Esprit es-tu là ? [Terminé]

Comme si le fait que des flammes étaient apparues dans un miroir n'était pas suffisamment bizarre, en plus, il fallait qu'une...femme leur parle à travers la glace. Et d'ailleurs, ses propos étaient vraiment incroyables, à croire qu'elle n'avait jamais vu la lueur du jour, et même d'autres choses que ces miroirs, toujours ces miroirs...
Elio, depuis l'apparition de "l'ancien", semblait avoir reprit ses esprits, mais paraissait avoir vécu d'innombrables choses que Yoru n'avait pas pu voir. Elle ne l'avait que sentit.

- Excusez-moi, mais, sans vouloir vous offenser... qu'êtes-vous exactement ?

- J'suis un des habitant de cette endroit petit être. Tu as de sacrés souvenirs. J'aime beaucoup les flammes. Tu m'en montreras des vraies ?

Alors c'était ça, des souvenirs, mais de l'autre côté du miroir. Les souvenirs d'Elio ? Visiblement. Et la "chose" s'était beaucoup amusée avec. La jeune fille fut soulagée d'être restée un peu derrière, histoire que le contenu de sa mémoire ne soit pas révélé au grand jour. Ou plutôt, au grand miroir. Elio avait fait les frais de la curiosité de l'habitante de ce lieu à sa place. Bien qu'il en semblait retourné, elle ne prêta pas attention à ce qu'elle avait vu. La vie, les souvenirs des autres, et tout le reste, elle n'en voulait pas. Porter ce qui est à soi est déjà bien assez difficile, de plus, l'indiscrétion ne faisait pas partie du mode de pensée de la jeune fille, qui, si elle ne le découvrait pas par elle-même, ne faisait aucun cas des évènements passés. Des évènements. Pas de la douleur. Et ce qu'elle avait sentit à ce moment, c'était terrible.
Et ça l'avait sûrement été plus encore, vu le regard qu'Elio tourna vers elle avant de lui demander :

- Tu as une idée particulière ?

Non, vraiment pas. Son cerveau était vide comme...vide.** Remue toi un peu Yoru ! Tu vas pas rester tétanisée comme ça !**
Non, ça aurait été une très mauvaise idée. Surtout que la femme n'en finissait pas aussi facilement...

- Tiens ! Je ne t'avais pas vue toi ! Alors les êtres humains, c'est comment là-haut ?

La "chose" n'était pas née ici, puisqu'elle avait déjà connaissance d'un là-haut...Yoru, comme le voulait son caractère taciturne, ne répondit pas. Évaluer une situation aussi étrange et qui ne semblait pas avoir de logique ne lui parlait absolument pas. Mais alors PAS DU TOUT. C'était ahurissant à quel point ce qu'il se passait leur filait entre les doigts.
L'âme du miroir sembla s'impatienter, car elle trépigna d'un air boudeur.

- Allez allez ! J'en ai marre du dedans, je veux du dehors !!

Compréhensible lorsque l'on passe des siècles au fin fond d'une crypte, entre quatre miroirs, si l'on puis dire... Mais ce visage...

- Elio, je pense qu'on est un peu dans la...

Bah oui, il avait déjà dût remarqué. Ces mots étaient plus qu'inutiles. Enfin, pas si il comprenait la façon tarabiscotée de s'exprimer de la jeune fille. Intérieurement, elle se donna une claque. Petit à petit, son esprit se réveilla. Yoru venait de comprendre avec horreur le piège qu'était en train de tendre le miroir. Difficile de voir derrière hein ? Et si on ne parlait plus de miroir ? Si on parlait de murs ?
Ils était coincés. En plein dedans. Et ils deviendraient sûrement fous si ce calvaire ne s'arrêtait pas.
Dès le début des visions, Yoru avait été très réceptive des sentiments qui se dégageaient de la scène ; elle sentait l'absence de sentiments.

Mais le pire n'était pas là...

Rien n'allait plus. Le piège s'était refermé, laissant Elio et Yoru prisonniers du miroir aux souvenirs, mais surtout de son esprit malin qui suggérait des solutions, toutes plus dangereuses les unes que les autres. Et maintenant, qui revoilà ? C'est Dédé ! Youpiii...

A présent, plus question de se téléporter, le chevalier devait connaitre son arme quand même, et si il ne savait pas ce que signifiaient les symboles, il comprendrait le truc dès qu'ils recommenceraient. Une possibilité d'évasion en moins.

C'est toujours ce qu'on a sous le nez qu'on remarque le moins. Ainsi, il aurait suffit de se rendre à l'autre bout pour sortir, et ils ne seraient pas coincés là...Oui, mais c'était arrivé, et Yoru n'aimait pas s'attarder sur ce qu'elle aurait pu faire. Maintenant, la question était : qu'allaient-ils faire ? A choisir entre Dédé et le miroir...elle ne choisirait pas. D'ailleurs, pourquoi penser à cela alors qu'ils n'avaient plus vraiment le choix ?

- Alors, brise la glace !

C'est vrai qu'il aurait suffit d'une ouverture à peine plus grande pour qu'ils puissent s'en sortir. Mais si ils écoutaient ce conseil, l'esprit des lieux ne pourrait-il pas s'échapper de là lui aussi ?

Elio s'interposa entre elle et le tricheur. La jeune fille ne comprenait pas cette attitude protectrice et n'aimait pas franchement ça non plus, étant donné que ses possibilités de mouvement étaient réduites. Quant à ce miroir...Il devait être la clé de toute cette mascarade, mais comment savoir ce qu'il fallait faire ?

- Je te laisse décider. En espérant te donner autant de temps de réflexion que possible. On peut toujours rejoindre le court d'eau, si tu ne vois pas la sortie, je peux t'y guider. Les solutions restantes, je suppose que tu les connais...

Ah, voilà la raison. C'est vrai qu'en rejoignant le cours d'eau, ils étaient quasi sûrs de trouver la sortie. Encore fallait-il s'occuper du chevalier de la triche, plus menaçant que jamais. Et ça, c'était autre chose...
Il voulait lui donner du temps de réflexion...Alors Yoru ne le gaspilla pas. Elle se concentra immédiatement et sonda chaque centimètre de la pièce, évaluant les distances. Mais à ce moment là, elle eut une meilleure idée que de se fier à une analyse mathématique.

- Elio, on va devoir se servir du miroir... Tu vois ce que je veux dire ? En fait...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase, car Dédé, l'impatient et implacable Dédé, entama le combat. Les deux jeunes gens évitèrent le premier coup, avec une chance incroyable.
Instinctivement, Yoru prit la distance nécessaire par rapport à l'ennemi, se laissant une marge de mouvement ambigüe. En effet, on aurait pu croire, faute au miroir, que l'espace qui l'entourait était bien plus grand qu'en réalité. Elle espérait avoir le chevalier de la mort dans son jeu. Malheureusement, ce n'était pas le cas ; il venait de trouver l'astuce et de se mettre dans la même position que la jeune fille. Elio était assez blessé comme ça, ils devaient changer les rôles.

- Elio ! Je m'en occupe, trouve la sortie ! Dès que tu l'as je cherche une possibilité de replis.

Si replis elle pourrait avoir...L'instant n'était plus aux recommandations cependant, et prendre le maximum de risques en sachant le minimum de choses paraissait à Yoru la solution la plus à portée d'esprit. Tiens, et d'ailleurs, l'esprit ?
Pas le temps de réfléchir, monsieur le joueur attaqua. Ses mouvements étaient rapides, précis, dans un ordre imparable qu'il était difficile d'éviter. De plus, il fallait jouer avec le reflet du miroir pour ne pas se retrouver acculé à un mur ou bloqué à se demander quel était le vrai Dédé ou la vraie Yoru.
Kaze effectua un mouvement circulaire, esquisse d'un assaut, qui fut paré avec facilité par le Tricheur. Ou plutôt par le miroir. Enfin...Heureusement, la jeune Umbrienne n'était pas sans réserves, puisque Kage servirait à arrêter le mauvais coup qui ripostait, alors que l'autre sabre était encore dans un mouvement ovale, laissant apparaitre une ouverture dans la garde de Yoru. Elle se baissa à ras du sol, ramena ses sabres au plus près d'elle, et tenta un percée en s'élançant à quelques centimètres seulement du sol-miroir, restant au plus bas possible. Ainsi, elle détermina non seulement quel Dédé était dangereux mais aussi comment le filer sans se heurter à un mur invisible. Encore une fois, l'attaque fut parée mais Yoru put entrer dans le centre de mouvement du chevalier.

- C'est au plus près de l'attaque que tu es en sécurité. Face au danger, deviens le danger.

Encore, elle tenta de s'approcher plus près, sans réel succès. Il fallait trouver autre chose. La jeune fille commençait sérieusement à fatiguer à force d'esquiver des coups pleuvant rapidement sur elle. Touchée. Elle ne fit pas attention à l'entaille qui venait faire couler quelques gouttes de sang sur son bras. Trouver autre chose...autre chose...Nouvelle attaque, nouvel échec. Touchée. Si seulement elle pouvait décrypter la combinaisons de tous ces mouvements...

-Dans les yeux de ton adversaire, plus que dans ces gestes, tu peux savoir à l'avance là où il va frapper. Tu as un avantage^^ton manque de technique t'oblige à changer souvent de posture ou de coups. Certains adversaires, eux, auront toutes leurs attaques prédéfinies, bien organisées, pour te mettre le coup de grâce et en finir.

Yoru avait toujours été trop inventive au niveau de ses coups et n'en avait pas de perpétuels. Ils changeaient à chaque essai. On lui avait toujours montré ça comme un défaut en combat. Mais elle avait toujours fait cela. Et c'est ça qui aujourd'hui la sauvait, pour l'instant. Touchée. Pour l'instant...

Où en était Elio ? Que se passait-il avec l'esprit du miroir ?

Les mouvements de la jeune fille étaient ralentis par de multiples blessures. Le caractère imprévisible du vent et l'inaccessibilité des ombres. Yoru trouva un coup jouant sur la lenteur. Elle se força à ignorer les gestes du tricheur pour effectuer elle-même une rotation. Avec lenteur, elle se baissa de nouveau au sol. Touchée. Elle était vraiment près maintenant, vraiment très près. Elle tendit le bras très doucement. Touchée. Elle serra les dents sous la douleur. Touché. Elle sentit de nouveau la force monter en elle, alors que Dédé avait légèrement ramolli sa garde. Nouvelle rapidité. Elle enfonça joyeusement le tibia de l'adversaire, voulant le faire basculer en avant. Raté. L'ombre du vent n'est pas perceptible. Alors que le dangereux chevalier rétablissait un équilibre parfait, L'ombre du vent se fit la plus invisible et la plus discrète possible.

Le temps qu'il reprenne une garde appropriée, Yoru n'était plus là.

** Il est collant ce Dédé ! **
Yoru venait à peine de le laisser avec lui même qu'il l'avait rejointe, enfin presque, alors qu'elle se dirigeait vers le chemin qu'avait indiqué Elio. Elle n'était plus fatiguée, après avoir touché le Chevalier, et se permit d'accéléré pour échapper à son poursuivant. Et elle savait que ce n'était pas la bonne solution. Elle aurait dût éviter de mettre de la distance entre eux, même si le tranchant de ses sabres portaient loin, le corps à corps était plus pratique pour leur longueur. Si c'était ce qu'avait prévu le tricheur, elle s'était foutue dedans. Le combat à distance n'était pas dans les habitudes de la jeune fille, mais tant pis, elle continuerait de courir, puisque maintenant elle était coincée.

Elle s'essouffla plus vite que d'habitude en surveillant fréquemment ses arrières pour ne pas perdre le poursuivant de vue. Visiblement, il ne cherchait pas à disparaitre, ce qui était une bonne et une mauvaise nouvelle en même temps : bonne, elle savait où il était et quelles étaient ses possibilités d'attaque. Mauvaise, si il restait là, c'est qu'il avait quelque chose derrière la tête.

Elle ne voyait pas Elio devant elle, elle supposa donc que s'il était hors de vue, il avait trouvé abri, cachette ou je ne sais quoi d'autre.
Elle passa une sorte de porte, examina rapidement les alentours dans son élan, le Tricheur à ses trousses et sur ses talons. Elio était juste sur le côté. Il fallait trouver une solution rapide et efficace pour le prévenir que Dédé suivait de près. Mais quoi ? Hurler à son compagnon de combat informerait le Chevalier de la mort qu'il était présent. Elle dût se résigner à un simple coup d'oeil insistant, car elle ne pouvait s'arrêter alors qu'ils étaient sur le point de piéger l'ennemi. Si on ne le tuait pas mais qu'on était assez balèzes et malins pour le mettre hors d'état de nuire, on pourrait lui soutirer quelques informations concernant cet endroit.
Les blessures qu'il lui avait infligé commençaient à tirer sur ses muscles endoloris et elle fut obligée de ralentir.
Pourvu qu'Elio soit vif, car Dédé venait de passer la porte...

[ désolée pour le post pourri, mais je suis à court d'idées...Peut-être qu'il faudrait trouver vite la chute du Rp parce que ça commence à être un peu dénué d'intérêt...]

[don't worry on arrive au bout]

Il l'observa sortir comme si elle avait la mort aux trousses, ce qui n'était pas totalement faux. Il sentait le "BADAM" sourd et régulier qui envahissait son crâne. Il entendait les bruits de pas du chevalier. Il assura maladroitement et machinalement sa prise sur son épée. Le manche était trempé par la sueur. Quand à ses vêtements, c'était une véritable inondation.
Encore un peu... Il pouvait entendre chaque fois que le pied métallique se posait sur le sol pierreux. Il pouvait voir la scène aussi bien que si ses yeux étaient ouverts. Le mur, la porte, et Dédé qui s'en rapprochait...
Il leva prudemment son arme ternie par les chairs de zombie, préférant être sûr que son adversaire ne devinerait pas la prochaine attaque. Encore trois mètres... Deux... Un... toujours ce décompte qui le stressait au plus au point. L'attente. L'impossibilité d'être maître de son futur. Il n'avait pas eu le choix depuis le début de cette mésaventure. C'était comme si chaque mouvement en face était calculé pour qu'ils n'aient aucun échappatoire. Comme si la fin était dors et déjà prévue...
Zéro. L'ombre encapuchonnée passa la porte. Il y eu un éclair d'argent alors que sa lame fendait l'air. Un craquement sourd, le bruit d'un os qui se brise. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'un casque vide roula sur le sol en brisant le silence dans un fracas assourdissant. Sans lâcher son arme, stressé à tel point que ses phalanges avaient blanchis, il observa le corps décapité tomber à genoux. Son regard exécuta des allez-retour entre Yoru et... ça...
Un mince filet vert sortit du cou, s'élargissant doucement. En tendant l'oreille, on pouvait entendre des voix qui hurlaient. Elio déglutit, constatant que le phénomène allait en s'amplifiant. Il peinait à garder son arme immobile, tremblant de tous ses membres. Il finit par lâcher d'une voix blanche :

- Je crois qu'on ferait mieux de suivre la sortie indiquée par le miroir...

Il n'attendit pas de réponse. Il n'en avait de toute manière pas eu le temps. Une détonation venait de le faire tituber, transformant les murmures en cris déchirants. Il entama sa course, reprenant le chemin en sens inverse. Il ne s'occupait même plus de savoir si Yoru le suivait. Il ne prit même pas attention à l'esprit dans la salle du miroir, remontant l'escalier en prenant les marches cinq par cinq.
Depuis le début, ils étaient aux portes de la folie. Il venait d'en franchir le seuil.
De retour dans le hall, il prit à gauche et couru avec toute l'énergie qui lui restait. Même plus. Il entendait le bruit de ses pieds qui résonnaient dans la salle avec un écho terrifiant. Et toujours ces hurlements lointain qui continuaient à s'intensifier.
Et il continuait à courir. Sans s'arrêter, sans s'accorder la moindre pause. Son souffle devint rapidement haletant. Un point le saisi au côté. La panique le gagnait alors qu'il s'enfonçait dans la pénombre maintenue par les torches vertes qui parsemaient les deux murs, alors que la sortie n'apparaissaient toujours pas. Alors que la fatigue tentait de plus en plus fortement de le stopper.
C'était comme si le temps s'était arrêté. Comme si il était en dehors du monde réel. Et qu'il n'atteindrait jamais le bout, son ultime espoir. Et Yoru ? C'est à peine si il avait encore le temps d'y penser.
Et puis comme si elle avait toujours été devant lui, une gigantesque porte à double battant apparu devant lui. Elle prenait presque à elle seule toute la largeur de la pièce. Quand à la hauteur... Tout logique lui aurait dit qu'il était impossible de pousser un édifice de ce genre à lui seul. Mais il ne restait plus de "logique". Ses mains se posèrent sur le battant de bois violemment et il le poussa de toutes ses forces. Un grincement odieux lui répondit alors que l'objet gargantuesque se déplaçait.
Ce fut d'abord une mince ligne de lumière blanche qui envahit la pièce puis elle gagna tout son champs de vision, l'éblouissant totalement, si bien qu'il du mettre sa main en visière pour se protéger.






Il cligna des yeux un moment avant d'être habitué à la lumière du soleil. Quittant la position allongée, il se redressa et regarda autour de lui. Un cerf l'observait d'un air méfiant. Yoru était allongée non loin de lui et semblait encore dormir. Il se prit la tête entre les mains, tentant en vain de chasser la migraine qui le menaçait comme il tentait de comprendre ce qui venait de lui arriver. Pris d'un doute énorme, souleva sa veste intacte - quoiqu'un peu boueuse- et fixa d'un air ahuri son torse indemne. Même son bras ne semblait pas blessé. Il sonda le cimetière qui paraissait beaucoup moins effrayant éclairé par un doux soleil orangé en train de se lever. Pas de purée de zombie. Pas de trou. Pas de trace de leur violent combat. Son regard s'orienta vers la forêt, sans dommage, elle non plus. Pas de trace de chien géant, de liche complètement délurée ou de chevalier mort-vivant adorateur du meurtre et de la torture.
Une envie de vomir remonta dans ses entrailles mais il fit de son mieux pour se contenir. Hésitant sur la conduite à adopter, il préféra attendre que la jeune femme qui l'avait accompagné se réveiller et puisse lui confirmer que tout ce qui venait de se passer n'était pas un rêve. S'adossant à une croix en pierre, il la fixa en silence, attendant qu'elle réagisse.
Une minute passa, puis deux. Son malaise augmentait. Il se mordit les lèvres. Trois minutes. Quatre. Cinq. Le silence était rompu, par moment, par le cri d'un corbeau ou d'un autre oiseau pas vraiment plus sympathique. Il y avait de la vie. Mais si peu. Ses doigts hésitait à frapper en rythme la roche sous son postérieur afin de chasser l'angoisse. Six minutes. Il craqua. Passant et repassant sa langue sur ses lèvres, il se mit à jouer une musique muette sur la tombe. Sept minutes. Huit. Neuf. Dix. Ne tenant plus, il se leva. Il avait faim. Il était épuisé. Et il ne comprenait pas cet endroit qui lui donnait la chaire de poule et une migraine à faire pâlir n'importe quel alcoolique.
Ou que puisse se trouver la sortie, cette fois, il finirait bien par l'atteindre. Il s'éloigna de son étrange compagne, cherchant du regard un lieu à partir duquel ces croix funèbres n'existaient plus. Il lui fallut dix bonnes minutes et cent vingt fois plus de battements de cœur pour arriver au bout. Il dépassa sans même les regarder la dernière tombe et le panneau qui indiquait lugubrement :


Et dessous, gravé grossièrement, presque en vitesse, quelques mots joviales...