Quand on sait pas ... On boit =3 [Terminé]

Ralalalalalala... la ville... Ses charmes, ses boutiques, ses petites ruelles sombres propices aux coupe-gorge, et, surtout, ses auberges... Une auberge, c'est un peu comme le coeur d'une ville. Une auberge, c'est un lieu... de rencontre. Un lieu... de vie. Quand on entre dans une taverne, on entre dans une dimension parallèle, signant un pacte avec tous et toute pour essayer de ne pas briser le fragile équilibre des mentalités souvent assez explosive. Moi, j'y allais souvent comme vous vous en doutiez après mon laïus. Les petites auberges, au détour des ruelles, aux ambiances explosives, ou se côtoyait toute la fange et la lie de l'humanité. ces individus mis au ban du système étaient souvent violents, dangereux, mais... Ils apportaient avec eux une espèce de rafraîchissement de l'âme. Leur mode de fonctionnement était simple et désespéré, et ils n'avaient pas l'esprit tortueux des politiques.

J'arrivais dans la ruelle ou se trouvait mon auberge préférée, nommée La chope en folie, quand, tel un nuage de mouches s'enfuyant hors de portée de la tapette fatale, un groupe, que dis-je, une horde de personnes plus ou moins paniquée jaillirent hors de la taverne. Intrigué, je me dirigeai vers l'entrée. Une telle agitation était inhabituelle, quelque chose d'étrange était présent dans cette taverne, je voulais savoir quoi. Une fois arrivé à la porte, je l'ouvrai en la poussant du pied, la main sur le katana, prêt à tout. Et je tombais sur une scène somme toute assez inhabituelle: un homme se roulant par terre en gémissant, le visage caché dans ses mains, une femme adossé au mur, entourée par les plus courageux et certainement pas les plus calmes de ces messieurs.

- Bonjour mademoiselle! Auriez-vous besoin d'un coup de main?

Mon ton était chaud et joyeux, mon regard enjoué, et ça n'a pas vraiment plus aux participants. Une des brutes voulut me frapper en entendant que je proposais mon aide à leur proie. Riant à gorge déployée je l'envoyais à terre d'un coup de poing magistral.

- Bande de cloportes, charognards et avides. Je ne dégainerai pas mon sabre pour vous affronter, je n'en aurai pas besoin. Venez, je vous attends.

Sur ce coup-la, je les ai quelque peu énervés, et ils se sont précipités sur moi. Je les éliminais en riant, heureux de briser la monotonie de mon quotidien à grand coup de phalanges. Une fois les brutes à terre, je me tournai vers la source de ce raffut.

- Ne me dites rien... Vous avez refusé leurs avances, c'est ça? Bah, c'était sans doute la meilleure chose à faire, je ne vous raconte pas l'état dans lequel vous vous seriez trouvé après ça... Bernard, une bière pour moi! Comment vous appelez-vous, au juste? je vous offre à boire?

Adossé au comptoir, je sirotai ma bière doucement. A coté de moi, la jeune demoiselle s'était elle aussi laissée tenter par ce breuvage amer. Et la, elle me posa une question qui me fit littéralement m'étouffer. Soleries ?! Elle ne savait donc pas qu'elle avait changé de monde? je repris lentement mon souffle. Et dire que j'allais lui annoncer qu'elle avait complétement changé de monde... Un grand éclat de rire me saisit. Voyant sa tête légèrement ennuyée, je m'arrêtais et commençai à expliquer.

" Euuuh... Comment dire... Déjà, ne vous vexez pas pour mon rire, ce n'était en rien méchant. Simplement, je trouve cette situation totalement absurde, parce que je me retrouve à devoir expliquer à quelqu'un qu'il a changé de monde. Bon, c'est bien, vous êtes assise. Ce que je vais vous dire va peut-être vous faire bizarre, mais c'est la vérité. Vous n'êtes plus sur Lucina. Vous avez voyagé à travers un portail inter-planaire, ou n'importe quoi d'autre je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, mais qu'importe. Vous êtes maintenant sur Harmonia. Soleriès est... loin. Voir même très loin. Voir même plus encore. M'enfin bon. Avec tout ça, vous ne m'avez toujours pas dit votre nom... Et, si je puis me permettre, l'origine des dents de très belle taille que vous avez... Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre quelqu'un avec une dentition aussi fournie vous en conviendrez."

Je me renversai contre le comptoir, et commandai une seconde bière. Elle s'améliorait avec le temps, ou mes papilles gustatives rendaient les armes, je n'en savais strictement rien. mais il me fallait quelque chose pour me désaltérer, et ce truc était parfait. Je regardai mon interlocutrice, dubitatif. Elle avait l'air perdue, ce qui était normal, et je craignais une réaction un peu vive, normale certes dans ces cas-la, mais inappropriée à l'endroit et au moment.