avant les marches mais invisible de loin, elle grimpa l'escalier quatre à quatre pour frapper avec entrain sur la porte qui répondit par un bruit sourd. Un vieil homme les accueillit, complètement chauve mais richement habillé, il était la caricature du majordome en tout point, tant dans son port que dans sa tenue et était encadré par deux autres bien plus jeune qui avaient surement manœuvrés l'imposante gardienne de l'entrée. Tous s'inclinèrent avec courtoisie, souriant, comme ils devaient le faire. Sautant dans les bras du vieil homme, Tyris s'écria, joyeuse.

"Taalann! Regarde! J'ai ramenée une amie! Le petit salon est fini? Je veux qu'on nous serve un thé la bas!"

"Je m'en occupe tout de suite Tyris, vous deux, vous avez entendu? Au travail."

Le majordome tapa dans ses mains pour appuyer ses dires et les deux autres disparurent aussi vite, filant exécuter les désirs de la maitresse de maison. La noble fit un petit tour sur elle même, dansant sur le tapis rouge qui allait de la porte et cascadait sur les marches menant au premier étage. D'imposante colonnes de marbre blanc, éclairées en ce moment par la lune rouge d'Umbra, tenaient la maison tout en étant décoratives et formaient une haie d'honneur tout au long du couloir très éclairé. De multiples portes du même bois que la principale mais bien plus modeste perçait à droite et à gauche les murs pour permettre d'accéder à toutes les pièces de l'étage, l'hôte attrapa une fois de plus la main de son invitées pour la tirer vers celle du fond à droite et y entra, dévoilant le fameux "petit salon". Pièce circulaire d'un peu plus de 5 mètre de diamètre, elle donnait sur l'arrière du jardin, invisible de devant. Le terrain n'avait pas encore été travaillé et l'herbe atteignait des sommets, seul la partie proche était rase, pour que la lumière passe par ce qui remplaçait une bonne partie des murs, une immense baie vitrée. Le mobilier était encore un peu pauvre, deux canapés rouge et décorés d'or encadraient une petite table en bois elle aussi travaillée, mais le reste restait vide et les murs de pierres vierges. Une douce lueur pourpre flottait dans l'air, éclairant suffisamment pour créer une atmosphère d'intimité.

L'elfe se jeta dans l'un des sofas et se débarrassa de son fourreau qu'elle posa à côté, puis se tourna vers son invitée, le visage illuminée d'un immense sourire.

"Tout n'est pas fini mais, il est tellement beau la nuit. Tu en pense quoi?"

"Je ne peux pas tout comprendre, aucun homme ne m'a jamais touché et je n'ai vécu qu'avec ma mère. Je ne peut pas non plus comprendre ce que tu a fait pour survivre, je n'en ai jamais eu besoin mais je suis sûre que tu avais de très bonne raisons d'agir ainsi."

Tyris se montra très indulgente et raconta très brièvement son existence à elle. L’elfe avait donc toujours vécu avec sa mère ? Ce devait être triste d’une certaine façon… Mais Fulenn l’enviait. Son amie avait une vie si magnifique ! Elle avait pu, au contraire de la brune, bénéficier de l’amour maternel dont ont besoin tous les enfants et c’était déjà beaucoup aux yeux de Fulenn.

La jeune fille aux cheveux blancs venait de sortir son arme de son fourreau. L'épée était, comme tous les effets de Tyris, superbe. De la pointe de celle-ci, l'elfe montra à son amie le chemin, une petite trouée au milieu des fourrés épineux. Il fallait vraiment être très observateur pour l’avoir repéré. Où alors était-ce voulu, et que personne ne pouvait le voir. Quoiqu’il en soit, l’elfe était en train de dégager la route à coups d’épées, faisant des gestes précis et puissanst. Elle devait sans aucun doute être redoutable au combat, vu la façon dont elle découpait les innocentes branches, sans pitié. Fulenn voulut regarder le ciel, mais les mauvaises plantes l’en empêchèrent. Cette-dernière ne savait pas si sa nouvelle amie répondait à sa vaine tentative d’observer l’azur, mais elle expliqua :

-On a beau les couper autant qu'on veux, ça repousse vite. Les gars sont obligés de faire un détour pour amener les matériaux de construction, j'ai refusé que l'on arrache cette barrière naturelle. Enfin, le manoir n'est pas encore fini comme tu va bientôt le voir mais ça ne sera pas très gênant pour nous. Pour en revenir à tes projets, je tue moi même parfois contre de l'argent et je peux t'apprendre quelques bases de combat si tu en a envie.

Le visage de Fulenn n’était à présent rien de plus qu’un grand sourire. La gratitude envers Tyris s’amplifiait en elle, si bien qu’elle en était anesthésiée. Impossible de parler. Elle avait le souffle coupé, d’une part par ce sentiment mêlé à celui de sa joie, immense, et d’autre part par la beauté du lieu. La brune resta bouche-bée et immobile, les bras ballants, tandis que sa compagne s’élançait joyeusement vers le bâtiment, la tirant une nouvelle fois à elle par la main.

"Il est beau hein? Et c'est moi qui ai fait les plans! Viens! On continuera à parler dedans!"

Fulenn n’en revenait toujours pas. Le manoir était gigantesque ! Alors que Tyris ne se départit pas de sa bonne humeur, toujours aussi amusante à observer, la brune n’était plus du tout la même. Son contentement avait cédé la place à une admiration sans fin. Son amie était fabuleuse. Elle était gentille, jolie, amusante, savait se battre, était instruite, puisqu’elle avait fait les plans de restauration de l’édifice et semblait aisée au point de vue financier. C’était une femme parfaite. L’accueil continua à impressionner la jeune femme. A la vue de l’elfe, ce qui devait-être un majordome et deux autres hommes s’inclinèrent en signe de respect. Le vieillard avait un aspect avenant et sage, sans doute un fidèle serviteur aux conseils avisés. Pour les deux autres compères, c’était une autre paire de manche. Ils semblaient vigoureux et souriants, mais sans doute un peu simplets.
La jeune femme fut présentée avec entrain au personnel de l’elfe, ou principalement au vieil homme que Tyris appelait par son prénom. Elle le serra dans ses bras, affection qui confirmait le statut de serviteur fidèle qu’avait associé Fulenn à celui-ci : il devait être depuis longtemps au service de Tyris. La brune se contenta de sourire timidement, ne sachant plus trop où se mettre.

"Taalann! Regarde! J'ai ramenée une amie! Le petit salon est fini? Je veux qu'on nous serve un thé la bas!"

A quoi l’homme répondit, très professionnel :

"Je m'en occupe tout de suite Tyris, vous deux, vous avez entendu? Au travail."

Tyris amena son amie dans le petit salon que celle-ci avait hâte de voir tant on n’arrêtait pas de lui en dire du bien. Enfin, devant l'insistance qu'avait Tyris à ne jurer que par lui. Fulenn ne fut pas déçue, le décor étant à la hauteur de l’éloge qu’on en faisait. D’ailleurs, la brune se mit à rire intérieurement pendant un instant.

*Petit salon, petit salon…C’est vite dit ! Ça a la taille de l’abri où je vis !*

La demi-elfe noire se sentit comme le chez elle qu’elle n’avait jamais eu. La lueur tamisée qui perçait des fenêtres était rassurante, et l’ambiance agréablement chaude. Réticente, Fulenn s’assit dans un sofa à côté de son amie. Celle-ci lutta pour contrer le flot d’émotion qui la parcourut. Elle ne comprenait plus ce qui lui arrivait. Pourquoi Tyris s’intéressait-elle autant à une pauvre miséreuse ? Comment se faisait-il que celle-ci soit si agréable avec elle ? Et comment Fulenn allait-elle expliquer qu’elle ne possédait pas même un centième de la richesse de l’elfe ? Sa mère, que Tyris avait évoqué précédemment, ne serait certainement pas satisfaite de la voir traîner avec quelqu’un de la trempe de Fulenn…

Malgré toutes les questions silencieuses de l’ancienne fille de joie, sa compagne affichait son tendre sourire, pétillante.

-Tout n'est pas fini mais, il est tellement beau la nuit. Tu en pense quoi?

Fulenn resta impassible un instant. La boule dans sa gorge était plus serrée que jamais. Après quelques secondes d’immobilité silencieuse, la demi-elfe noire se jeta dans les bras de son amie et s’effondra en larme. Elle demeura ainsi blottie, se vidant de toute la pression accumulée. Ça faisait du bien. De peur que Tyris ne la croie souffrante ou triste, elle tenta de lui expliquer qu’elle pleurait plus de joie que de peine, plus d’incompréhension que d’envie. Malgré toute sa bonne volonté, ses paroles demeurèrent incompréhensibles, ses mots étant saccadés et son esprit tracassé :

-je..je.. Su-su-is. .. Mai-ais, tu es-es tr… En fai-ait…Je ne p-p-peux pas…Merci.

-je..je.. Su-su-is. .. Mai-ais, tu es-es tr… En fai-ait…Je ne p-p-peux pas…Merci.

L'elfe n'avait pas su comment réagir lorsque la jeune femme était tombée en larme dans ses bras, n'ayant eu que des rapports sociaux très limités depuis son amnésie, elle ne savait absolument pas comment réagir et enlaça maladroitement son invitée, impatiente que Taalann arrive. Heureusement, ce dernier ne se fit pas attendre et servit le thé, puis tendit un mouchoir à la semi elfe en pleurs. Sachant parfaitement ce qu'on attendait de lui, il aida l'invitée à boire, portant la tasse brulante à ses lèvres.

"Buvez, ça vous fera du bien mais attention, c'est chaud."

Soulagée de ne plus être autant en contact avec Fulenn et simplement à ses côtés, elle prit sa propre tasse et bu une petite gorgée. Elle ferma les yeux pour appréciée les saveurs du fins mélange de fruit auquel le majordome avait ajouté, comme dans les habitude de la maitresse de maison, une importante quantité de sucre. Tyris piocha aussi dans le petit saladier et avala tout rond le carré de chocolat au lait, un produit plutôt couteux et difficile à trouvé. Elle en tendit ensuite un à son invitée, un petit sourire aux lèvres, entamant la conversation.

"Je ne comprend pas vraiment pourquoi tu me remercie mais... Ce n'est rien, j'aime bien avoir du monde à la maison et tu me plais beaucoup."

L'éternelle serviteur de la maison avait disparu, laissant les deux jeunes femmes ensemble une fois qu'il eu terminé de faire gouter le thé à la camarade de sa maitresse. La noble n'essayait pas de comprendre ce qu'elle prenait pour de la tristesse chez son amie, elle n'avait elle même pas pleurée depuis longtemps, ou pour des raisons très claires. Hors Fulenn semblait pleurer pour autre chose, que la noble n'identifiait pas, elle se contenta donc d'attendre une réponse, buvant une petite gorgée du breuvage qu'elle avait commandée.

Le garçon de Tyris arriva au secours de Fulenn, ce qui mit fin à leur étreinte. La brune était soulagée, et ses idées étaient plus claires malgré le fait que ses yeux soient bouffis par les larmes. Le suivant assista celle-ci pour boire, comme si elle n'avait été qu'un enfant, et ce sans que l'elfe ne lui ait ordonné quoique ce soit. Ils étaient vraiment complices, ou en tout cas, l'homme était loyal à souhait.

*Il doit vraiment être là depuis longtemps...*

-Buvez, ça vous fera du bien mais attention, c'est chaud.

La façon dont l'inconnu aidait Fulenn commença à l'irriter. L'intéressée avait horreur d'être prise pour une incapable. D'ailleurs, elle savait boire tout de même ! Ça n'est pas parce-qu'elle venait des bas-quartiers qu'elle était une sauvage ! La détresse de la brune céda la place à un agacement profond. Il était difficile de déterminer ce qui retint la belle d'éclater et de laisser libre cours à sa colère, si c'était la surprise de la découverte du breuvage ou la vision d'elle-même, pleurant dans les bras de son hôte, perdue. Curieuse, elle leva les yeux vers Tyris et lui demanda avec de gros yeux :

- C'est... thé ? Le thé ?

Alors qu'elle s'apprêtait à repousser le majordome qui lui tenait la tasse, Fulenn vit s'éloigner celui-ci. Elle hocha les épaules et but encore une gorgée de la boisson. Ses yeux s'allumèrent de joie, pétillants :

-C'est bon ! C'est pas comme la bière, c'est plus...doux !

La demi-elfe ruminait à présents les propos de son amie, ceux qu'elle lui avait dit alors qu'elle débroussaillait le jardin pour le constituer un passage. Elle lui avait proposé de lui enseigner les rudiments de l'escrime. C'était exactement ce dont avait besoin la pseudo-assassin. Pourtant, elle hésitait à en reparler à l'elfe. L'invitée avait l'impression d'abuser de la gentillesse de son hôte, et elle avait une fierté qui mettait souvent son jugement en déroute. Avoir besoin des autres, signifiait être faible. Fulenn refusait d'être faible.
Rompant le silence, Tyris dit :

-Je ne comprend pas vraiment pourquoi tu me remercie mais... Ce n'est rien, j'aime bien avoir du monde à la maison et tu me plais beaucoup.

Profitant du retour du dialogue, la brune lui répondit :

-Moi aussi, je t'aime beaucoup.

A l'annonce de son affection pour Tyris, la jeune femme rougit et continua rapidement pour ne pas laisser un malaise s'installer.

-Tu sais, je crois que je vais y aller. Je reviendrais te voir dès que possible. Est-ce que tu pourrais m'apprendre le maniement des armes quand je serai...

Fulenn hésitait à lui parler de sa grossesse. estimant qu'elle pouvait faire confiance à son interlocutrice, elle lui avoua :

-Quand je n'aurai plus le bébé. Nous nous entraînerons, tu veux bien ?!

La brune se leva pour faire comprendre à son hôte qu'il était temps pour elle d'y aller.

*Je n'aime pas être un fardeau.*

[HRP = Je pense qu'on va clore bientôt non ?!]

-Tu sais, je crois que je vais y aller. Je reviendrais te voir dès que possible. Est-ce que tu pourrais m'apprendre le maniement des armes quand je serai...

Finalement l'heure du départ de la brune arrivait, Tyris se surprit à ressentir un peu de tristesse, bien qu'elle savait que ce moment devait arriver. Fulenn marqua un petit temps, gardant le silence, l'elfe attendit qu'elle termine.

-Quand je n'aurai plus le bébé. Nous nous entraînerons, tu veux bien ?!

Un enfant, voilà qui surprenait la noble, qui bien qu'elle ne le montrait pas, était très étonnée. Tyris n'avait pas connu d'autres enfants lorsqu'elle était petite et ses connaissance en la matière se limitait à ceux qu'elle avait observé. En revanche elle était sûre que courir sur les toits comme son invité l'avait fait n'était surement pas recommandée en période de grossesse. Surgissant de nul part, comme si il avait toujours été la, le majordome s'approcha de la maitresse de maison pour lui murmurer quelques mots, que elle seule put entendre.

"Madame pourrait proposer à son amie de passer la nuit ici, j'ai crû comprendre que l'amie de madame n'avait pas un logement des plus confortable, elle sera bien mieux ici, au chaud"

Le serviteur parfait, celui qui soufflait à Tyris les bonnes manière et les conduites à avoir pour être une femme respectable. C'était bien le seul homme au monde capable d'aller dans le sens contraire de la folie habituelle de l'elfe. Dans tous les cas, elle avait décidé qu'il avait raison et la jeune femme dormirait ici, au chaud et bien installée.

"Bien... Je pense que tu est fatiguée, mais je voudrais que tu reste ici, au moins pour cette nuit. Taalann va te trouver une couverture bien chaude, je n'ai pas encore de chambre d'ami mais je pense que tu sera confortablement installée sur les canapés! Je te laisse le thé si tu veux t'en resservir, je ne t'embête pas plus. J'accepte avec plaisir de t'entrainer quand tu sera prête, mais promet moi de ne pas filer ce soir sans t'être reposée. Tal te guidera jusqu'à la grille pour sortir quand tu voudra partir, je pense que je dormirais encore."

Elle quitta la pièce sans attendre de réponse, soufflant pour dernière note un petit rire cristallin. L'elfe, qui pourtant tuait sans remords et sans raison, venait de prendre sous son aile une femme des rues qu'elle connaissait seulement depuis quelques heures. Enfilant un fine robe de nuit en soie blanche, elle détacha ses cheveux avant de se coucher dans son lit, attendant que son serviteur vienne éteindre les lumières et l'embrasser avant qu'elle dorme, car il était bien plus qu'un majordome, c'était aussi le professeur et le seul homme, en l'absence de père, que Tyris eu pour l'éduquer. Le regard dans le vide, elle murmura avant de fermer les yeux.

"Maman, je crois que j'ai trouvé une amie..."

"Bien... Je pense que tu est fatiguée, mais je voudrais que tu reste ici, au moins pour cette nuit. Taalann va te trouver une couverture bien chaude, je n'ai pas encore de chambre d'ami mais je pense que tu sera confortablement installée sur les canapés! Je te laisse le thé si tu veux t'en resservir, je ne t'embête pas plus. J'accepte avec plaisir de t'entrainer quand tu sera prête, mais promet moi de ne pas filer ce soir sans t'être reposée. Tal te guidera jusqu'à la grille pour sortir quand tu voudra partir, je pense que je dormirais encore."

Fulenn ne savait quoi penser. Son égo lui dictait de refuser, mais l'affection qu'elle portait envers Tyris et le ton qui relevait plus de l'affirmation que de la proposition, incita la brune à acquiescer. Elle aimait beaucoup cette elfe aux cheveux blancs, c'était indéniable. Celle-ci s'occupait même de sa santé.

*Si seulement j'avais quelque-chose à offrir en échange... Merci Tyris. Merci...*

La demi-elfe reprit un peu de thé et but le liquide machinalement, perdue dans ses pensées. Qu'allait-elle devenir ?! Qu'est-ce que l'avenir pouvait bien lui réserver ?! Les yeux dans le vague, elle souffla sur la boisson, trop chaude à son goût. Elle voulait laisser une trace de sa présence à sa nouvelle amie. Pourtant, que possédait-elle ? Rien qui puisse intéresser son hôte.

*Je sais...*

Les yeux de la brune s'allumèrent et elle déambula dans la maison à la recherche du domestique dévoué. Quand elle trouva enfin Taalann, elle réalisa qu'il était bien plus tard que ce qu'elle avait imaginé. Alors qu'il semblait à Fulenn qu'elle n'avait réfléchi que quelques minutes, il se trouva que la lune avait bien avancé dans le ciel. S'adressant à l'homme elle lui avoua :

-J'ai besoin de vous...

-Madame a-t-elle besoin d'une couverture ?

Esquissant un sourire, Fulenn répondit :

-Non, non, il ne s'agit pas de ça. Auriez vous de quoi écrire ?!

Taalann se contenta de hocher la tête et disparut vers une pièce attenante. Quelques instants plus tard, il réapparut avec une plume, un encrier et une page blanche. Il la lui tendit et demeura immobile, à l'écoute de l'invitée. Cette-dernière se tortilla les mains, ayant encore une requête à adresser à l'homme. Elle continua :

-J'aurai besoin que vous écriviez quelques mots à Tyris pour moi s'ils vous plaît. Venez dans le petit salon je vous prie..

Le domestique s'exécuta. C'était vraiment une perle. Il leva les yeux vers Fulenn après s'être attablé, prêt à écrire les paroles qu'on lui dicterait.

- Voilà ce que vous devez écrire.

Chère Tyris,
Je te serai éternellement reconnaissante. Je t'aime beaucoup, mais je ne croie pas mériter ton amitié. Cependant, je ne vais pas m'opposer à cela, j'éprouve trop d'affection envers toi pour faire une bêtise pareille. Je te laisse donc ce petit cadeau.
Ne m'oublie pas. Je reviendrai.

Fulenn

Le domestique avait gardé le silence pendant toute la rédaction de la lettre. Il se retira après que la brune l'ait remercié, laissant la lettre comme telle sur le bureau. Les yeux brouillés de larmes devant le sacrifice que lui coûtait un tel don, elle défit l'accroche du collier qui ne la quittait jamais, un bijou offert par Fléau. Il représentait une étoile, brillante, resplendissante. La jeune femme posa l'objet sur la table avec un pincement au coeur. Une larme de la demi-elfe tomba sur le papier fin avant que celle-ci ne s'endorme. Réveillée, par habitude, à l'aube, Fulenn se présenta devant Taalann, prête à partir. Elle enlaça rapidement celui-ci, rompant vite le contact, pour exprimer sa gratitude. La brune passa la porte et quitta la demeure, sans un regard en arrière.

Une nuit sans rêve... Tyris s'était endormie avant même que Taalann vienne la voir et éteigne les chandelles, sombrant dans les bras de la lune, qui d'ailleurs avait percée la fenêtre de la chambre pour lui illuminer le visage pendant toute la nuit. Elle se leva alors que le soleil était déjà haut, il ne devait pas être loin de midi quand elle ré-ouvrit les yeux, encore gonflée de sommeil. Un rapide coup de brosse pour remettre ses cheveux en état, elle avait d'ailleurs de la chance, ils étaient toujours très lisse, et ne s'emmêlaient jamais. Le majordome, qui avait du entendre un bruit, toqua pour l'inviter à gagner le petit salon, dans lequel il lui apporterait son petit déjeuner. L'elfe s'exécuta, encore en robe de nuit, ce qui ne la dérangeait pas, après tout, n'était elle pas chez elle?

Ses yeux repérèrent immédiatement ce que son invitée d'hier avait laissée sur la table, et la voix de son fidèle suivant lui expliqua rapidement.

"C'est un cadeau de la demoiselle d'hier, je n'ai rien touché après son départ mais je l'ai aperçu en rangeant."

Curieuse, la noble s'approcha et prit le bout de papier, dont elle entama la lecture.

Chère Tyris,
Je te serai éternellement reconnaissante. Je t'aime beaucoup, mais je ne croie pas mériter ton amitié. Cependant, je ne vais pas m'opposer à cela, j'éprouve trop d'affection envers toi pour faire une bêtise pareille. Je te laisse donc ce petit cadeau.
Ne m'oublie pas. Je reviendrai.

Fulenn

Elle s'empara ensuite du collier qu'elle regarda quelques minutes, souriant sans savoir pourquoi.

"Tal, pourquoi est ce que je pleure?"

Des larmes coulaient sur les joues de l'elfe, elle ne comprenait pas pourquoi, elle n'avait pourtant pas mal, ce fût celui qui avait écrit pour la brune qui lui apporta la réponse.

"Tu est ému Tyris, tu éprouve de l'affection pour cette femme et c'est réciproque, elle t'a fait un cadeau d'une grande valeur et ça te touche beaucoup."

La concernée hocha lentement la tête, il avait raison, elle ressentait exactement ça, il lui manquait juste les mots pour le dire. Elle attacha le collier autour de son cou, et regarda dehors, pensive. La voyant murmurer toute seule, le serviteur s'éclipsa pour laisser sa maitresse mettre les choses au clair dans sa tête.

"Fulenn... J'espère que tu reviendra... Je ne t'oublierais pas, si un jour tu a froid, tu pourra toujours venir chez moi."

Tyris Soulless --> 10xp
Fulenn Gwal --> 10xp

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