Esprit es-tu là ? [Terminé]

Trois kilomètres à pieds, ça us-euh ça us-euh... Trois kilomètres à pieds, ça us-euh le gosier...
C'est vrai qu'il commençait à avoir soif. Et faim. Non qu'il ai passé une semaine sans boire ni manger puisqu'il avait contenté ses besoins primaires le midi même. Mais bon, manger à midi était peut-être agréable, en attendant, il était six heures passées ! Et son estomac commençait à émettre des "grouick"s réguliers, signal délicat et facilement repérable. Il observa rapidement le paysage rocailleux qui l'entourait, trouva une place assise plutôt plate qui semblait confortable et s'y installa sans ménagement pour se reposer et tenter de calmer les ardeurs de sir Gaster. Sa main se mit à frotter machinalement la pierre sur laquelle il s'était assit alors qu'il fouillait les environs du regard et des oreilles.
La majeure partie des plaines devant lui étaient presque totalement nues. Pas d'espoir de trouver son salut de ce côté là. Derrière lui par contre, le bruissement des arbres et les doux clapotis d'une rivière ou d'un rus semblaient beaucoup plus prometteurs. Ceci dit, l'obscurité qui tombait de plus en plus vite n'allait pas rendre sa tâche aisée. Les plupart des prédateurs dangereux avaient tendance à sortir une fois la nuit tombée et il ne lui restait guère de temps. Il avait déjà l'impression de voir entre les troncs des yeux jaunes l'observer, remplis d'une curiosité que son inquiétude amplifiait à lui donner la chaire de poule. C'était comme si il n'était pas seul, ici.

La question principale était donc : devait-il d'abord reposer ses jambes et attendre avant de chercher à résoudre sa "quête", ou bien faire exactement l'inverse et répondre d'abord à l'appel de la nourriture ? Paresse ou Gourmandise... Les religions n'avaient guère tendance à en favoriser l'une plutôt qu'une autre. Sa main droite grattait de plus en plus machinalement la paroi de pierre lisse, suivant d'étranges lignes semblable à ... des lettres ?
Son cœur accéléra lorsqu'un doute lui étreignit la poitrine, faisant enfin taire sa fin. Il baissa les yeux sur son siège de fortune et observa hébété les quelques lignes... Rien de compréhensible. Si ce n'était la date - il avait déjà vu des chiffres semblables dans les vieux bouquins d'Emma, la "sage" du village. C'était elle qui faisait office de bibliothèque. Enfin, sa maison...
Pierre taillée plus date. Et son intuition qui lui soufflait de penser d'abord à courir. Ce n'est pas comme si il avait vraiment tenu à profaner les lieux... Mais... Il semblait tout de même l'avoir fait...

Il se releva d'un bloc, fixant le champ de pierre d'un œil nouveau. Oui, ce n'était pas une simple plaine. Mais un cimetière. Et qui n'avait rien de récent. La végétation avait repris le dessus sur quasiment toutes les sculptures. Il souffla profondément pour reprendre son calme. Mais lorsqu'il sentit VRAIMENT qu'il n'était pas seul, il frôla l'arrêt cardiaque. Les créatures ne l'effrayaient pas, il savait qu'il y avait toujours un moyen de gagner. Mais qu'était-il supposé faire face à un être qui n'avait rien de... tangible ?

Lorsque son cerveau jugea que les choses allaient trop loin, il décidé de passer outre toutes les informations qu'il recevait. Comme si il ne voyait plus, n'entendait plus... Le trou noir. Solution number one : c'était véritablement un intrus. Dans ce cas, tout semblait plus facile. Number two : un esprit débarquait et exigeait sa tête...
A court d'idée, il se reconnecta à la réalité. Déjà, voir si il y avait un problème. Ensuite, voir la solution. Toujours se préoccuper de futur jusqu'à ce qu'on ne puisse le prévoir. Ses membres ne tremblaient plus, mais étaient d'une raideur à rendre un golem jaloux. Son cœur, par contre, n'avait pas ralenti le rythme.
Il ne savait absolument pas sur quoi il allait tomber, mais une chose était sûre. Le repas du soir avait intérêt à être bien garni !!! D'ailleurs, pourquoi s'embarrasser avec un "Qui est là ?" banal ? Autant en venir au faite et à ce qu'il intéresse directement pour éviter une longue et inutile discussion.
Portant la main à la garde de son épée, il s'écria :

- Est-ce que vous avez à manger ?

La brume étouffait bientôt le paysage sous les yeux nuit de Yoru. Cela faisait longtemps qu'elle cherchait la trace de son frère ainé, mais sans aucune piste. Elle avait la désagréable impression de tourner en rond. Sa cape serrée autour d'elle, elle avait parcourut des kilomètres et des kilomètres, mais à présent, elle se demandait si elle ne cherchait pas plutôt à fuir le dernier membre de sa famille. Puisqu'elle faisait chemin au hasard, puisqu'elle n'avait aucune idée d'où elle allait, et puisqu'elle errait plus qu'elle ne cherchait, elle fut prise de doutes. Mais elle avait traversé la porte, alors que son frère pouvait très bien se trouver sur Umbra. La jeune fille soupira et s'enfonça dans le brouillard.

Son ventre émit quelques gargouillis. Elle essaya de le faire taire ; elle n'avait rencontré personne à voler sur le chemin et ne possédait plus que sa raison pour ne pas vouloir s'attarder ici, même pour un pique-nique. En effet, Yoru sentait la présence de nombreux esprits. Et quand elle buta sur une pierre, elle n'eut plus de doutes. Ici, les morts jonchaient l'intérieur du sol, leurs cadavres dévorés par tout ce qui pouvait trainer. La jeune fille avait entendu parlé de ce cimetière légendaire toujours caché dans la brume. Elle savait aussi qu'elle devait évité de rester là lorsque la nuit tomberait. Or, il était déjà près de sept heures, à en juger par son ombre, et le noir ne tarderait pas à ensevelir ce lieu sacré et maudit, réveillant les êtres tourmenté. Enfin, ça, c'est ce qu'on lui avait dit quand elle avait croisé un paysan, il y a plus d'une journée.

-Vous vous rendez donc AU cimetière ?!
-Un cimetière ?
-Dans cette direction se trouvent les âmes dépéries des ancêtres. Ne penètrez pas là-bas à la tombée de la nuit...Ne vous y rendez pas tout court ! Vous risquez d'éveiller la malédiction !
Yoru ne répondit pas et se détourna dans la direction à éviter. S'il s'agissait d'un cimetière, Mikkyo pourrait bien s'y trouver. Et puis, ce genre d'histoire, elle n'y croyait que pour la forme. Elle n'avait pas peur de la nuit. Elle était la nuit.

Elle perçut soudain une autre présence d'une nature différente de ces esprits. Ça se rapprochait. Et bientôt, alors qu'elle ne bougeait plus un cheveux, elle entendit une respiration haletante. La peur était peut-être présente en cet individu... Mais la jeune fille fut surprise lorsque la silhouette proche l'interpela :

- Est-ce que vous avez à manger ?

Elle sourit. Bien que par prudence elle s'était automatiquement mise en garde, elle ne prit pas en main ses sabres, même si elle avait entendu cliqueté une lame de l'autre côté de la bande de brouillard. Elle s'approcha elle aussi pour voir son interlocuteur.
La jeune fille aux cheveux blancs vit alors un garçon que devait être un peu plus âgé qu'elle et dont l'estomac souffrait vu les bruits qu'il envoyait.

- Je n'ai pas ce que tu cherches. Mais à une ou deux journée de marche, tu devrais trouver une ferme. Je pense que tu pourra manger à ta faim là-bas.

Elle appréciait le ton direct de l'inconnu. Elle non plus n'aimait pas passer par quatre chemins pour dire ce qu'elle pensait. Il ne lui aurait sûrement servi à rien d'attendre une réponse, pourtant, elle ne repartit pas immédiatement. Quelque chose bougeait, non loin des deux jeunes gens. La nuit tombait. Yoru balaya l'endroit des yeux. La brume se dissipait. Bientôt, elle pourrait "voir" ce qui n'allait pas. Un coup d'oeil à l'autre personne et elle comprit qu'il s'était passé quelque chose.

Le danger ne vient pas forcément de ce qui est encore vivant. Parfois, un mort est plus dangereux que ce que tu ne peux imaginer. Achève toujours tes victimes.

La jeune fille sourit en repensant à ces mots. Celui qui les avait prononcé était bel et bien mort maintenant. Il n'était plus dangereux. Elle l'avait bien achevé.

Enfin, il l'entendit plus nettement. Il se retourna et la détailla plus nettement, des pieds à la tête. Cheveux blancs, elle n'avait pourtant pas l'air vieille. Environ l'âge de sa soeur mais, comme il ne l'avait pas sous la main, il ne pouvait le confirmer. Ses yeux, cependant, n'avaient strictement rien à voir avec ce qu'il connaissait. C'était comme si il voyait une étrangère pour la première fois de sa vie. Et pourtant... Il en avait vu défiler des hommes. En quoi cette gamine changeait-elle ?

- Je n'ai pas ce que tu cherches. Mais à une ou deux
journée de marche, tu devrais trouver une ferme. Je pense que tu pourra
manger à ta faim là-bas.

Il la fixa avec un de ses regards très expressif qui vous indique tout de suite que vous êtes un boulet. Une ou deux journées de marche ! Mais elle était complètement cinglée ? Il n'allait pas tenir une matinée sans manger ! C'est maintenant qu'il avait faim parbleu ! Pas dans dix ans ! Pourquoi pas aller au bout du monde tant qu'ils y étaient ! Mais quelle cruche ! Et lui foutre les jetons pour lui apprendre quelque chose d'aussi stupide...
Il ouvrit la bouche pour lui exprimer le fond de sa pensée mais un nouvel arrivant lui ferma aussitôt le clapet. Enfin, pas si "nouveau" que ça... Il pouvait très bien être resté ici sans bouger tout ce temps, auquel cas il aurait été incapable de l'entendre. Mais c'était impossible pour un quelconque être vivant ! N'importe qui ne pouvait s'empêcher ne serait-ce que de respirer ! Et à cette distance... Il calcula mentalement. La chose approchait. Cinq mètres ?
Il ne voyait strictement rien. Ce n'était pas normal. Même si son espèce n'était pas totalement nyctalope, avec la lueur des étoiles et de la lune, il devait pouvoir discerner quelque chose ! Même le brouillard n'avait pas l'air aussi intense... Quatre mètres ?
Une goutte de sueur coula le long de sa nuque et fut absorbée par sa tunique verte. Étrange que le rythme de ses pas soit aussi incertain. Et sa démarche... Il pouvait voir le haut de son corps qui remuait de gauche à droite comme si il ne contrôlait plus son équilibre.
Trois mètres. Ses yeux ! Il devait voir au moins ses yeux ! Il ne pouvait pas frapper à l'aveuglette sans savoir ce qui lui faisait face. C'était stupide. Et pourtant...
Deux mètres. Plus il s'approchait, plus il avait l'impression que le temps ralentissait autour de lui. Le chant des grillons lui paru soudain très lointain. Impossible de dire si la jeune femme était encore là. Les formes se précisaient. La brouillard se dissipaient et masquait de moins en moins son adversaire.
Un mètre. C'est à ce moment qu'il les vit. Ou, du moins, qu'il pu observer qu'il n'y en avait pas. La chaire décharnée qui couvrait son crâne aussi bien qu'une passoire abrite de la pluie lui offrait une image relativement horrible qui risquait de le suivre un moment. Son coeur fit une embardée. Un "ALERTE" sonna quelque part dans son cerveau et il dégaina son arme d'un geste rapide, tranchant dans la chaire pourrie et brisant les os creux et érodés par le temps. Cette chose, quelle qu'elle soit, ne pouvait être considérée comme humaine.

Il sortit de son état second pour voir les deux moitiés s'écrouler sur le sol sans cesser de remuer. Sauf que, maintenant que le brouillard s'était levé, il pouvait avoir l'immense et intense plaisir de constater que son ami la chose plus ou moins morte avait des copains. Et pas qu'un. Tout autour d'eux, la "plaine des cailloux" commençait à s'animer. Il s'écarta du tas mouvant et adressa un regard à la jeune fille.

- J'crois que le dîner va devoir refroidir un peu...

Il avisa l'arme qu'elle portait et jugea inutile de lui demander si elle savait s'en servir. Soit elle l'appellerait à l'aide et la réponse serait non. Soit il alalit peut-être pouvoir apprendre deux trois trucs, ce soir là.

- Bon, le temps qu'ils débarquent, on a le temps de se mettre dos à dos. L'angle à couvrir sera plus petit. Tu prends le dixième que tu veux et je m'occuppe du restant. Sauf si, dans ma grande bonté, je te laisse t'en farcir la moitié.

Humour, meilleur ami des âmes apeurées. Il commençait déjà à douter qu'il puisse s'en sortir vivant en observant son zombie découpé ramper vers lui, semant des traces verdâtres et des bouts d'entraillers dévorées par des nécrophages. Il y en avait combien ? Cent ? Peut-être moins. Peut-être même qu'il commençait à délirer sérieusement. Mais ne pas se fier à ses yeux pour le moment risquait d'être mortel. Si il devait choisir entre sa santé mantale et sa vie, le choix était fait. Et c'est alors que la puanteur atteignit son cerveau... Les monstres se rapprochaient. Peut-être était-il préférable de tailler dans la masse pour s'enfuir de cet endroit maudit ?

- J'crois que le dîner va devoir refroidir un peu...

Yoru sourit de voir que même dans cette situation, le jeune homme savait garder son sang froid. Pourtant, quelle situation ! Des...Zombies ?
Elle n'en avait jamais vus. Si c'était ça la "malédiction", c'était bien minable. Enfin, c'est ce qu'elle pensait avant de voir que la chose que le garçon avait tranchée remuait encore. Évidemment, un mort vivant doit être dur à tuer.
**c'est vrai ça...Comment on tue un zombie ?**

- Bon, le temps qu'ils débarquent, on a le temps de se mettre dos à dos. L'angle à couvrir sera plus petit. Tu prends le dixième que tu veux et je m'occupe du restant. Sauf si, dans ma grande bonté, je te laisse t'en farcir la moitié.

Yoru eut encore un sourire. Mais cette fois, c'était la tueuse qui parlait dans son regard. Bien sûr, l'idée du garçon était une technique employée par n'importe quel combattant aguerri. Mais Yoru n'était pas n'importe quel combattant. Elle n'aimait pas rester coincée ainsi. Son espace de sécurité, elle l'avait mis au point il y a longtemps et elle savait à la perfection piéger ses ennemis à l'intérieur. Néanmoins, ce soir, elle se sentait d'humeur joueuse, et accepta comme règles du jeu cette contrainte imposée par le jeune homme, qui savait comment se battre, vu ses décisions rapides. En revanche, elle n'était pas sûre de vouloir lui laisser plus de la moitié.
Comme règle supplémentaire, elle s'interdit à elle-même l'utilisation de ses sabres. Non seulement parce qu'elle voulait s'amuser avec les zombies, mais surtout parce que, comme elle ne savait pas encore si l'autre épéiste serait un ennemi ou non, elle ne montrerait pas ses techniques. Ce n'était pas une contrainte, la jeune fille avait eu un entrainement rigoureux à mains nues avant de se servir de sabres.
Elle répliqua :

- J'espère que tu es dans ta grande bonté, parce que je ne t'en laisserais que le quart !^^

Mais trêve de bavardages, les morts-vivants passèrent à l'assaut. Yoru n'eut qu'à avancer de trois pas pour se retrouver nez à nez avec l'un d'eux. En parlant de nez d'ailleurs, elle aurait pu deviner leur présence à l'odeur de chair pourrie. Un middle kick suffit à repousser le premier. Ils étaient si fragiles que les os, directement en contact avec son pied, se brisèrent et sur le sol retombèrent buste et jambes séparément. Lorsqu'elle voulut amorcer un deuxième coup de pied martial, sa jambe d'appui fut saisie par un bras seul. **Bârk...**
La jeune fille changea brutalement d'appui et de centre de gravité pour se dégager de l'immondice. Elle avait du mal à bouger librement dans cette configuration, sans vouloir blesser son allié et sans pouvoir exprimer de plus amples mouvements. Elle serait allée bien plus vite. Mais puisque c'était les règles du jeu, elle ne ferait pas sa mauvaise joueuse.

Elle empoigna un bras et rentra le poignet dans le coude de l'adversaire. Un bras en moins. Elle pivota et balaya les jambes frêles des êtres morts. Huit jambes en moins( en comptant des jambes, pas des paires ). Elle assomma, tordit, broya, envoya, bloqua, brisa, immobilisa ainsi durant ce qui semblait être une éternité. Le problème avec des morts-vivants, c'est justement qu'il sont déjà morts. Ils revenaient sans cesse à la charge. Bien que la plupart soient en morceaux et ne pouvaient plus bouger, la jeune fille non plus. Rester positionnée comme ça la ralentissait et la gênait. Impossible d'utiliser des techniques plus élaborée que de simples coups directs. Un des zombie dégaina une lame.
Ce n'était plus un jeu.
Yoru rompit la formation.

Elle se dirigea vers le morts menaçant. Il voulut la frapper par en haut, déjà la jeune fille s'y trouvait et lui asséna un coup des deux poings liés sur le crâne, puis glissa le long de ses bras souplement pour lui saisir les poignets. La projection fut violente. Le corps sans vie passa par dessus sa tête pour s'écraser au sol. Lorsqu'elle se releva difficilement, deux bras en moins, Yoru prépara l'épée en garde haute. Elle était beaucoup plus lourde que les sabres qu'elle avait l'habitude de manier, mais elle l'abaissa avec précision dans le corps flasque mais osseux du zombie. Elle l'y laissa. Pas question de s'encombrer d'un tel déséquilibre. Maintenant, ils étaient plusieurs à porter haut et bas leurs armes, qu'elle dut éviter, dansant comme un feu follet au milieu des morts.

Elle marcha su un crâne et sursauta.
- As-tu peur des morts ?
- ...
- Ne pense pas aux morts, devient la mort.

Autour d'elle, tous tombaient un à uns à présent. Elle commençait à piéger les êtres morbides dans un cauchemar mortel. Elle était un cauchemar. Elle était la mort. Dans ses yeux, plus aucune lueur de volonté ou même de curiosité, de malice, ces flammes qui animaient d'ordinaire la jeune fille. Seul un regard dur, froid et menaçant s'opposait désormais à l'ennemi. Une véritable machine à tuer. Et efficacement.

- Contrôle tes gestes !
- Mais je...je...
- Je vais te donner un conseil... Endors ce que tu es lorsque ta vie en dépend. Tu survivras.
- Mais...Si je tue un allié...
- Tu n'as pas d'allié. Tu es seule, toujours, face au danger.

Yoru se réveilla brutalement. Elle était loin d'être en danger de mort, pourtant, elle avait protégé son esprit. Pour quelle raison ? Y avait-il une force étrange en ces lieux, une force spirituelle qui avait menacé ses pensées ? Cette protection était purement instinctive, elle n'avait jamais réussit à la contrôler comme son maître le lui conseillait. Elle se retourna brièvement et balaya le cimetière du regard. Aucune force matérielle.

Qu'est-ce qui essayait de l'abattre de l'intérieur ?
**Ce serait plutôt cela la malédiction...?**
N'importe qui serait devenu fou. Yoru s'était protégée d'un danger mortel pour son esprit. Les zombies n'étaient qu'une diversion. Quelque chose d'autre hantait cet endroit...

Spouitch. Fluitch. La chair émettait un bruit de succion à chaque pas des créatures. Ils se rapprochaient de lui, comme l'autre l'avait fait auparavant. Mais cette fois, ils étaient beaucoup plus nombreux. Combien de ces monstres ses bras pourraient découper avant de ne plus pouvoir tenir son arme ? Et le véritable problème restait ceux qu'il taillait. Un combat à deux contre un groupe. Il devait se souvenir de ces règles particulières. Fermant les yeux, il profita de ses dernières secondes pour se souvenir de ses précédents entraînement.
Chez lui, chaque enfant recevait la formation de tous les membres du village. Chacun lui apportait sa touche de connaissances et lui apprenait à aimer son métier. C'était un village paisible. Mais puisque ceux qui veulent la paix commence par se préparer à la guerre et que seul les forts peuvent prendre en main leur destin, ils avaient tous appris à se battre. L'épée étant l'arme de base, tous savaient s'en servir. Mais rare étaient ceux qui en avaient fait leur spécialisation.

- J'espère que tu es dans ta grande bonté, parce que je ne t'en laisserais que le quart !^^

Elio leva son arme, la passant de plus en plus rapidement entre sa main droite et sa main gauche. Lorsqu'elle atteignit une certaine vitesse, le vent qui s'engouffrait dans la garde se mit à émettre un bruit semblable au hurlement d'un loup. L'étui pendait à son côté droit, immobile et aussi silencieux que cette nuit macabre. Aussi nombreux qu'ils étaient, ses ennemis restaient faibles. Ils ne pouvaient pas l'attaquer à plus de quatre à la fois. Trois si Yoru restait dans son dos. Mais comme il préférait ne pas compter qu'avec la chance - surtout vu celle qu'il semblait avoir ce soir là... - autant accorder un minimum d'attention à sa "partenaire" à laquelle il ne parvenait pas à accorder sa confiance, sans doute à cause de l'étrange impression qu'il avait eu au premier coup d'œil.
Trois adversaires désarmés et largement dix fois plus faibles que lui. Aucune raison de perdre un combat aussi stupide.

Le plus rapide arriva par sa gauche. La lame argentée exécuta un cercle autour du poignet du même côté, brisant les os et taillant la chaire de l'entrejambe jusqu'au crâne. Déséquilibrées, chacune des moities tenta de lui agripper le bras dans sa chute. La rotation de l'arme n'ayant pas ralenti, leurs membres supérieurs furent littéralement hachés. Il passa l'épée dans son autre main, "plantant" la pointe dans une pierre tombale. Profitant de l'élan que ce mouvement venait de lui donner, il s'appuya sur l'objet métallique pour se projeter dans les airs, envoyant valdinguer les deux autres zombies par deux coups de pied successif. Sauf que c'est ce moment que choisit la mousse qui recouvrait la roche pour faire glisser le bout de son appui. Chutant vers le sol, il se stoppa à l'aide de sa main libre, à deux centimètres du rebord anguleux de la tombe.
Sans avoir le temps de se poser plus de question, il lâcha son arme et poussa de nouveau sur ses pied pour se remettre debout, mais la tête en bas. D'autres créatures étaient déjà sur lui. Il repéra l'endroit où son arme gisait d'un bref coup d'œil et abattit son talon sur une main qui tenait à lui attraper le mollet. Un craquement de bois mort lui indiqua qu'il avait réalisé son objectif, alors qu'il plaçait son pied dans le crâne d'un autre monstre. Et comme un œuf qui éclate, le crâne se brisa en éparpillant son contenu aux alentours, envoyant la chose en arrière sous le choc. Lui même en train de chuter suite à son coup, il accentua le mouvement pour se retrouver accroupi mais sur ses pieds. Il saisit la première jambe et la leva. Son propriétaire bascula en arrière alors qu'Elio se retrouvait enfin dans une position normale. D'un coup de coude, il envoya valdinguer un adversaire qui tentait de le surprendre par derrière malgré les bruits horribles qu'il émettait à chaque fois qu'il bougeait. Puis il souleva son joujou préféré d'un coup de pied, le rattrapant de la main gauche avant de tailler tout ce qui passait à sa portée.
Une douleur fusa dans sa cuisse droite. Le zombie qui le mordait avait déjà perdu la majeur partie de son corps, si bien qu'il en avait été réduit à ramper sur le sol. Il eu droit à environ trois dixième de seconde avant de perdre sa tête.
Le jeune elfe releva la tête, juste à temps pour voir un objet long et tranchant frôler le bout de son nez. Sa propre lame trancha le bras et le coup du propriétaire d'un seul mouvement.

Dans son nuage de fureur, il commençait vraiment à douter de ses chances. Si maintenant leurs adversaires avaient des armes, il suffisait d'une seconde d'inattention pour perdre la vie. Ceci dit, bien que le danger était croissant vu les morceaux mouvant qui jonchaient le sol de plus en plus, les créatures debout se faisaient rares. Si le restant levait maladroitement des haches ou des épées, ils étaient suffisamment peu nombreux pour lui laisser un espoir de finir à peu près en un seul morceau. Et puis la fillette semblait se débrouiller plutôt bien. Il n'aurait su dire qui avait découper qui mais les points lui semblaient équitablement répartis. Par contre, il fut surpris de voir qu'il ne s'en était guère éloigné malgré toutes ses cabrioles.
Il ramassa une lame rouillée d'un coup de pied et se relança dans la bataille en redoublant de fureur. Décidé à ne plus se laisser surprendre par un charogne rampante, il s'arrangeait pour se positionner le plus possible sur les quelques zones dégagées restantes, qui ne le restèrent pas longtemps. Le premier symptôme fut le tournis. Prolonger un combat sur 360° avait ce désavantage qu'il lui fallait tourner sans cesse. Son équilibre devint rapidement précaire. Et ses mouvements étaient plus fait pour le garder que pour blesser ses adversaires. S'ensuivit donc inévitablement une fatigue qui s'intensifia beaucoup plus rapidement que prévu. Sa respiration devint haletante.

*C'est fini*

Il sursauta quand cette voix résonna dans sa tête. Sa lame fit une embardée, s'écartant trop du chemin d'une hache rouillée qui s'abattit sur son épaule. L'arme, trop émoussée par le temps ne trancha pas. Mais le choc lui arracha un cri bref alors que ses jambes fléchirent. Tombant sur les genoux après avoir, sous le coup, lâchée son épée d'argent et son arme rouillée et raccourcie deux fois depuis le début de son utilisation. Désespéré, il plongea sa main dans la marée gluante et visqueuse, attrapa le premier objet dur qu'il sentit et le lança sur le crâne du monstre qui levait son arme pour l'achever. Il partit en arrière, laissant sa hache retomber sur sa jambe droite. Ses deux bras partir avec le manche et l'arme se perdit avec les ossements.

Il tâta encore un peu à la recherche de son épée et tomba sur une mâchoire qui se brisa en essayant de lui broyer la main. Il pouvait déjà entendre le spouich caractéristique des pas d'un de ces monstres dans son dos. Cherchant comme si il était sur le point d'être damné - et c'était plus ou moins le cas - il tomba enfin sur les trous caractéristiques du manche. Il pivota en se redressant, envoyant un nouveau squelette au tapis.
La zone de combat s'était presque vidée. Il restait encore quelques squelettes debout. Rien de menaçant. Pourtant, il préféra trouver refuge en se perchant sur une croix en pierre qui surmontait une tombe, histoire de ne pas avoir une nouvelle bestiole qui lui dévorerait les pieds dans cette boue verdâtre. Sa respiration commença à ralentir. Mais pas son cœur. Il était sûr qu'il y avait eu plus de zombies. Pourtant, ils en avaient terminé en un rien de temps. Et cette marre... Ces créatures rongées par le temps ne pouvaient avoir autant de... choses dans leurs intestins. Et enfin, cette voix qui avait faillit provoquer sa mort quelques instant plus tôt... Il devait vraiment quitter cette endroit.
Deux des derniers arrivèrent à son niveau. Il sauta en tournoyant pour atterrir au milieu. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, les différents morceaux des membres des deux créatures s'écrasèrent à côté. Il remonta sur son perchoir et sonda la nuit, à la recherche de l'origine de la voix. Il vit vaguement quelques autres survivant qui semblait assez motiver pour essayer de zigouiller l'autre humaine. Dans son envie de détendre l'atmosphère, il lança :

- Fais attention ! Y en a deux qui courent vers toi !

Puis il retourna à son observation, prêt à s'arracher les cheveux. IL Y AVAIT QUELQUE CHOSE !!! Comment pouvait-il ne sentir ABSOLUMENT RIEN ? Ni ses oreilles, ni ses yeux, ni son nez - si ce n'est cette puanteur - ne lui donnait une quelconque indication ! C'est comme si ils n'étaient plus que deux. Et pourtant...

* Un ptit elfe vert-euh qui courrait dans l'herbeuh, je l'attrappeuh par les cheveux, je le montre à ces messieurs ♪
Ces messieurs me disent : tremper le dans la bile, tremper le dans l'eau ♪
Ca vous fera un petit zombie tout chaud ♪ <3 *

C'était effectivement de l'humour. Assez macabre, certes. Mais de l'humour quand même. Pourtant, il ne parvenait pas à se réjouir du fait qu'une chose invisible, inconnue, et qui tenait vraisemblablement à les étriper ait de l'humour. Il avait plutôt tendance à en avoir la chaire de poule. Étrange ? Ou pas. Il n'était plus sûr que de trois choses. Premièrement, il n'avait absolument plus faim. Deuxièmement, sa cuisse le lançait. Troisièmement, si ils ne voulaient pas avoir un air hagard et un corps en décomposition dans les moments à venir, ils avaient vraiment intérêt à décamper.

- Gamine, on ferait vraiment mieux de se casser sinon, j'envisage déjà notre avenir comme étant très court et relativement violent sur la fin.

*Mais non, mais non ! Les morts-vivants tiennent très longtemps, vous verrez ! Bon, puisque vous êtes foutument tenace, si vous alliez jouer avec Rex ? J'viens enfin de réussir à le réveiller... On dirait qu'il n'aime pas ça d'ailleurs. *

Il regarda la fille aux cheveux blancs. Est-ce qu'elle l'entendait aussi ? Pas dit, mais c'était plus que possible. Il commençait à se demander qui pouvait bien être la chose mentionnée quand le sol commença à trembler. Il n'y avait plus qu'à prier pour que Rex soit encore patraque et assez lent pour qu'ils puissent se faire la malle en courant.

- Fais attention ! Y en a deux qui courent vers toi !

Dès que les paroles du garçon atteignirent la jeune fille, celle qui voulait s'insinuer dans sa tête se dissipa. Elle se débarrassa des gêneurs en les réduisant en miettes les plus petites possible pour ne pas avoir affaire à des bras ou des jambes s'amusant à l'attraper ou à la faire tomber.
Sa tête se remit en "mode hibernation" pour empêcher une nouvelle intrusion. Elle fit un énorme effort de volonté pour parvenir à revenir à la réalité afin de rester concentrée sur ce qui allait suivre. D'ailleurs elle fut de nouveau interpelée :

- Gamine, on ferait vraiment mieux de se casser sinon, j'envisage déjà notre avenir comme étant très court et relativement violent sur la fin.

Bien sûr, il avait raison, il ne fallait pas s'éterniser ici. Elle n'eut pas le temps de se protéger cette fois. Elle entendit clairement une voix dans sa tête, sournoise et mystérieuse.

*Mais non, mais non ! Les morts-vivants tiennent très longtemps, vous verrez ! Bon, puisque vous êtes foutument tenace, si vous alliez jouer avec Rex ? J'viens enfin de réussir à le réveiller... On dirait qu'il n'aime pas ça d'ailleurs. *

**Rex ? c'est une blague..?**

Effectivement, dans les minutes qui suivirent, la terre trembla. L'endroit était à lui seul lugubre si en plus il ne venait pas d'apparaitre devant les deux jeunes gens un carnivore décharné plus que furieux d'être réveillé en pleine sieste. Yoru resta un moment figée de stupeur. Elle n'avait jamais vu un tel animal. Encore un zombie ? Oui, mais celui là faisait bien huit mètres de haut et paraissait autrement plus solide et dangereux que ceux qu'ils avaient démembré jusqu'à maintenant. Et cette voix...D'où venait-elle ?

- Les pires ennemis sont ceux que tu ne voies pas agir. Tu ne sais pas ce qu'ils complotent, ni ce qu'ils veulent faire, ou même où ils sont. Alors, dans ce cas là, où peux-tu frapper ?
- Et si je décide de ne pas frapper ?
- Hmm...Essaie alors de ne pas frapper trop tard ou n'importe comment.
- Et si je décide de ne pas frapper ?
- Tu es vraiment une gamine bizarre...Je n'ai jamais eu affaire à un élève comme toi...

Elle reprit vite ses esprits pour rejoindre le garçon, à quelques pas d'elle. Il serait préférable d'analyser la situation, mais celle-ci échappait totalement à la jeune fille.

-Imaginons que tu doives frapper...Eh! Où vas-tu ?
- Je pars pour voir où vous allez frapper.
- Que...?
- Si on ne voit pas un ennemi, il est possible qu'il n'existe pas non ?

Depuis, Yoru connaissait la solution. Mais cette bestiole ne leur laisserait pas plus de répit. Elle tourna un regard bleu nuit vers le garçon, demandant s'il avait un plan. La collaboration devait être le meilleur moyen de vaincre un monstre immense. La jeune tueuse sourit presque malgré elle. Frapper était prendre un risque. Voilà la solution.

[ désolée, je suis en manque d'inspiration là^^']

Elio fixa la chose avec un mélange de surprise, d'émerveillement et de terreur absolue. Il leva la tête comme si son esprit cherchait un enchaînement logique aux évènements qui n'induise pas qu'un monstre de six... sept... huit mètres vienne de débarquer. C'était quoi exactement cette chose ? Il n'avait jamais rien vu qui y ressemble, de près ou de loin. Horrible. Une sorte de chien. Mais recouverte d'acier. Et à moitié bouffée par les vers. Bon sang, même est-ce que cette chose était aussi à moitié morte ? Est-ce qu'il fallait aussi la réduire en poussière pour être sûr qu'elle ne ferait aucun dommage ?

* Et oui ! T'es doué gamin ! Tu percutes vite ! Mais vous avez de la chance, elle n'a que quelques siècles... Elle devrait tenir plus longtemps...*

- Justement, si on en a tellement, j'irais bien à la taverne la plus proche pour me faire un peu d'argent...

L'autre drôle éclata de rire. Ca lui allait bien, lui qui ne risquait rien. C'est pas lui qui allait devoir "jouer avec Rex". C'était quoi le principe ? Lui envoyer le nonos et attendre qu'il nous le ramène ?
La chose "rugit" - un hurlement rauque accompagné de gargouillis peu ragoûtant. Puis elle commença à s'approcher. Elio regarda à nouveau sa partenaire. Elle le fixait aussi. D'accord, génial. Elle avait l'esprit vide. C'était à lui de les sortir de ce merdier. Dit comme ça, cela avait de quoi aviver sa fierté. Mais un peu moins quand lui même aurait apprécié qu'on l'aide un peu. Mais bon sang ? Comment vaincre un truc aussi gigantissime ? Il détourna le regard de la jeune fille. En attendant, on lui faisait confiance. Il leur restait deux solutions. Soit éclater cette chose énorme, soit courir jusqu'à quitter le cimetière sans se faire happer par la bête. Aucune ne semblait réalisable. La poisse. Il lança un nouveau coup d'œil à la forêt non loin. Aucun doute sur le fait que le cimetière continuait un moment à l'intérieur. Ceci dit...
Et là, ce fut l'illumination. Affronter une chose énorme en terrain découvert, c'était du suicide. Si on voulait disposer des moyens de la vaincre, il fallait soit piéger la zone avant, soit l'affronter à couvert. Mais alors pourquoi est-ce qu'ils restaient en plein milieu de la plaine comme deux abrutis ? Il avait confiance en sa vitesse de course mais même lui doutait d'atteindre l'orée avant le carnivore. Non. Il était sûr de ne pas y parvenir. Mais cette chose avait beau être puissante et "récente", ses mouvements étaient plus lents. Son plan continuait sa route à l'intérieur de son crâne et les souvenirs de longues parties de chasse lui revinrent en mémoire. C'était possible. Penser de cette manière, c'était faire le premier pas vers le futur que l'on désirait. Son plan était en deux parties. Il n'avait toujours pas totalement confiance en la jeune femme, même si ce lien se construisait doucement. Pourtant, si elle voulait survivre, elle n'avait d'autre choix que de l'aider à faire de même. Seul contre cette chose, on ne pouvait même pas espérer survivre bien longtemps.

- Cours et rejoins les arbres. Elle est plus solide et supporteras sans doute le tranchant de nos armes. Prépare le terrain, je te rejoins. Un tronc qui s'écroule est bien plus violent qu'un coup d'épée. J'arriverai dès que tu seras à couvert.

Il ne regardait même plus si elle l'avait écouté. Le zombie était presque sur eux. Si il parvenait à le retenir cinq minutes, elle aurait assez d'avance pour s'abriter et avoir une chance de survivre. Il y n'y avait plus d'autre mort vivant qui se relevait, sans doute parce que l'autre hurluberlu avait peur d'abîmer ses créations.
Il leva son épée, grimaçant en prenant appuie sur sa jambe gauche blessée. Si il finissait par attraper ce cinglé, il allait lui faire passer un sale quart d'heure.

* Ça tombe bien, tu m'auras paaaaaaaaaaaaaaas. Fait attention ! A gauche ! Non, à droite. SI ! A GAUCHE ! LAAAAAaaaaaaaaaaa*

Le coup vint de la droite, évidemment. Elio poussa sur ses jambes pour faire un saut afin de passer sous le ventre du monstre qui se cabra. Il finit en roulade et se releva dans le dos de la bête en frappant de toutes ses forces sur le creux du genoux de la patte arrière droite. Médor... euh... Rex ne sembla pas très heureux de cette pichenette et se retourna aussi bien que ses muscles raidis le lui permirent. Le coup de patte lui passa juste à côté de la tête, mais il pu constater que cette dernière se serait décrocher aussi bien qu'une fleur de pissenlit quand on donne un coup de pied dans sa tige. Autant dire : très facilement. Il serra les dents et continua à harceler le monstre de sous son ventre, profitant de sa condition.

* Et si tu restais tranquillement allongé sur le sol ? Rexynounet n'aurait pas à t'abîmer !*
* Crève...*
* Déjà fait...*

Elio déglutit mais ne cessa pas de se "battre", pour autant que l'on puisse appeler ses moulinets et roulades incessantes une bataille. Au premier loupé, il était mort. Et il le savait.

Le monstre s'approchait lentement. La jeune secoua la tête et essaya de réfléchir, mais elle était trop stupéfaite pour penser à quoi que ce soit. Et dans une situation où elle perdait son sang froid, il était vain, inutile d'user des méninges, qui avaient d'ailleurs été éprouvées par les nombreuses intrusions de la voix sarcastique. Heureusement, le garçon, percevant sans doute mieux les paroles de l'intrus, avait conservé son calme et venait de trouver une solution.

- Cours et rejoins les arbres. Elle est plus solide et supporteras sans doute le tranchant de nos armes. Prépare le terrain, je te rejoins. Un tronc qui s'écroule est bien plus violent qu'un coup d'épée. J'arriverai dès que tu seras à couvert.

Évidemment, c'était la meilleure façon de venir à bout d'une telle chose. Seulement, il voulait occuper la bestiole en attendant qu'elle rejoigne le sous bois, se mettant ainsi dans une position dangereuse. Mais si elle mettait trop longtemps à hésiter, ils seraient tous les deux dans l'incapacité de faire quoi que ce soit, y compris de ce sauver mutuellement. Elle accepta la proposition d'un hochement de tête et, en se lançant d'une pierre tombale, prit un élan inimaginable décuplé par l'instinct de survie. Elle courut le plus vite possible. D'ordinaire, sa vitesse était énorme. A cet instant, fatiguée par le précédent affrontement, elle allait deux fois plus vite. Arriver sous le couvert des arbres était primordial si elle voulait que l'autre garçon ait une chance de s'en tirer.

*Où cours-tu comme ça ? OOOoooh...Je vois, d'accord...Tu veux pas jouer avec Rexy ? Mais pourtant, il est pas bien méchant ! Tout ce qu'il sait faire, c'est broyer les cervelles...Reviens !*

Yoru atteignit les premiers arbres alors que la situation devenait critique pour le jeune homme. Elle grimpa avec agilité et fluidité un feuillus sans feuilles. De là, elle analysa vite fait ce nouveau terrain. L'avantage ne serait pas à la grosse bêbête, qui aurait du mal à se mouvoir dans un espace si restreint. Maintenant, elle devait forcer Rex à venir par ici.
Solution rapide, même si elle hésitait à utiliser ses armes.

Le jeune garçon commençait à fatiguer lui aussi, il ne tiendrait pas la cadence longtemps. Et Yoru n'avait aucune raison de le laisser mourir. Tueuse mais pas n'importe comment, n'importe quand. Elle soupira et, d'un geste, dégaina Kaze et Kage en tranchant les arbres devant elle.
Leur fracas lorsqu'ils s'écrasèrent au sol attirèrent l'attention du monstre, comme elle l'avait espéré, bien qu'elle ne voulait pas détruire la forêt. Elle sauta à terre quand elle fut sûre que l'autre adolescent avait bien saisi le message. Il avait environ cinq minutes de répit avant la prochaine attaque, le temps que Rex se dirige vers la forêt, à pas lourds et précipités.

Restait cette voix. Avant que l'assaut n'arrive, elle réfléchit intérieurement avec beaucoup de concentration. Ce n'était pas un homme. Ici, elle était dans un cimetière. Alors, peut-être était-ce bel et bien un esprit qui s'amusait à leur jouer ce tour.

- Et que comptes-tu faire ?
- Je pars le tuer.
- Ne prend pas trop de bagages, Yoru, tu n'auras besoin que de toi même pour tuer.
- Je ne prend rien, je serais de retour dans quelques heures.
- Voyez-vous ça...Et, pourquoi tant de haine, ma jeune élève ?
- Ce n'est pas de la haine, je ne marche pas dans la vengeance.
- Alors pourquoi vouloir le tuer à ce point ?
- Je sais ce qu'est la haine. J'ai mes raisons pour vouloir tuer ce gars.
- Sois prudente...!
La gamine souleva un sourcil.
- Bien sûr !

Yoru connaissait la haine. Elle en avait été l'objet toute son enfance. Et cette voix en était pleine. Elle en contenait tant que c'était palpable, sous son humour de mauvais goût.

La jeune fille n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps. Rex, pas content d'avoir dût laisser son joujou, venait d'écraser tous les petits arbres et buissons de la lisière. Yoru, perdue dans ses pensées, n'eut que le temps de se mettre en garde avant le choc. L'être immense et monstrueux venait de la percuter de plein fouet dans son élan.
La jeune fille encaissa difficilement tout ce poids qui l'avait envoyée valser dix mètres plus loin. Le souffle coupé, elle dût vite se mettre à l'abri d'une branche le temps de récupérer.

Après quelques exercices de respiration, elle se remit en garde, sabres en main, l'estomac encore douloureux. Cette chose était tellement énorme que Yoru, de là où elle était, voyait tout juste sa tête, abomination de la nature.
Attendant l'assaut suivant, qui se solderait sûrement encore par un choc, elle espérait vraiment que l'autre n'était pas trop mal en point. Parce qu'il serait dur de venir à bout de cette bestiole. D'autant plus dur qu'il fallait se débarrasser de la voix sinueuse. En fait, Yoru n'avait plus le temps de douter de son allié. Il fallait en finir. Mais ce serait sans doute beaucoup plus dur que ce qu'elle pensait...

Un coup de pattes plus rapide que les autres l'atteignit à la poitrine. Le premier sentiment qu'il eu fut la surprise. Puis vint un mélange d'horreur et de satisfaction. Il partit en vol plané sur cinq mètre et réussit maladroitement à se remettre sur ses quatre membres. C'est seulement là qu'il sentit qu'il avait mal. Il bénit son étoile pour n'avoir rien de cassé. Mais il n'en avait pas moins le souffle coupé et tentait maladroitement de le reprendre. Il leva les yeux vers le monstre qui l'avait rejoint. La chose "sourit", envoyant un aboiement qui vous donnait plus envie de vomir que de vous réjouir, puis se prépara à tendre son cou de charogne vers le jeune elfe. Et puis...

Elio écarquilla les yeux. La chose, elle, sursauta, exécutant un bon impressionnant dans les airs. Puis elle fonça vers les arbres, oubliant son ancien déjeuner. L'elfe ouvrit la bouche, trop surpris pour ajouter quoi que ce soit. Son sa respiration commençait à revenir à la normal mais ses muscles abdominaux restaient douloureux. Il se redressa, observant la course folle de la bête. Soit il était très très idiot, soit il avait pensé qu'il devait y avoir un animal énorme là-bas, à cause du raffus. Non, en faite... cela revenait au même.

* J'trouve aussi. M'enfin, si elle tient à crever avant toi, libre à elle. J'vous aime bien. Vous êtez plutôt... divertissant.*

Flûte. Il l'avait oublié. Il commença à "courir" aussitôt, ramassant son épée - tombée lors du coup ? - au passage et tentant de rattraper le retard qu'il avait accumulé en observant stupidement sa dernière heure reculer. Sa cuisse le lançait et il avait une légère tendance à boiter. Chaque inspiration lui brûlait les côtes. Mais il n'avait pas vraiment le temps de s'en soucier. Tant qu'il souffrirait, il saurait qu'il était encore en vie. C'était positif. C'était positif. C'était... MAIS ÇA FAIT MAAAAAAL !
Il eu droit à deux secondes pour dévier sa course et éviter l'arbre qui se dressait devant lui. Il réussit. Mais une racine se mit en travers de son chemin (comme les arbres au milieu de la route des hommes ivres) et il dut encore faire une roulade pour s'en tirer à bon compte. Rex avait défoncé une partie du bois quelques instant plus tôt. Un chien-chien de cette taille, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus dur à trouver. Il courut dans la direction du raffut. Il ne mit pas longtemps à voir toutou qui regardait plus loin... la jeune fille ? Il ne la distinguait pas. Mais vu la tête de bêbête, il n'avait pas tout à fait le temps d'hésiter. Il tourna la tête vers le plus gros et le plus proche des arbres. Sortant son arme, il donna le coup le plus violent possible dans le tronc. La lame s'enfonça jusqu'à la moitié. Suffisant ? Il verrait bien. Mais il bénit le fait que le bois soit pourri, même si l'effet final en serait amoindri. Il dégagea sa hache de fortune en s'aidant du pied et donna un deuxième coup, en biais. Pas assez fort cette fois. Il serra les dents et recommença. Le bout de bois découpé tomba à terre, laissant un creux dans le tronc. Mais l'arbre ne bougea pas.

* LA POISSE !!!*

Et il frappa horizontalement, en y mettant toute sa hargne. Ce fut comme si il n'y avait eu aucun obstacle. Son arme traversa les dernier centimètres comme un couteau s'enfonce dans du beurre tiède. Le tronc commença à basculer.

* Rassure moi, tu as bien remarqué que t'es juste en dessous ?*
* ET M...*

Il sauta sur le côté et observa la chute de son tronc... qui en brisa un second, puis un troisième. Rex se retourna... Pourquoi les être vivants regardent-ils tous un truc qui leur tombe dessus avec stupéfaction plutôt que de chercher à s'enfuir ? Il pria pour que la jambe qu'il avait frappé depuis le début cède enfin. Mais rien n'était moins sûr.

* Et tu fais ça comme ça, sans avoir peur de blesser tes amis toi ? T'es sûr que tu es contre moi ? *

Elio déglutit, priant pour ne pas avoir fait quelque chose d'un peu stupide. Mais le combat tournait en leur faveur. La bête avait beau sembler traverser la forêt, ses os ne tiendraient pas longtemps. Quoi qu'il advienne, c'était devenu un combat d'endurance. Si ce n'était le combat précédent, il aurait été sûr de gagner.
Il observait la fumée produite par la chute des arbres. Avec le bruit, il n'était même pas parvenu à entendre si il avait atteint son objectif. Le vent semblait la repousser si lentement...

- TU VAS BIEN ?

C'était con. La bête rugit. Très, très, très con.

* Je dirais même plus d'une stupidité à toute épreuve. Dépêchez vous qu'on puisse passer à la suite !*

A parce qu'en plus, il y avait une suite ? D'ailleurs l'autre idiot commençait vraiment à le gonfler avec ses commentaires stupides. Il allait vraiment finir par perdre son sang froid et lui hurler après. Mais il avait encore un problème plus urgent... Il pria pour avoir au moins ralenti la chose. En lui brisant une patte. Sinon, il était très dans une mauvaise posture. Surtout si il avait blessé son amie. Enfin, alliée...

La bestiole s'écarta, attirée par un autre arbre qui tomba non loin de l'endroit où elle se trouvait.
**Ce genre de truc c'est vraiment trop con...**

Le jeune homme devait les avoir rejoint et lui permettait de recouvrer tout à fait ce qu'il lui manquait d'air. Elle allait pouvoir analyser la scène avec plus de précision et de sang-froid.
La bête émit plusieurs hurlements. En priant pour qu'il s'agisse de gémissements de douleur, Yoru s'élança dans la forêt afin de se rapprocher du combat que menait Rex VS l'inconnu.

La jeune fille, toute à son analyse du terrain, eut tout juste le temps d'éviter la chute d'un autre conifère. Qui a parlé de déforestation ?
Le monstre semblait boiter. Le garçon avait sans doute réussi à l'atteindre. Devenir le mouvement mortel face à un mouvement mortel était la spécialité de Yoru, surtout lorsque Kaze lui donnait de la vitesse et Kage l'invisibilité. (explications ^^)

Le sabre du vent effrita le sol, offrant un élan non négligeable, celui de l'ombre chuinta silencieusement dans son fourreau, attendant la technique. Au plus près des mouvements saccadés du carnivore décharné, elle serait à l'abri, au plus près d'un danger mortel, elle serait un danger mortel. Enfin, face à un monstre de cette taille, elle avait une chance de le blesser. Silencieuse et agile, elle glissa le long d'une des pattes et dégaina la deuxième lame, sinueuse comme un serpent, traçant une ligne sanglante dans le mollet de l'horrible bestiole.
**Tiens ? Ça a encore du sang quand c'est mort ?**
Bien sûr, si cette chose ne sentait pas la douleur, il serait difficile d'en venir à bout. Malgré tout, Yoru pensa qu'une fois que le carnivore zombie serait vraiment blessé, il suffirait de tenir. L'endurance était sûrement la clé du combat.
Sous son corps, il n'y avait pas de bout de ferraille pour faire office d'armure. C'était là qu'elle allait frapper.

Calquant tout son être sur celui du monstre, la jeune fille se hissa lentement jusqu'au ventre de la bête, pendant que le garçon devait lui tenir tête.
Elle savait que si elle atteignait une partie de l'abdomen découverte, elle pourrait, en la touchant, priver la bestiole de ses forces.
* Non ! Mon tit protégé ! Tu peux pas lui faire ça ! Il est si mignon...*
**Ouais, bah il est tellement mignon qu'il va nous tuer...**

Elle parvint jusqu'à une sorte de...trou visqueux dans les chairs laissant entrevoir des os et l'intérieur du ventre. Même si c'était un peu dégoutant, elle enfourna ses deux mains -les sabres avaient été bien rangés pour faciliter l'escalade- dans la faille béante et suintante d'une substance qu'elle préférait ne pas identifier. En ce concentrant bien, elle pourrait affaiblir la bête. Elle fit un effort pour maintenir ses mains à l'intérieur de l'abdomen, mais tenir là s'avéra plus difficile qu'elle ne le pensait. D'abord, parce que Rex bougeait dans tous les sens, puis, parce que sous un ventre, il n'y a pas beaucoup de prises pour s'accrocher, et pour finir, du sang coagulé commençait à lui collé les mains, ce qui devenait de plus en plus insupportable. Du sang, elle en avait déjà touché, trempé et même goûté, mais celui là était étrange et semblait vouloir l'empêcher d'utiliser sa capacité d'Umbra. Elle dût plonger les bras jusqu'à l'intérieur du monstre pour affaiblir le monstre. Elle ne ressentit plus de fatigue, tandis que Rex haletait.
Elle avait les bras couverts d'un sang gluant qui n'avait rien d'humanoïde. Elle les extirpa vivement de là avec dégoût pour saisir une prise plus fiable qu'un trou, vu que l'animal zombie commençait à s'agiter sérieusement.

Mais de l'énergie en moins, il devait être plus dur pour lui de bouger sans se fatiguer plus vite. Ils regagnaient leur avantage de l'endurance, même si le combat précédent avait été en leur défaveur.
Yoru fut éjectée de là quand Toutou s'exposa à un tronc qui leur tomba dessus. Elle en profita bien sûr pour s'y agripper, le temps de la chute. Arrivée à terre, elle retrouva ses appuis, se remit en garde , se demandant ce que son "collègue" de combat comptait faire maintenant.
D'ailleurs, elle ne le voyait nul part. Peut-être au devant du monstre.

Elle reprit de l'altitude dans les branches pour voir ce qui allait se dérouler en récupérant un peu de cette nouvelle chute.
Elle comptait bien évidemment sur son endurance, ainsi que sur celle du garçon, car une fois pour toute, elle décida qu'il ne s'agissait pas d'un ennemi. Elle resterait prudente, mais elle savait qu'un réel ennemi se serait enfui, ou aurait profiter de la situation pour parvenir à ses fins, quels que soient ses projets. Lui était resté. En fait, il n'avait sûrement pas eu l'occasion de se sortir de là, tout comme elle, et ils devaient faire front commun.
En bref, sa confiance se limitait au combat, puisqu'il paraissait être entrainé.

Peut-être pourrait-il achever le monstre à présent qu'elle l'avait affaiblit. La jeune fille ne resta pas là, immobile. Elle reprit contact avec le sol et s'élança pour un nouvel assaut, qu'elle espérait aussi performant que le précédent. Il n'y avait rien à tirer du "haut de la carcasse", c'est pourquoi elle voulut renouveler une attaque des membres. Mais la tueuse qu'elle était changea vite d'avis.
**Vive l'improvisation !**

Il est quasi impossible de deviner ce qu'elle allait faire, ou ce qu'elle pouvait faire, dans la mesure ou chaque combat la faisait progresser et inventer de nouveaux trucs. C'est vers la tête qu'elle se dirigea...

La chose fut sur lui assez rapidement. Pourtant, son premier coup d'œil le rassura. La chose boitait. Si sa patte tenait encore, ce n'était vraiment plus qu'une question de temps. Quand à la jeune fille, elle était toujours portée disparue. Il se mordit la lèvre en se faisant la remarque mais il n'eut pas le temps de développer d'avantage. Il courut à nouveau entre les pattes du monstre qui se cabra, comme à chaque fois. C'était une question de vitesse. Le plus rapide aurait le droit à son essai. Si il loupait, c'était à l'autre. Et un seul coup pouvait mener à la victoire.
Les griffes arrivèrent en premier. Attaque aveugle, il n'eut même pas à l'esquiver. Il finit sa course juste après le fessier du carnassier et usa toutes les réserves disponibles pour lui donner le coup le plus violent possible. Il y eut un craquement, presque totalement couvert par un hurlement de rage. Rex n'était pas content. Ceci dit, il restait encore debout. Si l'os était sur le point de céder, il manquait toujours la goutte d'eau pour faire déborder le vase.
Nouvelle ruade. Cette fois, il eut le temps de mettre ses bras devant lui pour se protéger. Il fit un nouveau vol plané mais se repris un peu moins misérablement que la fois précédente. Une plaie large comme son pousse lui traversait le bras gauche. C'était mal partie pour lui. Mais il n'avait pas encore finit. Si cette chose était vraiment un zombie, il ne pourrait en finir que le réduisant en miette. Séparer les membres étaient la première étape. Et la plus difficile. Il devait trouver un moyen de frapper violemment. Pire qu'un tronc d'arbre. Mais qu'y avait-il de plus lourd dans les environs ? Pas grand chose. Sauf si...

Il eut un sourire idiot. D'autant plus que c'est seulement à cet instant qu'il remarqua que Rex levait une nouvelle papatte griffue au dessus de sa tête. Il allait vraiment finir par passer pour un boulet. Il sauta entre les pattes de la bébête qui pulvérisa le tronc d'un coup de patte.

* Tu as vraiment des idées stupides tu sais ? Maintenant explique moi comment tu comptes te démerder ? J'aimerai VRAIMENT voir ça ! *

Elio éclata de rire. Effectivement. C'était idiot. Mais ce n'était pas comme si il avait le choix. Cependant, il se demanda si la chose n'avait pas ralenti la cadence. Ce coup de patte aurait dû être donné bien avant qu'il n'ait le temps de réagir. Un zombie pouvait fatiguer ? Peut-être.
Il regarda autour de lui. Escalader les arbres à la verticale, ça semblait sympa, mais c'était loin d'être réalisable, même pour un elfe. Les branches étaient très rarement en dessous de trois mètres. Alors comment mettre son nouveau plan à exécution ? Il sonda les troncs abattus un à un, traçant à l'avance son chemin. Puis il s'élança. Le premier arbre tombé fut facile à escalader. Il suffisait de sauter assez haut et d'agripper l'écorce qui offrait de nombreuses prises. Il se hâta de finir, craignant à chaque seconde que le zombie ne lui arrache l'arrière train. Mais non, il eut le temps de se remettre debout avant l'attaque suivante. Il se décala, laissant le chien géant mordre à pleines dents dans l'écorce. Nouvelle course et il atteignit l'arbre suivant, tombé sur le premier.

* En faite, c'est presque une idée intelligente pour quelqu'un d'un peu plus doué que toi. Plutôt que de rester sur le même arbre et risquer que mon toutou ne casse tout, tu préfère toujours rester en mouvement. Et à partir de maintenant, tu fais quoi ? Tu pries ? *

En gros, c'était ça. Un arbre que le molosse avait entraîné se cogna contre un autre. Elio sauta sur ce dernier, en profitant pour se rapprocher d'un arbre qui tenait encore debout. Nouveau saut. Il tendit les mains en suppliant sa chance de ne pas l'abandonner maintenant et agrippa une branche qui... ne céda pas ! Il se hâta de grimper dessus et attrapa la suivante, commençant à les escalader. Surtout, ne pas regarder en bas.

* Tu vas finir par te casser, ce serait chiant... J'vais faire quoi moi après avec ta carcasse ?*

Un choc ébranla l'arbre. Le monstre devait le suivre du regard. Il porta le sien en bas. C'était haut... Tient, ça se rapproche...
[tilt] => l'arbre s'écroule !
Bon, ce n'est plus comme si il avait le choix. Sa chance semblait revenue. Alors il pouvait bien tenter le diable. Aide toi et le ciel t'aideras ! La chance sourit aux audacieux ! L'...

* Bon tu sautes ou t'attends de t'écraser misérablement sur le sol ?

Pour un fois que cet esprit était de bon conseil. Il poussa sur ses jambes. Viser à cette hauteur n'était pas très simple. Mais l'animal n'était pas non plus minuscule. Si il se fixait pour objectif de toucher la colonne vertébrale, cela devrait aller. C'était faisable. L'élan que ses jambes lui avaient donné devint rotatif. Il l'accentua du mieux qu'il put, levant son épée au dessus de sa tête. Le paysage défilait si vite autour de lui qu'il ne savait même plus où était le haut, où était le bas, qui était quoi. Tout tournait. Il contracta ses muscles, assurant sa prise sur le manche. Il s'attendait à la fin de ce calvaire, sans trop savoir à quoi tout cela allait ressembler. Il fut vite fixé.

Il y eu un craquement comme il s'y attendait. Même plusieurs. Tout sembla tourner autour de lui. Il avait mal et voyait vaguement le tronc duquel il venait de sauter s'écraser sur le monstre et atterrir juste à côté de son bras gauche. Il essaya de se relever mais son bras gauche posa son veto. La douleur fusa. Plus le combat s'éternisait, plus il arrivait à s'arranger tout seul. Un peu plus et il allait vraiment... mourir...
Il posa son bras droit sur son épaule pour constater qu'elle était déboitée. Ça, c'était encore un pur coup de chance. Il avait craint de s'être cassé un bras. Il appuya violemment pour la remettre en place. Si sa langue avait été entre ses dents, il n'y en aurait plus eu que la moitié.
Se redressant en titubant, il comprit pourquoi. La jambe arrière avait cédé. Et l'arrière de la colonne aussi. Plus ou moins déchirée en deux parties, la chose essayait vainement de finir son travail. C'était... terminé ? Ou fallait-il encore séparer les deux pattes ? Il regarda ses bras où des bleus commençaient à apparaître un peu partout. Bon dieu, faite que ce soit fini !

* Pff, z'êtes des rabats joies ! Vous allez pas partir maintenant ! Vous devenez inventifs ! J'aide votre développement artistique ! Surtout suicidaire pour le coup... *

C'est décidé. Il allait exploser la tronche de ce commentateur de [censuré] et rentrer au bercail le plus proche. Il repensa à sa partenaire. Où était elle au faite ? Et d'ailleurs, où était passée son épée ? Il doutait qu'elles soient en un seul morceau. Mais bon... Il pouvait toujours espérer.

Sur sa lancée, Yoru ne put apercevoir que le garçon venait d'atterrir sur le sol couvert de feuilles mortes. Elle tendit le bars, saisit une branche, s'y hissa, et répéta l'opération pour se retrouver à la hauteur de la tête du monstre.
Avez vous déjà vu l'envol d'un oiseau ? Yoru, petite, en était jalouse. Plus tard, elle s'en était inspiré.
Aujourd'hui, elle-même n'aurait jamais imaginer qu'elle puisse sauter aussi loin, même si la gravité savait la rattraper. Elle ne pesait pas grand chose et lorsqu'elle put atteindre un morceau d'armure ou caler ses pieds, la bestiole ne l'avait sûrement pas encore remarquée.

Elle ne perdit pas son élan et, sabres dégainés, glissa le long de la gorge de chairs pourries de Rex, tenant ainsi en l'air parce que Kage entamait une longue et profonde course entre les carotides et Kaze était prêt à amortir une éventuelle chute.

A ce moment, la bête réagit. Et violemment.
**Pourquoi tu veux lui faire bobo ? Il était si calme tout à l'heure...**

Yoru fut une fois de plus éjectée, mais cette fois, elle ne put prévenir d'une chute puisqu'elle resta en apesanteur. Son dos heurta une branche élevée en lui tirant une grimace. Ses abdominaux et ses os résistaient à dure épreuve. Il fallait trouver autre chose, puisque son coup glissé, bien que faisant des dégâts, l'avait remise à découvert, et maintenant, elle serait pistée par le monstre.

La jeune fille ne s'éternisa pas. Il était quasi impossible d'attaquer de front une chose aussi énorme, même si un nombre incalculable d'arbres s'abattaient sur son corps, entravant ses mouvements. Yoru sourit en pensant qu'il devait s'agir de l'œuvre de son compagnon de combat.

Alors, elle sauta encore, et encore, sur les troncs qui s'abaissaient devant elle. Elle atteignit de nouveau le tête. La coupure qu'elle venait d'y faire ne devait pas être assez profonde.
**Baarhk, c'est dégeu, t'as du sang de Rex plein les bras !**
Et si elle trouvait l'origine de cette voix, elle l'achèverait violemment.
Pour l'heure, il fallait se débarrasser de Rexynounet.

Avec un certain...dégoût mesuré, elle mit de nouveau et plus franchement cette fois, ses mains dans la coupure. Elle sentait l'énergie passer du corps du monstre au sien.

Rex tomba. Non seulement parce que ses pattes ne lui permettaient plus l'équilibre, mais aussi parce qu'il n'avait plus assez de forces pour tenir debout. Effectivement, les attaques renouvelés des deux jeunes gens sur ses membres portaient leurs fruits, combiné à la Destruction de Yoru.
Maintenant, résister jusqu'à la fin du combat serait vraiment plus facile. Encore fallait-il être sûr qu'un autre monstre ne débarquerait pas.

Et elle espérait aussi que son camarade était encore sur pied. Comme ce n'était plus le cas du carnivore décharné, la jeune fille planta ses sabres en croisé dans la blessure qu'elle avait faite précédemment, puisque maintenant, la gorge de Rex était à sa portée.
Elle voulut les mouvoir encore plus avant dans la bestiole, mais quelque chose l'en empêcha. Quelque chose qui n'avait rien de physique mais qui retenait ses mouvements. Elle ne pouvait plus bouger.
**C'est mauvais ça...**

Elle avait beau se concentrer, pas moyen de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Son esprit ne s'était pas protégé cette fois-ci.

*Mouaha, bah vouiii, je t'ai fatigué le cerveau...voilà ce qui arrive quand on s'oppose à...**

[désolée pour un post si court, j'ai pas le temps de développer...T T ]

Il cherchait encore son arme et la jeune fille du regard... lorsqu'il vit l'air se troubler. La chose qu'il venait plus ou moins de charcuter semblait s'être rassemblée. Il ouvrit la bouche, sans être capable d'articuler quoi que ce soit. Il l'avait vraiment raté ou s'était-il trompé ?

* Aaaah, age des illusions, quand tu nous tiens... Excuse moi mais j'ai eu peur pour Rexy... Faudrait éviter de blesser mes protéger quand même...*

Elio déglutit. Il s'était douté que la chose pouvait intervenir, et ce, dès le début du combat. Mais il avait espéré qu'elle ne le ferait pas. Si, à la base, leurs chances de survie étaient réduites, elles étaient devenues presque inexistantes. Ce genre de bête était beaucoup plus coriace que les sangliers que les gens chassaient chez lui.
Mais une autre question le tourmentait. Comment son coup avait été paré ? La réponse fut aussi directe que violente et immédiate.

* Comme ça ! *

Un choc le projeta en arrière, sur une vingtaine de mètres. Par chance, il ne toucha aucun arbre et réussi à se rétablir. Bon, si il ne pouvait toucher cette chose, il ne leur restait vraiment plus qu'à courir.
Un autre choc le renvoya dans l'autre sens. Il se retrouva juste à côté du monstre qui poussa un rugissement d'une violence effrayante. Mais elle ne bougea pas plus. Il sentit ses pieds quitter le sol, soulevé par une force invisible qui le ramena devant le monstre à côté de la jeune femme. Était-ce pour les achever d'un seul coup ?
Un soupir résonna dans sa tête.

* Que tu es stupides... Bon, je vais me présenter et te poser une question simple. Je suis... merde, j'ai oublié mon nom. Tant pis, on va m'appeler Richard, j'ai toujours adoré ce nom là. Je suis ce qu'on pourrait qualifier d'archiliche, soit un magicien éternel, bien que mon corps ne le soit plus trop... (si vous voulez, je vous montrerai les restes de ma côte gauche après !). Bien ! La question !
Que peut faire un être condamné à garder une partie d'un foutu cimetière pour l'éternité, lorsqu'il rencontre des êtres vivants ? *

Un sentiment plutôt désagréable pesait sur son ventre. Il avait vraiment peur. C'était bien la première fois qu'il dépendait entièrement de quelqu'un d'autre et il détestait ça. Surtout quand l'être en question aimait lever une armée de zombies. De multiples réponses se bousculèrent dans sa tête. Le maître du jeu n'en valida qu'une seule.

* Et oui ! Il s'éclate ! C'est comme un conte narré par un excellent orateur, mais en vrai. Et comme je suis l'être le plus grand, le plus gentil, modeste, sympa et tout et tout de l'univers tout entier, je vous laisserai partir si vous venez à bout des quelques épreuves que je vous ai préparé. La chance, non ? Bon, supposons que je ne soit pas intervenu, je pense que toutou aurait légèrement dégusté. Donc passons à la suite ! *

La chose disparu. D'un seul coup. Comme si elle n'avait jamais été là. Avait-ce été une autre illusion ? Ou l'avait-il directement téléporté ?

* Vous ne la voyez plus parce que j'en veux ainsi. Elle va retourner dormir tranquillement. Je pense que vous ne devriez pas vous tracasser l'esprit si vous voulez survivre à ce qui va suivre. Bon, vu qu'il triche sans arrêt aux échecs et qu'il sera beaucoup plus simple à remplacer, je vous laisserai l'étriper en paix...*

Le silence qui s'ensuivit devenait oppressant. Il venait de se souvenir que la forêt faisait aussi parti du cimetière. La chose pouvait sortir de n'importe où. Et après le tremblement que le chien avait provoqué, il s'attendait à un véritable cataclysme. Il n'en fut rien pourtant. Tout était... calme. Beaucoup trop. Il n'y avait que les arbres morts qui bruissaient, maintenant que les chutes s'étaient arrêtées. Et son cœur qui battait la chamade. Et sa respiration qui tentait de lui tenir la bride. Et celle de sa partenaire. Lorsque la voix retenti à nouveau, il sursauta.

* Par contre, il me semble avoir oublié un détail... ou deux... Ah ! ça y est !*

Un objet argenté, fin et long traversa la clairière avec une célérité effrayante. La lame s'arrêta à un pouce du visage de l'elfe.

* Si tu sèmes tes affaires partout, comment veux-tu repartir en un seul morceau ? Maintenant, Baston !*

Elio attrapa son dû par la garde. Au moment où il toucha le métal froid mais rassurant, quelque chose de noir et étrangement petit par rapport à leur précédent adversaire apparu. Il était recouvert d'un long manteau noir, du quel dépassait vaguement la pointe d'une épée, déjà parcourue de runes.

* J'vous présente Dédé, chevalier de la mort de son état et tricheur professionnel. Voyez le comme un humain normal transformé en liche. Ses pouvoirs sont d'un pitoyable... *

Il n'eut pas le temps de se demander ce que "pitoyable" pouvait signifier pour un esprit capable de les annihiler en une fraction de seconde sans bouger un seul doigt. Il avançait vers eux, à pas très lents. Ses yeux verts brillaient d'une manière menaçante. Mais c'était le seul signe annonciateur. Elio fixa sa partenaire qui semblait toujours immobile. L'archiliche ne semblait pas avoir quitté l'intérieur de sa tête puisqu'elle s'exclama aussitôt :

* AH ! J'avais oublié de la désimmobiliser elle aussi ! Suis-je bête ! Notez que c'est un vieux truc que j'ai appris à dédé, y a un moment.*

Le jeune homme se retint de hurler oui. Il n'en aurait de tout façon pas eu le temps. L'être était déjà sur eux. Et après la courte réflexion dont il disposa, il conclu qu'il devait être autrement plus dangereux qu'un malheureux chien. Il leva son arme en se préparant à défendre la jeune fille, au cas où elle n'aurait pas le temps de revenir à elle. Mais pouvait-il vraiment faire le poids face à un être de cet acabit ?

Quand Yoru put enfin se remettre en mouvement, le jeune homme s'était placé devant elle, dans une attitude de défense. Elle avait tout vu et ce nouvel arrivant l'inquiétait dangereusement. Quelle connerie cette histoire ! Et pourquoi elle se retrouvait embarquée là dedans alors qu'elle n'avait rien demandé ? Ce devait également être le cas de son compagnon affamé. S'il était prêt à la défendre, elle ferait de même.

Elle quitta sa place immédiatement. Pas question de rester immobile une seconde de plus, surtout lorsqu'un danger mortel vous fonçait droit dessus.

Un roi de la triche ? Quel tour pouvait-il bien leur préparer ? L'énergie d'un mort-vivant n'était vraiment pas grandiose, la jeune fille s'essouffla plus vite qu'elle n''aurait voulu. Tous sabres dégainés, emportant avec elle l'ombre du vent, elle courut droit en direction de l'adversaire.

*Tu crois l'avoir comme ça, le Dédé ?Tu le prend pour qui ?*

Yoru n'était pas idiote, ce genre d'attaque ne lui ressemblait pas.

*Hey ? mais où tu es passée ?*

Seul Kage resta planté là où elle était il y a quelques instants. Dédé leva les yeux, un professionnel de la triche savait que lorsque quelqu'un essayait d'attaquer de front, il finissait par attaquer du haut. Il ne voyait que la cime des arbres. Il regarda à droite, à gauche derrière, rien.

C'est à ce moment, alors qu'il était occupé à chercher dans tous les sens que Yoru descendit de sa branche, juste à proximité de son sabre. Dans cette technique, il avait joué le rôle de l'ombre de la jeune fille. Elle s'en saisit en reprenant de l'élan.
Ce à se que l'on s'attend le moins lorsque qu'un adversaire fait mine d'attaquer de front, c'est qu'il attaque de front. Yoru fit danser ses lames lorsque...
**Oh non, ça va pas recommencer!!**

De nouveau. Immobile. Une immobilité exaspérante. La jeune fille détestait cette sensation. Celle d'être bloquée, impuissante. Visiblement, Dédé pouvait faire ça lui aussi.

Yoru leva les yeux au ciel en soupirant. Et voilà. Que pouvait-elle faire maintenant ?
**Tiens ?**
En effet, elle entraperçut un changement dans la couleur du ciel.
Il fallait tenir jusqu'au lever du jour. C'était le seul moyen de s'en sortir, puisqu'il y avait toujours et encore de nouveaux ennemis, zombies ou autres chevaliers pour vous tuer. Ou plus précisément, s'amuser en vous tuant.

Et l'immobilité était insupportable. *Oui oui, je sais, c'est de la triche, c'est ça ? Bah oui, je vous avouerais que ce petit gars est très fort dans ce domaine !*

Un énorme effort de concentration fit disparaitre la voix. Elle remarqua soudainement qu'elle pouvait bouger. Trop tard.

Quelque chose la projeta en arrière, lui coupant le souffle. Son vol fut arrêté violemment par un tronc épais qu'elle prit de plein fouet dans le dos. Elle retomba au sol, cherchant à respirer. En s'appuyant maladroitement sur ses sabres, elle put se redresser. Ses abdominaux comme ses dorsaux lui faisaient mal, courbaturés depuis le début de la nuit et mis à l'épreuve jusqu'après minuit. Son corps ne suivrait pas. Même l'esprit le plus volontaire et débrouillard ne pourrait entrainer son corps dans une lutte contre lui même.
Contre lui même ?

La jeune tueuse esquissa un sourire. Depuis le début, ils devaient se tromper d'adversaire...Ce n'était pas l'invisible...heu...Richard, ni même Rex ou Dédé. Ce n'étaient pas zombies et compagnie ou esprits détraqués. Il lui fallait plus de temps pour discerner comment s'en sortir, mais cette fois, elle en était sûre. Contre ceux qui les menaçaient, il ne fallait que se défendre, de toute façon, ils n'avaient pas vraiment le choix et n'en auraient bientôt plus la capacité.
Elle devait prévenir le garçon. Ce n'était plus un combat, c'était une énigme.

Le chevalier de la mort s'était déjà dirigé vers son compagnon. Elle allait lui faire un signe de loin, s'il pouvait comprendre, c'était déjà bien.
Yoru grimpa dans les hauteurs, sentant ses muscles encore noués par l'immobilité et le coup qu'elle venait de recevoir crier de courbatures, mais elle tira sur ses bras et sur ses jambes, se prêtant à l'inattention. Si elle écoutait son corps, elle ne finirait pas la nuit.

D'en haut, le signe serait plus visible. Et maintenant, comment lui expliquer ?

D'abord, il fallait attirer son attention. Elle fit chuinter bruyamment ses sabres l'un contre l'autre. Elle espéra qu'il avait levé la tête par ici. Elle coupa les branches au dessus de sa tête pour les récupérer dans ses bras peu après, puis donna un coup dans le tronc. Cela signifiait qu'ils ne se battaient pas contre le bon ennemi. Pourvu qu'il comprenne.

La jeune fille, sans attendre de réponse, glissa à terre, se réceptionna dans les feuilles mortes. L'imprévisibilité.
L'ombre du vent était restée plantée dans le tronc de l'arbre...

Il ouvrit la bouche lorsqu'il la vit partir devant lui comme une flêche. Mais il fut incapable de se souvenir de ce qu'il allait dire. De toute façon, parler aurait été inutile : elle était déjà bien trop loin et semblait trop concentrée sur ses propres mouvements. Elio hésita. D'ordinaire, il aimait attendre l'attaque de son adversaire et chercher où se trouvait la faille. Mais attendre signifiat prendre le risque de perdre la jeune fille. Pouvait-il lui faire confiance au moins pour rester en vie face à cette étrange entitée ? Difficile à dire. Il ferma les yeux, se concentrant sur ce que le vent soufflait à ses oreilles. Occulter un sens avait la faculté de permettre d'accorder beaucoup plus d'attention aux autres. Il entendant les craquements du bois mort, le souffle du vent qui faisaient vibrer les branches d'un noir d'ébène, les sifflements des brins d'herbes qui s'allongeaient et se relevaient lentement et avec une union splendide. Et puis la jeune femme qui courait en rasant la surface du sol, son presque inaudible malgré la vitesse qu'elle avait atteinte. Et enfin... l'avance calme, régulière et menaçante de cet être étranger.
Il se mit à courir, lui aussi. La vue pouvait lui servir par la suite, mais tant qu'il n'aurait pas à faire face à la magie de son adversaire, il serait plus à l'aiser sans. Dans sa tête, il décomptait la distance qui le séparait encore du mort-vivant.
L'étrangère avait tenté de le frapper. Mais le coup n'avait jamais atteint sa cible. Il n'aurait même pas été capable de dire si il était parti. Par contre, il l'entendit nettement traverser une bonne distance sans toucher le sol. Mais il n'avait pas le temps de s'y attarder plus longtemps. Ne le séparait plus du chevalier que leurs deux lames qui se touchaient par la pointe. Une épée d'argent élégamment conçue par son père et une arme noire et grise, striée de runes et de symboles étranges et inconnus.
L'elfe hésita. Mais son adversaire n'eut aucune réaction. Il attendait. Alors Elio frappa. Un coup direct, visant le crâne. Il n'atteignit jamais sa cible mais il s'y attendait. Dévié par un coup perpendiculaire, son mouvement devint circulaire. Il en profita pour planter la pointe dans le sol et tourna. C'était son mouvement préféré et, en général, il ne le ratait pas. Ses deus pieds quittèrent le sol et l'un d'eux tenta d'atteindre "l'homme" à la poitrine. Son pied s'arrêta mais il n'entendit même pas le bruit du choc.
Une voix jaillit des ténèbres. Sa langue semblait aussi ancienne qu'inconnue.
N'ayant pas emporté son kit de traduction du gentil petit érudit, il fut vaguement heureux que la liche lui donne une interprétation... pas vraiment littérale...

* Il dit que t'es un gros boulet, aussi rapide qu'une tortue amputée, aussi rapide qu'un golem gelé et moins précis qu'un carnivore décharné. La totale quoi. *

Il n'eut pas le temps de penser sa réplique. La lame couverte de runes siffla. Il eu à peine le temps de poser la sienne sur son chemin. Lorsqu'elles rentrèrent en contact, la seule chose qui lui permi de garder sa tête sur ses épaules fut sa deuxième main qui se posa sur le plat de l'arme. Il fut propulsé en arrière, chuttant sur le dos. Profitant du mouvement, il se remit sur les pieds d'un bond. Une nouvelle séries de paroles inaudibles atteignirent ses oreilles. On aurait dit qu'il chantait, cette fois. Un mauvais pressentiment le força à ouvrir les yeux. Une sphère verte deux fois plus grosse que sa tête fonçait vert lui. Elle semblait constituée d'un feu de la même couleur, mais il préféra ne pas s'attarder à l'observer et bondir sur le côté.
Se retrouvant à nouveau sur ses pieds, il entendit, beaucoup trop proche de lui, le sifflement désagréable qui lui annonçait que sa mort risquait d'arriver très vite. Il tenta à nouveau de bloquer mais ne pu que limiter les dégâts. Cette fois, il y avait un arbre derrière lui. Ce fut au tour de sa colonne vertébrale de se plaindre lorsqu'il le heurta de plein fouet. Si il continuait le corps à corps, il allait droit vers sa tombe. Un rire désagrable et semblant venir de partout à la fois résonna tout autour de lui. Il se mordit la lèvre. Comment rester à distance d'un être qui venait, vraissemblablement, de se téléporter ? Ou bien qui courrait beaucoup plus vite que lui, ce qui revenait à peu près au même. Quelque chose de chaud coula depuis la commissure de l'une de ses lèvres jusqu'à son menton avant de tomber sur le sol avec un "ploc" effrayant. Il s'essuya d'un revers de manche, non surpris de voir le tissu vert sombre rougit par endroits.
Il lui restait au moins une chance. Il venait de le voir. Le chevalier aimait jouer. C'était son seul espoir, mais le fait qu'il n'aille pas se battre avec toute sa force immédiatement était rassurant.
Un crissement plus que désaggréable attira son attention. Et celle de son adversaire aussi. Il se retourna, observant sa partenaire qui faisait mumuse avec ses deux épées. Il observa son manège, totalement interloqué.

* Soit j'y ai été un peu fort et elle a totalement perdu les pédales, soit elle veut te dire quelque chose. Peut être qu'elle veut lui faire tomber les branches sur la tête ? *

Elio craignait que la première hypothèse ne soit la bonne. Mais il tenta tout de même de réfléchir. Durant la courte pause dont il disposa. Il se baissa juste à temps pour ne pas être divisé en deux au niveau de la poitrine. L'arbre contre son dos, lui, n'eut pas cette chance. Voyons, si il voulait se débarrasser des branches, comment ferait-il ? ... Il ne se casserait déjà pas la tête à s'embarrasser d'un arbre. Couper les branches qui repousseront chaque année, c'était chiant. Autant enlever l'arbre... Couper le tronc ?
Nouveau salto. Il venait d'avoir chaud dans tous les sens du terme. La boule de feu émeraude explosa sur un rocher non loin de lui. La pierre se liquéfia dans la seconde.
Il y a des jours où l'on se sent seul dans un monde qui nous dépasse. C'était un peu ce qu'il ressentait à ce moment. Il se baissa à nouveau pour passer en dessous de l'arme maudite, plassant ses bras devant sa tête pour encaisser un coup de pied presque aussi violent que les coups de pattes de Rex. Et dire que son ennemi se retenait ! Mais que risquait-il de lui arriver lorsqu'il en aurait assez ?
Il avait perdu la fillette du regard. Il se remettait debout de plus en plus difficilement. A tel point que Dédé ne prenait même plus la peine de se téléporter. Il enchaînait les boules d'énergie, les coups d'épée, de main et de pied, laissant son adversaire pentelant. D'accord, ils s'épuisaient inutilement. Mais le tronc, où était-il ? Si se débarasser de la liche leur permettrait de se débarasser des morts-vivant, ça ne lui posait pas de problème. Encore fallait-il la trouver. Et il ne pouvait pas s'amuser à chercher tant qu'il affronterait un adversaire dix fois plus fort que lui.
Il évita un nouveau coup de pied et planta son arme dans le vide, devant lui. Son attaque ayant manqué sa cible, il ferma les yeux en se préparant au vol plané. Où était-elle passée ?

Avait-il compris ? Le doute était un peu gênant dans cette situation, vu qu'il était aux prises avec le chevalier de la mort, redoutable adversaire.
Yoru n'avait vraiment pas l'habitude de combattre le même ennemi avec quelqu'un, elle avait peur de le gêner si elle se rapprochait trop. Pourtant, si elle parvenait encore une fois à toucher le nouvel être sortit de nulle part, elle aiderait comme elle le pourrait son compagnon de combat.

Un faux pas pouvait réduire l'action à néant. Il fallait aussi prendre en compte ses différents pouvoirs, bien qu'il ne lui en ai fait subir qu'un, l'immobilisation. Elle devait se rapprocher, mais la dernière feinte de front pour front n'avait pas fonctionné, elle allait devoir trouver autre chose.

Elle avait laissé ses armes sur le tronc. Encore une fois, l'improvisation serait reine du combat, elle ne devait pas se laisser piégée dans un des sorts de Dédé. Elle allait commencer par ne pas croiser son regard.
Elle n'y connaissait absolument rien en magie, mis à part celle qu'elle percevait dans les choses du monde, et elle ne savait pas si ce serait efficace, mais elle pouvait essayer.

Alors, de nouveau, elle entama une course folle vers l'adversaire. De derrière, pouvait-il la remarquer ? Elle n'allait pas prendre ce risque : elle fit un bond au-dessus de sa tête, alors qu'il faisait quelques pas vers le garçon.
L'action fut d'une vitesse inéluctable.

Dans un premier temps, alors qu'elle pensait pouvoir l'atteindre, elle fut renvoyée, comme par une sorte de bouclier.
Dans un deuxième temps, elle eut le temps de discerner des sortes de runes sur l'épée de l'ennemi.
Dans un troisième temps, elle heurta un rocher lors de sa projection.

Haletante, elle se remis encore debout, les membres tremblants. Évidemment, ça ne fait pas du bien de se prendre un caillou dans le dos. Elle s'appuya contre ce satané rocher.

On ne lui avait jamais appris à lire, mais seule, dans cette pièce fermée, à la lueur de la bougie, elle avait étudié les anciens livres volés à la maison. Sa langue, elle ne la lisait pas. Les vieilles écritures, elle les connaissait.
Et elle avait pu voir, sur la lame de cette arme, plusieurs symboles, dont quelques uns dont elle était sûre et certaine de la signification.
Le voyage, imperceptible, maintenant ou jamais.

La traduction mot à mot ne voulait vraiment rien dire, et elle n'était pas en état de réfléchir. Malheureusement, il fallait qu'elle s'y force parce que son allié ne tiendrait pas éternellement et parce qu'il faudrait bien que, pendant qu'il occupait l'ennemi, elle, Yoru, les sorte de là.

Elle se concentra. ** Voyage...voyage imperceptible...Maintenant ou jamais...je n'ai pas vu les derniers symboles...Maintenant ou jamais...Téléportation ?**

Le doute n'était plus permis. Pourquoi cette inscription figurait-elle sur l'arme du chevalier tricheur ?

Avertir, encore une fois, le jeune homme était plus que nécessaire. Mais cette fois, elle n'avait pas de quoi illustrer. Elle alla reprendre possession de ses armes, bien qu'elle les aurait bien laissées là...(pouvez pas comprendre XD)

Encore, elle se rapprocha. Alors que Dédé abaissait une nouvelle fois son joujou, elle lit le dernier mot : mon être.
Il aurait été ridicule de penser qu'il s'agissait d'une formule...pourtant...

Elle interpela, au risque de se faire trancher en rondelle, ou en lamelles, selon l'envie de Dédé, criant, puisqu'elle était encore loin. Elle espérait vraiment qu'il comprenne :

- Hey ! Yoru et toi ?!

Elle ne savait pas si ils se...téléporteraient quand il prononcerait à son tour son nom alors qu'elle pensait le plus vivement possible aux symboles et à leur signification. Téléportation, téléportation, téléportation...

Pourvu que ça marche...

Le coup ne vint pas. Il se redressa, voyant la fillette qui semblait effectuer son vol plané à sa place. Elle venait de lui permettre d'attaquer. Utile ? Pas vraiment. Il eut à peine levé son arme qu'il partait presque aussi violemment qu'elle, mais dans le sens opposé. Atterrissage sur l'herbe. Il se releva, encore plus difficilement que les fois précédentes. Son père lui avait toujours dit que c'était ce qu'il y avait de plus dur à faire. Se relever. Pourtant, il n'avait jamais imaginé qu'il puisse songer à ne plus bouger. Cette idée lui paraissait trop stupide. Il lui faudrait abandonner trop de chose pour qu'il accepte. Il releva la pointe d'acier argenté, prêt à retenter sa chance, aussi futile soit cet essai. Lorsque...

- Hey ! Yoru et toi ?!

Oui, il était approximativement six heures du matin. Peut-être sept. Oui, ils venaient d'affronter une armée de zombie. Oui, ils avaient enchaîné sur un chien relativement énorme et vorace. Oui, ils étaient maintenant en plein combat contre une chose aussi intouchable que puissante et dangereuse. Et oui, elle venait de lui demander son nom. Cela en avait tout l'air du moins. Dire qu'il avait répondu en étant totalement conscient de sa réponse est aussi faux que stupide. Dans son état, il n'était plus conscient de grand chose. Mais c'était devenu un réflexe. On lui posait une question, il répondait toujours oui avant d'analyser les mots qui venaient de résonner dans son crâne. Quand on lui donnait un prénom et que la question finissait par l'interrogative, il répondait toujours...

- Elio, ravis de vous rencontrer.

Il cligna des yeux pour vérifier. Encore une fois. Il les frotta pour s'assurer qu'il ne rêvait pas... et non, il était bien en train de faire la causette avec un mur. Maintenant, ce serait vraiment sympathique de lui expliquer ce que ce mur faisait au milieu d'un cimetière, dans une forêt qui plus est. Il se retourna et constata qu'il se trouvait dans une pièce carré dont les murs devaient faire quinze mètre de longueur, tout au plus. Une étagère en couvrait totalement un, luisant d'une aura mystérieuse, attirante mais tellement... menaçante... Il mourrait d'envie d'aller sonder ces ouvrages anciens. Et pourtant...
Il détourna les yeux. Au centre de la pièce se tenait comme un piédestal d'une couleur semblable à l'onyx. La pierre luisait avec éclat alors que seule deux chandelles éclairaient la pièces d'une lumière verte et pâle. Leurs candélabres étaient accrochés de chaque côté d'une porte, à l'opposé des ouvrages. Et puis, autour de l'étrange bloc de roche noire, deux boîtes de marbre sombre étaient déposées. L'une était ouverte. De l'autre, encore close, semblait émaner une magie plus dangereuse et puissante que tout ce qu'il avait vu jusqu'à présent. Encore une créature à la puissance démesurée ? Ou un objet dévastateur ? Si il l'ouvrait, qu'est ce qui l'attendait ?
Sous lui, le sol recouvert d'une sorte de moquette aussi blanche qu'une nuit sans lune n'améliorait que très modérément la luminosité déjà pauvre de la pièce. Sous ce qu'il supposait être des cercueils, le sol était surélevé. En faite, un cercle s'élevait au centre de la pièce, avec environ dix mètres de diamètre. C'était... Effrayant.
Et puis, il n'y avait plus un bruit, si ce n'était le rythme de son cœur et son souffle épuisé. Et le sien bien sûr. Elle se tenait à l'opposé de la pièce. La pénombre l'empêchait de savoir si elle était aussi surprise que lui, mais il supposa que c'était le cas.

Debout, dans un lieu inconnu, dans une pièce effrayante qui ressemblait plus à une partie d'un tombeau qu'à un habitat, il se sentit soudain plus en sécurité qu'à l'extérieur. Ses genoux fléchirent d'eux même, comme pour l'inciter enfin à se reposer. Son estomac protesta, puisqu'il se trouvait encore trop vide à son goût. Mais ses muscles eurent raison de ses gargouillements. Il chuta littéralement de la position debout à assis, se penchant en avant pour essayer de calmer les douleurs qui parsemaient son corps. Des blessures "bénignes", oui. Mais subir ces lancement, brûlures et picotements régulièrement était une plaie qu'il se serait volontiers épargné. Il regarda son bras qui ne saignait presque plus. Mais les contours semblaient enflés.
Il saisit son épée de la main droite et enfonça la pointe dans la chaire en suivant le sillon fait par la griffe. Ses dents se serrèrent et ses phalanges blanchirent sur la poignée de l'arme. Mais le sang se mit à couler, comme il l'avait espéré. S'adossant au mur, il attendit que le liquide rouge coule un peu puis passa sa langue sur le rus qu'il venait de former, ignorant comme il pouvait les protestations de son bras. La blessure n'était pas profonde et il n'avait pas à faire un garrot. Mais qui sait ce qu'un chien zombie pouvait traîner comme saleté ?
Ce n'est que lorsqu'il leva la tête qu'il distingua les symboles ornant le plafond. Vert. Et visibles comme en plein jour. Les mêmes runes que sur l'épée. Le chevalier savait-il où ils se trouvaient ? Pas forcément. Mais il préférait ne pas parier là-dessus. Par contre, pour ce qui était de la liche... Cela faisait un moment que ses commentaires cyniques et ses éclats de rire déments ne résonnaient plus dans son crâne.
Il adossa sa tête au mur humide, n'ayant plus que l'envie de dormir, enfin. Et oublier tout ce qui venait de se passer. Puis prendre un bon repas. Et un bain ! Quoi que... ça, ça pouvait toujours attendre un an ou deux...
Mais n'était-ce pas s'avancer un peu trop vite ? Il aurait tellement voulu savoir avant de sombrer doucement dans les bras de Morphée...
Où étaient-ils ?

A l'instant même ou le garçon annonça lui aussi son nom, ayant beau cligner des yeux autant de fois que possible, Yoru vit qu'ils n'étaient plus du tout au même endroit.
**Ça a...marché ?**

Une vague de soulagement la submergea. Elle tenta toutefois de la refouler, le danger n'était peut-être pas encore tout à fait écarté. Et cette pièce était...étrange...

On pouvait sentir une sorte de... force magique assez sombre, dans chaque recoin. Elle leva les yeux au plafond, sur lequel les même inscriptions que sur la lame du chevalier de la mort figuraient. Peut-être un lien permettant de voyager de l'épée à ici.
Le jeune homme...Elio, semblait vivant, quoiqu'épuisé, et après avoir lui aussi balayer la salle du regard, s'effondra sur le sol, désinfectant (xP) les blessures que les combats avaient engendré.

En y repensant, elle aussi n'était pas en grande forme. De nombreux hématomes recouvraient son corps, dûs aux projections et autres éjections l'envoyant contre arbres et rochers. Aucune coupure cependant. Heureusement que l'énergie du Chien-Zombie était entré en elle, sans ça, elle n'aurait pas fini la nuit. D'ailleurs, était-ce enfin le matin ? Elle n'avait plus vraiment la notion du temps...
Richard, la liche, n'était pas intervenu depuis un bon bout de temps...La jeune fille trouvait cela suspect, d'autant que tout au long des combats, il avait commenté leurs actions et s'était amusé à leur donner du fil à retordre avec des adversaires à la forces et aux pouvoirs croissants.

Ceci dit, elle avait mal partout. La douleur était une chose qu'en principe elle savait ignorer, mais là, elle sentait ses muscles et ses membres bouger avec difficulté. Des coups de zombies étaient-ils différents de ceux d'un être vivant ? Encore et encore des questions...
Elio paraissait sur le point de s'endormir. C'est vrai que pendant qu'elle cherchait une solution, lui occupait l'ennemi.
D'ailleurs, en parlant de solution, cette pièce avait un rapport avec le "tronc" ?

Des runes, elle en voyait partout, en en ayant presque le tournis. Au centre de la pièce, un cercle. Un grand cercle. Et deux boîtes qui la rendaient plus que méfiante.
Maintenant qu''ils étaient hors de portée du chevalier tricheur, enfin, pour le moment, il fallait qu'ils sortent de là. Le jour ne tarderait plus à se lever.

Mais à cette pièce, il n'y avait pas de portes. Évidemment ! Puisqu'ils étaient entrés par téléportation, peut-être un autre moyen magique les ferait sortir !
Mais peut-être aussi cette pièce avait un rapport direct avec le tronc. Peut-être était-ce là, la clé du cimetière des ancêtres...

Seulement, Yoru n'avait pas vraiment envie de détruire cet endroit, elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose l'en empêchait. Et cette chose faisait partie intégrante de sa volonté pour une fois...
Non c'est vrai, tous ces esprits n'avaient pas besoin que leur lieu de repos éternel, ou plutôt d'ennui éternel soit brisé. A moins que...

Mais pour le moment,il fallait qu'elle explique la situation à son confrère et qu'ils trouvent une solution.
Elle se rapprocha du pauvre Elio qui, meurtris et fatigué, était sur le point de sombrer.
Bien qu'elle aurait pu le laisser dormir maintenant, elle ne voulait pas prendre de risque. Ce lieu n'avait rien de normal et se reposer tout de suite ne lui semblait pas être la bonne alternative.

- Heu...Elio, c'est ça ? Je suis désolée, mais manger ou dormir ne va pas être possible. En fait, je vais t'expliquer. J'ai lu sur la lame de...hum...Dédé...que si on prononçait à haute voix son nom, et bien, on se téléporterait...Ce doit être aussi pour ça que dès que la liche annonçait l'arrivée de Rex ou du chevalier qu'ils sont apparus comme par magie. Donc on s'est téléportés là. Je pense aussi qu'il s'agit du cœur du cimetière...Enfin, le "tronc" quoi...Tu avais compris mes signaux ?

Bref, le temps était venu de se sortir de ce traquenard. Puisque maintenant, elle en était sûre. Cette magie dans une des boîtes...C'était une force capable de retenir des âmes. La preuve : Richard avait dit s'ennuyer en restant coincé ici, et elle-même, Yoru, sentait la fatigue plus que d'ordinaire, alors qu'elle avait pris de l'énergie au carnivore décharné. D'ailleurs, le fait que son compagnon s'endorme aussi vite et sans aucun soupçon n'était pas logique...
Oui, un truc clochait dans cette pièce...

Le rôti de sanglier, sur la table, devant lui, avait l'air au moins aussi appétissant que le dernier qu'il avait mangé. Il tendit la main pour attraper la cuisse qui lui semblait la plus grosse. Vingt bon kilos, à vu d'oeil. Il referma ses doigts... Dans le vide ? Son repas venait de se lever. Tout grillé ? Mais c'était quoi ce boxon ? Il se redressa lui aussi et tenta de sauter dessus mais il lui échappa à nouveau. Mais le casse-croûte qui allait s'échapper sous son nez à l'heure du repas n'était pas né ! Il se rua dessus et...

- Heu...Elio, c'est ça ?

et... On t'appelle nunuche. Réveille toi.
Ses yeux papillonèrent et il se redressa. Il était froid. S'ajoutèrent donc joyeusement à tous ses bleus et blessures diverses et variées (encore un peu et il pourrait en faire l'arche de Noé) les courbatures de ses précédents combat. Quel adorable méthode pour apprendre l'existence de muscles insoupçonnés, se rafraîchir les idées et raviver sa mémoire ! Et ses nerfs...
Il poussa un cri bref, en parfaite symbiose avec son corps qui hurlait sa douleur sur chaque parcelle de chaire. C'est seulement là qu'il comprit qu'on lui parlait.

- ... bien, on se téléporterait...Ce doit être aussi pour ça que
dès que la liche annonçait l'arrivée de Rex ou du chevalier qu'ils sont
apparus comme par magie. Donc on s'est téléportés là. Je pense aussi
qu'il s'agit du cœur du cimetière...Enfin, le "tronc" quoi...Tu avais
compris mes signaux ?

Et bien voilà ! Ca, c'était un language explicite. En faite non. Il n'avait rien compris. Il plissa les yeux tandis que son cerveau remettait hardiement les mots dans l'ordre. Ceux qu'il avait retenu bien sûr. Coeur... de sanglier, avec du sel et des champignons. C'était excellent. Non, il n'avait vraiment, absolument, rien compris. C'était sûr maintenant.
Il secoua la tête et se releva aussi élégement qu'un paysan boîteux et affamé qui venait de chuter du premier étage. Puis regarda la jeune fille. Elle lui avait donné son nom un peu plus tôt non ? Yogurt... Yo... Yoru ! Il cligna encore des yeux. Ses sensations étaient là. C'était son cerveau qui ne suivait pas. Il avait un mal fou à se relancer. Repartir au royaume des rêves boulotter ce maudit rôti lui paraissait presque une bonne idée. Mais quelque chose l'en empêchait. Une sorte de mauvais pressentiment. Il fallait sortir.
Il posa un regard de zombie - comme tous les matins lorsqu'il se levait - sur sa partenaire, n'ayant même pas l'envie de rajouter un mot pour lui faire comprendre que son discours était passé quinze milles au dessus de sa tête. Puis ses yeux repartirent vers les torches vertes. Il s'approcha de la porte entre les deux sources lumineuses et tendis la main vers la porte. Puis il se figea. Il manquait quelque chose. Mais quoi ? Un rôti ? Il secoua la tête, tenté à l'idée de se flanquer une baffe pour se réveiller. Non... Quelque chose n'allait pas. Les motifs sur la porte n'étaient pas symétriques ? Non, ce n'était pas ça non plus. Alors...
CA Y EST !!! Il manquait la poignée.
Ca, pour quelque chose d'idiot, c'était vraiment quelque chose de stupide. Ils étaient coincés parce que la porte n'avait pas de poignée...
Il tenta de se stabiliser en position debout pour essayer de réfléchir. Son seul neurone disponible flancha. Trop de boulot en un coup. Il trébucha dans son pied et s'étala en avant. Réflexe, il tendis la main pour se tenir à la poignée... qui n'était pas là. Ses doigts glissèrent sur la surface lisse et sa tête fit coucou à la porte avec un BANG retantissant. Puis s'ensuivit un CRAC et un autre boum alors qu'il attérissait sur le parquet pourri qui... tint bon. YIPI ! Il n'avait qu'une mâchoire défoncée et le crâne en compote.
Il se releva en grommelant et retourna dans la salle, cherchant un moyen de passer cette foutue porte dont il venait de briser les gonds. Dur dur... A moins que... -son neurone faillit griller mais il réussit à tenir le choc- Il observa le trou béant qu'il venait de faire et la porte posée sur le sol. Et "Tilt" fit ce qui restait de son cerveau. Le passage était ouvert...

- On y va ?

Bien que le son qui sorti de sa gorge ressemblait plus à un "Oya" grave et peu audible, il fit comme si elle avait compris et quitta la pièce, avant de sonder la nouvelle salle qui s'offrait à eux... Il devait sûrement faire jour. Si ils sortaient, ce devait être gagné. Ne restait plus qu'à trouver cette fameuse sortie.

-Parfois, ce que tu crois compliqué est plus simple qu'il n'y parait. La solution est tellement évidente que tu ne la voie pas. Chacun de tes mouvements deviennent superflus. Tu gigotes beaucoup trop Yoru ! Fais des gestes simples mais efficaces.
La petite fille, essoufflée, buvait ces paroles.
- Allez, recommence. Sans t'agiter. Tu verras, chaque mouvement doit être important. Ce déplacement de pied n'a servi à rien.
Elle fronça les sourcils, vexée.
- Ne fais pas cette tête, recommence. Juge que si un adversaire met en déroute un mouvement qui devait l'atteindre, alors ce mouvement devient inutile. Je pense qu...Hééé ! Pourquoi tu m'as attaqué ?!!Je parle non ?!!
- Justement, ces paroles sont superflues. J'ai compris.
- Je ne t'avais pas dit que la solution était simple ? Tu m'étonnes, mais repreno...Haaa ! Stop ! j'explique !

Maintenant, en voyant Elio se dégager un passage de la façon la plus incongrue qui soit, elle voyait bien ce qu'entendait son maître par "solution plus simple que tu ne penses".

Ce jeune garçon était étonnant ! Sa maladresse à ce qui semblait être son réveil avait joué sur le hasard et ouvert une deuxième pièce. Yoru sourit. Cela faisait longtemps qu'elle avait oublié la simplicité dans la vie, et pas seulement dans les combats... Elle devait prendre les conseils qu'on lui donnait, même involontairement, plus au sérieux.

Cette salle non plus n'était pas commune...Encore ce grand cercle au centre, ces symboles sur les murs...Cette fois, en alerte, elle pris le temps de les examiner. De longs passages contaient les histoires héroïques ou désastreuses des ancêtres enterrés ici. Elle se demanda qui avait bien pu écrire tout ça, et surtout, comment pensait-il que quelqu'un puisse le lire ?
Elle suivit Elio qui, encore un peu dans le col-tard, zigzaguait dans la pièce.

Au plafond, rien. Pas de téléportation ici, ni là. Elle soupira et s'adossa à un mur.
**La solution est plus facile que ce que j'imagine... Alors il me suffirait peut-être de ne pas réfléchir ?**

Étaient-ils en sous sol ou en hauteur ? Et puis zut ! Elle avait dit : ne pas réfléchir non ?

C'est vrai que depuis un certain temps, elle réfléchissait trop. Une pause serait pas mal, surtout maintenant que tout tournait en dérision dans l'illogisme le plus total. A elle de s'adapter, comme elle le faisait en combat, mais sur le moment, s'adapter à ce qu'il se passait.

Encore une fois elle observa la salle.

- Elio, viens dans le cercle...

Une idée germait, mais son esprit semblait fonctionner au ralentit... Elle-même se plaça au milieu du cercle, en fait formé d'une multitude de runes.

En un mouvement bref, absolument inutile, elle planta Kage dans le symbole qui signifiait : Briser. Elle planta Kaze dans le symbole Chaîne.
A cet instant même, elle dut s'accrocher à ses sabres pour ne pas tomber. Quelque chose s'était produit.
Mais elle avait fermé les yeux.
Tout ça était un peu trop éblouissant.

- Tes gestes n'ont pas de logique ! Il faut plus de rigueur dans ce que tu fais !
- Mais si mes gestes avaient une logique, vous l'analyseriez et aurez vite fait de savoir où j'allais frapper !
- Ne t'énerve pas, explique.
- Je préfère que mes mouvements soient superflus, soient illogiques, plutôt que mon adversaire sache où je vais frapper.
- Je vois...Dis moi pourquoi.
- Je veux pas mourir tout de suite.
Elle essuya de sa manche la coupure qui saignait. A deux pas de là, un sabre, planté dans le sol, avait manqué sa cible...

Encore ce même schéma de la pièce...
Elio traîna un regard vitreux sur les murs et le plafond. Rien n'avait vraiment changé... Si ce n'était que cette fois, il n'y avait pas d'issu. Ils avaient si peu avancé dans ce dédale macabre et étaient déjà coincés ? C'était... affligeant. Et si ils en profitaient pour faire une autre sieste ? Cela lui semblait un compromis acceptable, si ils étaient réduits à finir leurs jours ici...
Mais pas le temps. Déjà, elle s'était avancé vers le centre de la pièce.

- Elio, viens dans le cercle...

Il la suivit, observant son manège plus avec un œil endormi que curieux. Il n'avait qu'une hâte, c'est qu'ils en finissent tous avec cette histoire de mort-vivants et qu'il puisse dormir en paix pendant un moment. Ah ça, il n'était pas près de remettre les pieds dans ce foutu cimetière.
Elle planta ses deux sabres dans le sol. C'était à croire qu'elle fonctionnait à l'aveuglette. Et déjà, elle fermait les yeux. Avait-elle deviné la suite des évènements ? Probablement. Puisqu'aussitôt, les contours du cercles se mirent à émettre une lumière verte qui semblait... tourner autour d'eux. Puis la lumière s'intensifia, érigeant sous leurs yeux ébahis -enfin presque- un mur de plus en plus haut, vert, lumineux. Il toucha la plafond et, à ce moment, Elio fut obliger de clore ses paupières, tant la lueur devenait insoutenable. Une sorte de bourdonnement se fit entendre, lui aussi de plus en plus fort. Heureusement, il n'eut pas à se boucher les oreilles. D'un seul coup, tout s'arrêta.

Ses yeux mirent un moment à s'habituer à la nouvelle pénombre qui régnait. Les premiers instants qui suivirent l'étrange phénomène, il ne distingua absolument rien. Et puis, à mesure que sa vue lui revenait, sa bouche s'ouvrit de plus en plus, jusqu'à son paroxysme.
Cette pièce... était... elle était... immense... Et le mot paraissait faible.
Ils étaient dans ce qui ressemblait beaucoup à une sorte de couloir. Sur les côtés, des portes étaient alignées par centaines. Non, par millier. Les compter toutes aurait été un travail atroce. Ne serait-ce que dans la hauteur de la pièce, il doutait de pouvoir la remplir avec une ville entière. En faite, il aurait été totalement impossible de se répérer sans ces torches disposées régulièrement, verticalement comme horizontalement. La largeur de la pièce se rapprochait des huit cents mètres. Quand à la longueur... Il n'en voyait pas la fin. Le bout se perdait dans une ligne verte, lorsque l'effet de perspective confondait les deux lignes de torche en un unique point vers, à perte de vue.
Là où ils étaient, le même type de cercle que dans les salles précédentes se trouvait sous leurs pieds. Il y avait une marche entre son niveau et celui du sol, sûrement pour faciliter l'escalade à un vieillard fragile. Mais qui aurait l'idée de visiter cette endroit ? Il faudrait une vie pour le faire ! Non, sûrement plus. Et pourtant... Que de trésors, aussi bien matériaux que de connaissances, devaient reposer en ces lieux... Il déglutit en repoussant l'idée de tout explorer. C'était définitivement de la folie. Ils devaient avant tout trouver un moyen de sortir de ce piège. Mais... chaque porte pouvait-elle les mener à l'air libre ?
L'air libre... Les pièces précédentes n'avait pas manifesté cette particularité mais... maintenant, il sentait nettement l'odeur de moisissure et d'humidité qui embaumait la pièce. Cet endroit semblait vraiment conçu pour rendre tout visiteur fou. Il comprenait à présent en quoi la visite de ce cimetière était dangereux. Si chaque porte menait à la tombe d'un nécromancien de haut niveau, le sol au dessus ne pouvait être que leur terrain de jeu. Pas très réjouissant.

Il s'avança dans la nécropole, alors que son esprit commençait à se réveiller et à s'inquiéter sérieusement. Pourvu que cet endroit ne soit pas si infini... Ou ils allaient mourir avant de revoir la lune... ou le soleil. Mais maintenant, son instinct lui conseillait une chose. Un peu stupide, mais, sur le principe, son raisonnement se tenait.

- Je suppose que la sortie est tout droit. Le soleil étant levé dehors, tout ce que nous avons à faire pour sortir de ce cauchemard, c'est retrouver le ciel, non ?

C'était si simple à dire. Et semblait si dur à faire. Mais ils pouvaient y arriver. Ils devaient. Il ne pouvait pas mourrir ici. C'était bien trop idiot, après avoir survécu à tant de chose. Et pas question qu'il laisse qui que ce soit derrière qui ressemble, de près comme de loin, à un ami. Il tourna les yeux vers Yoru. Elle n'avait pas particulièrement l'air sympathique, mais discuter ne pouvait que leur permettre de passer le temps.

- Tu t'appelles Yoru c'est ça ? Je me demandais où tu avais appris à te battre. Ce n'est pas un style de combat que j'avais déjà eu l'occasion de voir, alors... c'est un peu surprenant.

Bien, c'était fait, il n'était définitivement pas doué pour la causette. Il était avec une jeune fille, perdu au beau milieu des catacombes les plus vieux qui soient répertoriés, et tout ce qu'il trouvait comme sujet de conversation, c'était son style de combat. Rassurant, calme et amicale comme conversation n'est-ce pas ?
Il se rembrunit et commença à avancer, lentement, histoire qu'elle puisse le rejoindre facilement. Les zombies n'arrangeaient vraiment pas sa santé.

[sorry, pas d'inspiration ^^']

Et voilà, encore une nouvelle pièce. Encore des problèmes, puisque celle-ci était immense, si immense qu'on en voyait pas le bout. Et toutes ces portes avaient de quoi donner le tournis, voir de faire péter les plombs à n'importe qui.

A côté d'elle, Elio reprenait ses esprits, comme si cette salle n'avait absolument rien de magique, ou du moins d'une magie brumeuse qui vous engourdissait le cerveau. Il observait lui aussi la pièce, d'un œil plus éveillé que précédemment.

- Je suppose que la sortie est tout
droit. Le soleil étant levé dehors, tout ce que nous avons à faire pour
sortir de ce cauchemard, c'est retrouver le ciel, non ?

Yoru, contre toute attente, sourit. Les cauchemars, s'était son domaine, c'était son style de vie, tous ses gestes et ses pensées erraient dans un éternel cauchemar. Pour elle, ce lieu n'en était pas un. Il était plutôt ennuyant. Il avait raison. Mais comment atteindre le ciel depuis cette salle, haute de plafond qu'on ne voyait même pas et longue, infiniment grande ?

- Oui, je pense que tu n'as pas tort... Tu voies une issue toi ? Parce que je veux bien le retrouver, mais faudrait bien savoir comment...Et je ne pense pas me risquer à ouvrir toutes les portes...

Ils avancèrent de quelques pas. Yoru se demandait pourquoi, car de toutes façons, ils ne pourraient pas marcher pour l'éternité...L'éternité...En fait si. Tous les esprits, toutes les âmes du cimetière semblaient prisonnières de cet endroit, sinon, les mondes seraient assaillis par de nombreux morts. Les Esprits Créateurs avaient pensé à tout... Mais peut-être pas à ce que deux personne se perdent dans les sous sols les plus secrets du cimetière. C'était lugubre et pourtant, Yoru se sentait encore bien saine d'esprit. La solution... Et bien, elle ne l'avait pas.

- Tu t'appelles Yoru c'est ça ? Je me
demandais où tu avais appris à te battre. Ce n'est pas un style de
combat que j'avais déjà eu l'occasion de voir, alors... c'est un peu
surprenant.

Elle lui adressa un petit sourire malicieux. Décidément, ce gars là avait un sens aigu de la conversation. Enfin, elle ne pouvait pas se moquer, elle même n'engageant pas non plus la parole, ni même le moindre dialogue. Mais bon, puisqu'ils allaient encore passer un bon moment dans ce trou à rat, autant éviter de devenir fou en passant le temps.

- Et toi, Elio, si je me souviens bien.

Son style de combat ? Comme elle le pensait, elle ne sèmerait pas les enseignements de son maître pour toujours... Ils lui étaient encore bien utiles, mais elle n'avait pas vraiment envie d'en parler. Ce n'était pas un souvenir récent, pourtant il était gravé dans sa mémoire en lettres de...sang... Elle décida de ne dire que ce qui pouvait répondre à la question, même partiellement.

- Et ben, j'ai eu un maître quand j'étais petite qui m'a appris la plupart des choses... Je pensais que le style à deux sabres était plus répandu, mais...

Elle savait à quoi s'en tenir, au début de la nuit, elle s'était dit de ne pas trop en faire avec ses techniques, mais vu qu'elle n'avait rien utilisé de spécial...

- J'ai inventé deux trois trucs dans le maniement... En fait, je crois que j'invente à chaque combat...

Changer de sujet serait pas trop mal pour Yoru...Déjà qu'elle n'était pas douée pour parler, alors en plus si elle devait ressasser des souvenirs douloureux, ce n'était pas la peine. Elle détestait montrer ses faiblesses. Et parler d'elle n'est pas ce qu'elle affectionne le plus. A son tour :

- Pourquoi trainais-tu dans un cimetière ? C'est pas un lieu approprié pour un pique-nique^^

Encore une fois elle sourit, pour masquer son propre trouble et pour détendre un peu l'atmosphère qu'elle sentait glacée autour d'elle.

Ce n'était pas qu'une impression, il commençait réellement à faire froid. Peut-être y avait-il une solution finalement... Ouvrir les portes était une chose stupide qui risquait de faire surgir toute sortes d'ennemis plus forts les uns que les autres. Oui c'était trop stupide de toutes les ouvrir. Une seule porte pourrait les ramener. Restait à savoir laquelle. L'air devenait humide...

Bien sûr, le matin, de la rosée se déposait et il faisait frais ; il paraissait évident que dans un cimetière, il devait faire plus froid encore...Surtout s'il était sous une emprise magique.
Peut-être aussi étaient-ils sous terre, ou dans une grotte...Mais comme il était impossible de le savoir...

-Tu vois Yoru, il est primordial que tu perçoives tes sensations comme des alertes. Chaque alerte doit te mener à une conclusion. Mais pour l'avoir, cette conclusion, il faut que tu te dise que l'endroit où tu es est ton terrain de jeu à toi. Que tout ce qui t'entoure est toi-même. Tu comprends ce que je dis ?
- Moo~ui...
- C'est très important si un jour tu te retrouves les yeux bandés ou sans pouvoir voir la lueur du jour.
- C'est comme voir la nuit non ?
- hein ?
- Bah oui, la nuit on voit rien, alors il faut entendre et ...percevoir ?
- Oui, c'est ça. Et alors, comment vois-tu dans le noir ?
- En devenant le noir.
- Je pense que tu as compris... Alors s..
- Si je deviens mes sensations, elles-même relatives à l'environnement, je peux déterminer où je suis et où je peux aller ?
- Bien sûr, mais il y a toujours des millions de possibilités. Vas-tu trouver la bonne ?
- ...

Yoru ferma les yeux un instant. Si elle pouvait entendre ne serait-ce qu'un petit bruit...

- Et entendre le silence, tu peux le faire ?
- Bien sûr !
- Ah oui ? Vraiment ?
Le maître resta ironique, ce qui vexa un peu la petite fille.
- Bah...
- Yoru, ma petite Yoru, écoute le silence pour me montrer...
- Mais, là où je suis, même si je suis toute seule, je ne peux pas entendre de silence...
- Et alors...Que vas-tu faire ?

La jeune fille se concentra pour essayer d'oublier sa présence et celle de son compagnon. Sans réel succès.
Elle se concentra à nouveau. En vain.

- Eh ! pourquoi tu n'es pas venue hier ?!
- ...
- Répond ! tu dois t'entrainer tous les jours ! Pourquoi ?!
- J'ai pas envie de vous raconter ma vie.
Le maître avisa des traces rouges zébrant les bras et les jambes de la fillette.
- Bon... Ce n'est rien... Tu as mal ?
- Non, ça va.
- Il ne faut pas oublier les ressentis de ton corps, ils peuvent parfois t'être utiles. Il faut plonger à l'intérieur de toi même pour déchiffrer le message qu'il veut te donner.
- Ce "ressenti" ne vaut pas vraiment la peine que j'y fasse attention. Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- Commence par faire 25 pompes et étirements, ensuite on verra...

L'intérieur ? Yoru se concentra dans le sens inverse. Son corps sentait l'humidité, la fraicheur... Elle fit un pas. Ces sensations s'intensifièrent. Son corps sentait d'où venait cet air frais et mouillé. Il entendait même quelques gouttes tomber sur un...sol...un sol dur...Ou une pierre...

Elle rouvrit les yeux et avala une grande bouffée d'air, ayant un peu oublier de respirer. Elle tourna son regard nuit vers Elio, et lui fit un signe de tête impliquant qu'ils devaient avancer.

- D'après toi, sur notre gauche, à combien de mètres j'ouvre la porte ?

Heu...si il comprenait, c'était un vrai coup de bol. N'importe quelle estimation ferait l'affaire. Cette fois, le sourire de la jeune fille n'était pas forcé. La solution n'était pas loin...

[ et pis c'est toi qui dis que tu manque d'inspi ? -_-' ]

- Et toi, Elio, si je me souviens bien.

Il hocha la tête en signe d'assentiment. Elle ne semblait pas avoir de troubles de la mémoire, c'était toujours ça. Il avait presque eu envie de ne pas apprécier son sourire précédent, puisque sa fierté supportait toujours mal que des inconnus le raille. Mais presque seulement. Les gens étaient tellement plus beaux quand ils souriaient. A croire que le bonheur rejaillissait sur leur visage.

- Et ben, j'ai eu un maître quand j'étais
petite qui m'a appris la plupart des choses... Je pensais que le style
à deux sabres était plus répandu, mais...
Ce n'était pas vraiment faux. Beaucoup de personnes trouvaient le style à deux lames beaucoup plus efficace. Si, effectivement, cela permettait d'attaquer beaucoup plus vite, il fallait cependant une maîtrise de niveau bien supérieur que pour une arme seule afin d'arriver au même résultat. Ainsi, utiliser une arme supplémentaire était un avantage si l'on savait s'en servir et si l'on pouvait prévoir les mouvements de son adversaire. Ainsi, la grande majorité des gens qui utilisaient ce style de combat n'avaient en faite qu'un niveau très modéré, voir pitoyable, puisque leurs attaques n'étaient jamais suffisamment synchronisées. Il était souvent aisé de les défaire à main nu pour quelqu'un qui possédait un minimum d'entraînement.
Mais elle n'avait pas vraiment répondu à sa véritable question. Sa manière de se battre était encore différente. Elle bougeait énormément. Il se demanda si beaucoup de personne se mouvaient de la sorte, là d'où elle venait. En tout cas, elle était une des combattantes les moins désespérante qu'il ait vu depuis qu'il avait quitté son village natal. Si il était incapable de connaître son niveau maximum, le minimum était acceptable.

- J'ai inventé deux trois trucs dans le maniement... En fait, je crois que j'invente à chaque combat...

Ah. Ce n'était donc pas tout à fait parfait. Elle était donc loin de ces vieux aigris qui refusent toute critique sur leurs méthodes. Encore un point positif. Un style de combat n'était jamais parfait. Il n'y avait pas de "coup type" à utiliser contre tel autre, dans la mesure où il y avait une quantité inimaginable d'adversaires, d'armes et de lieux possible lors d'une bataille. Si elle lui avait semblé étrange à première vu, il commençait à l'apprécier.

- Pourquoi trainais-tu dans un cimetière ? C'est pas un lieu approprié pour un pique-nique^^

... Il commençait hein ? C'était lui ou elle venait de le railler ? Il grommela quelque chose d'inintelligible, puis ajouta sur un ton presque boudeur :

- Je ne comptais pas pique-niquer, juste me reposer et dormir, après avoir mangé à un endroit où il y a quelque chose de mangeable... Le zombie avarié en rondelle, non merci...

Une goutte de sueur coula le long de son coup. Il examinait les différentes portes finement sculptées avec un œil distrait, comme pour se donner une contenance et masquer son gêne. Puis il rajouta, presque malgré lui :

- En faite, je n'avais pas remarqué... que... c'était un cimetière...

Il en aurait presque rougit, le pauvre ! Heureusement que son changement de teint n'était presque pas discernable, dû à la lueur faible et verte qui éclairait leur dialogue. Mais bon, il fallait admettre qu'il était parfois légèrement sous doué sur les bords.

Il fixa l'infinie, à l'autre bout de la salle. Devaient-ils vraiment la traverser entièrement ? Et si elle ne finissait jamais ? Y avait-il une fin à leur calvaire ? Quand allait-il pouvoir dormir ? Et manger surtout ! Bien qu'oublier ses blessures et les laisser se refermer en paix était aussi alléchant. Muette depuis un moment, Yoru se mit soudainement à lui parler. Il s'était tellement habitué à ce silence qu'il sursauta en se retournant.

- D'après toi, sur notre gauche, à combien de mètres j'ouvre la porte ?

Il la fixa comme si elle était stupide. C'était quoi encore cette question ? Elle ne pouvait pas arrêter de dire des trucs incompréhensibles ? Ses neurones étaient en grève depuis un moment... Elle avait dû le voir non ? Il observa les portes sur leur gauche, essayant malgré tout de comprendre sa phrase sans queue ni tête. C'était un jeu de hasard ou elle lui demandait d'utiliser des capacités que lui-même ne se connaissait pas ?
Il ferma les yeux et tendis l'oreille. Il entendait le battement de son cœur, comme toujours. Son souffle. Rien ne changeait jamais à ce stade. Puis il étendit son champs d'écoute. Elle était derrière lui. Et semblait calme. Puis encore un peu. Les feux verdâtres qui brûlaient dans leur chandeliers macabres étaient étrangement muets. Encore un peu. Rien de plus. Encore ? De l'eau. Quelque part. Qui tombait par goutte sur le sol de pierre. Cela semblait déjà si loin... Et si il poussait encore son écoute...
Il ouvrit subitement les yeux, décontenancé par les murmures subits qui avaient atteint ses oreilles. D'où venaient-ils ? Il aurait dit que leur propriétaire était penché sur son épaule quand il les avait prononcé. Mais ils étaient tous les deux seuls dans cette pièce.

- Bon, écoûte, j'ai strictement rien compris, à ton histoire, donc je vais utiliser une capacité spéciale pour te répondre.

Il s'avança directement vers une porte qu'il venait de choisir, totalement au hasard, et l'ouvrit. Un escalier en colimaçon descendait dans les profondeur de... de cette crypte. Bon, pour des gens qui voulaient remonter, ce n'était pas gagné. Pourtant, il était sûr d'une chose. Par là, il y avait de l'eau. Il l'entendait mieux à présent. Il y avait bien plus qu'un rus qui s'écoulait au compte-goutte. C'était une rivière.

- J'appelle ça, la technique du pif !

Autant continuer et voir ce qu'il en était de cette histoire.
La descente ne fut pas très longue. Il dû compter environ soixante-dix marches. Le temps de faire deux tours... dans le sens des aiguilles d'une montre ? Étranges maçons... En même temps, qui aurait l'idée de bâtir quelque chose d'aussi immense alors que personne ne pourrait jamais en contempler l'immensité ? Et surtout, qui voudrait d'une rivière au milieu de son œuvre ? Enfin, si il y avait un milieu.

Lorsqu'il posa le pied dans la nouvelle salle, il se rattrapa aux murs par réflexe. Puis tâta le sol avec ses chaussures pleines de sucs pourris, de terre humide et de sang. Il laissa une trace sur le miroir qui faisait office de sol... de mur et de plafond. En faite, ils étaient dans un nouveau couloir auquel le trompe l'œil donnait l'illusion d'un gouffre sans fond.
Il avança un peu, fasciné par ce qu'il voyait. Et il remarqua que les flammes qui brillaient dans le miroir... n'existaient que dans celui-ci. Ce fut juste avant qu'une maison en feu hurle avec la voix de ses parents. Comme dans ses plus anciens souvenirs...

- En faite, je n'avais pas remarqué... que... c'était un cimetière...

Bien qu'elle perçut un léger changement de ton de son camarade, elle ne fit aucune remarque. Ce n'était pas un drame de ne pas savoir où aller, et elle était bien placée pour le savoir. Elle avait bien vu qu'il avait jugé son niveau et ses capacités lorsqu'elle lui avait présenté son style, enfin...

- D'après toi, sur notre gauche, à combien de mètres j'ouvre la porte ?

- Bon, écoûte, j'ai strictement rien compris, à ton histoire, donc je vais utiliser une capacité spéciale pour te répondre.

C'est vrai que ses questions étaient bien ridicules depuis qu'ils étaient là, et même depuis qu'elle était dans ce cimetière, et même depuis toujours. Des questions bizarres et incompréhensibles, elle en avait posé. Pourtant, lui aussi finit par tendre l'oreille. Ils arriveraient bien à peu près à la même conclusion. C'était un début. Une capacité spéciale ? Et quel genre de capacité on pouvait utiliser quand plus d'un millier de portes vous laissait le choix entre la bonne et les autres ?

- J'appelle ça, la technique du pif !

Évidemment. Elle commençait à bien apprécier Elio. Elio et ses drôles de manies. Mais l'heure n'était pas vraiment à sourire, bien que la dérision de sa réponse y porte. Et pour sûr, Yoru approuvait cette technique.

Elle suivit le garçon, constatant la présence d'une rivière, un peu en retrait toutefois. Ce n'est pas qu'elle aimait particulièrement rester derrière, bien au contraire, mais quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas pouvoir tenir debout si elle croisait un quelconque danger. Elle gênerait plus Elio qu'autre chose. De plus, elle était tellement fatiguée que son corps réclamait sa dose de sommeil, qui n'était pas très longue encore pour Yoru, mais qui était nécessaire au bon fonctionnement de ses réflexes. Et en ce moment, elle ne prenait presque plus la peine de surveiller leurs arrières, une erreur grandiose. M'enfin, un cimetière reste un cimetière, et des morts pouvaient surgir de partout, la jeune fille était sûre que plus rien ne la surprendrait après Rex et Dédé.

Pourtant, elle fut surprise. Alors qu'Elio posait pied sur une surface miroitante qui envahissait toute la nouvelle salle, il eut une réaction de recul, sans aucune raison. Peut-être avait-il ciblé un danger ? Yoru s'avança, sans toutefois toucher le miroir, et put voir avec stupéfaction qu'il reflétait des flammes, sans qu'il n'y ait aucune flamme. Il y avait une maison, sur le mur-miroir en face de son compagnon, en feu, et toute la pièce résonnait de hurlements déchirants. Des hurlements de détresse, semblait-il. Le décor était si parfait qu'on aurait pu se croire à l'intérieur, et la scène était si réaliste que les flammes dansaient dans ses yeux nuit et qu'un étrange sentiment montait en elle. Un sentiment qu'elle n'avait plus l'habitude d'éprouver : l'angoisse.
L'angoisse était palpable, de partout dans la salle aux miroirs, faisant grossir une boule dans la gorge de la jeune fille, sans qu'elle ne puisse contrôler toute cette émotion. Parce que ce n'était pas la sienne. Le miroir était puissant. Non seulement il n'avait pas pour reflet Elio, qui était pourtant dessus, mais en plus, il avait renvoyer une "image" d'un sentiment prenant. Ce n'était pas normal. C'était même pire que le Tricheur ou le Toutou.

La jeune fille ne pouvait détacher son regard de cette scène, si abominablement réelle, sans l'être. Et Elio restait figé au milieu du sol-miroir, les yeux emplis de sensations. D'anciennes sensations. Yoru pouvait presque voir les souvenirs qu'associaient une angoisse terrible...
** Et mais...!**
En fait non, elle pouvait même VOIR ces souvenirs ! Le...Le miroir semblait refléter toutes les images qui dansaient dans le regard du garçon ! Heureusement qu'elle n'avait pas toucher à cet endroit, elle aurait bien voulu appeler Elio, lui dire de remonter. Mais, sans qu'elle puisse savoir pourquoi, elle n'en avait plus la force. Le miroir était sans doute bien plus qu'un "simple" miroir magique, si on peut le dire...

Et vos yeux sont comme...aspirés dans une vision du passé, vous emprisonnant dans votre fascination, vous interdisant toute retraite. Elle ne pouvait laisser son compagnon là-dedans. Cela voudrait aussi dire marcher à son tour sur la surface miroitante... Mais quel risque finalement ?

Lorsqu'elle posa quelques pas légers sur le sol, elle attendit avec anxiété une quelconque réaction de la part du miroir. Mais rien ne se produisit. Elle avança encore, vers Elio, lentement, de peur que quelque chose se produise. Au contraire, les flammes devinrent juste noires, assombrissant la pièce de manière significative.

Elle allait tirer son camarade par le bras pour qu'il bouge, quand...

...!

[sorry, i am vii~deuh d'idées !! it's ze reason why j'ai pas fait un long poo~steuh...]

Le décors changeait. Non, ce n'était pas exactement ça. Il n'était plus dans la crypte. Autour de lui, les cigales chantaient, comme toutes les nuits. Ils pouvaient voir les étoiles qui brillaient au-dessus de sa tête. Le ciel était noir, noir comme l'ébène, noir comme la mort qui effleura son visage, ce jour là.
Lui, il ne prêtait plus attention à rien, si ce n'était ces langues de flammes qui léchaient l'air au dessus de sa maison, son foyer... Et ces cris de terreurs, de douleur... Cette angoisse qui lui serrait la gorge... L'étau ne fut cependant pas assez fort. Car il hurla. A s'en briser les cordes vocales. Il sentait sa gorge se raidir alors que ses poumons se vidaient.
Ses jambes, qui couraient depuis... combien de temps déjà ? Il était incapable de se remémorer quoi que ce soit, si ce n'était l'horreur que cet ambiance lui inspirait. Il atteignit la porte après ce qui lui sembla être une éternité et tendis la main vers la poignée, malgré la chaleur insoutenable qu'il sentait déjà. Ses doigts se refermèrent sur le vide alors que la maison reculait. Il se débattit, braillant de tous ses poumons. Mais ses bras d'enfant n'arrivèrent pas à le dégager de l'homme qui le retenait fermement. A bout de force, il se mit à balbutier, puis à gémir, marmonner pour enfin se taire totalement, les larmes aux yeux.

- C'est déjà trop tard, gamin. On ne les entend plus.

C'était vrai. Mais c'était impossible. Ils ne pouvaient pas avoir disparus. Pas ses parents. Non. C'était impossible...
Comme revitalisé, il hurla de plus belle. Impossible de comprendre quoi que ce soit à ses phrases à peine articulées. Lui-même ne savait plus vraiment ce qu'il disait. L'odeur des corps calcinés, la fatigue, cette chaleur... tout se mélangeait dans sa tête... Et puis...

- Alors c'est à ça que ça ressemble un être vivant ?

Il recula si violemment qu'il heurta le mur derrière lui. Un visage féminin l'observait à travers la glace. Son souffle était saccadé, son coeur battait à tout rompre et il se sentait encore pire qu'il ne l'était déjà, même si il n'avait jamais pensé cela possible.
Le tout était translucide et d'un bleu marine. Ses yeux semblaient luire, mais ce n'était pas du tout la même énergie que celle qu'il avait vu chez le chevalier. Elle semblait... différente. Plus intelligente et surtout plus consciente de ce qu'elle faisait. Peut-être même beaucoup plus maligne.
Encore sous le choc de sa mésaventure, il n'osa bouger avant qu'elle ne parle à nouveau.

- Tu peux lever les cheveux, que je vois à quoi ça ressemble en dessous ? Et le truc vert aussi ?

Il mit quelques secondes pour comprendre qu'elle venait plus ou moins de lui demander de se déshabiller. Il ignorait totalement la nature de cette nouvelle chose étrange mais pas question de faire ce genre de clownerie ! Surtout au milieu des mort-vivants !
Soudainement remonté, il retrouva sa voix, même si son souffle était toujours haletant.

- Eh, mais ça va pas la tête ? Vous ne voulez pas aussi que je me pende par les pieds et que je fasse toute sorte de trucs bizarres non plus ?

Elle écarquilla les yeux, comme surprise.

- Si, c'est exactement ça ! Comment le sais-tu ?

Il pris le teint écrevisse dans la seconde. Elle en éclata de rire. Lui, il en était loin. Mais qu'est-ce que cette chose faisait ici ? Et qu'est ce que c'était exactement ? Pouvait-elle traverser le miroir ?

- Excusez-moi, mais, sans vouloir vous offenser... qu'êtes-vous exactement ?

Le visage fit un tour de trois cent soixante degrés qui le fit sursauter. Puis un nouvel éclat de rire. C'était une manie chez ces gens d'être tous à moitié cinglés ? Ou bien avaient-ils une poisse si démentielle qu'ils tombaient toujours sur les spécimens les moins supportables ?

- J'suis un des habitant de cette endroit petit être. Tu as de sacrés souvenirs. J'aime beaucoup les flammes. Tu m'en montreras des vraies ?

Là, c'était le fond. Si cette chose n'avait vraiment jamais vu de feu de sa vie... ou de sa mort, avec toutes celles que ce lieu possédait... Mais, une minute. Elle venait de mentionner ses souvenirs. Avait-elle vu ce qu'il venait de revivre ? Était-ce ce que les gens appelaient un "ancien" ?
Une foule de questions se bousculaient dans sa tête. Mais il n'osait plus en poser. Il voulait sortir d'ici. Absolument... Il tourna la tête vers Yoru et posa sur elle des yeux presque fous.

- Tu as une idée particulière ?

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