Alentours délabrés du Fort [Terminé]

Chiyo soupira:

Tu ne peux pas comprendre!

Elle fit voler une aiguille qui resta en suspend devant elle. Puis, d'un geste large de la main, elle l'envoya vers le visage de Gabnon en se précipitant au ras du sol à sa suite, sa dague bien haute au dessus de sa tête, prête à donner la mort. Pourtant, elle se figea soudain...quelque chose la bloquait... Pas vraiment un souvenir, mais une impression de déjà vu... Cette chaleur dans le regard de Gab' cette stupide assurance qui le poussait à lui faire confiance jusqu'au bout... Elle ne voulait pas se souvenir pourtant elle ne pouvait pas frapper cet homme désarmé...

Je... Je ne peux pas...

*Mais si tu peux!!*

Non... Je n'y arriverais pas ...

Luca, au fond de l'esprit de la demoiselle enrageait... Elle enfla et enfla encore, prenant toujours plus de puissance... Soudain, les yeux de CHi' disparurent derrière sa frange. Ses épaules ressemblaient à celle d'un pantin désarticulé...Un rire nerveux jaillit de sa gorge et elle murmura d'une voix métallique étrangement différente de celle qu'elle avait quelques secondes auparavant:

Mais si, tu peux le faire... Cet humains... Ce sale humain...

Elle jeta sa dague au loin et dégaina les jumelles qui hurlaient leur soif de sang dans son dos. Une dans chaque mains... Puis, elle se baissa un peu, penchée en avant...Et alors, elle se mit à courir. Un bond impressionant et elle commença sa danse mortelle, enchainant les coups, frappant avec précision Gabnon pour le pousser à bout, taillant sa chair et riant de plaisir.

Chiyo soupira...

T'es chiant... vraiment chiant...

Chiyo s'appuya sur les épaules de Gabnon, le plaquant au sol et en profitant pour redresser son buste. Elle resta là, le dévisageant encore, étrangement calme. Son visage d'ange barbouillé de sang, ses crocs encore visible et son air affamé n'inspirait pas à la confiance. Sa chemise imbibée de sang lui collait au corps, ses mains semblait gantées de rouge... bref, la parfaite petite tueuse psychopate... Elle s'essuya le visage avec le revers de la dite chemise et s'étira comme une chat repu. Puis elle se pencha sur le cotés et se laissa tomber. Elle roula et se retrouva allongée sur le dos à cotés de Gab':

Pourquoi tu ne me frappes pas? Pourquoi tu te laisses tuer comme ça?

Elle attrapa la main de Gabnon pour qu'il sente combien la sienne était glacée:

Je ne suis pas humaine, je suis un monstre, une erreur de la nature. Je ne devrais meme pas exister, alors pourquoi alors que ta vie en dépends, ne te défends tu pas?

Elle planta ses ongles dans la paume de son interlocuteur, puis, elle murmura les yeux fixés vers le ciel:

T'es mort?

Et si elle l'avait tué.... En ressentait elle de la culpabilité... Non pas vraiment... Juste une pointe de regret... Elle aurait voulut mieux le connaitre... Peut être aurait il sut... Non.. Une seule personne savait la comprendre... Les autres ne faisaient que semblant d'écouter le cœur de la jeune vampire. Elle posa une main sur sa poitrine et chercha vainement son pouls... Évidemment, il ne battait pas... Avait il jamais battu un jour... Elle ferma les yeux et respira profondement... Le sommeil la gagnait... Elle s'étira encore et se leva lentement... L'ours immense s'approcha d'elle et elle grimpa sur le dos de son compagnon en déclarant:

Ce fut instructif mais je ne vois pas d'interet de rester plus longtemps. Et toi?

Chiyo posa sa main sur le sommet du crâne de Bel' pour le calmer car l'animal sentait comme elle l'appel des grands espaces. Il recula un peu, s'asseyant presque puis repartit en avant, claquant des mâchoires vers le corps de Gabnon. Chiyo se pencha un peu et murmura quelques mots dans les oreilles duveteuses de son compagnon qui gémit d'impatience. Puis, il se pencha en avant pour permettre à sa maitresse de descendre. Cette derniere sauta au sol avec aisance et regarda avec pitié le corps immobile du nomade. Il avait essayé, de toute son âme, de toutes ses forces de l'aider. Mais ce qu'elle ne lui avait pas dit, c'est qu'elle n'avait pas besoin d'aide, pas besoin d'assistance. Elle avait en ces mondes une personne qui lui tenait lieu de ligne de folie, dans le sens ou tant que cette personne serait en vie, Chiyo conserverait l'intégralité de sa raison. Elle aurait toujours une raison de se battre pour survivre.

Quel blaireau pathétique... en plus son sang est dégueulasse.

La gamine s'accroupit prés de la main de Gabnon et regarda cet être simple qui ne vivait que pour ses sentiments... Quelle absurdité... Se sacrifier pour une personne que l'on aimerait d'accord... Mais pour une inconnue qui ne cherchait que votre mort... Quelle maniere ridicule de finir sa vie...Chiyo attrapa une longue baguette de bois fine et s'assit en tailleur pour en tailler l'extrémité. Elle refléchissait en même temps à l 'obstination de sa victime... Quelle persévérance... Dommage qu'il aie été si faible... Quand la baguette fut bien pointue, elle en mit la pointe aux flammes selon la technique qu'utilisais déjà les hommes des carvernes pour durcir la pointe de leur sagaie...

Je me demande vraiment s'il va survivre ce débile...

Le long de sa mini lance, elle grava du bout de sa dague:

Hey mec, j'ai besoin de personne moi!

Puis, elle revint vers le corps étendu et s'accroupit face à lui. Elle attrapa les cheveux de l'inconscient dans sa main gauche et murmura:

T'es vraiment malchanceux d'être tombé sur moi.

Elle leva son pieux et le planta dans la main du nomade, l'enfonçant par la meme occasion d'environ 15cm dans le sol. Puis elle se redressa, contempla son oeuvre un instant et grimpa sur le dos de sa monture qui démarra en trombe dans la clairiere emportant le rire de sa maitresse avec lui.

Il gisait là, dans un bien triste état presque réduit au stade de carcasse. Seul un miracle aurait pu le sauver, et ce fut chose faite. Sa quête, en venant ici, guidé par les murmures du vent, était d'inconsciemment retrouvé ses frères et ils étaient tout prêt. A cause du feu de la caverne qui laissa échapper certaines odeurs, 3 ombres surgirent finalement hors de la nuit, une bonne demi-heure après le départ de la vampiresse.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la caverne, ils virent le corps de leur ami, séparé d'eux il y a de cela 2 ans. Alors qu'ils s'approchaient, ils s'occupèrent de Gabnon.
- mon ami... tu es dans un bien triste état...
Fit l'un d'entre eux en retirant d'un geste vif le pieu de bois qui le clouait au sol. Il passa son bois sur toutes les surfaces et pu sentir un message prônant la solitude. Ce dernier se mit à rire, les nomades savent de façon pertinente que l'on a toujours besoin des autres. Hésitant à le balancer pour ne pas forcer le blessé à s'en rappeler, il le garda tout de même dans sa sacoche alors que le nomade trahi était transporté ailleurs.

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C'est à dos de cheval que l'on transporta les restes de celui que l'on appel "Le Niais du clan". On s'est très vite rendu compte qu'il était très spécial mais malheureusement trop ignorant pour pouvoir vivre dans la sombre société que nous avons refusé de regarder. Je suis Zanh Kilsta, fils de Lokzah Kilsta, un des derniers nomades du clan du nuage gris. Après un tragique incident, nous n'étions plus que 4 et le clan condamné à périr avec le temps.... nous ne sommes que des mâles et seules les femelles du clan peuvent donner une progéniture pour le clan au sens propre de nos anciennes et rupestres coutumes.
L'état dans lequel Gabnon Terestion, fils de Magluk Terestion, a été retrouvé est un drame. Nous nous sommes occupés de poser baumes et bandages sur ses blessures. Il n'y a qu'au niveau de son flanc et de sa main droite qu'il y aura un peu plus de soucis à se faire mais il va survivre.

Finalement, nous nous trouvions sur les hauteurs, un plateau fort calme et décidions de monter le camp. Feu allumé, encens entrain de bruler pour effrayer les bêtes, état de notre quatrième et dernier membre de clan stabilisé, tout vas pour le mieux. J’espère juste qu’aucun voyageur ne nous apercevra ici.
Oh, voilà enfin qu’il se réveil, les plantes commencent à faire effet. Tout bon nomade connait son environnement. L’herboriste et l’alchimiste sont des cordes de métier qu’il faut savoir maitriser pour augmenter, nos déjà maigres, chances de survie.
- Tu reviens de loin mon frère de nuage…
- Qu-Quoi ? Mais… Zanh !
- Heureux de voir qu’en dépit du sang, tu n’as pas perdu la mémoire !

Il était toujours avec tant d’énergie, c’était bon de le revoir mais qu’est ce qui lui est arrivé ? Je n’ai pas tardé a le lui demandé et m’a tout expliqué… tout…
- Et voilà comment j’ai perdu connaissance… vous n’avez vu personne sur les lieux ?
- Nan, juste ça dans ta belle main *lance l’épieu de bois*
Il ne sembla qu’à moitié surpris en lisant l’inscription à la lueur des flammes avant de le jeter dedans. Il se releva, malgré qu’il soit niais, il avait toujours eu cette force de se relever et continuer…
- Je trouve que ce qu’elle dit est triste…
- hum… toi aussi tu trouve ? Totalement idiot… besoin de personne… jamais entendu un truc aussi absurde…
- Oui… elle a un ours avec elle et est encore jeune, mais elle n’est pas seule au moins…

J’ai marqué un temps, réfléchissant si il n’avait pas succombé a des pensées perverses mais son timbre, son regard et la grandeur de son âme ne mentait pas, il tenait à l’aidé.
- Si tu veux savoir, ce n’est pas la bonne façon pour l’aidé comme tu t’y es pris. Non mais t’a vu ton état !? T’était presque mort… Tu as de la chance d’être en vie ! Tu te souviens de ce qu’on s’est juré il y a 2 ans !?
- comment pourrais je oublié ?...

Il se passa la main sur sa cicatrice… cela faisait juste 2 hivers… Alors que nous terminions de bruler les corps de nos défunts frères et défuntes sœurs, Gabnon se saisi de sa dague et se tailla au niveau de l’œil droit. Il cria que c’était la cicatrice d’une promesse de ne jamais abandonner espoir, de continuer à se battre. Nous avions perdu notre clan, notre raison de vivre mais il continuait à vouloir vivre : admirable.
Alors nous nous sommes tout les 4 séparés et avons promis de nous retrouvez quand le vent murmurerais que le temps est venu. Une quête pour trouver la détermination et le courage de vivre…

Nous discutons depuis 2 heures, de nos voyages et de ce qu’on a appris lors de ces derniers et finalement, ce fut au tour de Gabnon de donner sa réponse.
- pour moi qui écoute la voix du cœur… je trouve que nous, nomades, devons aider tout ceux dans le besoin… nous vivons marginaux de la société, n’ayant point l’augure des querelles du monde et des guerres… c’est égoïstes comme mode de vie… alors je recherche cet équilibré… celui de pouvoir faire la part entre la générosité et l’égoïsme. En aidant les autres, je deviens généreux et en vivant en nomade je suis égoïste… voilà mon équilibre… prenant part à aider ceux dans la détresse et laissant au reste du monde le loisir de faire la paix ou la guerre pour ne pas perturber son équilibre…

J’avais la larme à l’œil… pour des étrangers, ce serais un discours banal mais il y avait cette énergie… notre vécu… l’ambiance… l’amitié… la recherche d’une délivrance… sa réponse suintant le vécu et la sincérité. Pas étonnant venant de Gabnon, celui qui écoute son cœur et vit en cœur avec ce dernier.
Alors que je me relève et que nous applaudissions malgré qu’il refuse des éloges, nous avions fini de nous concerter. Demain allait être le nouveau départ pour chacun de nous. Je le regarderais partir au loin mais avant cela, une question me trottait dans la tête… je la garde pour le lendemain…

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Gabnon s’était levé a la première aurore tout comme ses frères, telle était les habitudes des nomades du clan du nuage gris. Cette nuit à, dans le fond et sur la fin, été hautement bénéfique. Alors qu’ils se disent adieu avec une promesse de retour, Zanh se dirigea vers Gabnon.
- Excuse-moi, j’ai une question. Que compte tu faire si tu recroise cette vampire ?
Le nomade blessé regarda la paume de sa main droite, bandage avec baume et tache de sang qui ressort légèrement et serra le poing avant de relever la tête vers son ami.
- Lui montrer que les faibles cachent toujours une force insondable…
- Détermination ?
- Entre autre… mais tu m’as rappelé que la vie se devait d’être sauvegardée… je ne serais pas aussi doux avec elle la prochaine fois… mon cœur devra faire avec les promesses et pas juste avec ses sentiments…

Et ce fut sur ces belles paroles que Gabnon reparti vers sa route qui se limitais à marcher et voir du pays tout en aider ceux sur sa route, inlassable et aussi dérisoire qu’il puisse paraître. C’est le destin d’un nomade un peu fou qui écoutait les murmures du vent de la plaine…