Dans les ténèbres... [Terminé]

Des ténèbres permanentes. Un portail. Une blanche jeune fille qui tombe dans ces ténèbres.
Et un bruit de chute et de branches brisées qui réveillerait même les morts.

- Itetetete !...

Serena gémissait de douleur dans les ténèbres qui l’entouraient mais avoir mal signifiait qu’elle était encore vivante et –elle l’espérait – en un seul morceau.
Quelle plaie ces portails entre les mondes qui prenaient plaisir à s’ouvrir n’importe où et toujours au moment où on s’y attend le moins !
Elle aurait dû rester dans sa forêt ! Au moins, elle ne serait pas bringuebalée de monde en monde à chercher un moyen de rétablir leur équilibre !...
Dans les ténèbres qui l’entouraient, elle entendit hululer, apparemment Tsuki l’avait suivi dans sa mésaventure.

- Aïe !... Où est-ce que je suis tombée ?...

Elle regarda autour d’elle mais elle ne voyait rien, pas de lune, pas d’astre, rien d’autre que des ténèbres complètes.
Fébrilement, elle fouilla dans ses poches et espéra que ce qu’elle cherchait n’était pas tombé dans sa chute.
Non, elle était encore là, elle sentit la cordelette attachée à la pierre au fond de sa poche gauche.
Serena la sortit de son rangement et aussitôt elle se mit à luire d’une douce lueur blanchâtre.
Ce n’était pas une vulgaire pierre mais une Pierre de Lune : elle absorbait la lumière quand on l’exposait aux rayons du soleil et la restituait la nuit sous forme de cette douce lueur.
Tsuki, la chouette diurne, se rendit auprès de Serena à sa lueur et la jeune fille la hissa de nouveau sur son épaule.
En se relevant péniblement, elle heurta quelque chose du pied et un son de clochettes se fit entendre.

- Ah ! Mon Naginata !...

Eclairée par la Pierre de Lune, elle retrouva sans peine son arme à garde d’ivoire mais elle se figea en l’arrachant du sol dans la musique cristalline des clochettes dorées à sa garde.
Ses yeux rouges s’écarquillèrent et elle contempla le sol avec un regard où se mêlait incrédulité et effroi alors que la petite pierre illuminait ce qui crissait sous ses pas.
Ce n’était pas des branches qui avaient amorti sa chute... mais des ossements !...
Un tas épais d’ossements blanchâtres, où on pouvait encore voir des lambeaux de vêtements et de chair qui s’accrochaient péniblement aux articulations.
Serena porta la main qui tenait la Pierre de Lune à sa bouche pour contenir son envie de vomir.
La lumière blanchâtre éclairait le tas impressionnant d’ossements qui tapissait le sol de ce qui semblait être une caverne.
Dans quel enfer était-elle soudain tombée ?
Un bruit d’os brisés violemment et un grognement sauvage se firent soudain entendre derrière elle.
Tsuki malgré son aile blessée poussa un piaillement strident et s’envola à tire d’ailes.
Serena, elle, se retourna avec lenteur et les traits réguliers de son visage se défirent peu à peu en voyant ce qui se tenait derrière elle.

Un fauve, un gigantesque fauve au poil plus pourpre que le crépuscule, recouvert de plaques osseuses sur le crâne, aux yeux rougeoyants comme des charbons ardents !
Serena n’eut même pas le temps d’avoir la pensée de fuir.
La monstrueuse créature concentra une masse d’énergie noire dans sa gueule avant de la projeter droit vers elle.
Le hurlement de douleur de la jeune fille se répercuta sur les parois de la caverne en tous sens.
Le corps inanimé de Serena retomba lourdement dans les ossements, inerte et ensanglanté par la violence de l’attaque, vaguement éclairé par la Pierre de Lune qui était tombée à ses cotés.
Les clochettes du Naginata qui tintinabulèrent une dernière fois avant de retomber aussi inerte que sa maîtresse dans les ossements semblaient faire office de glas funèbre...

[HRP: Pour ceux qui souhaitent participer, je préviens que ce qui vient de m'attaquer est un Fauve Pourpre, une créature qui s'attaquera sans pitié aux Luciniens et Harmoniens sur lesquels il tombera et qu'en prime il maîtrise le sort Ombre à la perfection. Attention à vous ! ]

Invité

Sans prévenir, sans le moindre sifflement, quatre espèces d'aiguilles longues comme une main apparurent sur le corps velu du monstre. Porteuses d'un puissant anesthésiant et d'une dose capable de tuer un cheval, elles ne semblèrent guère gêner le félin (du moins cela avait-il l'air d'un félin). Semblèrent. Lorsqu'il s'approcha, Athalante put observer les magnifiques caractéristiques de l'animal. Ses yeux rougeoyants étaient un appel au sang, son corps entier voué à la chasse et la tuerie. Autant de propriétés qui firent sourire l'ancien être aquatique, conscient de ce qu'il risquait à ce trouver dans ce genre d'endroit. Quel genre d'endroit, d'ailleurs? La question n'était pas feinte, elle avait simplement trouvé sa réponse dès son arrivée. Les réflexes dont Athalante avait hérité lui commandaient de toujours connaître son environnement, et ce par n'importe quel moyen. Il avait senti sous ses doigts les formes de crânes, de côtes, d'articulations de plusieurs races. Une sorte de fosse à monstre. Il s'était redressé, marchant vers la lumière qui lui permettrait d'avoir une chance de voir la mort en face... Et lui envoyer de quoi embrasser Morphée.

Quelle surprise! Il s'était imaginé trouver une sortie, un soupirail, une grille à un plafond peut être... mais pas à une pierre lumineuse tenue par une gamine, avant de... Faire face à un tel monstre. Les raisons pour lesquelles son postérieur avait été meurtri s'estompèrent, et il savait par avance qu'il ne sortirait pas d'ici vivant sans avoir réglé son compte à cette créature. En priant pour qu'il n'y en ait qu'une. Bref, il attendit patiemment que ses petits produits fassent le peu d'effet qu'il escomptait, en espérant ne pas avoir a vider toute sa pharmacie sur lui. Sa main glacée trouva la gorge de Serena, son pouls qu'il jugea correct -sans trop s'avancer, mais sans certitude-, la pierre dont il se saisit, avant de l'éteindre du mieux qu'il pouvait (en la rangeant dans sa poche, quoi). Ses premières paroles également, dans une caverne ou régnait l'obscurité.

- D'après ses yeux, il ne doit pas avoir de vision nocturne. Pas de pupille, et luminescents. Tu aurais pu réfléchir.

Au final, il n'avait pas encore eu de si nombreux contacts avec les autres espèces vivantes. Il ne lui était pas venu a l'idée que quelqu'un puisse observer gentiment un tel danger potentiel, sans penser à l'observer du mieux possible. Bref, il avait pensé à voix haute (en espérant peut être inconsciemment qu'elle l'entendrait?), et déjà le fauve semblait reprendre ses esprits. A peine quelques minutes de flottement, même pas évanoui, hein? Sale bête... Il ressemblait à quelques autres créatures qu'il avait côtoyées dans ses abysses natales, à ceci près que pour le moment Athalante ne fut pas dans son élément. Ses dernières aiguilles fusèrent, manquant de peu les yeux qu'il visait (mais heureusement, à l'oreille, se plantant tout de même dans le cuir de la bestiole. Un nouveau temps de répit qu'il mit à profit pour s'en éloigner un maximum, traînant plus que portant cette jeune créature derrière lui. En fin de compte, il n'avait pas encore d'espoir de s'en sortir seul. La créature serait FORCEMENT ralentie, son esprit, son sang, son corps le lui criaient.

Mais il n'était pas un combattant né, sa force naturelle et son corps résistant d'Athalante ne lui serviraient pas longtemps. Sa seule chance était visiblement de soigner comme il pouvait Serena, qu'il ne connaissait pas, en espérant qu'elle sache se servir un minimum de cette arme. Il pourrait peut être encaisser quelques attaques, le temps qu'elle s'écarte et décapite proprement de fauve. C'est donc ainsi qu'il appliqua ses mains à divers endroits du corps de la jeune femme: Si il n'avait pas de don guérisseur, la froideur naturelle de sa peau frôlant le zéro aurait le don d'anesthésier la douleur, si il avait la chance de la voir se réveiller grâce à cela. Son visage avait gardé le même détachement qu'il avait eu en apprenant qu'il n'aurait pas d'eau dans une taverne, ou que sa chambre serait la plus luxueuse. Un pragmatisme presque irritant.

[HRP: Beaucoup d'affirmations la dedans sont des pensées de mon personnage, je le précise au cas ou ca ne serait pas assez clair. Mais je suis assez content d'avoir trouvé un point faible à ces bestioles, qui ne voient pas dans le noir ^_^]

Putain de désert de merde rempli de sable à la con aurait-il été capable de dire si son calme habituel ne l'en avait pas empêché. Il se demandait quand même ce qu'il était venu faire là, il faisait chaud, le sable s'insinuait partout, on respirait mal, et pas un seul signe de vie à des kilomètres à la ronde. Un véritable enfer, le plus terrible des coins ignobles, le bac à sable du diable en personne. Enfin bref, l'Harmonien fut content de tomber sur cette caverne, enfin un coin un peu plus frais, un peu d'ombre. Il s'y était assi durant 5 minutes...je t'en ficherais moi de la fraîcheur, il faisait aussi frais ici que dans un four à pain...et Saladin en savait quelque chose, étant petit il allait souvent chercher du pain pour l'auberge, dans la boulangerie il faisait toujours une chaleur épouvantable en raison des deux fours qui brûlaient pratiquement sans intermittence. Ici c'était à peu près la même chose, les parois de cette grotte jouant le rôle du four. C'en était assez, il se leva et s'enfonça plus profondément dans la caverne, espérant enfin y trouver un peu de fraîcheur, et qui sait quelques rivières souterraines dont le liquide aurait l'effet d'un nectar de vie dans sa gorge. Il n'avait pas spécialement soif, mais le sable piquait sa gorge...en même temps avec ce vent, il suffisait d'ouvrir la bouche une petite seconde pour se retrouver avec une plage coincée entre les molaires. Il marcha donc, ne marchant pas trop vite pour se faire avec l'obscurité...mais au bout d'un moment, ce n'était plus possible, il faisait vraiment trop sombre. Il gratta une allumette, un peu de lumière, il attrapa une sorte de bâton au sol, et entoura le bout avec l’un de ses bandages. Il se brûla avec l’allumette en question, et fut obligé d’en allumer une autre, il imbiba le bandage de l’alcool qui lui servait habituellement à soigner ses plaies, et il enflamma le tout. La lueur produite par une belle torche, même de fortune, était toujours la bienvenue dans une telle situation. Il avança donc, toujours aussi tranquillement, il faisait déjà bien assez frais, mais son instinct d’aventurier lui intimait d’aller plus en avant.

* Très belles ces couleurs...*

En effet, une fois les parois de la caverne éclairée, on pouvait admirer une véritable mosaïque de couleur, passant du gris granitique de base, au noir de charbons, en passant par des couches sédimentaires plus clairs, certaines même ayant une couleur mielleuse. Quoiqu'il en soit, Saladin n'y apporta qu'un intérêt visuel, c'était assez beau à voir. Un géologue aurait put passer des heures à admirer ne serait-ce qu'un centimètre de la paroi. L'Harmonien dut, au bout d'un chemin assez rectiligne, descendre avec précautions sur des sortes de marche naturelles, mais hautes et d'une largeur à peine suffisante pour poser un demi pied. A vue de nez il estima s'être enfoncé d'une vingtaine de mètres, mais après tout il n'avait pas le compas dans l’œil, et pour couronner le tout, il s'en fichait. Il finit par arriver dans une salle plus grande, assez grande pour que la lueur de torche ne suffise pas à tout éclairer, ça avait un coté angoissant. Ses pieds faisaient un boucan de tout les diables.

* Mais sur quoi je marche...*

Il baissa sa torche...vision d'horreur, bien qu'ayant assez d'expérience dans le domaine du bizarre, du surnaturel, du frissonnant, voir même du gore...il ne put s'empêcher de frémir en voyant le par terre d'ossements. Y'avait de quoi en même temps, suffisait d'être un peu sensé, et on était facilement inquiet à la vue d'un tas de restes de cadavres dans une grotte sombre...seul. Peut-être pas si seul après tout...il tourna la torche autour de lui après avoir fait quelque pas...

* Et merde...*

Un fauve pourpre, la plaie de ce monde ! Chaque monde avait son Gardien, Fauve Pourpre pour Umbra, Tomeho pour Lucina et Arca-Mage pour Harmonia. Ces créatures, bien qu particulièrement fidèles envers le peuple qu'elle protégeaient, s'avéraient de véritables sources de problèmes pour les étrangers. Saladin n'aimait pas ces créatures, pas même les Arca-Mages...à une heure où les trois peuples feraient mieux de s'unir, la présence de ces créatures gardiennes n'étaient pas pour faciliter la tache déjà particulièrement délicate. Il serra la torche dans une main, et serra la garde de son sabre d'abordage dans l'autre. Fallait se méfier, cette créature, tant qu'elle n'aurait pas pousser son dernier soupir, n'aurait de cesse d'essayer de le tuer. Heureusement le fauve ne l'avait pas encore vu, elle semblait...un peu ailleurs. Il fallait attirer son attention sur quelque chose, puis il attaquerait, planter le sabre sous l'excroissance osseuse du cou et c'était la mort assurée en moins d'une minute.

* Une idée vite...ah oui...*

Il jeta sa torche un peu devant le fauve, la bête se concentrerait sur ça peut-être une seule seconde, mais elle serait morte dans ce laps de temps. La torche toucha le sol...et éclaira vivement deux personnes, un type et une fille...le fauve prit regarda les deux inconnus, il s'appuya sur ses pattes pour bondir, mais semblait un peu lent.

- Mais quel boulet !

Pure autocritique, Saladin s'en voulait d'avoir mis à découvert les deux autres...ils se cachaient plutôt bien du fauve jusque là. La bête bondit, l'Harmonien leva la main, une boule d'arcane de taille respectable frappa la bête au flanc et la repoussa contre la paroi. Il fut surpris l'espace d'un instant de sa force...autrefois la même attaque n'aurait pas eu le même effet. Mais il en faudrait bien plus que ça. Il empoigna sa torche au sol et courut vers les deux autres...si le Fauve Pourpre les avait attaqué, c'est qu'ils n'étaient pas Umbriens. Le Fauve se relevait déjà...

- Et si on s'en allait ?

Serena avait l'impression de brûler à l'intérieur, dévorée par un feu noir et ce, en dépit de son inconscience.
Puis elle eut une sensation de froid pénétrant, est-ce qu'elle était en train de mourir ?
Apparemment pas, parce que la douleur ne la quittait pas mais elle sentit qu'elle finissait par ouvrir les yeux.
Elle serra les dents pour ne pas hurler, tout son buste lui faisait mal, là où elle avait reçu la boule d'ombre de plein fouet.
Est-ce qu'elle avait des brûlures ? Des plaies ouvertes ? Des côtes cassées ?
Elle l'ignorait mais ce qu'elle ressentait se transcrivit en un seul et unique gémissement à peine audible.

- J'ai mal...

Pitoyable ? Oui, sans doute. Mais c'était la seule et unique sensation, la seule et unique pensée qui la traversait en sortant des ténèbres de son inconscience.
De nouveau, elle ne voyait rien mais elle sentait une présence auprès d'elle, une présence au contact froid qui l'avait tirée de sa torpeur.
Instinctivement plus que volontairement, Serena activa son pouvoir de bénédiction qui l'apaisa un peu ainsi que les douleurs qui la parcouraient mais vu son état, elle ne pourrait pas le maintenir longtemps.

- Il faut... sortir d'ici !...

Serena ne serait pas arrivée à se relever toute seule dans ces ténèbres, heureusement l'inconnu qui était venu à son secours la souleva plus qu'il ne l'aida à se relever.
Elle ne voyait rien mais elle devinait la présence du fauve derrière eux, elle entendait les pattes puissantes de la créature fracasser les os sous elle.
Soudain la créature sembla faire volte-face et de son regard enfiévré de douleur, elle entraperçut une silhouette qui tenait une torche.
Déjà le fauve pourpre se tournait vers lui et l'être qui se tenait là dut penser qu'il avait besoin d'une diversion.

Il lança sa torche au loin mais malheureusement pour Serena et son sauveur, elle atterrit droit à leurs pieds, révélant leur position à la terrible créature.
Le fauve pourpre se ravisa sur sa proie, le duo était plus proche de lui et il se ramassa sur ses pattes pour bondir vers eux.
Il détendit son énorme corps pour se jeter toutes griffes dehors sur eux, Serena ferma instinctivement les yeux mais l'attaque du fauve n'aboutit jamais.
La boule d'arcane du voyageur qui les avait dévoilés percuta la créature de plein fouet et l'envoya bouler dans un tas d'ossements, contre la paroi de la caverne.
Serena rouvrit les yeux et le jeune homme se précipita pour récupérer sa torche auprès d'eux.

- Et si on s'en allait ?

La blanche jeune fille posa son regard incandescent troublé par la douleur sur la flamme dansante de la torche.
Fébrilement, elle glissa sa main dans sa sacoche, en tira une poignée de feuilles et les montra de sa main tremblante à l'homme qui tenait la torche.

- Enflammez-les... et jetez-les... vite !...

De nouveau, la douleur l'élançait, elle ne parvenait plus à maintenir son sort de bénédiction dans son état.
Mais une fois les feuilles enflammées, elles répandraient un épais brouillard rouge avec une odeur semblable à du chlore qui piquerait les yeux et les narines du fauve.
Il deviendrait totalement incapable de les poursuivre !...
Serena se sentait de nouveau partir: à quel point était-elle blessée ?...

Invité

- Joli.

Nul besoin de mots plus forts ou faibles, la simple remarque concernant les possibilités de ces pouvoirs qu'il avait lui même pu constater concernant sa personne. L'espace d'un instant, par réflexe et pour comparer, il observa l'une de ses mains à la lueur de la torche que Saladin tenait. Le gant vert émeraude se forma pratiquement instantanément, avant de disparaître aussi sec. Effectivement, il y avait une ressemblance. Bref, il raffermit sa prise sur la jeune demoiselle en la sentant partir. En y réfléchissant bien, elle devait être un peu cinglée: Elle comptait utiliser quelque chose d'aussi volatile que de la fumée dans un lieu quasiment clos? Ils prendraient également ce qu'elle aurait comme effet ; makis inutile de faire la fine bouche: Il se saisit d'un maximum de ces "herbes", attendit que Saladin donne à la torche le bon angle, balançant à la suite et de toutes ses forces lesdits végétaux.

La fumée se densifia extrêmement vite, à tel point qu'il ne put à la fois la soulever et éviter d'en respirer une bouffée. C'est donc en devant ignorer quelques larmes qu'il partit à la suite de leur sauveur maladroit qu'il courut presque (oui, quoiqu'elle soit légère Serena était un poids qu'il n'était pas habitué à porter, en dehors du sien à la base respectable). La lumière lui donnait déjà satisfaction, cependant il dut s'arrêter à une dizaine de mètres de l'entrée suffocante. La respiration d'Athalante s'était faite plus rapide, saccadée, alors que pourtant leur course avait ralenti et qu'il n'eut pas bronché pendant cette petite pointe de vitesse. Au regard interrogateur de l'homme, il répondit par un sourire mi-figue mi-raisin. Ses lèvres s'entrouvrirent avec lenteur, comme si il soupesait chaque mot qu'il allait prononcer -ce qui était la vérité.

- Il va me falloir du temps pour m'habituer à la chaleur... Je suis presque un être à sang froid, si l'on peut dire. Dans quelques minutes, ma température sera pratiquement aussi forte que celle du sable... Il faudra alterner pour la porter, ou je risquerai de la tuer.

Il ne posa aucune question superflue, n'ordonna rien et ne demanda pas plus. C'était une constatation, pure et simple: A l'étranger d'en induire les conséquences, refusant ou acceptant de partager le poids de Serena sur ses épaules pendant un moment. En attendant, après quelques minutes et en attendant une réponse, il s'engagea dans la lumière en maugréant: Il aurait volontiers accepté de rester un peu dans cette caverne, pour prodiguer un minimum de soin a cette frêle créature. Cependant, si il n'avait pas peur, Athalante savait parfaitement que les yeux du fauve lui donneraient une bonne raison de marcher plusieurs heures durant. De même, il ne fit pas mine de vouloir engager la conversation, attendant poliment que Saladin prenne la parole.
Il en avait assez dit à son goût, se rappelant que malgré son aide il avait bien failli les faire massacrer quelques demi secondes plus tôt. Il dut simplement mettre de l'ordre dans sa tête, sachant parfaitement qu'a la seconde ou Saladin aurait parlé il le remercierait.

La fille était en piteux état, elle avait dut recevoir une attaque du fauve de plein fouet, et sachant que ces bêtes excellaient dans l'art de manier les ombres, les blessures dues à l'attaque ne devaient pas être prises à la légère. Elle eu cependant, malgré son faible état, une lueur d'esprit salvatrice pour le trio. Ces feuilles devaient être utiles, l'autre gars les enflamma comme indiqué par la demoiselle et les jeta sur le Fauve qui venait tout juste de se relever. Il les jeta, avec une certaine précision malgré l'obscurité ambiante, juste sous le nez de la créature gardienne...l'effet ne tarda pas, un épais nuage rouge enveloppa la scène, Saladin respira une bouffée de cette fumée. Il eu envie de se prendre la gorge entre les mains, quelle odeur désagréable, ses yeux ses plissèrent, le piquant affreusement, et bien malgré lui de lourdes larmes coulèrent sur son visage. La bête allait ressentir le même effet. L'autre homme profita de l'occasion et porta la fille avant de partir, Saladin lui emboîta la pas, faisant de son mieux pour s'empêcher de respirer. Cependant l'autre s'arrêta brusquement, à peine sorti de la salle granitique ou le Fauve Pourpre devait rager, hurler, souffrir, et chercher ses proies. Une créature à sang froid, il fallait porter Serena, pas de soucis...ils marchèrent dans la caverne. Assez vite quand même, mettant un maximum de distance entre eux et le Fauve. L'autre gars calma la cadence une fois sorti de la caverne, et s'arrêta quelques mètres plus loin. Saladin ne fut pas vraiment heureux de retrouver la chaleur accablante du soleil de ce p***** de désert. Et il pensa à plusieurs choses à la fois, il s'approcha de son compagnon, et lui prit la fille, lui faisant signe de la tête de le suivre.

- Si t'as le sang froid, mieux vaut pas rester en plein pic du soleil...on retourne dans la caverne, pas trop loin, juste à un endroit où il fait plus frais, pour ce que j'en ai vu cette caverne est assez grande, et après avoir respiré une quantité plutôt importante de la fumée rouge, le monstre nous retrouvera pas de si tôt.

Tenant la fille entre ses bras il retourna dans la caverne, mais ne tarda pas à installer la demoiselle sur le sol granitique. A un endroit suffisamment profond pour être frais, mais pas trop non plus pour bénéficier de la lumière de l'extérieur. Il fallait examiner la fille, à en juger rapidement elle n'avait pas de blessures physiques graves, à part quelques traces extérieures de magie sans gravité. Le problème avec la magie, c'était le choc interne. Le repos était ce qu'il y avait de mieux dans ces cas là, et puis l'autre mec avait réussi à la ranimer un peu en faisant quelque chose...Saladin lui fit signe d'approcher.

- Je suis pas vraiment spécialiste de ce cas, tu pourrais peut-être mieux t'en sortir que moi.

L'Harmonien s'écarta du corps de la jeune fille et s'assit à coté, laissant toute la place à son compagnon de s'occuper d'elle. Il s'alluma une cigarette, il jetait des coups d’œils sur ses deux nouvelles rencontres, et sur le couloir de la caverne qui s'étendait plus en profondeur. Le Fauve pouvait malgré tout revenir. Saladin avait jaugé les forces des deux autres, il était le plus fort, il serait le premier a aller au contact si un danger se présentait. Il s'alluma une cigarette, et regarda avec curiosité son ami...

- Au fait, je m'appelle Saladin, Harmonien...et toi, et, t'es de quelle espèce, une apparence humaine, et du sang froid, on croise pas ça partout !

Saladin avait un ton amusé, plutôt étrange vu la situation, mais il fallait avouer qu'une telle rencontre ne se faisait pas tout les jours. Et l'Harmonien aimait par dessus tout faire connaissance avec d'autres personnes, élargir son horizon. Pourquoi ces deux là dérogeraient à la règle ?

- Et, plus sérieusement, faudrait attendre la nuit pour sortir, elle aurait le temps de se rétablir, et il faut au moins être trois pour survivre à ce désert en pleine nuit...il fait un peu plus frais, mais les monstres sont plus nombreux.

Il écrasa sa cigarette sur la paroi de granit.

- Je m'excuses pour tout à l'heure, mais je pouvais pas deviner qu'il y aurait deux autres personnes pile à l'endroit ou je jetterais cette torche.

Encore une fois le ton était plutôt comique, s'agissait de détendre l'atmosphère. Parce que le reste de la journée allait assez éprouvant...

Serena ferma les yeux et retint sa respiration une bonne minute dès que les feuilles quittèrent sa paume.
Elle n'avait pas la force de prévenir ses compagnons d'infortune tant elle se sentait mal.
Rapidement, elle entendit la créature rugir de douleur derrière elle et elle se sentit soulevée sur des épaules froides avant d'être légèrement secouée par le pas rapide de son sauveur.
Au bout d'un moment, elle sentit la chaleur intense d'un soleil l'irradier en plus de la douleur qui sourdait en elle.
Des bras différents la saisirent et rapidement la morsure du soleil s'estompa.
On la déposa à même un sol dur et froid, ce qui la réveilla un peu.

Elle posa son regard incandescent autour d'elle à travers ses paupières à demi ouvertes, ils étaient apparemment à l'entrée de la caverne qu'elle avait découverte un peu plus tôt.
Deux hommes se tenaient auprès d'elle, l'un, brun vêtu de noir, se penchait vers elle pour l'examiner, l'autre au regard d'azur et à la peau légèrement bleutée regardait autour de lui comme pour s'assurer qu'ils étaient en sécurité.
La jeune fille se retint de gémir pendant le bref examen du grand brun, tout son corps lui faisait mal, comme si elle avait été rouée de coups.
Mais, au moins, quand l'autre homme se mit à l'examiner plus attentivement, la douleur l'avait parfaitement réveillée et elle pouvait dire quoi faire à ses sauveurs.

- Mon... Mon sac...

Elle constata qu'il était à quelques pas d'elle, heureusement elle n'avait pas perdu sa sacoche de cuir qui contenait ses simples dans sa mésaventure.
L'homme à la peau bleutée avait apparemment ramassé son Naginata auprès d'elle, elle était rassurée de ne pas avoir perdu sa seule arme.
La conversation qu'avait l'homme brun acheva de lui remettre les idées en place : ainsi l'un de ses sauveurs s'appelait Saladin et était Harmonien.
Serena porta les yeux avec plus d'attention sur l'homme au regard azur auprès d'elle, il était vrai qu'un être humain à la peau bleutée et à la grâce manifeste, on ne voyait pas ça partout.
La voix de Saladin la tira de sa contemplation.

- Et, plus sérieusement, faudrait attendre la nuit pour sortir, elle aurait le temps de se rétablir, et il faut au moins être trois pour survivre à ce désert en pleine nuit...il fait un peu plus frais, mais les monstres sont plus nombreux.

Serena se redressa péniblement sur un coude, elle ne voulait pas que les deux jeunes hommes soient mis en danger par sa faute.

- Je... Je suis désolée... de vous causer... tant d'ennuis...

Rassemblant ses forces et serrant les dents, elle activa de nouveau son pouvoir de bénédiction pour apaiser la douleur de ses blessures, à tel point qu'une légère aura blanche émanait de son corps.
Elle porta instinctivement la main à son coté gauche : dans la pénombre et sans doute par pudeur, ses sauveurs n'avaient pas vu la blessure qu'elle avait reçue en étant projetée sur le tas d'ossements de toute la force de l'attaque d'ombre.
Une plaie s'était ouverte sur sa hanche gauche et elle sentait le sang en couler assez abondamment.
Elle se sentait incapable de préparer un remède elle-même dans son état, elle pouvait tout juste maintenir la bulle qui atténuait ses douleurs pour leur demander de l'aide.

- Je... Je me nomme Serena... M-Merci de m'avoir sauvée... Mais... J'aurais encore... besoin de votre aide...

Aussi bien qu'elle put, elle leur indiqua des plantes dans son sac et leur demanda de les piler.
La bouillie d'herbes ainsi obtenue pouvait atténuer puis couper l'écoulement du sang et avait des capacités antiseptiques et cicatrisantes.
Au moins elle ne se viderait pas de son sang ni ne souffrirait d'une infection, ce serait déjà ça même si elle mettrait sans doute un petit moment à s'en remettre.
Elle demanda à un de ses sauveurs d'appliquer le remède sur un mouchoir qu'elle tira fébrilement de sa poche avant de glisser le pansement ainsi constitué sous ses vêtements, sur la plaie et de resserrer sa ceinture avec un gémissement pour le maintenir en place.
Elle se laissa retomber, haletante, tandis que l'aura blanche se dissipait autour d'elle.
La douleur la déconcentrait trop pour maintenir la bénédiction active bien longtemps dans son état.

Saladin avait raison, elle devrait prendre plusieurs heures de repos avant de pouvoir bouger sans doute, il y avait à espérer qu'ils n'auraient pas d'ennuis d'ici la tombée de la nuit.
Un bruit sourd retentit soudain à quelques mètres d'eux, faisant aussitôt se redresser ses deux sauveurs.
Serena se sentait dans l'immédiat incapable de se lever mais elle écoutait et regardait attentivement autour d'elle.
A la légère lumière du soleil qui filtrait par l'entrée de la caverne, on apercevait un petit promontoire d'une dizaine de mètres en pente douce qu'ils avaient dû dévaler dans leur fuite.
Un bruit de crissements et de frottements sur la pierre retentissait à la surface de ce promontoire.
On n'entendait pas de grognements et il lui semblait impossible que le fauve ait pu les poursuivre, les naseaux et les yeux attaqués par la fumée chargée de chlore.

Les crissements et les frottements approchaient lentement, de manière inquiétante, comme si une créature rampait à même le sol rocailleux du promontoire.
Déjà, Saladin et l'homme au regard d'azur se tenaient en garde devant elle, craignant sans doute une autre créature issue de la gueule noire de la ténébreuse caverne.
Puis le crissement cessa et au bord du promontoire jaillit... un crâne humain !
Serena écarquilla les yeux, elle avait entendu des histoires de morts-vivants mais de là à voir jaillir un de ces êtres au-dessus d'elle comme soudain jailli d'un cauchemar !...
Le crâne oscillait au bord de la falaise comme si il les observait en se moquant d'eux et... il se mit à dévaler brusquement la pente.
Il n'y avait que le crâne qui roulait rapidement vers Saladin et son compagnon, il rebondit sur une pierre au bas du promontoire avant de se briser à leurs pieds dans un bruit sec et fracassant.
Jamais Serena ne se serait attendu à ce qu'il contenait.

- Tsuki !...

Sous cet abri improvisé, la chouette diurne s'était traînée saine et sauve hors de la caverne.
Avec un "Pya" sonore, elle courut en se dandinant vers sa maîtresse qui ne s'attendait pas à la revoir de sitôt et encore moins avec une entrée si remarquée !...

Invité

Sans mot dire et après avoir permis à Serena de se soigner, Arkhan (appelons le également ainsi) se saisit de ses épaules et l'attira contre lui après avoir retiré sa veste. La température du corps de l'Athalante avait légèrement augmenté, et malgré cela ses cinq degrés suffiraient à engourdir légèrement Serena au bout d'un moment. Cette position incongrue rappelant un couple avait gêné la jeune femme, et il avait du s'expliquer de sa voix grave et posée. Sans la lâcher, jusqu'à ce qu'elle se rende.

- J'ai utilisé toutes mes aiguilles de tranquillisant sur le fauve, donc nous allons devoir faire avec les moyens du bord. Le froid devrait calmer un peu ta douleur.

Après ceci, et seulement après, son visage se tourna vers Saladin. Ses yeux azur se posèrent à peu près partout, examinant avec soin ce qui semblait être -au final- un simple humain. Il fallait dire qu'en dehors des elfes et des humains, il ne connaissait que peu de choses des autres races (et peu d'autres races). Donc, le fait qu'un ange déchu se trouve face à lui lui échappa -et quand bien même l'aurait-il su, ne sachant pas de quoi il retournait, il se serait contenté d'un haussement d'épaules. En revanche, les questions concernant sa propre personne l'amusèrent. Il n'était ni le premier ni le dernier, il dut donc remonter dans ses souvenirs, puiser dans sa sagesse innée pour ne révéler que ce qui devait l'être.

- Mon nom est Athalante Arkhan. J'appartiens à l'espèce des Athalantes, un peuple vivant dans les abysses au large d'Harmonia. Mon chemin est donc passé par cette terre, m'arrogeant le statut d'habitant de ce lieux. En fait, je ne suis pas vraiment ce que vous appelez une créature à sang froid. Disons que c'est ce qui s'en rapproche le plus. Ma température varie selon le temps extérieur, et en général la dépasse dans son domaine. Lorsqu'il fait chaud, mon corps l'est encore plus. Lorsqu'il fait froid, mes mains perdent plusieurs degré par rapport à la fraîcheur ambiante.
Parcequ'on est plus près de l'entrée, je me suis réchauffé un peu. Malgré cela, je n'atteindrais les cinquante degrés que face au soleil du désert ; enfin à vue de nez. Cependant, cela n'affecte ni ma santé ni mon esprit. A l'inverse de ce que vous appelez les serpents. Mon corps est aussi plus dense que le votre, plus résistant également: je pèse environ cent kilos. Voila, je pense avoir fait le tour.

Il avait parlé beaucoup et longtemps, chose qui n'arrivait que rarement. Son regard se porta sur le crâne qui causait tant de brouhaha dans cette zone à mi-chemin entre l'obscurité la plus totale et le lieux lumineux par excellence. Cette entrée fracassante le fit sourire, presque rire même (mais bon, faut pas trop rêver). quelque chose lui revint en tête, visiblement gênante... Puisqu'il envoya une tape sur le côté de la tête de Serena. Rien de très puissant, cependant on pouvait imaginer qu'un "ite" puisse lu échapper... Sans compte le fameux "baka yarô", que de toute façon l'être ne comprendrait pas. En revanche, la voix grave qui monta dans son dos pourrait achever de la faire taire, montant dans un ton aussi froid que les plateaux des montagnes de glace. Si la colère ne put se lire sur son visage, on pouvait imaginer sans le moindre mal celui-ci venant de toute autre race à l'expression faciale reflétant ses émotions.

- Oui, tu nous a causé des ennuis. Nous en avons causés à Saladin, qui nous l'a bien rendu. Disons que nous sommes tous à égalité, et l'idée de t'excuser est ridicule. Et vexante. Nous n'avons pas fait le choix de t'aider par devoir, donc aucun remerciement n'est nécessaire.

Cela étant.. Il se retourna, pour observer ce qui semblait être une étrange aura bleue entourant un personnage venu du fond des âges. Cet être, Athalante ne l'avait pas vu depuis... Humph, plus de deux ans. Quatre, à tout casser. Loin de sa mère biologique, Eilira était la seule personne en ce monde pour laquelle la sagesse, l'instinct coulant dans ses veines n'avaient aucune prise. Elle avait obnubilé son esprit par sa beauté, sa grâce et sa personne entière. La revoir, c'était mourir. Il l'observait pourtant avec un mélange d'appréhension et de scepticisme: Eilira avait un corps faible, et ne pouvait prendre pied sur la terre ferme plus d'une heure sans risquer sa vie. Seulement voila, le nom de "caverne aux illusions" n'avait rien de commun avec ce que connaissait Athalante.
Il restait là à l'observer, sans faire le moindre mouvement, la regardant s'approcher avec la grâce qui était la sienne. Envoûté, contrôlé par lui-même, il n'aurait pas hésité à tuer les deux autres si elle le lui avait demandé. Elle. Pas "ça". Son pragmatisme le guidait, il savait ce que ferait ou ne ferait pas celle-ci en le voyant. Bref, obnubilé par cette illusion, ses mouvement devinrent lents... Lourds... Impossibles. Par un heureux concours de circonstances, il n'en avait pas tenté le moindre.

Et bien tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, les présentations avaient été faites. Serena était partiellement rétablie, et elle irait mieux à partir de maintenant. Athalante pouvait voyager malgré le soleil et la chaleur intense et Tsuki la petite chouette de Serena était en quelques sorte de retour au bercail. L'arrivée de la petite chouette avait justement surpris l'Harmonien, qui avait posé la main sur la poignée de son sabre, mais s'était vite ravisé, et rigola même de sa propre hâte au combat. En même temps il valait mieux être sur ses gardes, le Fauve pouvait revenir, et aller savoir quelles autres créatures hantaient ces lieux ? L'autre fait dut la colère d'Arkhan, et il avait raison, Serena n'avait pas à s'excuser, il était tout à fait normal qu'ils l'aient sorti de là. Ce n'était que de l'entraide, et il en fallait sur ces trois mondes qui commençaient lentement à se déchirer sous l'influence des Esprits Déchus.

* Il faudrait que le décor soit plus approprié...mais dans un sens une scène comme celle ci...c'est beau à voir...*

Saladin après cela avait déjà commencer à réfléchir, ils devraient partir au plus vite de cet endroit. En plus Arkhan a dit que la chaleur n'affectait en rien sa santé, donc ils pouvait y aller...cependant le soleil était écrasant, et Saladin savait qu'il ne supporterait pas vraiment la chaleur trop longtemps. En plus sa gourde de flotte était presque vide, quelle peste qu'il n'ai pas put la remplir pendant son périple dans cette caverne. Si seulement il n'y avait pas eu de Fauve à l'intérieur. A ce propos, l'Harmonien gardait toujours un oeil vers le tunnel par lequel ils s'étaient sortis du guet-apens...on ne savait jamais à quoi s'attendre. Il voulut proposer de rester là jusqu'à la nuit, mais quelque chose l'en empêcha.

- Mais que...

Athalante n'était plus parmis eux, il semblait ailleurs, regardant fixement le tunnel en question. L'Harmonien posa sa main sur son sabre, mais non, il ne voyait pas de créatures et ne sentait pas non plus la moindre présence. En somme il n'y avait rien...quelque chose lui échappait et il n'aimait pas ça.

- Arkhan ?

Pas de réponse bien entendu, mais cette fixation de son compagnon à la peau bleutée n'avait rien pour le rassurer. Cette caverne...les illusions, c'était donc ça. Saladin n'était jamais venu ici, mais en plus des créatures qui pouvaient roder dans le coin, il y avait aussi la magie de ce lieu. Les nomades du désert lui avaient expliqué que jamais ils ne s'approchaient de cette caverne, même si c'était le seul point de repos à des kilomètres à la ronde. Ce lieu ils le nommaient "Le dédale vers la folie", dédale parce que la caverne était grande, et faite de nombreux tunnels. Folie, car on y voyait des choses, des choses qui avaient une emprise sur vous. C'est avec effroi que les nomades avaient raconté à l'Harmonien comment la vie de certains d'entre eux avait été fortement amoindrie en venant roder parmis ces entrailles de pierres. Il fallait réagir...

- Serena il faut partir d'ici...avant qu'on ne subisse tous une illusion !

Mais Saladin parla dans la vide, tout devint sombre et froid...il n'y avait plus personne autour de lui. Il eu juste le temps de comprendre qu'il était lui aussi pris par la magie de cet endroit. Mais dans la seconde qu'il suivit, il sembla s'en moquer, en dessous de lui, un hameau s'étendait, une petite ville en pleine croissance, regorgeant d'habitants à la joie de vivre, heureux de voir leur ville, commerces et fermes prospérer. Saladin se tenait dans les cieux, il avait l'impression de sentir les émotions de chacun des villageois. De la colère du père punissant son fils d'avoir touché son herbe à pipe, du commercial réfléchissant à quel prix il allait vendre ses légumes au marché du lendemain, en passant par la jouissance d'une jeune femme partageant un premier amour dans une grange avec son homme. Puis il eu très froid, comme un frisson de peur, un autre homme se tenait dans les cieux. Il avait à peu près la même taille que lui, et des cheveux coupés courts, noir comme la nuit. Il sourit à Saladin, mais l'Harmonien n'eu pas du tout envie de le lui rendre, cette expression lui fit froid dans le dos. Le visage de cet être était un mélange de joie jubilatoire, d'excitation, et de sadisme. La main de cet être prit une teinte verte, et il lança un revers dans le vide. Une vague émeraude frappa alors le village, qui sombra tout entier dans une explosion d'arcane à la taille monstrueuse. Les centaines de vie s'éteignirent d'un seul coup, toutes avaient hurlé de peur, et dans la seconde qui suivit, il résida un grand calme, un calme morbide et glacial. Le silence de la mort. Saladin regarda cet être, il venait de pulvériser tant de vies, sans le moindre remords. L'être se tourna à nouveau vers Saladin, et l'Harmonien vit que cet être, c'était lui. Le cauchemar venait tout juste de commencer.

Serena était incroyablement soulagée de voir que la minuscule Tsuki, encore blessée, avait réussi à échapper au terrible Fauve Pourpre.
Mais, contre toute attente, le jeune homme à la peau bleutée retira sa veste sous ses yeux et elle se sentit rougir quand le il la serra dans ses bras.

- Que... Qu’est-ce que tu fais ?...

La peau du jeune homme était froide, bien plus froide que la sienne, de fait le contact n’était pas des plus agréables et en plus la jeune fille était très gênée par la situation.
Pourquoi la prenait-il ainsi dans ses bras et, en plus, il la tenait fermement, comme s’il ne voulait plus jamais la lâcher.
La voix grave du jeune homme retentit au-dessus d’elle, répondant enfin à sa question.

- J'ai utilisé toutes mes aiguilles de tranquillisant sur le fauve, donc nous allons devoir faire avec les moyens du bord. Le froid devrait calmer un peu ta douleur.

Apparemment satisfait de la voir rester tranquille, il releva les yeux vers Saladin.

- Mon nom est Athalante Arkhan. J'appartiens à l'espèce des Athalantes, un peuple vivant dans les abysses au large d'Harmonia. Mon chemin est donc passé par cette terre, m'arrogeant le statut d'habitant de ce lieu. En fait, je ne suis pas vraiment ce que vous appelez une créature à sang froid. Disons que c'est ce qui s'en rapproche le plus. Ma température varie selon le temps extérieur, et en général la dépasse dans son domaine. Lorsqu'il fait chaud, mon corps l'est encore plus. Lorsqu'il fait froid, mes mains perdent plusieurs degrés par rapport à la fraîcheur ambiante.
Parce qu'on est plus près de l'entrée, je me suis réchauffé un peu. Malgré cela, je n'atteindrais les cinquante degrés que face au soleil du désert ; enfin à vue de nez. Cependant, cela n'affecte ni ma santé ni mon esprit. A l'inverse de ce que vous appelez les serpents. Mon corps est aussi plus dense que le vôtre, plus résistant également : je pèse environ cent kilos. Voila, je pense avoir fait le tour.

Serena n’aurait jamais cru que l’Athalante ferait preuve d’une telle sagacité ni à la suite des évènements.
Il posa les yeux sur le crâne d’où Tsuki avait émergé et lui donna une légère tape sur la tête.

- Ite ! Qu’est-ce que...

La voix forte et le visage infiniment sérieux d’Arkhan la dissuadèrent de poursuivre.

- Oui, tu nous a causé des ennuis. Nous en avons causés à Saladin, qui nous l'a bien rendu. Disons que nous sommes tous à égalité, et l'idée de t'excuser est ridicule. Et vexante. Nous n'avons pas fait le choix de t'aider par devoir, donc aucun remerciement n'est nécessaire.

Le jeune homme sembla sursauter et son regard azur se détourna d’elle.
Il n’y avait pourtant rien dans cette direction.
Sa soudaine absence de réaction sembla inquiéter Saladin également.

- Arkhan ?

L’Athalante ne réagit pas, il desserra simplement son étreinte autour d’elle pour se redresser, comme pour faire face à la chose invisible qu’il contemplait.
Saladin se retourna précipitamment vers elle, sa voix ferme soudain pleine d’inquiétude.

- Serena il faut partir d'ici...avant qu'on ne subisse tous une illusion !

La jeune fille se protégea les yeux, une lumière éblouissante l’aveuglait.
Quand elle parvint à voir de nouveau, elle écarquilla les yeux.
L’endroit qu’elle contemplait n’avait plus rien de commun avec la caverne sombre qu’elle occupait avec Saladin et Arkhan quelques instants auparavant et les deux hommes avaient disparu d’ailleurs.
La verdure était partout, on entendait les oiseaux chanter dans des arbres majestueux et un cours d’eau translucide coulait à quelques pas d’elle.
Ses yeux incandescents regardaient autour d’elle sans comprendre, comment avait-elle rejoint cet endroit qu’elle connaissait trop bien ?

- ...La Rivière de Cristal ?...

En plus, ce n’était pas n’importe quel endroit de la Rivière de Cristal.
A travers les arbres, elle pouvait apercevoir son village natal, sa mère venait souvent l’emmener jouer ici quand elle était enfant, il y avait si longtemps déjà...

- Serena ?...

La jeune fille se retourna et ses yeux couleur rubis s’écarquillèrent davantage devant le spectacle qui s’offrait à elle.
Sa mère, aussi jeune qu’elle avait pu la connaître, la contemplait avec amour et enlaçait tendrement un jeune homme aux longs cheveux blancs, entièrement vêtu de blanc qui semblait irradier d’une aura pure et immaculée.
C’était impossible, cet homme c’était...

- ...Père ?...

Elle ne voyait pas les traits de son visage mais elle vit un sourire apparaître, sincère et tendre.
Lentement, l’homme aux cheveux aussi immaculés que les siens fit volte-face et se mit à s’enfoncer dans le Bois de l’Innocence.

- Attends !... Père !...

Serena se redressa difficilement à cause de sa blessure et, saisissant instinctivement son Naginata, elle se mit à poursuivre l’homme qui s’enfonçait dans les bois rapidement.
En fait, la jeune fille s’enfonçait de nouveau dans les ténèbres de la caverne, entraînée par cette illusion.
Tsuki, piaillant désespérement, emboîta le pas à Serena qui disparaissait dans les ténèbres de la Caverne des Illusions au son des clochettes de son Naginata.

Invité

La vision avait pris la couleur de la réalité. Le regard azur teinté de noir d’Eilira était rivé sur ses yeux écarquillés, les yeux que l’Athalante n’avait pas vus depuis assez longtemps pour l’oublier. Il venait de replonger dans le passé, un passé où tous les possibles s’étaient offerts à lui. Seulement voila, chez les Athalantes nul mariage et nulle obligation. De simples mots, une vie passée à voler de partenaire en partenaire, en ne restant que brièvement avec l’un pour se tourner vers d’autres. Une logique que refusait l’être aux yeux électriques, sur laquelle il avait fermé les yeux avant de lui tourner le dos. Désormais il était loin, et si Arkhan ne savait pas à quoi il était sujet, il savait que quelque chose sonnait faux. Enfin, après une éternité de contemplation (environ dix minutes), ses yeux s’arrachèrent au regard de cette femme pour se river sur ses lèvres, tandis qu’elle prenait la parole.

- Cela fait longtemps, Arkhan… Tu devrais revenir, tout le monde s’inquiète pour toi. Moi y compris.

La voix de l’Athalante était langoureuse, presque ouvertement séductrice. De quoi mettre la puce a l’oreille de l’être à la peau bleue, habitué aux phrases sibyllines et questions pièges de cette femme horripilante de par son intelligence et sa beauté. Le fait d’en venir directement au but n’était en rien habituel venant d’elle, et c’est en partie grâce à cela qu’il put l’espace d’un instant reprendre pied. Reprendre pied pour lancer à la tête de Serena une pierre de la taille d’un œil, en espérant fugitivement qu’il pourrait l’assommer, ou au moins l’éveiller de ces cauchemars ambulants, qui en ce qui la concernait s’avéraient dangereux.
Plus que dangereux : Mortels. Seulement lui aussi s’était mis en marche, suivant cette apparition qui reculait petit à petit vers les profondeurs sombres de la caverne. Grinçant des dents, frappant dans le vide, se débattant, l’esprit de l’Athalante ne parvenait à faire entendre raison à son cœur.

- Personne ne me manque, et personne ne se languit de moi. Toi y compris. Inutile de mentir, je te suivrais malgré tout… Après tout, j’ai juré sur mon sang de ne refuser aucun de tes caprices.

- C’est bien, Arkhan. Viens à moi, viens à nous. Tu comprendras vite cette réalité que tu as refusée en nous quittant, et tu recevras tout ce qui t’es dû.

- Laisse-moi deviner… Le mépris, la moquerie, et dans ton cas le refus ? Très peu pour moi.

Un grondement relativement proche -pas à vue mais tout de même, li permit enfin d’ouvrir les yeux. Il avait rejoint Serena, dans l’ombre de la caverne… Désorienté, souriant légèrement quand à sa propre bêtise… Il avait tout ce qui lui fallait : Le danger, la déception, la colère… Autant de raisons de combattre en face ce monstre, la tête haute et en ayant une chance de la vaincre. Si seulement il avait su de quoi elle était capable, il aurait pu simplement se résigner… Mais son intellect le guidait, le forçait à établir des stratégies basées sur la cécité nocturne du monstre, en prenant enfin pour argent comptant le principal : Si elle ne voyait pas, chacun de ses autres sens lui permettait de palier à ce défaut. Un petit rire sans joie et un marmonnement lui échappèrent, tandis qu’il se saisit instinctivement d’une de ses mèches rebelles.

- Et bien, on dirait que c’est le bout du voyage… Ravi de l’avoir fait en votre compagnie.

- Pourquoi ai-je fait ça...

Son double avait disparu, il ne restait plus que lui, debout près des nuages, le hameau anéanti en dessous de lui...c'est à peine si il restaient quelque chose. Des bribes de murs, des restes de routes pavées, mais aucun cadavre. Les habitants avaient simplement été désintégrés par le souffle de l'explosion. Saladin se sentait souillé, maculé de sang, il hurlait de rage et de tristesse se tenant la tête entre les mains. Il n'avait pas put faire ça, comment aurait-il put faire. Il n'en avait ni les capacités, et n'avait aucun tempérament meurtrier. Et pourtant il venait de le faire, pas lui vraiment, une sorte de double, mais il se sentait coupable. Il se laissa tomber, lentement vers le sol...pensant que sa chute le tuerait, expiant du coup, toutes ses fautes. L'air battait ses vêtements, il sentait le souffle de la chute sur son visage, il voyait le sol s'approcher...et une douleur assez importante le tira de ce songe, de cette rêverie. Il était effectivement tombé, mais ce fut le sol froid et dur de la caverne qui accueillit son front.

- Bordel !!

Il porta ses mains à son front, il saignait, et ça allait faire une bosse...heureusement il était toujours dans l'entrée, et les deux autres étaient toujours là. Il attrapa sa bouteille d'alcool et ses bandages, mieux valait soigner cette vilaine plaie à la tête...tête qui désormais lui faisait un mal de chien.

* Et si je m'étais fait un trauma crânien...*

Le truc très con, un aventurier qui avait survécu à toutes sortes de rencontres, de blessures, de combats, terrassé par une simple chute sur de la pierre. Il ne fallait pas pousser, mais s'inquiéter un peu. Tandis qu'il se bandait la tête, le mal semblait s'estomper, ce qui eu pour effet de diminuer ses craintes. Il se releva, titubant quelque peu, il se sentait un peu comme le lendemain d'une cuite un peu trop violente...l'envie de vomir en moins. Il n'y avait toujours pas de bêtes dans la caverne...Serena semblait encore ailleurs, mais apparemment Arkhan était de retour parmis eux. L'Harmonien repensa à son rêve, et préféra l'oublier, après tout il s'en fichait, cette maudite caverne avait un effet hallucinatoire certain, à l'avenir il éviterait juste de revenir dans le coin. Athalante dit qu'il était ravi d'avoir voyagé en leur compagnie...Saladin ne comprit pas vraiment pourquoi il disait ça. Il pensa à ce qui était important...il s'approcha de Serena et la secoua un peu brusquement, mais il fallait au moins ça !

- Elle me remerciera plus tard !

Haletante, Serena poursuivait l’ombre de son père aux travers du Bois de l’Innocence.
Sa blessure lui irradiait le coté mais cette image paternelle qu’elle s’échinait à rejoindre lui faisait tout oublier, la douleur comme les évènements qui l’avaient amenée dans une sombre caverne.
Pourquoi est-ce qu’il la fuyait ? Qu’avait-elle fait pour que son père l’abandonne ainsi ?
Autant de questions qui la taraudaient depuis toujours et elle voulait une réponse, de la bouche de cet homme qui l’avait engendrée.

- Père !... Par pitié, attends !...

Soudain l’homme s’arrêta à quelques pas d’elle, instinctivement elle s’immobilisa aussi.
Qu’allait-il lui dire ? Qu’allait-il faire ?
En quelques instants, il fut sur elle, la saisissant brusquement aux épaules.
Le visage de son père n’était qu’à quelques centimètres du sien mais elle ne distinguait que ses lèvres.
Les traits de son visage étaient dissimulés par ses longs cheveux blancs et par cette aura blanche qu’il semblait émettre.
Sous les yeux de Serena, elle voyait les lèvres de son père s’agiter sans qu’elle puisse entendre le moindre son.
Que cherchait-il à lui dire ?

« Serena ! »

La voix la tira de sa torpeur sans qu’elle sache si elle l’avait entendue dans son esprit ou bien avec ses oreilles.
Elle ne voyait rien mais elle sentait deux mains chaudes sur ses bras qui venaient apparemment de la secouer un peu vivement.

- Qu... Qu’est-ce que...

Un grognement acheva de la tirer de sa torpeur et un « Pya » sonore suivi d’une douce chaleur contre sa poitrine lui laissa deviner que Tsuki venait de se réfugier sous son manteau.
Ses yeux parcoururent les ténèbres qui les entouraient et elle se figea en voyant les six yeux rougeoyants du fauve qui la scrutaient non loin de là.
La créature émit un nouveau grognement et soudain les ténèbres semblèrent se faire plus épaisses, à tel point que même les yeux de braise du Fauve Pourpre disparurent à leur vue.
Il allait passer à l’attaque, Serena en était certaine mais que pouvaient-ils faire, perdus dans ces ténèbres ?!...

Spoiler:

Invité

Souriant paisiblement, Athalante avait saisi depuis déjà un certain temps qu’ils risquaient de ne pas s’en sortir ; depuis son arrivée, en fait. Ses pensées s’envolèrent vers les deux personnes qui l’avaient accompagné jusque la, sans trop savoir ce qu’il pouvait penser d’eux… Et comme pour l’interrompre, dans une sorte d’ultime note discordante, le grondement du fauve se fit plus fort tandis que les ténèbres s’obscurcissaient. Sa voix ne fut qu’un murmure, une sorte de pensée formulée aussi fortement qu’elle était apparue : « On peut le tuer ». Et malgré cette idée, il ne s’était pas même donné la peine de le dire à voix haute. Pas avant d’avoir établi un plan digne de ce nom. Cependant, une fois celui-ci mis en place, il sur que faire en faisant un pas vers le grondement de la bête. Enfin, après tout ce temps de réflexion (au moins deux minutes !), sa voix s’éleva dans la petite grotte dont ils ne voyaient plus ni la sortie ni le bout de leurs bras.

- … Je vais servir d’appât… Mon corps est assez résistant, je devrais arriver à l’immobiliser quelques secondes sans trop être blessé. Guettez mon prochain hurlement, vu sa taille je pourrais le placer à ma gauche sans trop de problèmes. J’espère juste que nous aurons la même gauche quand vous attaquerez.

Tout à coup le grondement cessa, aussi vite qu’il était apparu. Le bruit d’une course rapide mais légère s’éleva, à la fois courte et inquiétante : Trois pas que le monstre faisait, trois gouttes de sueurs froides pour chacun. Et malgré cela, leur détermination à tous était présente : Mourir n’était pas une option acceptable. Le choc fut rude, plus rude que prévu : L’être à la peau bleue recula d’un pas. Un seul. Lorsque des crocs mordirent sa chair, il poussa un simple grognement de douleur contenue.
Une douleur acceptable, pour un corps comme le sien. Mais lorsque des griffes ouvrirent la peau de ses cuisses, il eut la désagréable impression qu’il ne pourrait plus tenir : Les lèvres serrées, il empoigna un angle osseux derrière les mâchoires refermées sur sa clavicule de la main gauche, et la patte (du moins une patte) de l’animal de la droite. D’un large mouvement pivotant, il offrit à la bête un baptême de l’air sur 90°, bien qu’elle soit restée accrochée à lui avec l’énergie du prédateur refusant de lâcher sa proie. Proie qui ne saignait probablement pas assez à son gout, puisqu’Arkhan sentit de nouvelles blessures zébrer ces quadriceps.

- Quand vous voulez ! Mais je ne le tiendrais pas longtemps, si vous pouviez vous dépêcher… Il est à gauche de ma voix, pas d’erreur !

Il ne lui restait plus qu’a attendre, en supportant la douleur et en luttant contre la puissance du fauve. En espérant ne pas prendre le coup qui serait destiné à celui-ci.

Les ténèbres étaient si épaisses que Serena n'aurait pas pu voir plus loin que le bout de son nez et Tsuki qui tremblait contre elle ne la rassurait guère.
Le grondement de la bête semblait tourner autour d'eux et elle entendait les crissements de ses griffes puissantes tourner autour d'eux comme un fauve autour de ses proies.
Ce qu'ils étaient réellement en l'occurrence.
Au bout de longs instants d'angoisse où la blanche jeune fille entendait la créature tourner autour d'eux avec insistance, la voix de l'Athalante résonnait à quelques pas d'elle.

- … Je vais servir d’appât… Mon corps est assez résistant, je devrais arriver à l’immobiliser quelques secondes sans trop être blessé. Guettez mon prochain hurlement, vu sa taille je pourrais le placer à ma gauche sans trop de problèmes. J’espère juste que nous aurons la même gauche quand vous attaquerez.

Avant même que Serena ait pu marquer son accord ou désaccord pour ce plan, un bref bruit de course retentit à quelques pas d'elle et elle entendit avec horreur un bref bruit de claquement de mâchoires accompagné d'un gémissement qui semblait provenir d'Arkhan.

- Arkhan !...

La blanche jeune fille sentit ses dents grincer en entendant des griffes déchirer chair et vêtements à seulement quelques pas d'elle.
Puis, soudain, fendant les ténèbres, les yeux de la créature semblèrent passer à un cheveu de Serena et elle perçut une formidable prise qui renversa le Fauve Pourpre à plat dos sur le sol de la caverne avec un bruit sourd qui sembla résonner tout autour d'eux.
Seule la voix d'Arkhan déchira le silence.

- Quand vous voulez ! Mais je ne le tiendrais pas longtemps, si vous pouviez vous dépêcher… Il est à gauche de ma voix, pas d’erreur !

La seule source de lumière dans ses ténèbres était les yeux du Fauve Pourpre.
Il fallait faire vite, Arkhan ne tiendrait pas longtemps, mordu et griffé jusqu'au sang par une aussi terrible créature.
Rassemblant ses forces et en dépit de sa blessure, elle prit son courage à deux mains et à juger de la position des yeux du monstre, elle plongea la lame de son Naginata droit dans sa gorge.
Au cri de douleur de la bête et au gargouillis sanguinolent qui se mit à retentir juste en dessous d'elle, Serena devina qu'elle avait fait mouche.
Concentrant ses forces, elle enfonça aussi profondément que possible sa lame dans les chairs de la créature afin de l'égorger et de la tuer au plus vite.
Elle n'avait plus qu'à prier pour que la blessure soit mortelle !...

Invité

La lame s’enfonça profondément dans la gorge de l’animal. L’Athalante sentit le sang chaud du fauve pourpre couler sur ses mains heureusement intactes, il n’avait pas envie de prendre le risque d’avoir du sang de cette bête dans les veines. Les dents serrées, il entreprit de libérer son corps lacéré de ses griffes et de sa mâchoire, réprimant un gémissement à chaque griffe, chaque dent quittant ses chairs meurtries par cette bataille crépitante de brutalité, et assez peu spectaculaire visuellement parlant. Mais cette journée laisserait sur le corps de l’Athalante des marques qui ne disparaitraient pas avant longtemps, des marques qu’il devrait supporter deux semaines au moins avant de retrouver sa peau lisse. Pour un être tel que lui, pacifiste avant tout et très fier, conserver quelque séquelle de combat que ce soit est une injure à son destin. Il finit après un certain temps par se relever, lançant un soupir de soulagement. Avant de poser les yeux sur Serena, sans trop s’accrocher à un Saladin immobile (visiblement en train de préparer un sort puissant, mais dépité d’avoir dépensé cette énergie pour rien).

- Merci, Serena.

Le regard qu’elle lui portait en disait long sur son état d’esprit actuel. Elle devait être relativement choquée, mais surtout fatiguée par la douleur et le stress. Un peu comme lui, quoique le stress n’y soit pas pour grand-chose. Les Athalantes ne stressent que rarement… Pour ne pas dire jamais. Il s’approcha doucement d’elle, après avoir lancé un remerciement égal à Saladin mais sous forme d’un regard reconnaissant. Sa main glaciale repassée à une température négative se déposa sur la joue droite de la jeune femme, lorsqu’il cercle de lumière s’ouvrit sous leurs pieds. Un cercle chacun. Ils avaient un petit côté ésotériques, alchimiques… Probablement les deux, l’essence du monde créé par les esprits et sans limites aucune. Nul besoin ou envie de résister à cette faille qui l’emportait, sa main quitta avec douceur la peau de Serena pour disparaitre avec lui.

- A bientot, j'espère.

Un endroit qu’il ne reconnaissait pas. Visiblement, son aventure reprenait. Mais seul. Il rit, ce qui n’avait rien d’habituel. Probablement l’idée de se retrouver enfin à l’air libre.

[Hrp: Désolé pour la fin un peu louche, j'ai pas l'habitude de ce genre de choses... En tout ca, ca a été un plaisir ^_^]

Invité

Athalante> 13 xp

Saladin> 15 xp

Serena> 13 xp

Voili voilàààà j'ai beaucoup aimé ^^

Exp donné

» Un voyage sous les ténèbres [Terminé]
» Gamble ou le jeu des ténèbres.. Prio Stayn. [TERMINE]
» Dans les rues. [Terminé.]
» Une ombre dans les ombres [Terminé]
» Concerto dans la brume [Terminé]