Holly poussa le pas de la porte, exténuée. Le soleil commençait à descendre lentement sur la capitale, une fin de soirée ordinaire. Elle revenait avec peine du marché en plein air hebdomadaire organisé sous la tutelle de la ville par la guilde marchande d'Harmonia. Cet endroit était le lieu rêvé pour glaner quelques informations par-ci, par-là. Les gens parlaient d'eux même tels des colporteurs toutes les dernières nouvelles qui étaient arrivées au creux de leurs oreilles. Et étant donné que les marchands venaient de tout le pays... Vous imaginez bien le nombre de rumeurs qui pouvaient circuler. Beaucoup de gens n'y venaient que pour s'y distraire, n'ayant pas d'achats particuliers à faire, et plus les histoires étaient intéressantes, plus les portefeuilles se déliaient vite. Une personne de bonne humeur est toujours plus ample à acheter des babioles qui lui seront inutiles que quelqu'un de renfrogné. Ils avaient trouvé leur filon! Malheureusement pour Holly, cet avantage avait aussi pour gros handicap la véracité des propos. Les gens aiment à en rajouter. Que voulez-vous... C'est la nature humaine, on n'y pouvait rien. Mais de ce fait, il fallait faire le tri de toutes les histoires et les recroiser avec ce que disait le voisin. Et c'est ainsi qu'Holly avait fait mainte aller-retour entre les petites échoppes, à la recherche de la vérité et surtout de quelque chose d'un quelconque intérêt pour elle. Car bien des histoires étaient intéressantes mais peu lui étaient utiles et partir à l'aveuglette n'était pas une bonne idée, elle en avait déjà fait les frais.
Holly balaya la salle du regard. A cette heure-ci l'endroit n'était pas encore trop plein. Après il n'était pas encore vraiment tard et le marché, un peu plus loin battait encore son plein. Les petites tavernes l'environnant devaient être pleines à craquer et affreusement bruyante. Enfin c'est normal, les gens heureux sont toujours bruyants et exubérants mais comment leur en vouloir? Elle vit une table libre au fond de la pièce près de la fenêtre. Ça irait parfaitement. Elle fit signe au tavernier tout en allant nonchalamment s'assoir sur la chaise qui faisait le coin. Elle avait ainsi une vue sur l'ensemble de la pièce et avait même le droit à un petit rayon de soleil qui venait la réchauffer doucement en filtrant par la fenêtre. Quand l'homme qui s'occupait de l'établissement arriva, elle lui demanda du pain et du beurre ainsi qu'une boisson rafraichissante. Marcher lui avait donner faim mais elle ne se voyait manger un vrai repas si tôt dans l'après-midi. Et elle avait de l'argent pour une fois donc elle pouvait bien se permettre un petit écart. Une fois commande passée, elle repensa à ce qu'elle avait apprit et ce qu'elle devait en faire.