Une promenade? Hum, pas si sur.... (PV Flore) [Terminé]

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Incroyable. Il n'y avait pas d'autres mots. Cette cité était tout simplement superbe. Perdue dans la contemplation du palais, il avait fallu que les gardes faisant leurs rondes lui demandent de déguerpir pour qu'elle arrive enfin à se séparer à s'arracher de cette image. Tant de beauté, elle n'en revenait toujours pas. Mais bon, les gardes ne rigolaient pas, alors il valait mieux obéir. Tout en s'enfonçant dans les quartiers environnants, elle n'avait cessé de garder un œil sur cette bâtisse si impressionnante à ses yeux.

Lorsque ce dernier eut enfin disparu de sa vue, elle laissa son regard vagabonder sur les couleurs et les formes si douces et agréables des demeures qui l'entouraient. Tout semblait fait pour vouloir retenir ses yeux loin de la destination de ses pas. Elle continuait à avancer, sans savoir où la dirigeaient ses derniers. Il y avait trop de choses à voir. Elle ferma un instant les yeux, inspirant à fond le mélange des parfums de la cité. Nan, cela n'avait vraiment rien de comparable.

Un cri la força à rouvrir les yeux en urgence. Un homme avec une charrette la haranguait pour qu'elle se pousse. Surprise par sa véhémence, Tsukino déguerpit en courant. Comme toujours, elle regarda plus derrière elle que devant. Lorsqu'elle s'arrêta enfin, les cris du vieux grincheux ne lui parvenant plus, elle réalisa que le décor avait sensiblement changé. C'était toujours la même cité, mais le lieu où elle se trouvait était plus sombre, plus silencieux. Il y avait peu de monde, et personne ne semblait très amical.

La jeune fille se mit à avancer doucement. Cette fois, elle était attentive à ce qui l'entourait. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Elle n'aimait pas l'ambiance lourde qui régnait dans ses ruelles. Une vieille femme assise devant une porte lui offrit un sourire mauvais auquel manquaient plusieurs dents. Tsukino déglutit tout en tâchant de ne pas fixer la femme qui rigola derrière elle. Il fallait qu'elle sorte de ce coin. Mais n'ayant aucun sens de l'orientation, cela promettait d'être dur.

Passant pour la troisième fois par la même ruelle miteuse, elle commença un peu à paniquer. Pourquoi faisait-il si sombre alors que l'on était en plein jour? Une voix rauque et chuintante la tira de ses réflexions.

"- Alors....mon trésor,....on est perdue? "

Le sourire qui s'inscrivit sur le visage de l'homme la fit frissonner. Sadique, violent, voilà les seuls mots qu'il lui inspirait. Alors qu'il tendait la main vers elle pour l'attraper, Tsukino recula d'un pas avant de se remettre courir. Derrière elle, le rire gras de l'homme résonnait comme un signal d'alarme à ses oreilles. Elle changea plusieurs fois de direction, n'osant plus s'arrêter de peur qu'il l'ait suivi et, tandis qu'elle tournait à l'angle d'une rue étroite, elle eut juste le temps de deviner la présence de quelqu'un sur sa route avant de lui rentrer dedans de plein fouet et de s'étaler lourdement par terre.

La cité de Soleriès s’élevait, en cet après-midi nuageux, au milieu de la plaine comme une lueur imposante. Les routes, autour d’elle, étaient très fréquentées par de nombreux voyageurs.

Flore marchait dans la plaine à une allure modérée. Sa blessure au dos était encore parfois douloureuse mais la plaie paraissait avoir bien cicatrisé. Si bien qu’elle pouvait marcher sans problème et effectuer quelques mouvements à l’épée. Tant qu’elle ne forçait pas, tout allait bien.
C’était le manque de confort qui l’avait poussée à s’aventurer dans la cité de Soleriès. Notre jeune aventurière souhaitait pour une fois dormir au chaud dans un lit douillet.

La jeune femme arriva au pied du mur qui entourait la ville. Elle ne voulait pas passer par la porte principale. Il y avait trop de monde. Elle contourna donc la muraille vers l’est jusqu’à ce qu’elle trouve une autre porte, nettement moins empruntée que l’autre. D’un pas décidé, elle s’engagea dans la rue et détailla le palais au loin. Malgré les nombreuses fois où elle était venue, Flore éprouvait toujours de l’émerveillement pour celui-ci. Néanmoins, son visage n’exprima aucune émotion.
Fidèle à ses habitudes, la guerrière portait son long manteau bleu et avait rabattu l’ample capuche sur sa tête. Ainsi, personne ne pouvait voir son visage, à moins de vouloir la lui retirer de force. Or, si quelqu’un osait poser la main sur elle de cette manière, Flore s’arrangeait toujours pour la lui couper.

La porte qu’elle venait d’emprunter donnait sur les bas quartiers. Ils étaient sombres et humides. En un mot : peu accueillants. Rares étaient les voyageurs qui osaient s’y aventurer. Du moins, ceux qui ne portaient pas une arme. Ce n’était pas le cas de Flore qui ne se promenait jamais sans sa fidèle épée. Cette dernière, accrochée dans son dos lui procurait une sensation de sécurité, quel que soit l’endroit.
Néanmoins, il ne faisait pas bon d’être une femme seule par ici.

*C’est une bonne idée de porter ce manteau. De toute manière, la pluie ne devrait pas tarder.*

Comme pour lui donner raison, à cet instant précis, l’orage gronda dans le ciel, menaçant et terrifiant. Flore l’ignora pourtant. Elle voulait se mettre à l’abri, n’aimant pas spécialement la pluie.

C’est alors qu’un bruit de course étouffée lui parvint. Elle n’eut pas le temps de faire le moindre geste qu’un choc brutal la projeta à terre. Son capuchon fut projeté en arrière tandis que ses longs cheveux blonds s’éparpillaient derrière elle. Une jeune fille à l’apparence fragile était étendue par terre, à côté d’elle.
Flore sentit une douleur dans le dos. C’était encore cette satanée blessure. Elle l’ignora pourtant et releva la tête. Devant elle, un homme courait dans sa direction. Flore était une femme qui savait réagir avec rapidité. D’un bond elle se leva et dégaina son épée. L’homme s’arrêta alors que la longue épée n’était qu’à quelques centimètres de sa gorge.
Flore ouvrit les yeux et croisa le regard du poursuivant. Il sembla trembler un peu, et ses prunelles se glacèrent d’effroi face à la jeune femme effrayante qui ne paraissait rien exprimer.

Elle ne parla pas. Ne souffla pas un mot. N’esquissa pas le moindre geste. Son épée était toujours tendue face à elle tandis que Flore plongeait son regard argenté dans celui de l’agresseur. Ce dernier déglutit et pendant un laps de temps qui parut durer une éternité, il ne bougea pas lui non plus. Etudiait-il les différentes possibilités qui lui restaient ? Peut-être…

Soudain, il se recula de quelques pas sans quitter la jeune femme des yeux. Puis, il partit en courant. A cet instant précis, la pluie s’abattit sur Soleriès. Les gouttes d’eau vinrent s’écraser sur Flore, plaquant ses longs cheveux contre elle. En un geste lent et précis, elle rangea sa lourde épée dans le fourreau, accroché à son dos. La guerrière aux yeux d’argents se tourna vers celle qu’elle venait de protéger instinctivement.
Elle paraissait beaucoup plus jeune que Flore. Son visage était enfantin, contrastant avec son corps de femme. De plus, ses oreilles et sa queue étaient celles d’un chat. Bref, elle était un mélange à elle seule.

Flore n’exprima rien. Son visage resta le même et elle se détourna de la jeune femme. A quelques mètres de là, le porche d’une maison pouvait lui offrir un abri parfait pour la durée de l’averse. Elle marcha donc dans cette direction et s’appuya contre le mur.

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Le choc en lui-même n'avait pas été si violent que ça, mais la chute quant à elle fut lourde. Bien qu'elle ait mis ses mains devant elle pour amortir sa réception, sa tête vint heurter les pavés et pendant quelques secondes, elle ne vit plus que flou. Mais un bruit de pas rapides et de tissus froissé la forcèrent à reprendre ses esprits. Une silhouette, qui lui parut sur le coup très imposante, s'était relevée promptement et, avec un glissement métallique, avait sorti son arme de son fourreau. En avait-elle après elle?

Soudain, les bruits de pas se turent et un silence épais sembla figer la scène. La jeune fille tourna lentement la tête, obligée de plissée les yeux à cause de la douleur. Mais lorsque son regard suivit le fil de la lame pointée, elle écarquilla les yeux. L'homme l'avait donc bel et bien poursuivi. Mais maintenant, le voilà qui se retrouvait avec une épée brandit juste sous le nez. Son sourire et tout ce qui avait de lui un être effrayant avait disparu. De chasseur, il était devenu proie et cette situation ne l'enchantait guère.

Le bras de la guerrière ne bougeait pas d'un millimètre, son regard argenté semblait capable de transpercer même la chair. Tsukino le trouva presque plus terrifiant que l'arme dans ses mains. L'homme dut se faire la même réflexion car après quelques secondes d'hésitation, il finit par faire un pas en arrière. Puis deux, trois, sans jamais quitter ce regard étrange. Et lorsqu'il s'estima en sécurité, il disparut sans demander son reste.

C'est ce moment que choisit la pluie pour se mettre à tomber. J'appréciais sa fraicheur sur mon visage et mon corps endolori par ma chute. Le bruit de l'arme retournant à son fourreau la ramena à la réalité. Elle croisa le regard de l'étrangère qui l'avait sauvé mais ne put rien y lire. Ni reproches, ni soulagement. Elle en resta un peu surprise. Comment un visage si doux pouvait'il être si inexpressif? Ses longs cheveux blonds commençaient à ruisseler lorsqu'elle se dirigea vers un porche tout proche. Parfaitement décontractée, elle s'installa ainsi contre le mur.

Finalement, Tsukino ne savait trop comment réagir. Elle souhaitait de tout cœur la remercier de son aide, mais craignait un peu d'aller la déranger. Elle ne tenait pas à subir le même traitement que l'homme. Elle resta donc là, à moitié relevée dans cette ruelle sombre et vide, le temps de réfléchir. Au bout de quelques instants, elle décida quand même au moins d'aller se trouver un abri, la pluie devenant plus drue. Elle du s'y reprendre à trois fois pour se lever, la tête lui tournant encore. Enfin debout, elle alla s'abriter sous une avancée de toiture proche du porche de sa sauveuse.

Bien qu'elle veuille lui parler, elle n'osait pas la regarder dans les yeux. Pourquoi son regard paraissait-il si vide? Cela la mettait mal à l'aise. Alors, elle se contenta de fixer ses pieds et de jouer avec ses doigts.

"- Je .... suis désolée.... de vous être rentré dedans. Vraiment.... Je m'excuse...."

Et voilà. Elle arrivait enfin à sortir un mot, et au lieu de la remercier comme elle devrait le faire, elle ne parvenait qu'à s'excuser bêtement, comme une enfant. Non, elle devait y arriver. Elle serra les poings et prit une grande inspiration avant de se tourner vers la guerrière et de chercher son regard d'argent.

"- Mais, Merci.... de m'avoir protégée."

Un timide sourire étira les lèvres de Tsukino tandis qu'elle attendait, espérait, une quelconque réaction de la part de la jeune femme. Que dire de plus? Elle regarda l'arme de la jeune femme, se rappelant seulement maintenant qu'elle en avait elle-même une. Du coup, son sourire s'effaça au profit d'une moue un peu triste. Même si elle n'aimait pas avoir recours à la violence, il allait bien falloir un jour qu'elle apprenne à se défendre seule. Elle poussa un léger soupir avant de se tenir la tête. Une belle bosse ornait déjà le haut de son front.

Dans le silence qui baignait les bas quartiers, Tsukino continua d'observée la jeune guerrière. Elle était belle. Malgré ce regard froid, ses longs cheveux blonds adoucissaient son visage. Elle lui fit un peu penser aux anges des histoires que lui racontait son frère quand elle était petite. Elle était si belle, ses traits si fin. Ni trop musclée, ni trop fine. L'image même qu'elle se faisait de la pureté dans son esprit d'enfant. Et, poussée par son tempérament et sa naïveté touchante, elle ne put retenir la question qui lui brulait à présent les lèvres, un immense sourire lui barrant le visage.

"- Est-ce vous êtes.... un Ange?"

Flore écoutait la pluie tomber. Elle s’était détournée depuis longtemps de la jeune fille qu’elle avait protégée. La jeune femme la regarda tanguer et se lever avec difficulté. Dans un premier temps, elle songea à venir l’aider, mais elle avait peur de l’effrayer. Elle se rappela son regard empli de terreur quand elle avait rangé son épée.
Les gens avaient tous peur d’elle. Ils la craignaient et par cette crainte la respectait. Mais, finalement, Flore en avait l’habitude. Elle ne faisait plus attention aux regards des autres. Ils croyaient tous avoir affaire à un démon. Bien que ses parents soient des humains natifs de Lucina, Flore s’était toujours demandé si elle était bien humaine.

La rue était déserte mis à part la jeune fille qui se relevait avec beaucoup de mal. Flore ferma les yeux et profita du calme ambiant. Elle s’attendait à ce que la jeune fille reparte en courant. Néanmoins, et ce au plus grand étonnement de la guerrière, elle n’en fit rien. Elle marcha avec beaucoup de difficultés jusqu’au porche sous lequel Flore attendait patiemment la fin de l’averse.
Le tonnerre gronda de nouveau tandis que la jeune fille venait s’appuyer aux côtés de Flore. Notre jeune guerrière ne s’attendait pas à cette réaction pour le moins étrange. Même le pire des criminels n’aurait pas osé s’approcher aussi près.

Elle s’excusa avec sincérité, bien que visiblement elle soit remplie de terreur. Flore ouvrit les yeux et la regarda. Mais son visage n’exprima rien. Pour la première fois, elle croisa le regard de la jeune femme tandis que cette dernière la remerciait. Flore n’avait pas agit par générosité. Elle avait simplement suivit ses réflexes. Jamais elle n’avait eu l’intention de le tuer. En général, elle terrorisait ce genre de personnes.
En la détaillant de plus près, Flore remarqua que la jeune femme avait une bosse qui ornait son front. Elle allait déclarer quelque chose quant aux soins qu’il lui fallait se procurer lorsqu’elle demanda d’une voix étonnée si elle était un ange.

* Un ange ? *

Flore fut étonnée et haussa légèrement les sourcils, seule expression qui marqua l’étonnement chez elle. L’ange était le symbole de la pureté et de la douceur. Or, elle n’était ni l’un ni l’autre. En réalité, c’était plutôt le contraire. Elle détourna son regard et contempla la pluie qui tombait sur les pavés.
L’esprit enfantin de celle qu’elle venait de sauver la déroutait un peu. Tout comme le fait qu’elle la prenne pour un ange. Cela semblait si contradictoire. Sa voix s’éleva soudain dans l’air, douce et monotone.

« Je ne pense pas être un ange. Ce serait plutôt le contraire. Les gens ont tendance à penser que je suis un démon. »

Sa naïveté était touchante. Si bien que Flore ne laissa pas le silence entre elles s’éterniser.

« Tu ne devrais pas te promener dans un tel endroit. Surtout désarmée comme tu l’es. »

La jeune guerrière croisa les bras contre sa poitrine et ferma à nouveau les yeux. Et malgré cette image de rêverie, Flore était au contraire bien active. Tous ses sens étaient en action, à l’affût de la moindre chose suspecte.
Cette jeune fille était peut-être suicidaire après tout. Et tout le monde ne se promenait pas avec une épée comme elle. Flore était un cas à part. Elle était probablement ce qu’il y avait de moins humain en ces lieux. Bien que ce soit une combattante hors pair, elle n’aimait pas tuer les gens gratuitement. Cela la remplissait d’horreur et la détournait un peu plus de l’humanité. Mais, en général, sa figure seule dissuadait le pire des voleurs.
La pluie diminua d’intensité. Flore songea qu’il était temps de partir. Elle se redressa et commença à marcher de quelques pas.

Soudain, sans crier gare, elle se retourna et dévisagea la jeune fille.

« Tu devrais m’accompagner, commença-t-elle, sinon tu risques d’avoir quelques ennuis. »

Elle reprit sa marche. Pourquoi aidait-elle cette jeune fille inconnue ? Peut-être à cause de sa naïveté ? Sa faiblesse ? D’ailleurs, pourquoi l’avait-elle sauvée ? Flore songea dans un premier temps qu’elle s’était défendue contre ce type qui accourait vers elle. Mais aussitôt, elle se dit qu’en réalité elle aurait très bien pu se redresser et partir, laissant la jeune fille seule dans cet endroit. Mais alors, pourquoi ? Pourquoi cet élan soudain d’humanité ?

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Tiens, ça y est, elle réagissait. Apparemment sa question avait fait mouche. Aurait-elle vu juste? Sans doute puisque pour la première fois son visage semblait soudain avoir prit vie. Furtivement certes, mais quand même. La jeune neko était tellement sure d'avoir raison que son visage en resta stupéfait lorsque la jeune femme lui répondit qu'elle n'était pas un Ange.

Quoi, ce n'était pas possible. Même sa voix était douce et veloutée, d'un timbre égal et agréable à l'oreille. Mais c'est la remarque qu'elle rajouta qui la surprit le plus. Comment des gens pouvaient-ils penser de telles idioties? Sa sauveuse, un démon? Dans ces cas-là, elle voulait bien être transformée en chat, tiens. Bon, à bien y réfléchir ce n'était peut-être pas le meilleur exemple, mais l'idée est là et c'est le plus important.

Lorsque la jeune guerrière lui fit remarquer qu'elle ne devrait pas être là, elle perdit son sourire. Elle baissa la tête et fixa ses pieds avant de se mettre à jouer nerveusement avec ses doigts. Elle avait dit 'désarmée'. Hors, elle avait elle aussi une épée. Euterpe ne la quittait jamais. Mais elle devait bien avouer qu'à part faire joli pendue à sa ceinture et à moitié camouflée dans ses vêtements, elle ne servait pas à grand chose. Lui donner un peu plus de courage pour espérer rendre fier celui qui lui avait offert. Mais finalement, elle était complètement désarmée. Aussi bien physiquement que mentalement.

Arrêtant de maltraiter ses phalanges, elle laissa ses doigts caresser le fourreau de son arme de décoration. Après tout, elle ne s'en était jamais réellement servie et cette idée suffisait à lui hérisser le poil. Elle n'était encore qu'une enfant dans sa tête. Elle voudrait tant pouvoir ressembler un jour à celle qui venait de lui sauver la vie. Être à la fois belle et forte, douce et terrifiante.
En y pensant, peut-être que la guerrière pourrait l'aider justement? Lui apprendre à se battre ou, au moins, à ne plus avoir peur.

Prenant son courage à deux mains pour lui présenter sa requête, un bruit de pas la fit sortir de ses réflexions. Lorsqu'elle releva les yeux, la jeune guerrière avait déjà commencé à partir. Mais avant qu'elle n'ait le temps de dire ou faire quoi que ce soit, cette dernière se retourna, lui proposa de la suivre et, sans attendre de réponse, elle se remit en marche. L'instant d'étonnement passé, elle ne se fit pas prier pour la rejoindre.

Trottinant d'abord pour la rattraper, elle fut cependant vite obligée de se remettre à marcher, sa tête s'élançant douloureusement à chacun de ses pas. Néanmoins, elle tâcha de rester le plus neutre possible pour ne pas trop montrer sa faiblesse. Seul le bruit de leur pas sur les pavés humides des Bas quartiers résonnaient lugubrement. Elle commença à frissonner sous ses vêtements trempés mais ne dit rien. Cependant, sa curiosité maladive finit rapidement par reprendre le dessus.

"- Dis, on va où? Comment tu t'appelles? Et pourquoi j'aurais des ennuis? J'ai rien fait, moi."

Chasser le naturel, il revient au galop. La voilà qui se mettait à tutoyer la guerrière comme si elles étaient déjà les meilleures amies du monde. Son raisonnement était encore d'une simplicité déconcertante. Ayant toujours vécue loin de tout, il y avait pour elle les méchants qui attaquent et les gentils qui protègent. Et logiquement, sa sauveuse était entrée dans cette seconde catégorie, peu importe l'attitude qu'elle affichait auprès d'elle à présent.

Flore se sentit décontenancer. D’abord elle la sauvait. Puis maintenant elle s’occupait d’elle. Pourquoi cette empathie soudaine ? La guerrière soupira et savoura quelques secondes les gouttes de pluie, plus légères et rafraîchissantes.

Elle se tourna vers la jeune femme qui l’accompagnait et qui lui était toujours inconnue. Cette dernière possédait un visage expressif sur lequel Flore pouvait lire toutes les informations qu’elle souhaitait. Elle voulait lui demander quelque chose. Sans doute de l’aide.
Décidément, elle était réellement naïve. Elle ne comprenait pas pourquoi quelqu’un lui voudrait du mal. Elle ne tourna pas la tête et continua de marcher dans cette direction. Elle bifurqua dans une rue adjacente, plus petite et plus sombre encore.

« L’homme en lui-même possède une double personnalité. Une part sombre, dangereuse mais aussi une part claire et douce. Elles existent dans chaque être humain. Néanmoins, il se laisse facilement corrompre par son côté ténébreux. Et ce côté malsain prend l’ascendant sur l’autre. Ainsi, il se laisse aller à certaines violences. »

Cette réponse, aussi étrange soit-elle, était le fond de la pensée de Flore. Elle préféra ne pas répondre aux autres questions. Elle finirait de toute manière par voir où la guerrière la conduisait.
Elle ralentit sensiblement le pas.

« Flore. C’est mon nom. »

Elle esquissa un sourire, qui étira à peine ses lèvres.

« Tu pourrais avoir des ennuis parce que les hommes s’attaquent à des gens sans défense. Et tu fais partie de cette catégorie. »

Soudain, elle s’arrêta devant une porte de maison, peu accueillante. Flore extirpa d’une de ses poches une clé qu’elle inséra dans la serrure. Lentement elle ouvrit la porte.

« Cette maison appartenait à mes ancêtres. Nous y serons tranquille. »

Elle la vit frissonner. Lentement, elle entra et laissa le passage à la jeune fille. Son esprit enfantin l’étonnait. Néanmoins, elle paraissait perspicace. Il fallait juste que quelqu’un lui explique. Flore s’avança vers la cheminé. La pièce était meublée du strict nécessaire. Un lit, une table et trois chaises.
Elle prit quelques bûches posées à côté de la cheminée et commença à faire du feu. En quelques minutes, la pièce fut remplie par une douce lumière. Sans plus attendre, Flore retira son long manteau bleu, dévoilant sa silhouette longiligne. Elle le posa sur une chaise et détacha le fourreau de sa longue épée. Une fois Ahnor calée contre le mur, Flore se tourna vers sa protégée.

« Viens t’asseoir. Tu dois être gelée. »

Flore elle-même s’assit sur une chaise et contempla la jeune fille.

« Peut-être pourrais-tu me donner ton nom, ainsi que formuler la requête que tu voulais me présenter tout à l’heure. »

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Tsukino écouta avec attention les paroles de la jeune femme. Chacun avait une part d'ombre. Elle se regarda furtivement de haut en bas, cherchant une trace de sa propre par sombre mais ne vit que son ombre. Son ombre oui. Comme elle, mais tout noire et grise. Soudain, elle comprit mieux le sens des paroles de la guerrière. Son ombre et elle était la même personne mais elle était la part claire et son ombre la part obscure. Elle hocha la tête, autant pour remercier sa sauveuse que pour sa silhouette qui glissait sur les murs au rythme de ses pas.

A peine sortit de ses réflexions, elle découvrit le prénom de sa sauveuse. Flore. Oui, ça lui allait drôlement bien. Et ce qui lui fit encore plus plaisir fut d'apercevoir le léger sourire qui se peignit sur son visage. Elle pourrait dire tout ce qu'elle voudrait, elle ressemblait vraiment à un ange, encore plus quand elle souriait ainsi. Par contre, elle fut légèrement déçue d'apprendre qu'elle faisait partie des gens sans défenses. Bon, à bien y réfléchir, elle s'en doutait quand même, mais l'entendre ainsi lui fit malgré tout un peu bizarre. Mais bon, si elle était là, c'était justement dans le but de remédier à tout ça.

Lorsque Flore ouvrit une porte en lui faisant signe d'entrée, la jeune neko ne se fit pas prier. Brrr.... C'est qu'il caillait dur dehors. Et ses vêtements trempés ne faisaient rien pour arranger les choses. Elle observa un instant les lieux. C'est drôle comme cet endroit lui rappelait sa maison disparue. Petite mais accueillante malgré sa sobriété. Suivant son hôte du moment, elle observa l'apparition du feu et la lumière qui l'accompagna. Chaude et rassurante. Perdue dans la contemplation des flammes, elle ne réagit que lorsque sa sauveuse reprit la parole. Cette fois, sans son manteau, elle lui parut moins imposante, plus accessible d'une certaine façon à l'enfant qu'elle était encore. Elle saisit une chaise et vint s'asseoir à côté de Flore, devant l'âtre accueillant.

Ses dernières paroles la surprirent tellement qu'elle sursauta. Quoi, mais comment savait-elle? Était-elle magicienne ou devin? Tsukino avait entendu des légendes parlant de gens capable de parler ou de lire directement dans les pensées des gens. Peut-être que Flore était capable d'en faire autant. Ayant encaissé le coup, elle rougit un peu comme si elle avait été prise en flagrant délit. Eh bien, il faudrait aussi qu'elle lui demande pour la discrétion car apparemment, elle était pas au top.

"- Je m'appelle Tsukino Hirashikiyama , mais Tsukino ça suffit. C'est trop long sinon."

Elle sourit et posa sa main sur sa tête, un geste qu'elle faisait toujours lorsqu'elle était un peu embarrassée, comme une sorte de toc. Sauf qu'aujourd'hui, elle avait oublié sa chute et la bosse qui en découlait. Elle gémit discrètement avant de retirer sa main et de revenir à son interlocutrice.

"- Je voulais savoir si tu voudrais bien m'apprendre à me servir d'Euterpe. J'ai peur de l'utiliser car je sais pas comment faire avec."

Sur ces mots, elle sortit le fourreau cachée sous ses affaires et le posa sur ses genoux. Elle le caressa respectueusement avant de le reposer délicatement au sol entre leurs deux chaises et de se gratter l'arrière du crâne en signe de confusion.

"- Je sais pas comment tu as deviné que j'avais une question. T'es vraiment trop forte."

Doucement la chaleur du feu montait jusqu'à elles. Déjà Tsukino ne frissonnait plus, même si ses vêtements étaient encore loin d'être secs. Elle avait l'impression d'être revenue en arrière, d'avoir retrouvé ce foyer qu'elle avait tant aimé. Peut-être était-ce le contrecoup de sa frayeur, la douleur lancinante à sa tempe ou ses souvenirs qui lui revinrent soudain en mémoire, toujours est-il qu'elle ne put retenir une larme. Elle remonta ses jambes et serra fort ses genoux avec ses bras contre sa poitrine. Elle se retint de se mettre à pleurer réellement. Une seconde larme coula suivi d'une troisième avant que son bras n'efface les sillons humides de ses joues et qu'il ne demeure pour seule trace de ses pleurs la teinte un peu trop rougeoyante de ses yeux. Non, elle était grande maintenant. Elle ne devait plus pleurer. Elle devait être forte. Comme son frère. Et comme Flore.

"- Je voudrais être forte moi aussi. Pour pouvoir me défendre et plus avoir peur d'être seule."

C'était la première fois qu'elle parvenait ainsi à exprimer le fond de sa pensée. Clair et limpide. Mettre des mots sur ces sensations si longtemps enfouies et difficiles à comprendre pour son esprit juvénile lui permit de se sentir soulager d'un poids. Elle soupira profondément, les yeux toujours rivés sur les flammes mais une expression de grande sérénité sur le visage. Elle était fière d'elle. Elle avait réussit à le dire. Enfin.

Flore aimait bien cette maison. Même si elle était petite, elle avait un côté rassurant grâce à cette familiarité. L’air ambiant commençait à se réchauffer. La jeune femme se leva rapidement de sa chaise et marcha jusqu’à un chaudron de taille moyenne, posé sur le sol. Elle déplaça celui-ci pour le mettre dans la cheminée, supposant que Tsukino avait faim.

Elle fut légèrement surprise en entendant la jeune fille demander son aide. Le maniement de l’épée. Flore avait commencé très jeune avec son père et les choses qui lui paraissaient très dures au début étaient devenues des automatismes. Mais apprendre à Tsukino comment manier son arme… Bref, elle se demandait si cela était possible. De même, il arrivait à Flore de faire des erreurs.

Elle se retourna vers Tsukino qui était toujours assise sur sa chaise et qui caressait l’épée avec beaucoup de tendresse. Cet acte simple réussit à convaincre la guerrière. Ses yeux argentés, qui brillaient étrangement à la lueur des flammes, se posèrent sur sa propre épée, posée à quelques mètres de là. Mais, la pratique serait pour plus tard.

« J’accepte de t’enseigner ce que je sais. »

Flore était trop modeste pour se déclarer forte. Bien des épéistes lui étaient supérieurs, mais elle faisait de son mieux pour s’en sortir vivante.

« Il y a plusieurs choses que tu dois savoir. La première, c’est que ton épée est le prolongement de ton propre bras. Autrement dit, c’est une partie intégrante de ton corps. Si tu maîtrises ce bras à la perfection, tu maîtriseras aussi ton épée. »

Flore soupira légèrement et revint s’asseoir lentement.

« Lorsque j’étais petite, mon esprit bouillait toujours. Je n’arrivais pas à contrôler mes gestes. Jusqu'au jour où celui-ci s’est calmé. Et c’est ce calme qui me permet de réussir. »

Elle posa ses mains sur la table.

« De plus, tu dois apprendre à utiliser tous tes sens. La vue, l’ouïe, l’odorat. Tout. Il te faut ressentir ton environnement. Tu demandais comment je m’étais aperçue de ta requête. Je ne suis pas devin. J’ai simplement lu l’expression sur ton visage. Et c’est cette attention, ces détails qui font la différence.
> Enfin, personne n’est infaillible. J’ai moi-même été blessée il y a un mois à peine. Alors, c’est normal que tu ais peur. Peur de mourir. Sinon, tu ne serais pas humaine. Mais, il faut apprendre à se battre pour survivre et dépasser cette peur. »

Flore se détourna quelques instants et contempla le feu qui crépitait dans la cheminée. Une part d’elle-même avait peur de lui apprendre cet art. Quelques années auparavant, elle avait enseigné à un homme cet art noble qui lui permettait de survivre en ces temps douloureux. Mais cet homme l’avait trahit et avait retourné cet enseignement contre elle. Finalement, elle aurait pu mourir si elle n’avait pas caché un poignard dans sa botte.
Un mince soupir s’échappa de ses lèvres. D’un autre côté, la laisser sans défense, c’était comme une trahison envers ses idéaux. Et malgré son apparence de démon, Flore possédait un esprit qui faisait qu’elle ne voulait jamais se trahir. Et puis, finalement, elle l’aimait bien cette petite, quoi qu’elle en dise.

Souplement elle se leva et marcha jusqu’au chaudron. Elle mit un peu de soupe dans un récipient et revint jusqu’à Tsukino.

« Tiens, c’est chaud, dit-elle en lui tendant le bol. Je ne sais pas si c’est bon, mais tu te sentiras mieux après. »

Flore lui tourna alors le dos et alla jusqu’à l’unique armoire afin d’y prendre quelques couvertures. Agissait-elle comme il faut ? Jamais elle ne s’était occupée de personne, hormis d’elle-même. Ou du moins, pas de cette manière. Ainsi, il lui était particulièrement difficile de se comporter comme une personne normale. De plus, elle vivait seule depuis de nombreuses années.

« Tu devrais aller dormir ensuite, ajouta-t-elle sans se retourner. Ta bosse doit te faire atrocement souffrir et le meilleur moyen de se sentir mieux, c’est de dormir. Tu peux prendre le lit. »

La guerrière tourna la tête dans sa direction et ajouta :

« Ne t’inquiète pas. Je ne compte pas t’abandonner ou te tuer pendant ton sommeil. »

Flore retira le couteau qui était caché dans sa botte droite ainsi que tout ce qui lui était superflu. Elle s’assit alors devant le feu et ferma les paupières, vidant son esprit de toutes les émotions possibles et imaginables.

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Lorsqu'elle entendit la jeune femme accepter d'être son instructeur, son visage sembla comme s'illuminer. Elle relâcha ses jambes et se rassit normalement sur sa chaise, balançant négligemment ses jambes dans le vide. N'étant pas très grande, elle ne touchait même pas le sol. Elle se tourna légèrement vers Flore afin d'écouter attentivement ses paroles. L'épée devait donc devenir son bras et son bras son épée. Oui, finalement cette image lui plaisait bien. Elle jeta un coup d'œil à sa lame puis à son bras avant de revenir à l'épée. Elle avait déjà hâte de voir ce que cela pouvait donner.

Le passage sur le calme la fit un peu faire la moue. Le calme ne faisait pas vraiment partie de ses compétences. Elle avait plutôt tendance à vite se dissiper et son esprit à disperser son attention. Mais bon, elle ferait des efforts. Utilisé tous ses sens aussi? Oulala, ça commençait à faire beaucoup de choses à retenir et à penser en même temps. En serait-elle capable? Remarque, y a pas de raison. Elle n'était pas plus bête qu'une autre. Un peu plus jeune, insouciante, naïve, ça oui, mais idiote loin de là.

Tsukino rougit lorsque Flore lui dit avoir lu sur son visage. Combien de fois son frère lui avait-il répété lire en elle comme dans un livre ouvert? Elle ne les comptait plus. Mais son expression se fit plus soucieuse en apprenant que sa sauveuse avait été blessée récemment. Elle l'observa un peu plus attentivement mais ne distingua pas grand chose l'aidant à savoir si elle souffrait encore beaucoup ou non. Déjà, Flore s'était détournée d'elle pour laisser son regard plonger dans les flammes. Puis, elle lui servit un bol de soupe fumante.

En effet, le récipient était tout chaud. L'odeur qui s'élevait jusqu'à ses narines lui en mettait déjà l'eau à la bouche. Elle hésita sur la conduite à tenir. Elle aurait voulu attendre Flore pour manger avec elle, un peu comme avant avec son frère, mais cette dernière était déjà repartie fouiller dans un armoire. Attendant qu'elle revienne, Tsukino décida de gouter à la soupe dans son assiette. Hum, elle était drôlement bonne. Elle en prit une cuillère, deux, trois, puis oublia ses premières réticences et fini son bol avec délice. La chaleur du breuvage lui avait fait un bien fou.

Lorsque Flore revint, des couvertures plein les bras en lui annonçant qu'elle devrait dormir, la jeune neko voulut protester, plus par jeu que par réel envie de dire non. Mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Elle dut retenir un grand bâillement tandis que son hôte lui indiquait le lit ou elle pourrait passer la nuit. Tsukino n'était pas sure de devoir accepter. Après tout, elle ne voulait pas s'imposer et elle lui avait déjà sauvé la vie, nourri et hébergé. Cela faisait beaucoup en une journée.

La dernière réflexion de Flore la fit tiquer.

"- Pourquoi tu dis ça? Jamais je n'ai pensé ça. "

Elle aurait voulu lui poser d'autres questions mais la façon dont elle venait de s'installer devant le feu l'incita au silence. Elle aussi ferma les paupières, profitant du doux crépitement du feu. Saisissant une couverture, elle se laissa glisser au sol avant de s'enrouler dans une couverture. Elle n'osait pas l'avouer mais elle préférait grandement ne pas rester seule. Avec Flore, elle se sentait rassurée. Alors, le sourire aux lèvres, elle se laissa doucement glisser vers le sommeil. Bien plus exténuée par les derniers évènements qu'elle ne le croyait, elle sombra rapidement. C'est la voix toute ensommeillée qu'elle murmura avant de s'endormir.

"- Bonne nuit Flore. Et encore merci.... pour tout."