La jungle, ou comment s'acclimater à un lieu inconnu [terminé]

Spoiler:

« AIE !! »

Elania était étendue à terre de tout son long, ses yeux cherchant vainement un ciel que cachait avidement une étrange obscurité. Une douleur aigue la lançait violement dans la hanche droite. De toute évidence, elle avait atterrit sur une espèce de caillou, ou autre chose désagréable du même genre. Elle se releva en bougonnant des malédictions contre le monde entier, puis entreprit de secouer sa tunique qui était maintenant pleine de poussière et de boue ce qui était, pour ainsi dire, des plus déplaisants. Quand elle fut enfin satisfaite de son apparence, elle se massa les côtes quelques minutes puis, enfin, leva les yeux. Et il faut dire que ce qu’elle vit la laissa sans voix. Elle se trouvait dans une jungle, celle là même dont le vieux lui avait parlé. Et dans cet endroit merveilleux semblait foisonner des plantes et herbes aux couleurs plus vives les unes que les autres, voir même des espèces qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Elle vit même une sorte de tapir jaune courir pour aller se cacher sous un buisson. Pour elle qui aimait la nature sauvage, elle était servie ! Le lieu était purement et simplement magnifique, et sombre de surcroit, ce qui permit de grandir encore le plaisir de la Drow. Tout ce qu’elle aimait : La nature, les plantes, la chaleur et l’obscurité.

* Je sens que je vais me plaire, ici. *

Elle savait qu’Harmonia ne s’étendait pas qu’à cet « ici », mais la première impression est toujours importante, n’est ce pas ?
La jeune femme rejeta en arrière ses longs cheveux ocres et s’étira, respirant à plein poumon l’air pur qui flottait dans la jungle. Le seul inconvénient était l’humidité de l’air et du sol, ce qui attirait inévitablement toutes sortes d’insectes et autres bestioles. Mais bon, on ne peut pas tout avoir.

* Comme disait papa, la nature offre ce qu’elle a : Le bon et le moins bon. *

Elle inspira et expira lentement. Le vieux débris croulant d’Umbra ne lui avait pas mentit : La « porte » qu’il lui avait indiqué semblait bien mener au monde tant convoité d’Harmonia. Il n’y avait pas de panneau, ni rien d’autre. Il n’y avait personne d’ailleurs. Mais elle sentait qu’elle était ailleurs, dans cet autre monde où il avait tant à découvrir. Et elle était heureuse. Juste heureuse. Elle avait l’intention de traverser la vallée des Mégalithes pour rejoindre Equillios et qui sait, peut être s’y établir durant quelques temps si l’endroit lui plaisait… Et s’il y avait du boulot. C’est aussi cela qui l’avait poussé à quitter Umbra et sa capitale : Le manque d’action et le manque de boulot. Elle avait besoin de se faire la main et de se faire un nom. Peut être la basse couche de la population d’Harmonia pourrait-elle l’aider ?
Elle secoua la tête et sourit des rêves de gloire qui lui traversaient l’esprit. Déjà, il faudrait bouger d’ici. Et puis, quitter cette jungle avant la nuit pourrait être plus sécuritaire, même si la jeune femme doutait que cela soit possible. Anka grimpa alors sur son épaule et couina dans son oreille. Elle éclata de rire :

« Saleté va, t’es pas un ratounet de ferme que je sache. Va te chercher à manger tout seul, tu es assez coriace pour te débrouiller, aussi petit que tu sois. Allez file, je t’attends là ! »

Le rat lui lança comme un regard de reproche, sauta au sol d’un bond indigné et s’éloigna rapidement. Elania le regarda partir en soupirant : Si elle ne faisait pas attention, ce petit là deviendrait vite un animal obèse et paresseux. Aussi peut encombrant était-il, elle ne voulait pas de ça.
La jeune Elfe prit sa sacoche à la main et s’éloigna d’un pas lent. Puisqu’elle devait attendre ici le retour de son petit compagnon, autant qu’elle furette un peu dans les alentours. A peine eu-elle fait quelques pas qu’elle vit quelque chose qui la ravit. Devant elle s’étendait une sorte de lagune, enfin de l’eau quoi, elle ne savait pas trop ce que c’était. Mais les branches des arbres centenaires et les lianes s’y plongeaient allègrement, ce qui donna envie à la jeune femme d’en faire autant. Elle s’abstient cependant et se contenta de retirer ses chaussures pour y plonger le bout de ses doigts de pieds. L’eau cristalline était glaciale, et pourtant Elania y enfonça ses deux pieds en grimaçant. Une fois la première sensation désagréable passée, cela lui fit un bien fou. Alors, elle s’allongea sur le sol recouvert d’herbes basses et ferma les yeux, les pieds toujours trempant dans l’eau. Anka pouvait chasser très rapidement. Mais il pouvait aussi être très long. Et la Drow ne se leurrait pas, il lui en voulait et prendrait tout son temps, histoire de lui faire perdre le sien. Elle se demandait parfois qu’elle était le degré d’intelligence de cet animal qu’elle avait recueilli au gré de son voyage. Puis elle ne pensa plus à rien. Un brin d’air frais caressa sa peau noire : Elle était bien.