Le froid n'est pas seulement température...[Terminé]

La montagne s'élevait maintenant plus que ne pouvait imaginer un nuage. L'épaisseur de la neige qui se couvrait d'énormes flocons ne laissait voir qu'un blanc pur à perte de vue. Les rochers étaient glissants parce que gelés et quelques stalagmites pointaient vers un ciel pâle annonçant encore quelques fractales de glace. Et il faisait froid. Un froid mordant qui brûlait le visage et qui asséchait les poumons.
Dans le brouillard naissant, aucun homme censé ne se serait aventuré ici en hiver. Tout, dans ce qui paraissait un paysage féerique n'était que danger mortel. Les pics vertigineux, les gouffres profonds ou même simplement ce froid intenable ne laissaient pas vraiment de choix.
Pourtant, une silhouette enroulée dans une couverture, pour qui le mot danger n'avait pas de sens, avançait péniblement dans la neige... On aurait dit qu'elle ne ressentait pas le froid.

Yoru était fatiguée. Cela faisait plusieurs jours qu'elle recherchait son frère et n'avait trouvé comme piste qu'un paysage blanc, vraiment blanc, superbement blanc, affreusement blanc. Elle avait mal aux yeux. Elle était trempée par les flocons qui semblaient prendre un malin plaisir à lui ravaler le visage et les cheveux, et par cette neige gelée qui l'empêchait de marcher normalement en lui mouillant les jambes. Ses joues et son nez étaient rosis par le froid, ses yeux à demi clos pour ne pas les blesser. Son frère était donc atterrit ici lui aussi ? Un lien fraternel devait influencer la Porte.
Comment résistait-elle au froid mortel ?

On dit que les larmes sont le reflet du ressentit, mais Yoru ne pleurait pas. Pleurer ne servait à rien. Pleurer ne ferait pas disparaître cette vision d'horreur qui la hantait. Ni ce souvenir douloureux qui remontait à la surface dès qu'elle dégainait un de ses sabres. Le chuintement. La chair tranchée. Depuis qu'elle avait compris cela, elle savait faire refouler ces sombres pensées et pouvait même sourire sincèrement sans éprouver de douleur. Une douleur lancinante.
Parfois, elle s'échappe avec son esprit, ne pensant à rien. Non, elle ne rêve pas. Cela fait bien longtemps qu'elle ne rêve plus. Seuls les cauchemars l'atteignent.
Et il faisait froid. Froid qui ne se déloge plus du cœur quand il y a trouvé une place. Un froid glacial, plus froid encore que cette montagne.

Qui était assez fou pour s'aventurer ici?
Il faisait si froid...

Un portail franchit et c'est un nouveau monde qui venait de s'ouvrir sous les yeux du Léonal. Un monde différent, moins lumineux mais plus verdoyant et pourtant également semblables, fait de même champs, de même forets et de même montagnes. Une vision simplement différente de Lucina. C'est donc en titillant sa curiosité que Karas commença à découvrir le monde d'Harmonia. Le regard azur plongé vers l'horizon l'amena à distinguer au loin les montagnes enneigées. L'idée de passer un moment là bas, eut vite fait de lui trotter dans la tête. Il partit alors en direction des montagnes de glaces.

Plus il avançait plus les montagnes lui paraissaient immense, et pas après pas, la végétation changea, commençant à se faire plus dense mais plus basse. Les roches commençaient à se lire sur le paysage et vint le moment où la neige se dessina sur le chemin. De temps a autre Karas, s'arrêtait admirant le paysage, la vue était à chaque moment un peu plus haute et le point de vue tout autant plus magnifique. Karas était assez impatient d'arriver tout en haut. Etant grand et solide, il avança sans peine alors que les pentes se faisaient de plus en raides.

Après un passage d'escalade obligatoire, le léonal arriva a un faux plat, la sueur commençant à couler sous le prix de l'effort. Mais a tout effort sa récompenses, les yeux bleus de Karas s'écarquillèrent totalement ébahit du merveilleux spectacle qui se découvrit alors. Un monde recouvert d'un nappage blanc, vierge de toute présence étrangère. C'est alors qu'un vent particulièrement frais vint faire danser la crinière du grand lion.

*Quel endroit magnifique !*

Il resta un instant à admirer cette vision féérique, puis il se décida à faire un premier pas. Son pied s'enfonça dans la neige dans un bruit de craquement mou. Il sourit un instant appréciant cette sensation, puis il s'amusa à sautiller ainsi cherchant à faire des trou de plus en plus profond. Puis il vint s'écrouler dans ce pelage blanc et il resta un moment immobile dans la neige à rire tout en scrutant le ciel bleu. Reprit par l'impatience d'en découvrir plus, il se releva et continua son ascension. Mais ce qu'il ne remarqua pas de si tôt c'est que les nuages commençaient à se rassembler très vite par ici ...

Le paysage s'obscurcit dans un premier temps, puis vint la neige. Ce qui amusa Karas qui en fut plus qu'heureux. Puis le vent commença à se lever, faisant changer petit à petit la trajectoire de la neige dans une courbe oblique. Puis arriva le moment ou la température dégringola, Karas fronçant légèrement les sourcils se couvrit d'avantage. La température descendit de plus belle alors que le vent se mit à siffler fortement. Heureusement, sa deuxième doublure, qu'était sa fourrure, l'épargnait du grand froid. Cependant les conditions étaient devenues telles qu'il ne voyait plus à à peine cinq mètres. Le pelage du lion eut vite fait d'être recouvert d'une couche fine de neige. Le terrain accidenté de la haute montagne avait rendu l'exploration périlleuse.

*La petite visite du coin me semble compromise*

Karas jeta ensuite un regard derrière mais ce n'était guerre mieux. Il n'allait pas pouvoir se retrouver avec un temps pareil.

*Me voilà pris au piège ... il ne me reste plus qu'à trouver un endroit où se poser en attendant que la tempète passe ...*

Karas était calme, il savait que c'était chose courante en montagne. Mais il s'était laissé abusé par la beauté du lieu jusqu'à en baisser sa garde. Tout ce qu'il avait à faire était de continuer à marcher en prenant bien soin de faire attention où il allait. Mais il n'espérait qu'une seule chose, c'était de trouver un abri rocheux car même malgré sa double épaisseur, il commençait à ressentir les effets du froid. Alors que sa crinière et ses nattes battaient sous le souffle du vent et qu'il scrutait du mieux qu'il le pouvait ce qui se trouvait devant lui, il remarqua une petite forme sombre s'approcher de lui. Silencieux et intrigué de voir quelque chose de vivant ici, il l'observa s'approcher, immobile, jusqu'à la voir à ses pieds. Un peu haut, il se pencha comme pour mieux observer le petit être enveloppé totalement sous son vêtement....

Yoru, maintenant plus proche, pouvait distinguer cette grande silhouette qui n'était qu'une ombre il y a quelques instants dans le brouillard. Plus elle se rapprochait et plus elle était sûre qu'il ne pouvait s'agir d'un être humain. En effet, elle pu constater avec étonnement qu'un lion marchait vers elle, sur deux pattes et vêtu comme n'importe quel être.
Il calqua son rythme sur le sien, peut-être pour communiquer (elle était sûre que ce n'était pas un loin ordinaire) ou bien pour faire valoir une fois de plus les lois de la nature. Mais il l'observait simplement.
Peu après, un homme (humain cette fois) les rejoignit. Il n'échappa absolument pas à Yoru qu'il avait le regard de quelqu'un qui venait de tuer. La leur du sang est tenace dans les yeux du tueur. Elle le savait bien. Brusquement et d'une voix calme, il prit la parole :

Que faîtes-vous ici ? Vous êtes perdus ?.. Je dois avouer que je le suis.

La jeune fille sursauta presque en entendant le son d'une voix. Elle ne répondit pas, du fait de sa surprise : cela faisait plusieurs années que personne ne lui avait adressé la parole.
IL continua :

Elle n'a pas l'air en forme votre fille...

Cette fois, elle se secoua un peu, planta son regard dans les yeux de l'étranger et répliqua :

-Je ne pensais pas qu'un lieu censé être désert soit aussi...peuplé. Vu que tu es perdu, tu ne devrais pas te permettre de me donner des conseils.

Le ton était ironique. Sa voix cristalline tutoyait ainsi n'importe qui. Et puis, aujourd'hui, était-ce si important ?
L'homme se posait sûrement des question à propos de ce fauve autant qu'elle s'en posait. C'est vrai qu'il était étrange...
Il la dévisageait, essayant de la jaugé peut-être. Ses yeux luisaient d'une flamme sournoise. La jeune fille se mis en garde discrètement sous sa couverture et posa une main sur Kaze, attitude de combat imperceptible, aucune ouverture. Elle attendait de voir. Si on l'attaquait, elle serait prête. Malgré tout, ce n'était pas prudent : cette garde n'était qu'une base élémentaire, utilisée au cas où. Tant qu'elle ne connaitrait pas ce que cachent ces yeux, elle garderait sa distance (morale).
Le brouillard persistait.
Elle était engourdie par le manque de mouvement et voulait se remettre en marche rapidement.

Ces deux hommes(enfin et lion) étaient vraiment ce qu'il y avait de plus bizarre à croiser dans une montagne aussi dangereuse que celle-là.
Mais ça, il était impossible de le lire dans ses yeux ou sur son visage...

Les cauchemars de Yoru pouvaient aisément traverser le brouillard. Et elle pouvait aisément les dompter. L'énorme faille en elle se laissait aussi gagnée par l'épaisse brume...

[HRP : désolée c'est un peu court, mais je manque de temps^^]

Le grand lion observait silencieusement la petite fille, elle semblait avoir grandement subit la rigueur du froid, son nez, ses joues étaient rosés par la basse température et elle ne pouvait s'empêcher de greloter. Elle le regardait avec beaucoup d'interrogation, ce qui était compréhensible pour les gens de ce monde. Alors qu'il allait s'adresser à elle, il remarqua derrière elle une autre silhouette qui semblait suivre ses pas. Des yeux rouges étaient discernables à cette distance, ce qui ne manqua pas de le faire se redresser et de l'observer.
Une rencontre improbable dans un tel lieu, défiant même toutes probabilité. On aurait presque pu dire que c'était un coup du destin. L'inconnu s'arrêta non loin et prit la parole, il disait être perdu. le contraire aurait été très étonnant, mais surement espéré. La voix grave de Karas répondu directement mais calmement au nouveau venu.

« Vous vous méprenez, je la connais tout autant que vous ... et puis ... qui ne serait pas perdu dans toute cette tempête ? »

Sa voix était grave et profonde mais entendre un lion parler pouvait surement leur paraitre bizarre, mais sur le moment cela ne lui traversa pas un seul instant l'esprit.
Le vent battait toujours son plein, il fallait élever assez la voix pour que les autres entendent. C'est alors que la jeune fille répliqua par une remarque sèche. Son regard était dirigé en arrière vers l'inconnu au yeux de braises. Des paroles qui ne manqua pas d'étonner l'homme-lion, qui aurait pu difficilement imaginer qu'une petite fille qui semblait aussi fragile puisse lâcher des mots d'un tel ton. Elle semblait avoir un certain caractère ... mais en y réfléchissant bien pour se balader seule et si jeune dans cette montagne il fallait en avoir quelque peu.
Bien que n'appréciant guerre le regard que le nouveau venu avait sur le petite fille, Karas chercha alors a calmer un peu la situation, rien de bon n'en sortirait de se quereller ici dans cet endroit hostile en proie au froid. Karas tapota alors le haut de la tête encapuchonnée de la jeune fille qui avait toujours son regard perçant rivé sur l'autre. Karas s'adressa alors à elle.

« Allons allons ... du calme ... ce n'est ni le lieu ni le moment de se lancer de telles amabilités »

A peine eut il finit sa phrase qu'il s'agenouilla, enfonçant son genou dans la neige pour pouvoir s'approcher d'avantage d'elle. Il passa l'un de ses doigts épais, recouvert de sa fourrure, sur le visage de la petite fille. La taille et la masse corporelle du fauve était telle que son passage réchauffa la peau juvénile de la petite l'espace d'un instant. Il ne savais pas qu'a ce moment là elle avait toujours sa main sur son sabre pret a dégainer. Puis sa voix reprit :

« ... Surtout pas quand le corps commence à donner signe de la rigueur du froid »

Son visage n'était pas humain mais on pouvait aisément deviner un sourire se dessiner sur celui ci..
Il se releva lentement puis se tourna vers le dernier arrivé.

« C'est pourquoi, ne restons pas ici immobile et trouvons un abri, le froid sait être un adversaire redoutable et particulièrement sournois ... »

Ils étaient tous les trois perdus et donc aucun d'eux ne savaient où ils pourraient trouver un abri. Karas fit alors le premier pas prenant une direction où la pente lui semblait montante. Les chances de trouver de la roche ainsi était ainsi plus évidente. Prendre la tête de marche du groupe était assez évident pour lui. Sa taille et sa résistance, lui permettant de protéger ceux de derrière en stoppant les rafales de vents. Après avoir fait quelques pas dans cette direction, il se retourna, sa crinière se plaqua contre le vent et celui ci s'exprima un peu plus fort :

« Ne trainons pas ... »

Karas baissa son regard pour atteindre celui de la jeune fille, non pas qu'il était terriblement inquiet, mais il se demandait combien de temps, elle allait encore pouvoir tenir ce temps. Il ne disait rien car il ne voulait pas la froisser. Il s'imaginait très bien une réponse comme celle qu'elle venait de sortir il y a un instant. Puis il regarda l'autre, il semblait plus endurant et ne s'inquiétait pas du tout pour lui, mais il était plus méfiant, son teint et ses yeux sombres ne l'inspirait guerre. Mais l'heure n'étaient pas, à la méfiance justement, mais plutôt à la survie.

La jeune fille répondit au demi-drow. Quelques doutes venaient déjà d'être tirés au clair : cette enfant était bien du genre à se débrouiller seule.. et ce, depuis quelques années. Le fait qu'elle soit arrivée en ce lieu lointain seule (en effet, l'animal bipède ne connaissait pas du tout cette inconnue) pouvait déjà le confirmer, à moins qu'il y ait d'autres hypothèses possibles.
Godric ne répliqua pas, comme s'il n'avait pas entendu les paroles de cette fille aux cheveux blancs. Il se contentait de la fixer comme précédemment, du même regard mystérieux avec ce fin sourire satisfait et presque narquois. On aurait dit qu'il l'avait déjà vue et connue auparavant, bien que ce n'était pas le cas, et qu'il en savait un peu sur les origines de cette adolescente. Du moins, ce n'était que l'impression qu'il donnait.

Le fauve sur deux pattes prit à son tour la parole, ayant peut-être senti l'étrange ambiance qui s'était installée après l'arrivée de l'Umbrien, et il revint sur l'essentiel : il fallait trouver un refuge, et par conséquent, s'entraider pour survivre dans ce cruel climat montagneux.

*Oh tiens, il sait parler..*

Le lion, apparemment il s'agissait d'un lion sur deux pattes, posa un genou à terre et toucha le visage de la jeune demoiselle avec un de ses doigts, pour remarquer à quel point la peau blanche était glacée. Pour finir, il finit par avancer au hasard, se dirigeant vers le haut de la montagne. La température pourrait encore chuter si l'altitude montait.
La créature à crinière se retourna et leur conseilla de ne pas trainer, implicitant qu'il pensait qu'ils allaient s'associer pour trouver un abri sûr et qu'il les invitait à le suivre.

A la seule condition que la jeune fille prenne la décision de faire route avec le félin-homme, l'elfe noir ne se fit pas prier pour les aider à chercher un endroit hors de portée du froid meurtrier.

*Avec un peu de chance, ça risque d'être intéressant.. Attends.. Ca l'est déjà !*

Les yeux rouges parcoururent les environs puis s'attardèrent sur le lion et la jeune demoiselle. Quel étrange "trio" ils font.

[HRP : panne sèche..]

Cette journée était étrange. Vraiment très étrange. Tout d'abord, elle avait croisé un lion sur deux pattes et parlant et un homme qui la regardait fixement d'une façon qu'elle n'aimait pas du tout, dans un lieu très inapproprié pour ce genre de rencontres. Ensuite, il s'est avéré qu'au lieu de poursuivre sa route, le lion voulait qu'ils s'entraident. Et l'autre homme suivait le mouvement, protégé, tout comme elle, par la masse du fauve, contre le vent. Un abri ? Yoru avait-elle réellement le temps pour ça ?
Et puis, encore plus étrange, le lion avait passé sa main sur son visage. La jeune fille eut un mouvement de recul. Même si elle avait baissé sa garde, elle restait tout de même méfiante. Malgré tout, une chaleur agréable l'envahit. Voilà qui était bien singulier, personne encore ne l'avait touchée. Avec ses réflexes tout engourdis par le froid, qui plus est, elle ne put qu'esquisser un pas en arrière. Il ne lui faisait pas peur. Elle était suprise, c'est tout.

**Incompréhensible...vraiment, je n'y comprend rien...Mikkyo...**

Et pour finir, zut ! Elle ne comprenait absolument rien. D'abord concernant ces deux énergumènes qui unissaient leurs efforts pour la survie, et puis aussi pour son frère. Elle n'avait pas non plus comprit pourquoi, au moment de traverser la porte, elle avait éprouvé le besoin de le voir. Maintenant, elle se demandait si elle voulait vraiment qu'il sache...

Le temps ne laissait pas beaucoup d'alternatives. Et la présence de deux personnes réchauffait un peu l'atmosphère. Mais eux étaient perdus.
Pas elle. Enfin, jusqu'à maintenant. Elle qui suivait assiduement sa piste, voilà qu'en ce déconcentrant elle venait de la perdre.

Que fallait-il faire alors ? Impossible de retrouver le chemin avec le blizzard qui se levait. Elle suivit les deux autres. D'ailleurs, dans cette mélasse, elle perdrait plus de temps à marcher qu'à se mettre à l'abri et recouvrir ses forces. Alors elle rejoignit le grand fauve qui les protégeait du vent.

Yoru aimait le vent. Mais celui-là, il pouvait tuer. Elle ne voulait pas retrouver le cadavre de son frère au pied d'un pic.
Alors elle ne se laissa pas distancer et prit même la tête de temps à autre. Elle n'avait aucune difficulté à marcher contre le vent. Peut-être parce que par moments, elle savait comment devenir le vent.

[hrp : désolée, c'est vraiment pas brillant ce soir...]

C'est ainsi que le trio éclectique avança totalement aveugle au milieu du blizzard. Le fauve géant était en tête suivit de la jeune fille ainsi que de l'étranger aux yeux rouges. La petite fille semblait vraiment pensive alors que le regard du troisième les observait eux deux silencieusement. Karas en ressentit comme une gène. il n'aimait pas être observer aussi furtivement et son long silence semblait suspicieux.. Karas se voyait par moment doublé par sa seconde, une initiative qui lui lâcha un sourire. Elle semblait marcher plus aisément à travers le vent que lui, cependant, le froid la rappelait souvent derrière où la marche y était plus aisée. Karas était le bouclier du groupe, il était recouvert totalement de neige. Le vent et le froid commençait sérieusement à lui faire sentir qu'il était lui aussi un être de sang et de chair.

Après une heure toujours rien, mais on pouvait entendre non loin le son sourd du vent comme happé dans un précipice. Mais ce qui inquiéta plus Karas s'était, des grondements irréguliers et très léger. Il s'arrêtait, par comment, pour écouter mais rien n'y faisait. Etait ce là, les signes d'une quelconque fatigue ?
C'est alors qu'une fissure passait non loin d'eux dans un bruit de claquement vif. Les yeux de Karas s'entrouvrirent grands illuminant son regard. C'était le pire, le bloc sur lequel ils marchaient, allait céder, ,perturbé par leur présence. Karas y était surement pour beaucoup vu qu'il pesait plus lourd que ces deux compagnons réunis. Alors que la fissure s'étendait de minutes en minutes, Karas dit avec le plus de calme possible.

« Faisons demi-tour, doucement ... »

Ils l'avaient surement remarquer eux aussi, inutile donc de préciser pourquoi ... Faisant marche arrière, les claquements se faisaient de plus de plus en plus fort et la pente commençait à gagner en inclinaison. Le moment n'était plus à la délicatesse, ils devaient courir du plus vite qu'ils le pouvaient, où accompagné le pent de neige condamné à s'effondrer. Sans attendre, le leonal, derrière les deux autres, hurla :

« Courrez ! »

Karas se concentra l'espace d'un bref instant et une légère aura émana de lui même. La douleur et l'engourdissement dut au froid ainsi que la fatigue, semblèrent s'évaporer pour lui ainsi que pour ses compagnons, leur permettant de courir pleinement avec tous leurs moyens dont ils pouvaient disposer malgré ces conditions difficiles. Karas courut le plus vite possible rejoignant son retard par rapport aux autres. Mais la fissure battait au rythme de leur course et s'accélérait elle aussi. C'est alors que, dans un puissant craquement sourd, devant eux, le sol se fendit brutalement dans un nuage de neige, le bloc entier rompit et commença à tomber. Ils n'étaient plus très loin de la limite, mais le temps manquait. Karas était rapide mais surement pas autant que les deux autres et de plus, il était le dernier ...

[HRP : Je m'arrête là pour que vous décriviez vos actions ^^]

Yoru aussi avait entendu ce craquement et la réaction de ses deux acolytes confirma ses craintes. La panique faillit gagner le groupe. Alors, sans plus aucune prudence, l'homme, le lion et la gamine s'élancèrent en arrière dans l'espoir d'échapper à une chute mortelle.
L'homme, décidé à sauver sa peau, courait le plus vite que ses jambes le permirent, alors que le grand fauve, sûrement gêné par son poids, peinait dans la neige.
Le danger était plus qu'imminent.

L'endroit le plus sûr lorsque tu es en danger, c'est au centre de l'action. Devient mouvement. Devient le danger.

Yoru ne perdit pas un instant. Une lueur de détermination à la survie naquit dans ses yeux, en réponse à un enseignement qui lui avait sauvé la vie maintes fois. Elle le remonta pas la pente qui s'accentuait comme les deux autres. L'endroit n'était pas large, si épais, mais elle n'avait aucune idée de la longueur. Après une brève analyse, elle s'élança.
faisant en sorte que le vent soit dans son dos pour gagner en vitesse, elle fit de grandes foulées souples et précises. Alors que le morceau de terre se détachait, elle atteignit le rebord, vertigineux. Sa course ne s'arrêta pas.

Il a toujours une fin. Où que tu sois, la fin est proche. Ne t'étonne plus de la fin. Enjambe-la.

Elle ne sentit plus que le vent. Et le vide. La pesanteur la rattrapait, malgré son élan. Se riant de ses efforts pour atteindre la paroi salvatrice, le vent jouait, changeait de sens, l'éloignait et la rapprochait. Sous elle, la bande de terre s'écrasa sur un nouveau pic.
L'adrénaline et la chance aidant, elle parvint, à la suite d'une lutte contre le vent qui devait se moquer de sa légèreté et d'une suite de mouvements précis et rapides, à s'agripper à une irrégularité dans la roche, à l'abri.
Son cœur se calma lentement, réalisant qu'elle ne risquait plus rien. Un peu au-dessus d'elle, l'homme aux yeux rouges s'était rattrapé à sa lame, mais ne tiendrait pas. Elle ne distinguait pas le lion qui les avait protégés.
Elle-même était dans une situation précaire : le froid engourdirait bientôt de nouveau ses articulations et surtout ses mains, seules déterminantes de sa survie suspendue à la pierre gelée. Bien qu'elle eut plaqué son corps contre la paroi froide et raide, elle savait que si elle lâchait prise, elle se briserait elle aussi comme le morceau de terre écrasé plus bas.

Durant sa course folle, elle s'était demandé si elle avait vraiment besoin de survivre. Alors, elle se serait immobilisée et serait morte dans les minutes qui ont suivit. C'est vrai, avait-elle réellement envie de vivre ? Sans cette réflexion de quelques secondes, elle aurait gagné du temps et serait parvenue à se mettre dans une position moins inconfortable. Mais l'instinct -sinon quoi d'autre ?- l'avait tiré un peu tard de ses pensées, ne lui laissant plus d'autre choix.

Lorsque l'instinct prend le dessus, dois-je l'écouter ?
Tout dépend de ce que tu es capable de faire. Peux-tu résister à l'instinct ?

Par moment, Yoru le pouvait. Elle aurait juste été incapable de se laisser mourir. Ce n'était peut-être pas l'instinct après tout, mais bien ce qu'elle voulait. Alors pourquoi ces images dansaient-elles avec une douloureuse vivacité dans sa tête ? Le froid qui émanait d'elle à cet instant devait être plus meurtrier que celui qui se faisait bousculé par le vent...

*Les autres s'en sont sortis ? *

Alors que le bloc venait de se décrocher et que le grand lion était encore en pleine course sur la pente qui s'inclinait de seconds en secondes, l'enfant de devant s'arrêta. Son regard changea et brilla comme si une force venait de prendre possession d'elle. L'humain quand à lui, était partit devant, il montait la pente devenu très raide sur les genoux et les coudes, Karas, lui, stoppa lui aussi sa course, près de la jeune fille et sortit ses griffes pour s'accrocher au sol glissant. Quand il porta à nouveau son regard sur elle, il la vit se lancer dans le vide pour atteindre la paroi d'en face et la perdit de vue. Elle était totalement folle pour sauter ainsi ou alors totalement confiante ? Toujours est il qu'il n'avait pas trop le temps à la réflexion, le bloc était en pleine chute. Il entendit son deuxième compagnon glisser vers lui. Karas essaya de l'attraper par réflexe mais il le manqua d'un rien. Impuissant, il le vit finir sa chute pour disparaître lui aussi dans le vide.

C'est à ce moment là qu'un doute lui traversa l'esprit. Le temps sembla se figer l'espace d'un instant. Le vent tourbillonnait autour de lui, faisant danser frénétiquement sa crinière dorée. Il voyait défilé le mur de la façade devant à lui. Il regarda autour de lui, il était seul. Son propre pouvoir l'avait endormit, effaçant ses douleurs. Ses yeux s'écarquillèrent et fut immobilisé par un sentiment qui l'éprit entièrement, celui de la peur. Était ce la fin ?

« La peur tue l'esprit, elle est la petite voix qui mène vers l'oblitération totale ... si tu l'écoutes ... tu meurs »

Cette voix du passé résonna dans sa tête, celle de son maitre d'arme.

* Moi ... j'ai ... peur ... moi, Karas ?! ... j'ai peur ?! ...jamais ! Je passerai au travers d'elle comme on brise du verre !*

Son regard s'illumina et s'enflamma, son pouvoir se rompit et la douleur lui revint. La douleur était un bien, destiné aux vivants ... car il l'était toujours ! Réveillé de cet instant qui lui parut une éternité, le temps sembla reprendre son cours. Il bondit alors du bloc ,toujours en chute libre, de toutes ses forces, rugissant son effort, tel un lion. Dans cet instant aérien, sa gueule était ouverte, ses bras levés et ses pattes repliés ainsi que son regard braqué sur la paroi de devant. La crinière endiablée, il sortit toutes ses griffes et atterrit avec violence sur la roche, continuant à descendre alors que ses griffes entaillaient la pierre sur son passage. Ses yeux se fermèrent, sa mâchoire se serra, chacun de ses muscles étaient en effervescence, luttant contre la gravité qui cherchait à le précipiter dans le vide.

Parvenant finalement à finir immobile, il rouvrit lentement les yeux. Le vent et le froid était toujours là, il pouvait le sentir sur sa peau. Mais cela voulait aussi dire qu'il était toujours en vie, et c'est presque un sourire qui s'échappa de ses lèvres. Sa pensée se tourna ensuite vers ses compagnons, les cherchant du regard. Une longe trainée de griffure, s'était gravée au sein de la roche au dessus de lui sur plusieurs mètres. A quelques mètres, Il put voir une étoffe battant sous le vent au dessus de lui, semblable à celle que portait la jeune fille. Alors qu'il cherchait à grimper la façade, grandement facilité par ses griffes qui lui assuraient des prises sures, il entraperçu plus bas sur la droite, ce qui semblait être un rebord large d'un demi mètre. A cette distance, il ne pouvait être sur, mais il pouvait y deviner une entrée caverneuse, mais dans tous les cas il y avait suffisamment de place pour eux trois.

Quelques peu reprit par un élan de courage, il remonta en escaladant la pente verticale de la roche pour rejoindre le jeune fille qui semblait immobile. Il était exténué mais il préférait mourir que de laisser quelqu'un dans la détresse. Avec conviction et puissance, il arriva finalement à la hauteur de la fille à la chevelure neige, D'ici, il pouvait entendre ses plaintes. Son petit corps était collé contre la froide paroi, elle semblait frigorifiée et ses mains étaient gelées et blessées. Il se cala derrière son dos, la protégeant ainsi du vent et du froid, la permettant également de se réchauffer un temps soit peu sous la fourrure du lion. Sa voix lui parla.

« Ca va, rien de casser, petite ? ... Ou est passé l'autre ? »

En suivant le regard de son interlocutrice, il remarqua en effet plus haut, une silhouette suspendue a une lame planée au sein de la roche. Karas hurla a celui ci à quelques mètres au dessus, sa voix puissante faisait écho dans le vide , même dans toute cette tempête.

«Hey ! Toi la haut ! Il y a un rebord une dizaine de mètres plus bas sur la droite ! Il semble y avoir probablement une entrée ! Tu te sens capable d'aller jusque là ?! « 

Karas souffla un instant, le message semblait avoir été transmit, par sa réaction. Il baissa alors la tête et s'adressa doucement alors vers la jeune damoiselle qui était collée entre lui et la paroi.

« Tu as entendu, petite ? Nous allons descendre plus bas, tu peux t'accrocher à moi si tu le désire ... »

Il attendit patiemment sa réponse avant de descendre. le corps de la jeune fille, bien que léger et aérien, semblait avoir été durement éprouvé par la longueur du calvaire hivernal qui se déroulait encore en ce moment même. Elle présentait tous les symptômes du froid, ce n'était qu'une enfant et n'était pas taillé pour des périples aussi longs et exténuants. Karas quand à lui, était épuisé, mais il saurait tenir bon jusqu'en bas quoi qu'il arrive.

« Ca va, rien de casser, petite ? ... Ou est passé l'autre ? »

Yoru ne répondit pas. Tout d'abord, parce que cette question lui semblait aussi mal posée qu'inutile. Si elle s'était cassé quelque chose, elle serait tombée. Quant à l'homme aux yeux rouges, elle le montra du regard au fauve. Visiblement, le lion put l'apercevoir puisqu'il l'interpela. Yoru baissa les yeux et put elle aussi distinguer une sorte de brèche dans la paroi rocheuse.

« Tu as entendu, petite ? Nous allons descendre plus bas, tu peux t'accrocher à moi si tu le désire ... »

Là non plus elle ne répondit pas. Elle n'avait aucune raison de se montrer hostile avec le grand lion, qui les avait protégé, qui s'inquiétait de leur sort et qui prenait maintenant la place de dirigeant des opérations. Mais elle détestait qu'on la prenne en pitié. Elle n'en avait pas besoin et pas envie. Elle ne voulait pas dépendre d'un être apparemment plus fort qu'elle. Et pis, elle recommençait à avoir froid et ne réagit pas à la proposition du fauve.
Malgré tout, elle suivit ses instructions elle aussi et sollicita la force de ses bras et de ses jambes pour bouger. Alors, elle se mit en direction de la caverne.
Le lion sur ses talons-si on peut utiliser une telle expression pour la descente d'une falaise-, la jeune fille atteignit la brèche bien après l'homme, elle s'était affaiblie, ne dormant pas depuis deux jours, et sentant les muscles de ses bras qui s'étaient refroidis.
Elle s'engouffra dans le passage.
Il était étonnement large et lorsque le lion entra à son tour, elle constata qu'il aurait pu y passer dix fois. Ici, on ne sentait plus le vent.
En s'enfonçant un peu plus dans le "couloir", il faisait de plus en plus sombre.

As-tu peur du noir ?
Non
Peux tu voir dans le noir ?
Non
Là je ne te suis plus. Explique.
Je peut être le noir.
?

En plusieurs minutes, elle rejoignit l'homme. A ses pieds, un squelette. Il se reposait dans un lit, l'air pensif.
Elle ne dit rien, s'assit sans bruit dans un coin en faisant attention de ne pas faire cliqueter ses sabres. Son regard se perdit dans le vide. Quand il revint à la réalité, elle crut apercevoir l'homme ranger quelque chose dans son sac. Voudrait-il cacher un important renseignement ?
Yoru n'en était de toute façon pas au réquisitoire et était trop fatiguée pour réfléchir. Toutefois, elle ne voulait pas s'endormir. Il pourrait arriver n'importe quoi. Et peut-être quelque chose de bien néfaste, comme ce qui avait pu arriver à ce squelette...

L’homme-lion observa la réaction de la jeune fille à sa proposition. Elle ne disait rien, mais son silence ainsi que son regard en disait long. Surement ne voulait elle pas avouer une quelconque faiblesse ou alors ne voulait elle pas l’aide d’un tiers, ou peut être bien les deux. Toujours est-il qu’elle se mut d’elle-même, se hissant à l’aide de ses membres gelés. Elle semblait souffrir en cherchant à escalader, cependant Karas respecta son choix. Elle possédait une volonté propre pour le moins impressionnante, ce qui ne laissa pas Karas sans ressentit. Mais cela ne l’empêcha pas de la suivre de près afin de prevenir la moindre chute de sa part car il y avait des moments où même l’esprit le plus fort se faisait rattraper par le corps. Mais heureusement, rien de fâcheux ne se passa malgré, le vent et le froid qui battait sur la paroi. Il put observer au loin, pendant la traversée, le troisième membre qui escaladait agilement la roche atteignant le plat bien avant eux.

Karas fut ainsi le dernier à arriver à terre, il vit ses deux compagnons sains et saufs et ce fut suffisant pour lui apporter une grande joie. Il observa le troisième s’engouffrer dans la grotte sans jeter le moindre regard sur ses suivants. Voila une attitude, ou plutôt un désintérêt, qui n’était pas pour plaire au lion. La petite fille quand a elle semblait usée et épuisée et ne mit que peu de temps avant de se refugier à son tour à l’intérieur. Karas observa les alentours malgré la très faible visibilité offert par le blizzard. Quelque chose le dérangeait, une sensation, comme si on l’observait depuis un instant. Prenant cela sous le joug de la fatigue il entra à son tour à l’intérieur.
L’entrée de la grotte était large et en son sein le souffle du vent n’était plus qu’une simple brise, stopper par la cavité rocheuse. Le froid par contre se faisait bien plus sentir par l’humidité qui restait prisonnière des parois gelées. Il n’y avait rien mit à part un long couloir qui semblait se rétrécir et où la jeune fille commençait à s’y enfoncer dans l’obscurité. Karas ne tarda pas un seul instant à la suivre. Mais après quelque pas, un malaise l’éprît. Pourtant rien de visible ou d’olfactif n’expliquait cette sensation, mais elle était pourtant là. Comme si, son instinct animal voulait l’avertir de quelque chose de malsain. Il sentait la corruption et la mort en ce lieu … Ne pouvant encore l’expliquer, il rattrapa rapidement celle qui était devant lui.

Plus ils avançaient et plus la lumière s’amenuisait, rendant l’observation tout aussi difficile. Sa vision changea au profit de sa vision thermique. Il put ainsi voir plus clairement l’espace rocheux qui l’entourait, celui-ci était suffisant pour que Karas s’y engouffre sans le moindre problème. Il put y voir également deux silhouettes de chaleur qui était devant lui. La première, petite, était toute proche de lui et dont l’intensité était assez faible. Cela confirma ses craintes, la jeune fille était à bout et en proie à un début d’hypothermie. La deuxième était bien plus loin, sa santé semblait très bonne, il pouvait même le voir accroupit tenant un objet dans ces mains. Mais il ne pouvait le déterminer, car sa vision ne lui permettait pas de voir avec précision les objets ne dégageant pas de chaleur. Mais à leur approche il put parfaitement le voir mettre cet objet dans son sac.

Lorsque Karas arriva à son tour au bout de la grotte où se trouvait notre troisième compagnon, il vit à son tour le squelette ainsi que la couche du défunt. Le rodeur au teint sombre, observait ses deux compagnons alors que la jeune fille était assise dans un coin et semblait fatiguée. Mais ce qui choqua le plus Karas, c’était cette sensation de mort et de sauvagerie qui régnait ici. Les murs semblaient comportés des gravures archaïques en traits comme pour compter les jours. A leur nombres, la personne qui gisait ici avait dut passer plusieurs mois ici avant de finir ainsi. Au fur et à mesure que le temps passait des griffures finirent par remplacer les comptes et en regardant de plus près, on pouvait distinguer, ou plutôt sentir, des traces de sang, comme si on s’était saigné les ongles contre le mur. Quelque chose de terrible c’était passer ici, une aura maléfique planait et lui faisait hérissé le poil de sa fourrure.

Mais l’heure était au repos et le danger n’était pas immédiat aussi était il surement plus sage de se reposer. Ils devaient tout d’abord trouver un coin au chaud car le froid les emporterait vite. Cependant le combustible manquait ici, il n’y avait aucun morceau de bois. Karas posa alors son sac à terre et sortit quelques branches mortes et sèches. Il savait que cela aurait été utile au beau milieu de toute cette pierre. Bien sur, ce n’était pas suffisant pour toute une nuit, mais cela permettait de se chauffer pendant une bonne partie, ce qui était mieux que rien. Il empila quelques branches et mit le reste dans un coin de la grotte. Sa main passa sur les branchages et avec un peu de concentration il invoqua quelques flammes qui vinrent crépiter sur les branches qui s’embrassaient doucement. Un sourire naquit sur le visage du fauve en sentant la chaleur parvenir sur sa peau. Il fit alors un geste invitant ses compagnons du moment à venir se réchauffer un peu.

« Venez-vous réchauffer un peu, nous n’en auront pas pour très longtemps alors profitez en.»

Karas se chauffa un instant et après un bref silence à apprécier la chaleur que dégageait le feu il reprit. Il se priva bien parler de tout ce qu’il avait ressentit dans cet endroit car il était inutile de les alarmer alors qu’aucun danger ne se trouvait dans l’immediat.

« Bien que le lieu ne soit pas le meilleur, peut être le moment, lui, est il le plus propice pour quelques présentations : comme vous avez dut le remarquer, je suis un homme-lion, un léonal, on m’appelle Karas car tel est mon unique nom.»

Il se frotta énergiquement les mains près du feu, observa la jeune fille, le squelette non loin d’eux, puis il regarda plus sérieusement l’homme aux parentés elfiques.

« J’imagine que cela a dut être terrible de rester des mois ainsi seul dans le froid, mais quelque chose m’intrigue … Peut être aurais tu une idée de ce qu’il s’est passé ici ? » lui dit-il avec un regard lourd de suggestion. Car après tout, Karas l’avait vu mettre un objet dans son sac.

Le feu n'était même pas rassurant. La jeune fille, bien qu'épuisée et courbaturée, ne somnolait pas. Dormir ? Quelle idée stupide lorsqu'on se trouvait en présence de deux êtres dont on ignorait tout ?

Finalement, bien enroulée dans sa cape, elle détailla les compagnons qui avaient risqué leur vie avec la sienne. Un lion. Un elfe noir aux yeux rouges. Un moment, elle crut avoir un peu perdu la tête. Mais c'était vrai : un lion et un elfe. Bon, et que faire avec ça ? Ils étaient coincés dans une grotte sans vraiment avoir le choix de la sortie. Et puis ce squelette n'annonçait pas une bonne nouvelle chaleureuse qui les sauverait de ce pétrin.

« Bien que le lieu ne soit pas le meilleur, peut être le moment, lui, est il le plus propice pour quelques présentations : comme vous avez dut le remarquer, je suis un homme-lion, un léonal, on m’appelle Karas car tel est mon unique nom.»

Et voilà, une chose de faite, maintenant elle était sûre et certaine que ce lion avait quelque chose d'humain. Et quelque chose de lion...hum...Un léonal ? Ah bon, d'accord...Plus rien ne l'étonnait : elle avait vu un homme-lion. Il n'était pas hostile. Du moins pour elle. Du moins, pour l'instant...

« J’imagine que cela a dut être terrible de rester des mois ainsi seul dans le froid, mais quelque chose m’intrigue … Peut être aurais tu une idée de ce qu’il s’est passé ici ? »

Aucune. Sans doute un voyageur égaré comme nous, mort de faim et de soif, dévoré par les rats.

Forcément. Seulement, une partie de sa réponse n'était pas crédible. Y avait-il réellement des rats à ce climat et surtout dans une grotte cul-de-sac ? Elle n'en était pas certaine. Ces yeux rouges dissimulaient bien des choses. Après tout, il était arrivé avant eux dans le couloir et pouvait très bien omettre de leur énoncer clairement la situation... La jeune fille, le nez dans la cape, le fixait du regard, d'un regard plus que méfiant.
D'ailleurs, il s'adressa directement à elle, comme quelqu'un qui cherche à s'insinuer dans la tête des gens en se rendant presque amical. Hors, Yoru ne se ferait pas avoir aussi facilement.

Et toi ? Qu'est-ce que tu fais aussi loin de chez toi hmm ?..

**Et pourquoi ça t'intéresses !?**

- Et est-ce que tu sais où est "chez moi" pour dire que j'en suis loin ?

A cet instant, Yoru, tu doit chercher à être chez toi partout. Le lieu du combat, ce doit devenir ton territoire. Je ne veux pas dire chez toi, dans ta maison, je veux dir...
-Je sais. De toute façon j'en ai pas, de maison.
Alors tu es sans attache ? Vraiment ? Et tu crois qu'à ton âge, je vais gober ça ? huhu...enfin bref. Tu dois absolument te dire que partout où tu vas, tu restes toi. Et t..
-Et moi, c'est mon vrai chez moi.

Cette leçon là ne s'était jamais vraiment gravée en Yoru. Elle faisait partie intégrante de son être, ce qui avait forgé son âme. Telle une évadée. Elle s'était évadée. Alors pourquoi la question de l'homme aux yeux rouges avait éveillé de la douleur en elle ? Elle pensait s'être libérée, mais finalement, était-elle aussi libre que ça ? Une maison, elle n'en avait pas. C'est un souvenir qu'elle fuyait. Sans vraiment fuir. Plutôt en oubliant. Sans vraiment oublier. Tous ces sentiments qui lui faisaient mal dans la gorge, elle les refoulait. Viendrait un jour où elle devrait les affronter. Ce jour était arrivé, il y a longtemps. Elle avait affronté tout ce qui la terrifiait. Elle s'était même terrifiée elle-même.
Et aujourd'hui, un homme lui pose juste une question. Une question douloureuse ? ça, personne ne pourrait le deviner. Cacher ses faiblesses était quasiment naturel chez la jeune fille aux cheveux blancs et aux yeux de nuit.

Alors seulement une seconde ou deux après la courte réponse qu'elle avait envoyé à l'elfe noir, elle ajouta, plus calmement :

- Tu veux connaître mon nom, donne moi le tien.

Elle pensait qu'il comprendrait cette phrase qui signifiait plus " attention, je ne suis pas du genre à te raconter ma vie si je me méfie de toi un max ".

Elle replongea le nez dans sa cape, mais elle garda les yeux fixés sur une méfiance contrôlée. La nuit se mêla au feu. Le regard planté profondément dans celui de l'homme, comme un affrontement de celui qui percerait à jour l'autre en premier.
Il se détourna vers le léonal, mais elle ne le quitta pas des yeux.

Pourquoi tu me fixe comme ça, Yoru ? C'est bien de garder un oeil sur tes ennemis, mais ce regard est...étrange.
- Je ne vous regardes pas.
Ah ? Pourtant tu as les yeux rivés dans les miens, et je te le dit tout net, je ne suis pas du genre à être mal à l'aise avec ça. Et je suis certain que tes ennemis les plus forts feront de même...Alors...?
- Mon ennemi, c'est d'abord moi.

Ce feu était une bénédiction bien que éphémère en comparaison du froid qui régnait ici en absolu. Les trois se réunirent donc autour de ce petit feu. Et Karas venait d'ouvrir la discussion. A sa question, le sombre jeune homme si il ne semblait pas mentir, il était persuader qu'il ne disait pas la vérité. Mais après tout, connaître la raison de la mort n'était pas important dans l'immédiat. Aussi il passa outre.

Karas observait ses deux compagnons, l'un la regardait avec un air malicieux et l'autre avec un regard dédaigneux. Karas sentit tout de suite l'atmosphère se tendre.

* Mais ce sont des umbraniens ou quoi ?! *

Depuis peu, il avait entendu parler qu'un autre monde avait été relier à Harmonia, tout comme celui de Lucina. Celui de Umbra, un monde dans l'ombre où y vivaient des créatures sombres ne cherchant que querelles et affaires obscures. Mais il n'y avait été encore pour le moment jamais aller et il n'était pas pressé d'aller visiter. SI il était tel qu'on le racontait, il ne s'y plairait guerre. De plus, il y avait tellement a faire ici ! Il ajouta calmement alors à leurs réponses mutuelles.

« Doucement, nous allons passé encore un bon moment ensemble, alors autant bien nous entendre. Commençons par nous présenter les uns aux autres. »

Le lion s'occupa de raviver les braises en les remuant, puis rajouta une branche dans le foyer de chaleur. puis il répondit à l'homme au teint sombre

«Je te raconterais bien volontiers mes origines, si tu réponds à la damoiselle, à savoir te présenter à ton tour. J'imagine que c'est le minimum de politesse dont on peut user »

A ces mots, Karas le regarda avec insistance, non pas pour paraître agressif, mais pour lui faire comprendre que si il désirait rester seul il le pouvait, mais pas en restant ici. Il passa son regard vers la jeune fille et lui fit un sourire avant de porter a nouveau son attention sur son précédant interlocuteur.

[petit post car je vois pas ce que je peux faire d'autre a l'heure actuelle.]

Bien sûr. Il est évident que tu habites dans ces montagnes glacées.

La jeune fille ne prit même pas la peine de répondre. Tout le monde n'avait pas le même état d'esprit qu'elle, alors peut-être l'homme ne pouvait comprendre. Ou ne cherchait pas à comprendre. Ou n'avait pas besoin de comprendre...Elle resta silencieuse, à écouter quelques instants le crépitement d'un feu qui faisait de nouveau partit de la réalité.

Mon nom est Godric Wildsoul.

Décidément, seule elle voyait un inconvénient à annoncer son identité. Il la prenait au jeu, et pouvait ainsi de ce fait répondre également au léonal du nom de Karas. La sensation désagréable d'avoir perdu le fil empli la jeune fille. Elle ne voulais pas quitter des yeux ce...Godric Wildsoul...Pourtant, elle détourna légèrement la tête d'un mouvement agacé.
Elle grommela à voix basse :

- Yoru.

-Et bien ! tu en mets du temps à faire confiance toi ! Mais ne t'inquiète pas, je ne suis pas méchant vois-tu ?!^^
- ...
- Pas bavarde non plus ? Tant pis, mais pour l'entrainement que tu vas subir, tu n'en a pas vraiment besoin...
Avant toutes choses, je veux que tu fasse le serment du sang. Tu ne pourra délaisser mon enseignement que lorsque la mort viendra nous surprendre.
- Et pourquoi je ferais ça ?
- Ne joue pas à la plus maligne, actuellement, même si tu as des prédispositions, je suis en état de force.
- Pourquoi vous donner autant de mal ?
- Et toi ? Pourquoi te donner autant de mal ?

Elle ne conserva pas longtemps cette attitude boudeuse, elle n'en avait pas besoin. Mais comme les yeux rouges de l'elfe noir semblaient la transpercer et lire en elle, elle les soutint. Il dégaina sa double-lame, peut-être pour montrer qu'il n'était pas hostile, mais ça elle en doutait, peut-être pour observer quelque chose qu'il n'avait pas forcément envie que les autres voient.

- Yoru, c'est ça ?
- Ben oui.
- Tu es comme la nuit Yoru ?^^
- Je ne sais pas.
- J'espère que tu l'es; tu rentres discrètement chez toi sans que personne ne remarque ta présence, tu fais comme si la vie était la même, même si elle est différente chaque jour. J'imagine que tes parents ne savent pas que tu es ici ?
- Des parents, j'en ai pas.
- Pourtant, les Nightmare, je sais qu'ils ont eu un fils, et tu m'as parlé d'un grand frère non ?
- A demain.
- Tu auras le courage de venir demain ?
- Si je peux marcher.
- Dépêches toi alors, la nuit vient de tomber...^^

Yoru observa un peu le lion, s'appelant Karas, et le seul n'ayant pas eu de comportement bizarre pour l'instant. Rien qu'à le voir, elle pouvait deviner qu'il n'était pas du même coin qu'elle. Non, ceux d'Umbra étaient bien plus renfermés, pas du tout généreux ou protecteurs, alors que lui, il leur était venu en aide et avait partagé son feu avec eux.
Au contraire, Godric, lui, avait l'air de quelqu'un pour qui le débit du sang lorsqu'on tranche une gorge n'est plus un calcul.

Ce squelette était aussi bien trop présent pour qu'on ne puisse pas y faire attention...Les yeux rouges de l'homme cachaient sans doute bien plus de choses qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle fronça légèrement les sourcils, se leva. Ses lames cliquetèrent doucement, mais elle n'y faisait déjà plus attention, totalement concentrée sur son analyse. L'analyse qui l'avait sauvée de la peur autrefois. L'analyse qui l'avait sauvée tout court.
Elle s'approcha du corps inerte dont ne restait que les os et s'accroupit à quelques centimètres à peine. Elle ne pourrait sans doute pas déterminer s'il avait s'agit d'une mort naturelle, de faim ou de froid, vu qu'il n'y avait plus une parcelle de chair. Là depuis longtemps. Elle tendit la main et effleura à partit du crâne tout ce qu'elle pouvait toucher. Elle prit un contact plus appuyé sur la cage thoracique, qui lui semblait bizarre depuis un moment, en effet, la courbe n'avait rien d'harmonieux mais paraissait enfoncée vers l'intérieur. De plus, sous ses doigts qui commençaient à reprendre de la vivacité, elle sentit comme une sorte de coupure, d'entaille. Peut-être le temps était-il responsable de ça. Peut-être n'allaient-ils pas rester encore seuls bien longtemps. Et ça, vu l'arme de l'elfe dirigée vers le tunnels dont ils venaient, un parmi eux devait le soupçonner.

Sans se relever tout à fait, la jeune fille s'adressa directement aux deux autres :

- Alors ? Qui attendons-nous ? Ou plutôt, "qu'est -ce" qui nous attend ?

Elle fit un bref mouvement de tête vers Godric, pour bien lui montrer qu'elle n'allait pas lâcher le morceau avant qu'il n'ait répondu. Un discret coup d'œil du côté du léonal pour savoir si lui aussi avait déchiffré les quelques signes qu'elle avait sondé sur le corps mort de la victime.

- Alors ?
- Alors quoi ?
- Qu'on dit tes parents ?
- Quels parents ?
- Je ne plaisante plus, aujourd'hui, tu vas devoir faire ton serment.
- Et en quoi ça a un rapport ?
- C'est un serment très sérieux, il s'agit d'un enchaînement jusqu'à la mort, et je n'ai pas envie d'avoir des problèmes avec eux.
- Je n'aime pas l'idée d'être enchaînée. Il n'y aura donc pas de problèmes.
- Alors je te laisserais voler...**même si je risque de le regretter...** Vas-tu le faire ?
- Quoi ?
Déchiffrer les phrases de cette gamine n'était pas aisé. Alors qu'elle semblait tout comprendre. Elle comprendrait sans doute ça.
- Donne moi un lien. Un lien fort, le plus fort que tu pourras me donner.
Sous les yeux ébahi du nouveau maître, sans qu'il ait pu faire encore un geste, la fillette avait pris son sabre dans son fourreau, il ne chercha même pas à retenir sa propriété.
Le sang de l'élève marbrait la lame comme le bras de la gamine.
- Sans regrets ?
- Je ne sais pas.
- Tu as mal ?
- Peut-être...
- Dans ce cas, Yoru, devient mon pire cauchemar et fait tomber la nuit devant mes yeux lorsque tu le pourra.
Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elle l'avait pris au sérieux, comme elle comprenait les choses. L'élève n'a jamais oublié.