Une jungle inextricable [Terminé]

Larian ne savait pas depuis combien de temps il était pommé, il était passé au moins trois fois par le même arbre et il reconnaissait la trace faite par son arme plus tôt. Il passa sa main sur le bois et toucha la trace, ses sourcils se froncèrent. Ce n'était pas la marque que lui avait fait, son arme ne coupait pas, elle broyait. Le guerrier ôta son gant et passa son doigt dans l'interstice, pas de sève et une légère odeur, ça ne datait pas de très longtemps, pas de colorisation due à une longue exposition à l'air libre. C'était mauvais tout ça, une autre personne était dans les parages. Les feuilles ne bougeait pas mais quelques branches étaient cassées. Larian suivit la piste et tira son couteau, une légère brise caressa son visage, Larian n'aimait pas vraiment le vent, mais ce vent là transportait une odeur bien spéciale une odeur qui présageait sans aucun doute une rencontre, l'odeur avait une forte concentration d'un parfum inconnu mais fort attirant, donc ça serrait une femme.
Le guerrier avança avec précaution jusqu'à une clairière, elle était totalement dégagée et un petit monument se dressait en son centre. Peut de choses montraient d'où venait cette construction. Larian ne ressentait rien d'autre que de la curiosité, le seul point négatif fut une vive douleur dans sa jambe, Larian poussa un cri et se retourna pour découvrir une plante carnivore qui mordait d'une façon très persuasive son mollet, Larian planta immédiatement son couteau dans la bête qui couina avant de rendre l'âme. Le jeune guerrier poussa une série de jurons et sorti des bandages et de quoi se soigner, mais alors qu'il allait commencer le bandage le guerrier entendit un bruit suspect et il se mit en garde, sa jambe en sang.

-Qui va-là?

J’avais visité bien des endroits, bien des lieux, et bien des sentiers. Mais dans cette jungle verdoyante et dangereuse, je m’affolais, j’avais l’impression de tourner en rond, de voir toujours le même arbre, toujours la même branche, de passer toujours par le même chemin. Je ne voulais pas l’avouer, je ne voulais pas le dire et pas l’admettre, mais j’étais complètement perdue. La fin de journée s’annonçait, la luminosité de l’astre solaire était moins tonitruant, et si ma situation ne changeait pas rapidement, j’allais passer la nuit dans cette antre de végétation qui me rassurait pas le moins du monde : entre plantes carnivores, animaux carnivores, créatures enchanteresses carnivores, j’étais entourée de carnassiers.

Je ne savais pourquoi le relâchement, l’abandon me gagna, je me laissai donc tomber contre un magnifique tronc. J’étais épuisée, j’étais exténuée, j’avais faim, j’avais soif, pourquoi avais je décidé de visiter seule cet endroit ? J’étais téméraire, imprudente, mais surtout asociale, je ne supportais peu de contact avec les autres, les trouvant soit trop bavards, soit trop collants, soit inintéressants… j’étais difficile face au contact humain, je ne savais pas bien m’y prendre, je ne savais jouer la mielleuse, ni la gentille fille, j’étais d’un caractère froide, peu aimable et antipathique, ce qui ne facilitait vraiment pas la rencontre. Je restai pendant de longue minutes à écouter le chant de cet antre, il était hypnotisant : le vent caressait sensuellement les feuilles des arbres, le vole majestueux des oiseaux se mêlait à cette ode magnifique, les arbres eux de leur cimes grandioses, et de leur caractère majestueux donnaient un spectacle unique à cet univers ténébreux. Fallait t’il se sentir démunie et perdue, pour pouvoir contempler réellement ce paysage. J’avais l’impression de redécouvrir le monde où je vivais, mes yeux savouraient avec délectation cet atmosphère extraordinaire que mère nature nous offrait.

Cette contemplation me donna une nouvelle pulsion pour retrouver mon chemin, je me relevai avec rapidité et repris la marche avec ferveur. Il ne fallait jamais abandonner, et c’est dans les pires situations qu’on retrouve notre but, et nos objectifs. Puis avec surprise, après l’abondance des arbres, je pouvais contempler la beauté d’une clairière. J’avais peut être pas trouvé mon chemin, mais surement un lieu pour passer la nuit. Je me dirigeai vers un petit monument qui trônait au milieu de cette éclaircie. Mais je n’ai eu le temps, de m’approcher de près de cet édifice, qu’un hurlement retentit. Je me retournai en un instant, j’avais déjà à la main mon arbalète et une position de défense. Je ne vis personne, je m’avançai doucement et délicatement vers le bruit, entre les branches, je pouvais contempler le visage d’un homme, il avait point l’air d’être très chaleureux, mais en tout cas, la blessure était profonde, en espérant que la plante n’était pas en plus vénéneuse… Même avec la plus grande discrétion le maladroit avait perçu ma présence. Que faire ? Fuir, le tuer, ou l’aider ? Dans les deux premiers cas, j’aurais démontré une preuve de lâcheté que je ne possédais pas.

Je me dévoilai enfin au personnage, un sourire aux lèvres, l’air effronté, je lui dis :

- il faudrait peut être apprendre à regarder où poser les pieds ?
Puis sans attendre, je déchirai le pan de ma belle robe noir, puis d’une voix adoucie et calme j’ajoutai :

- laisse moi faire, ton bandage me semble pas en mesure d’absorber le sang de ta blessure, ma robe est plus solide… De plus j’ai une nette impression, que la nuit tombe, il faudrait peut être mettre les voiles, et se dirigeais vers l’édifice au centre de la clairière, si monsieur veut bien que je l’aide à marcher jusqu’à la bas. Je lui tendis le bras, avec un sourire bienfaiteur.

Larian était figé devant ce spectacle, un ange aux ailes noires le toisait du haut de la colline, pétrifié était le mot, une beauté dangereuse et fatale, une puissance attractive phénoménale. Un charisme que peu de gens avait, Larian se retint d'ouvrir la bouche d'étonnement, ses esprits lui revenait peu à peu et l'ange approchait déjà, que faire? Larian se tenait toujours en garde, il inspecta la femme, l'air hautain digne des anges, la démarche fière et assurée, mais elle semblait porter un lourd poids sur ses épaules, une crainte. Ses yeux passèrent sur le bout d'habit arracher, elle lui venait en aide, sa pouvait être un traquenard comme une personne qui lui voulait sincèrement du bien. Le guerrier préférait la deuxième solution et s'y rangeât. Il leva son arme au dessus de sa tête et l'abattit au sol, la faisant s'enfoncer de quelques centimètres dans le sol de la forêt. il enleva le bandage et le jeta et soupirant. Ce genre de personne qui pensaient tout savoir l'énervait au plus haut point mais il fallait vivre avec. Le jeune homme sortit tout de même un baume avant de se saisir du morceau de robe avec un "merci", il passât le baume dessus, fit un bandage qui tiendrait la nuit et rangeât tout son attirail. Il s'inclina respectueusement.

-Je vous remercie de votre aide, pour la marche je ne compta pas laisser mon arme ici et à moins que vous vouliez me transporter moi et cette arme jusqu'au monument je ne pense pas que vous pourriez m'aider, je me débrouillerait, votre proposition et généreuse. je me présente : Larian Bren, harmonien.

larian tendit une main amicale.

Elle était belle, si ce n'avait été cet air hautain et supérieur Larian n'aurait pas été insensible à ce charme naturel. Mais il émanait d'elle une dangerosité qui rebutait le guerrier, sans doute savait-elle se battre. L'ange s'éleva dans les airs et le saisi par les épaules, Larian ne fit rien d'autre que de saisir son arme et de se laisser transporter, l'air caressait son visage et l'atterrissage se fit sur une jambe autant que possible. A vrai dire il ne voulait pas aggraver les choses, une roulade fut le final de cet atterrissage.
La douleur s'estompa assez rapidement et l'ange se posa, la vision de Larian était floue, la douleur était vive mais il supporterait. La femme n'avait pas conscience de la douleur du guerrier, ou bien s'en moquait, et commença à se présenter... une erreur sans aucun doute. Une forêt mystérieuse la vision de Larian redevint normale, le bruit du fer contre le fer sa main droite se serra autour de la poignée centrale de son arme, le sang qui coule le long d'une lame Une larme coula le long de sa joue, un dernier murmure, comme un adieu la rage s'empara de lui.
Le guerrier harmonien leva subitement la tête et jeta un regard empli de haine et de rancœur sur l'ange noir. Il voulait la tuer, oui, la tuer, répandre son sang sur le sol de ce lieu venger les crimes qu'elle avait dut commettre. Son sang serrait la compensation de ses crimes, elle était condamné à partir de maintenant.

-Je vois, une meurtrière, c'est gentil de m'éviter une traque inutile et de venir te livrer à moi, mon jugement est sans appel. La mort pour tes crimes et ceux de ton peuple.

Son arme décrivit un arc de cercle meurtrier vers le cou de la fille mais la lame s'arrêta à quelques millimètres de la peau de l'ange. Larian ne pouvait pas, que savait-il de cette personne? Il ne pouvait la juger comme cela. Larian tomba au sol. Non il ne pouvait pas.

-Non... Je ne peux pas te tuer, tu m'a aidé, j'ai une dette envers toi, j'aurai put me vider de mon sang et j'aurai eut besoin d'une heure pour venir ici. Je te suis redevable. Je n'ai rien pour allumer un quelconque feu mais j'ai des rations.

La mort caressait mon visage, la froideur de cette lame au contour de mon cou me donnait des frissons, avais je peur ? Peut être un soupçon, mais je n’avais pas d’appréhension face à l’enfer qui m’attendait. Je n’avais rien à perdre, car les réponses à mes questions seront à jamais ignorées. J’avais cependant un certain étonnement face à cette réaction meurtrière de mon compagnon de route, lui qui faisait parti du groupe de la lumière et du bien, il se rabaissait à un geste de ma propre caste : violence et injustice. Je le regardais droit dans les yeux, je ne dis mot, seul il pouvait prendre son choix, et seul il devra accepter ce choix. Il ne se doute pas qu’un crime est lourd à porter, il ne se doute pas que l’image de ces êtres qu’on trépasse reste à jamais dans notre cœurs, et à jamais ils hantent nos rêves. Je faisais certes partie de la communauté d’Umbra, mais je n’avais jamais fait de crimes injustifiés, toujours par obligation, c’était soit ma vie ou la sienne, l’instinct de survie prédominé sur toutes autres émotions. Encore un personnage qui jugeait une personne sans la connaitre, une fraction de secondes suffit t’il à appréhender le caractère d’une inconnue. Les hommes étaient bien tous pareil, toujours à nous classer dans des tiroirs, toujours à ne regarder pas plus loin que le bout de leur nez. J’étais lasse de voir que dans n’importe quelle civilisation, une race pouvait causer autant de violence et de guerre.

Ce que les humains ont du mal à accepter c’est la différence de chacun. Blanc, noir, jaune, elfe, humain, démon, Umbra, Lucina, la beauté de cet univers est la diversité, mais de cette beauté cache la jalousie, l’envie, et la haine. La cohabitation est dure, et tout le monde se représente une image faussé de chaque clan. Ce n’est pas parce qu’on fait parti d’un clan que nous nous ressemblons, nous ne sommes pas tous fait par le même moule, chacun à un vécu, une histoire qui dessine notre destiné, est ce que les hommes pourront un jour comprendre que la différence nous rend plus fort et non nous divise ? J’avais pensé à tous cela en une fraction de seconde, mais Larian avait décidé un tout autre choix, me laisser la vie. Un revirement de situation pas si étonnant que cela, il se cachait dans cet être une intelligence stupéfiante, faussé par de nombreux préjugés.

Je l’observai quelques minutes dans un silence cérémonial, il était à terre, tel démuni. Je ne savais pas quoi faire, il venait d’attenter à ma vie, je ne savais pas sur quelles émotions me baser : la vengeance, la haine ou la compassion. Puis en enlevant mon air hautain et insolent, je m’asseyais auprès de lui, et gentiment je mis ma main sur son épaule, puis d’une voix douce je lui dis :

- Tu n’as rien à me valoir… j’aurais fait cela à n’importe qui. Puis observe moi bien, je suis un ange et je suis de Umbria, pose toi la question d’un tel choix. Je suis à moi-même un paradoxe : je représente le bien avec mes ailes et le mal avec ma caste. Ne réduit pas une personne par le clan qu’elle représente, car dans chaque clan il y a des bons et des mauvais, ne pense pas qu’être umbrien est synonyme de meurtrier… Je ne vais pas te raconter mon histoire, mais tu pourrais bien en apprendre des choses sur l’espèce humaines ou autres …

Je me relevai, puis d’un plus ironique je lui dis :

- bon alors tu prépares à manger, et moi je vais chercher du feu ? je lui fis un clin d’œil.

Puis je m’envolai vers la forêt, je n’ai eu besoin que de quelques minutes, pour récupérer des bouts de bois. La fatigue commençait à se dessiner sur mon visage, le poids du bois était important, et il fallait comme même le rappelait je n’étais qu’une femme. Je dépose le bois proche de Larian, et je sortie de ma poche deux bouts de silexs, et en un mouvement habile le feux jailli. Je me tournai vers Larian, puis d’un ton doux je lui dis :

- je crois que j’ai fait ma part du marché, et toi qu’est ce que tu as… puis je me stoppa, et regarda la plaie béante de mon compagnon, puis une idée, me vint : ta plaie est vraiment bien ouverte, on devrait la cautériser, je peux le faire si tu le souhaites ? Mais pour cela il faut que tu me fasses un minimum confiance …

Mort! Destruction! Ces mots représentaient à merveille les nouveaux arrivant. Ils exploitaient ce monde sans aucune considération pour les habitants, ils se croyaient sur leurs terres alors que ces terres étaient celles du peuple d'Harmonia. Ils devaient partir de cette terre tous avant de subir un revers de la part du peuple d'Harmonia qui, bien que non préparé à la guerre, défendrait ses terres au péril de sa vie. La guerre ne lui faisait pas peur. Larian, lui, se moquait bien de ce qui pouvait arriver aux envahisseurs, ils devaient payer le sang versé par leur sang et leur cris d'agonie seraient alors les prières adressées au défunts afin de les apaiser.
Alors que l'ange noir s'éloignait, les pensées de Larian s'éclaircissaient, il ne devait pas juger ainsi quelqu'un qu'il ne connaissait pas, il n'en avait pas le droit. Mais bon sang que c'était dur de ne pas vouloir tuer tous ces ennemis potentiels, chacun de ces êtres était un danger potentiel pour le peuple d'Harmonia. Larian ne pouvait pas le supporter, cette simple pensée lui était insupportable. Il ne voulait pas manquer à sa promesse en se montrant faible. Mais cette femme l'avait aidé et soigné alors qu'elle aurait pu le laisser crever dans cette forêt où bien même l'achever sans trop de difficultés.
Mais l'heure n'était pas aux réflexions, elle était à l'action, il devait préparer le repas et ce n'était pas en ruminant de sombres pensées qu'il y arriverait. Il farfouilla dans son sac et en sortit de quoi manger, deux fruits ramassés plus tôt dans la journée, deux morceaux de viande et des biscuits militaires, le tout disposé dans deux grandes feuilles a parts égales, Larian contempla ce qu'il lui restait et eut un sourire, il était grand temps de retourner à la civilisation. Un mouvement dans son dos le tira à ses pensées, l'umbrienne était revenue et elle avait du bois et alluma du feu, elle demanda à Larian ce qu'il avait "préparé" avant de poser ses yeux sur la plaie, elle proposa de la cautériser, ce qui signifiait appliquer un morceau de bois brulant sur la plaie, Larian fronça les sourcils et porta d'instinct la main à son couteau, puis se détendit en acquiesçant et en relâchant le couteau, après tout il n'avait pas grand-chose à perdre et il pouvait mourir aussi bien de la main de cette femme que d'une infection.

-Tu peut y aller, mais avant tout.

Larian farfouilla dans sa veste et en sortit une flasque d'alcool qu'il porta à ses lèvres avant d'en avaler quelques gorgée. Le liquide apaiserait en partie la douleur.