[EVENT] Le Reveil des Trois Soeurs (groupe 3)

La nuit s’élevait sur Soleriès. Elle emportait tout sur son noir passage, traînant jusqu’au sommeil les rares habitants encore debout à cette heure tardive. La lune était déjà levée depuis longtemps, dominant ciel et terre de sa lumière argentée. Les rues étaient calmes. Trop calmes.

Poussant un sursaut de frayeur, Flore se dressa sur son lit. Elle haletait dans un effort désespéré pour trouver de l’oxygène. Ses sens déroutés cherchèrent pendant quelques secondes un point de repère. Non, la maison n’était pas en flamme. Tout était sagement à sa place dans la petite chambre à l’étage, sous les toits. La commode, à droite de la fenêtre. La table de chevet, jusqu’à côté du petit lit. La table d’appoint, avec la bassine d’eau. Ça n’avait été qu’un rêve. Juste un cauchemar Mieux valait l’oublier, oui. Mais dans ses prunelles d’argent luisait encore la frayeur de ce qui avait été son rêve.
Lentement, elle replia les couvertures et s’assit sur le bord du lit. Elle sentait la sueur dans son dos qui coulait. Rêvait-elle depuis longtemps ? Peut-être plusieurs heures même ! Mais pourquoi avait-elle peur à ce point ? Flore soupira et se leva, chancelante. Elle avait mal à la tête. S’appuyant aux murs de la chambre, elle trébucha jusqu’à la bassine d’eau, dans laquelle elle plongea entièrement la tête. Elle savoura cet instant, sentant un frisson la parcourir le long de la colonne vertébrale. Lentement, elle reprenait contact avec la réalité. Cependant, ce rêve qui l’avait hanté, elle ne parvenait pas à le chasser entièrement. Encore une fois, comme pour s’assurer qu’elle n’était plus dans ce cauchemar, elle regarda autour d’elle. Non, rien n’avait changé : chaque objet était à sa place précise, à tel point que ça en devenait déroutant. Soudain, elle ressentit un besoin urgent de quitter cette pièce et de sortir prendre l’air.

Attrapant son épée qui était posée contre le mur, à côté du lit, Flore ouvrit la fenêtre. L’air s’engouffra et moucha les chandelles, rendant la pièce totalement obscure. Puis, avec agilité, elle grimpa sur le rebord de la fenêtre et s’accrochant à la gouttière, monta sur le toit. L’air frais lui fit du bien. Elle inspira et expira longuement, comme pour achever de se débarrasser des dernières mauvaises impressions de son rêve. Tout avait été si réaliste pourtant…
La cité état en feu et Flore dormait dans son lit. Soudain, elle avait voulu se lever mais rien n’y faisait. Malgré toutes ses tentatives, elle ne parvenait pas à bouger, restant couchée. Alors les flammes se rapprochaient et elle pouvait sentir leur chaleur contre sa peau.
Flore frissonna devant ce souvenir. Tout avait été si… réel. Même les sensations étaient là. C’était sans doute pour ça qu’elle avait eu peur. Bien plus peur même que pendant un combat ! Et maintenant encore, elle était effrayée.
Elle se laissa tomber sur les tuiles, en position assise. Elle posa son épée sur ses genoux, le contact du métal froid ayant pour effet de la rassurer. Elle aurait pu retourner se coucher et oublier ce rêve. Mais elle n’avait plus sommeil. Ça avait paru trop réel à son goût. Des tas de questions la bousculaient. Trop d’interrogations qui restaient sans réponse. Son regard se porta sur la lune brillante. Dans la nuit claire, elle resplendissait littéralement. Une légère brise soufflait sur Lucina, comme toujours. Les toits des maisons s’élevaient progressivement. Puis, au loin, rayonnait le palais. Flore n’y était que rarement entrée. Mieux valait pour elle qu’elle évite de se montrer là-bas. Sa famille n’avait pas changé d’identité pour rien.

Elle ne croyait pas aux prémonitions. Elle n’y avait jamais cru et savait que les diseuses de bonne aventure faisaient parties de la famille des charlatans.
Mais, elle sentait sa moitié qui s’agitait au fond de sa prison spirituelle. Comme si elle n’était pas d’accord avec Flore. Finalement, elle s’allongea contre les tuiles du toit et contempla longuement le ciel.
Lentement, la nuit s’étira, s’étiola. Le ciel noir se couvrit de teintes roses qui progressivement devinrent orangées. Finalement, dans un élan majestueux de forces centripètes et centrifuges, le soleil s’avança dans l’horizon, couvrant dans son glorieux rayonnement la cité de Soleriès, cité de lumière, de joie et de beauté.

Les rues, doucement, s’animèrent. Les premiers marchands commencèrent à sortir leurs victuailles, probablement pour la plupart délicieuses. Le marché s’installait et un bruit de fond augmenta progressivement de volume. Ce ne fut que lorsque le brouhaha devint vraiment fort que Flore se redressa. Pile à ce moment, comme un heureux ou malheureux hasard, une silhouette déboula dans les rues, interpellant par sa stature notre jolie blonde aux yeux d’acier. Emmitouflé dans un long manteau noir, il traverse la rue sous les yeux des commerçants qui commencent tout juste à entamer les premières affaires de la journée. La créature étrange déambula le long de la rue principale, sous les yeux de la jeune femme ébahit. Ses doigts se crispent. Quel était ce nouveau tour ?
La silhouette inconnue parvint au centre de la grande place. Lorsque de fiers gardes de la cité se précipitèrent à sa rencontre, elle les envoya rouler de nombreux mètres plus loin. La jeune femme sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Frisson qui n’avait rien à voir avec la fraîcheur matinale.
Sur le toit en face de Flore, de l’autre côté de la place, s’arrêta une autre personne, elle aussi interpellée visiblement par la menace du volatile. La silhouette de la créature s’arrêta.

« Habitants !!! Vous n’avez nullement à me craindre, car c’est pour vous que je suis ici CLAC! Ma maitresse est de nouveau parmi nous, elle est sera bientôt là ! Son réveil doit être acclamé CLAC ! Venez ! Rassemblez-vous ici même CLAC ! Et je vous conduirai à celle qui nous sauvera tous de ces êtres impitoyables qui nous commandent ! »

Alertée par ces paroles pour le moins banale, la jeune femme se redressa sur le toit. A cet instant, une onde violente la projeta contre les tuiles. Le bruit des vitres de verre qui se brisaient se répercuta intensément de toutes parts. Flore, sonnée, se redressa. Elle ne s’était pas attendue à une telle attaque.

* Ne serait-il pas plus sage de s’éloigner ? D’opter pour un repli stratégique ? *

Un sourire amusé joua sur ses lèvres. Il n’était pas dans ses habitudes de fuir face à l’ennemi. Lentement, elle marcha vers le bord du toit et ramassa son épée qui avait été propulsée par l’onde de choc. Dignement, elle attacha le fourreau. De toute manière, elle ne pouvait abandonner les habitants. Ça n’était pas dans sa manière de penser.

La population s’éloignait en courant, prise de panique devant la créature mystérieuse qui prétendait agir sur ordre de quelqu’un.

Les membres suivirent leur désir, cette envie d'avancer sans savoir réellement pourquoi. Des invités étranges se joignirent à eux pour se rassembler juste au-dessous du tourbillon qui s'élevait dans le ciel. Le messager s'arrêta et attendit tout de fois quelques minutes, le temps que les derniers retardataires le rejoignent, notamment un un cavalier visiblement pas affecté par son sortilège. Qu'importe, il n'échapperait pas à la suite du voyage.

"- CLAC Le voyage commence hi hi CLAC CLAC"

A peine que le messager ait eu le temps de prononcer ces quelques mots, que la tornade qui se préparait dans le ciel s'abattit sur terre emportant sur son passage tous les êtres vivants venus pour le spectacle. Même ceux qui essayaient de se retenir à plusieurs mètres du lieux de "rendez-vous" se firent emporter dans le tourbillon les envoyant dans un lieu bien particulier. Un lieu étrange, sombre, un endroit inconnu de tous. Une immense salle s'offrait dès lors à tous les malheureux qui prirent part à ce voyage. Éjectés dans la pièce, on pouvait sentir une odeur d'encens. Le sol était de marbre, l'on pouvait y apercevoir son reflet à l'intérieur. Il n'était pas possible de voir le plafond du lieu car une sorte de nuage cachait la visibilité des membres présents. Au bout de ce long couloir dotés de bougie sur chacune des parois, l'on pouvait apercevoir une magnifique femme aux courbures parfaitement alléchantes. Elle était brune et semblait endormie dans son cristal remplit d'eau. Tout autour étaient rassemblés les fameuses ombres qui accompagnèrent nos aventuriers dans ce voyage. Elles étaient rassemblées en rond autour du cristal. Le message quant à lui se trouvait juste en dessous du Cristal.

"- CLAC CLAC Les âmes nécessaires sont enfin présentes, que le rituel commence CLAC !"

C'est à Yuan

Ça commençait à sentir le roussi cette histoire. D’abord Flore s’était retrouvée piégée dans un sortilège débile et suivait comme un mouton le reste des habitants, envoûtés eux aussi. C’était avec une chance inouïe qu’elle avait été sortie de ce traquenard. Enfin, la chance avait une identité dans ce cas précis. L’instinct de Flore lui hurlait de s’enfuir à toute jambe pendant qu’elle le pouvait encore. Si sa moitié s’était réveillé, c’était que le danger qu’elle courrait était réel et qu’elle ne pouvait prendre à la légère les évènements. Oui, elle pouvait toujours choisir de s’enfuir pendant qu’il était encore temps. C’était facile, quelques pirouettes, un jet de glace pour couvrir sa fuite et même dans l’espace dégagé de la plaine, elle pourrait toujours s’éloigner avec l’aide d’Isis. Son griffon n’était de toute manière jamais bien loin et au moindre signe, elle viendrait l’aider à se sortir de ce pétrin. Ça, c’était la solution la plus séduisante sur l’instant. Cependant, il y avait également d’autres critères qu’elle devait prendre en compte : le fait, par exemple, qu’elle n’était pas la seule prisonnière parmi cette foule. Tous ces gens, qui reprenaient petit à petit conscience de la réalité qui les entourait, ne pouvaient pas être laissés derrière comme des moins que rien. Du moins, c’était ce que Flore pensait. Il restait donc ce fâcheux problème de la démarche à suivre, problème que notre chère aventurière n’avait toujours pas résolu. Ainsi, avançait-elle avec le plus de discrétion possible au milieu de ces personnes qui se demandaient ce qu’elles pouvaient bien faire ici, toutes ensembles. Un léger murmure enflait parmi la foule, mais ne dépassa pas le point critique qui aurait pu faire bouger leur principal gardien. D’ailleurs, ce n’était plus l’unique gardien. Maintenant qu’elle y regardait de plus près, et bien, comment dire…. Ils étaient encerclés par des créatures étranges, portant des armes et qui n’inspirait pas du tout la sympathie.

* - Aha ! Tu ne peux plus fuir. *

Sa moitié émit une onomatopée qui manifestait visiblement son contentement. Flore serra les points. Décidément, cette chose était embarrassante. Dommage qu’elle ne puisse pas vivre sans elle !

* - T’es une lâche Flore ! C’est indéniable.
- Même pas en rêve ! Je ne laisserais jamais ces pauvres gens !
- Ouais ouais ! T’as envisagé de les laisser pendant au moins un quart de seconde.
- Je préfère ne pas répondre à cette idiotie. De toute manière, c’est moi le cerveau de l’opération.
- Hey ! Cerveau de l’opération. Regarde un peu ce qui se passe au lieu de jacasser ! Tu n’as même pas remarqué qu’on s’était arrêté. *

Flore se reconcentra aussitôt sur le monde extérieur et constata avec étonnement qu’elle s’était bel et bien arrêtée. Les autres gens semblaient aussi surpris qu’elle et déjà, elle pouvait sentir les frémissements de peur. Son regard argenté fit le tour des personnes présentes non loin d’elle. Juste des paysans. Ça ne présentait pas bien les choses. Ah si ! Il y avait quelqu’un d’armé, un peu plus loin. Mais à deux, que pouvaient-ils faire ? La jeune femme se tourna vers l’espèce de corbeau qui l’avait envoûté. Elle contempla le ciel. Quelque chose se préparait. Un tourbillon dans les nuages noirs qui n’annonçait rien de bon. Ils devaient tous fuir, maintenant. C’était une certitude. Elle-même aurait souhaité courir. Mais il était trop tard. Le claquement du bec du corbeau ponctua la fin de sa phrase et soudain, une tornade s’abattit sur eux. Elle vit une lumière blanche devant ses yeux et puis ce fut tout. Son corps sembla être balloté dans le temps, de manière si violente qu’elle en perdit tout point de repère. Enfin, les secousses s’estompèrent et elle retrouva la terre ferme. Ses sens étaient totalement perturbés. Elle qui d’habitude était si douée pour ce genre de chose, était totalement incapable de donner l’emplacement précis de l’endroit où ils étaient.
Tandis qu’elle retrouvait ses esprits, comme la plupart des personnes rassemblées, Flore balaya de son regard argenté la pièce des yeux. C’était très sombre. Mais il émanait une extrême richesse de cet endroit tout de même, notamment avec le sol en marbre blanc. C’était même plutôt sympa la déco. Ce qui était nettement moins sympa en revanche, c’était la présence des gardiens qui étaient responsables de l’arrivée des voyageurs dans cet antre. Ces charmantes petites créatures s’étaient rassemblées autour d’un espèce de machin en cristal –ou en verre d’ailleurs – qui contenait le corps nu d’une personne à la beauté remarquable. Il fallait bien admettre qu’elle était mille fois plus jolie que Flore.

* - Ça te fous les nerfs, hein ? Allez avoue !
- Va mourir. Ils préparent quoi à ton avis ?
- L’autre piaf a parlé d’un rituel. Il prépare donc un rituel, des fois que t’ai pas encore saisi toute l’histoire.
- Gnangnangnan.
- Tu es puérile, Flore.
- Qui a commencé, hein ? *

Courroucée, la jeune femme contempla la machination qu’ils étaient en train de préparer. Foutue histoire ! Comme toujours, elle était embarquée dans des trucs un peu étranges qui lui déplaisaient avant même ça ait réellement commencé.

* - Dis, tu crois qu’ils vont sortir de la musique et balancer des incantations à la con ?
- Ben c’est un rituel avec sacrifice quoi.
- Nan, mais attends ! Genre un jour de pleine lune, danser à cloche pied autour de tranches de jambon agrémenté de feuilles de menthe ?
- … Où vas-tu trouver des idées pareilles ?
- Tu veux vraiment savoir la réponse que j’ai envie de te donner ?
- Non merci.
- Hey ! Minute ! T’as parlé de SACRIFICE ?
- Mais BON SANG t’écoute de temps en temps ? C’EST LE PIAF QUI A PARLE DE SACRIFICES !
- Merde, faut qu’on se sorte de là ! *

Accompagnant ces charmantes paroles, Flore contempla la pièce, à la recherche d’une idée. Plan A : se faire aussi discret que possible en attendant le bon moment pour dégainer et attaquer.
Soudain, sortant de la foule et se démarquant des paysans ahuris, le seul type armé en plus d’elle, s’adressa carrément au piaf. Il jeta un coup d’œil dans sa direction. Mais bordel ? Il s’attendait à quoi ? Le plan A tombait donc à l’eau parce qu’ils ne tarderaient pas à découvrir son identité.
Bref, en fin de compte, Flore décida de passer au plan B qui était la continuité du plan A. Elle attendrait donc que le piaf réagisse et porterait secours à l’autre lorsque ça serait le bon moment.

* - Ton plan est bidon…
- Toi on t’a rien demandé !
- Bastoooooon !
- … Pas tout de suite. *

Tentant vainement de se fondre parmi les paysans, sa moitié attira encore une fois son attention.

* - Dis… Pourquoi on ne les fait pas se battre les paysans ?
- T’es malade ? Et comment je te prie ? Avec une pelle et des ciseaux ?
- Nan, mais tu leurs chantes une chanson qui les énerve bien et hop ! Ils foncent sur les piafs barjos ! Aussi simple que ça.
- Et barbare ! Ils iraient droit à la mort.
- Mais on s’en fou ! Tant qu’on s’en sort en vie hein… *

Finalement, elle se reconcentra sur le monde extérieur et contempla le courageux guerrier qui osait interrompre le sacrifice et parlait de cette voix agacée au machin avec un bec. Voilà qui promettait d’être divertissant.

♠ Les Créateurs, la Sorcière et le Cercueil en cristal...

_____Les pauvres habitants de Soleriès, emportés par la bourrasque de vent venaient d'arriver non sans être quelques peu secoués dans cette immense salle sombre à la hauteur semblant infinie. D'énormes piliers se dressaient ci et là, s'élevant vers l'obscure ciel comme s'ils le soutenaient, rendant sa véritable existence ou non difficile à déterminer. Et bien que des éclairs et des grondements paraissaient surgir des cieux, il était certain que seule la lumière offerte généreusement par les différentes chandelles disséminées un peu partout permettait aux intrus de voir où leurs pieds se posaient. Ces derniers purent aussi rapidement apercevoir un cercueil en cristal dans lequel beaucoup observèrent avec attention la femme qui s'y trouvait endormie. Elle avait de longs cheveux ténébreux et malgré qu'il était indéniable que ses vêtements étaient usés et passés de mode depuis des lustres, il était peu aisé de lui définir un âge. Les étranges ombres et présences qui s'étaient mêlées à la foule depuis peu avaient elles aussi pris part à l'observation, formant comme un cercle autour du cercueil tout en conservant une certaine distance, comme si elles avaient connaissance des maux qu'il renfermait. L'oiseau de mauvaise augure venait de se faire plus discret, sentant sûrement qu'il avait accompli son devoir avec succès.

_____Là, tapis dans l'ombre, observant la scène avec attention, se tenait l'un de ceux qui avait organisé cette mascarade, l'un des trois Esprit Déchu, Anoth Darkhope. Derrière son masque argenté, à l'abris des regards, ses lèvres venaient d'afficher un large sourire qui dénotait à la fois les sentiments de satisfaction et d'impatience qui avaient élu domicile dans tout son être. Grace aux âmes qui venaient de le rejoindre, la sorcière ici présente sortirai bientôt de ses songes, tout comme ses deux soeurs, pour entrer au service de Nemesis. Car si Pierre et lui même disposaient déjà d'une puissante armée, ce n'était pas encore le cas de la Déchue fraîchement ressortie de l'oubli. Et avec les trois soeurs sous ses ordres, elle les égalerai sans mal. Toujours dans l'ombre, Anoth leva finalement son bras, faisant un léger geste vers l'avant avec sa main. Les ombres commencèrent alors à s'éparpiller, changeant totalement de comportement et se montrant hostile envers les intrus de Soleriès. Elles les attaquèrent ensuite... elles en turent un, puis deux, puis trois... laissant les âmes pures de ces derniers sortir de leur corps d'origine avant de rejoindre le cercueil de cristal. La peur et la confusion gagnèrent la foule qui se mit à s'agiter dans tout les sens. Cette anarchie soudaine empêcha la plus part des personnes de voir l'un des doigts de la sorcière bouger et quelques instants plus tard d'apercevoir ses paupières se lever. Et c'est à ce même moment que Mélusyne et Faolin apparurent.

_____Enfin ! L'instant qu'Anoth attendait depuis ci longtemps venait de se produire. Les Esprits Créateurs venaient de sentir le réveil de la sorcière et ils n'avaient pu s'empêcher de venir en ce lieu pour la sceller de nouveau. Et si tout venait de se passer selon le plan, Nemesis et Pierre venaient, chacun de leur côté, de réveiller ses deux soeurs. Et si tout venait de se passer toujours selon leur plan, Mélusyne et Faolin avaient dues se dédoubler pour pouvoir intervenir aux trois emplacements en même temps. Et cela signifiait donc que le Déchu contemplait devant lui des Créateurs au tier de leur puissance. Avaient ils entièrement conscience du guêpier dans lequel ils venaient de se fourrer ? Ils devaient se douter qu'un Déchu se tenait non loin de la sorcière, mais savaient ils que les forces alliées d'un Déchu et de l'une de ces sorcière dépassaient de loin leurs puissances largement affaiblis par leurs dédoublements ? Mélusyne entra rapidement en action en tentant de faire cuir l'étrange oiseau qui était resté dans son coin. Anoth ne porta pas plus d'attention que cela à l'oiseau, préférant se concentrer sur le tour qu'il allait leurs jouer. Le Déchu sortit de l'Ombre, se rapprochant à la hâte des deux Créateurs qui lui tournaient le dos et dont l'attention semblait à présent fixé sur la sorcière. Sentant son approche, ils se retournèrent vers lui, mais il était trop tard, Anoth se mit à genou avant d'apposer la paume de ses mains sur un cercle à symboles qui avait été préalablement tracé sur les pavés du sol de la salle. Un champ de force se forma alors, emprisonnant les deux Esprits Créateurs et quelques Luciniens malchanceux. Ils ne pouvaient pas se téléporter à l'extérieur du champ et à présent ils ne disposaient plus d'assez de puissance pour pouvoir l'annihiler. La sorcière vint alors rejoindre le Déchu et celui ci donna l'ordre aux ombres de les couvrir.

Contente de revenir enfin parmi nous ?
Demanda t'il à la sorcière simplement pour ouvrir la conversation.
Ca fait belle lurette que je ne m'étais pas senti aussi vivante et puis si c'est pour voir les...
Affirma t'elle avant que le Déchu ne lui coupe la parole.
Tiens, lis ça à voix haute... ça fait bien longtemps que tu n'as pas utilisé ce dialecte mais je suis sûr tu sais encore le décrypter...
Déclara t'il à la femme sans faire attention à ses paroles et en lui donnant un vieux parchemin qu'il venait de sortir de l'une de ses poche.

_____Les deux êtres commencèrent alors à parler un langage qu'eux seuls et les créateurs comprenaient. Leurs voix se concordaient parfaitement, lui récitant de mémoire et elle lisant sur son bout de papier. On pouvait voir, au fur et à mesure de l'incantation, les visages de Mélusyne et Faolin se pétrifier de terreur. Ils comprenaient ce qui allait leurs arriver, mais ils ne disaient rien, ne demandant nullement clémence, ils savaient pertinemment que rien ne pourrait arrêter Anoth. Et soudain un flash aveuglant apparu et lorsque tous purent de nouveau voir, quelques instants plus tard, toute chose qui s'était trouvé dans le cercle avait disparu.


♠ Les Déchus, leurs Serviteurs et le Chaos naissant...

_____Anoth observa encore pendant un court moment le vide devant lui, son masque cachant son air satisfait. Puis il se retourna en direction des mortels, tous avaient vus la scène et tous semblaient toujours abasourdis par ce qui venait de se passer. Mais ils allaient devoir reprendre leur esprit et cela rapidement. Les ombres disparurent soudainement, sans que le Déchu n'ordonne quoi que se soit, comme si elles avaient ressenti un danger imminent. Et en effet, quelques instants plus tard, le ciel intérieur se mit un gronder encore plus fort et la foudre à devenir encore plus oppressante. Puis les murs, les piliers et les chandelles de la salle commencèrent à trembler avant que l'on puisse voir naître en leur sein de larges fissures. Et peu à peu des petits comme des grands morceaux de pierre chutèrent sur le sol pavé, rencontrant parfois au préalable les corps encore étonné des habitants de Soleriès. Finalement un bout de mur entier s'écroula laissant apparaître aux yeux de tous ce qui se trouait dehors. De larges rayons de lumière entrèrent dans la pièce pour l'éclairer. On pouvait uniquement apercevoir dehors un ciel au bleu des plus pur. Ceux qui se trouvaient à proximité de cette sortie improvisée purent remarquer une chose très singulière... la bâtisse dans laquelle ils se trouvaient et qui était en train de s'effondrer semblait reposer sur un nuage. Et c'est à ce même moment qu'Anoth prit la décision de prendre la parole.

A présent les Esprits Créateurs ne sont plus ! Vous n'avez nul autre choix désormais que vous soumettre aux Déchus que nous sommes. Les mondes d'Harmonia nous appartiennent. Aujourd'hui vous avez été les témoins du début d'une nouvelle ère et si vous voulez pouvoir raconter ce que vous venez de voir à vos proches ou si vous souhaitez pouvoir encore embrasser vos enfants ce soir... quittez ce lieu sans plus attendre ! Déclara t'il en tendant l'un de se bras en direction d'un corps inerte qui gisait sur le sol. Cette prison s'effondre sur elle même et bientôt le nuage sur lequel elle repose en fera de même. Votre seule échappatoire se trouve être une gigantesque liane qui vous ramènera sur la terre ferme. Elle se trouve à une trentaine de mètres sur ma gauche, au centre du nuage, mais faut il encore que vous puissiez la rejoindre... Affirma t'il sur un ton moqueur. Car même si cette bâtisse ensorcelé à flotté sur ce nuage jusqu'à présent, il n'en sera pas de même pour vous et vos pieds...

_____Anoth resta un cours moment à contempler l'assemblée, savourant sa victoire, puis il apposa l'une de ses main sur une des épaule de la sorcière. Soudain une fumée des plus sombres et des plus opaque apparue, les entourant rapidement. Et lorsque celle ci se dissipa quelques instants plus tard, les deux êtres avaient disparus.

« Et que se passe-t-il lorsque le monde s’effondre ? Quand tout ce que nous avons connu s’évapore à la manière d’une fumée. On ne peut ni l’attraper, ni la retenir, ni même la tenir fermement entre ses mains. Finalement, on a plus d’autre choix : il suffit simplement de la regarder s’évaporer. Et c’est ainsi que tout fini. Dans la fumée s’échappant des cendres de la destruction.
Chacun croit faire ce qui est juste. Cette idée n’est qu’utopie et vanité. Nul ne sait réellement où est le bien, où est le mal et quel est le juste milieu. Il n’y en a pas. Rien n’existence hormis la certitude de la mort et du changement. Ce denier est inévitable car chacun oscille d’un état à l’autre sans jamais s’interrompre.
Alors tout est absurde. Et cette absurdité même naît du silence que le Monde s’applique à nous rendre. Dans ce cas, nous ne savons plus rien. Nous n’avons jamais rien su. »


Extrait du journal de bord de Flore.





Plus le temps avançait, plus Flore sentait que sa moitié avait raison. Cette histoire était un piège grossier dans lequel elle était tombée bêtement. Visiblement, l’homme qui était intervenu courageusement n’avait malheureusement rien pu faire. Il était trop tard pour tout le monde. Un horrible pressentiment s’était immiscé dans la jeune femme qui n’arrivait même pas à le contenir. Une sorte de certitude angoissante. La certitude que tout arrivait au terme. Et la suite des évènements lui donna raison.
Elles vinrent ; ces ombres sorties de nulle part. Elles se mouvaient, pernicieuses, rampant jusqu’aux habitants de la cité capturés, puis prenaient leur vie sans une once de pitié. C’était un spectacle horrible. Ainsi donc, ces personnes n’étaient rien de plus que du gibier. C’était une notion que Flore n’arrivait pas à comprendre. Jamais elle n’aurait osé considérer un être vivant de cette manière. Qui était donc l’auteur de cette mascarade ? L’oiseau ? Non, il n’était qu’un serviteur, trop stupide pour penser par lui-même. Les gens hurlaient. C’était la panique. Devant elle, une femme fut aspirée par l’ombre dans un cri de douleur.
Elle en était malade de dégoût. Un instant déroutée par ce spectacle des plus atroces, elle retrouva néanmoins une certaine vigueur grâce à l’intervention une fois de plus de sa moitié qui n’avait pas perdu une seconde et prouvait une fois encore qu’elle était celle des deux qui savait garder la tête froide et prendre des décisions rapidement dans ce genre de situation. Sa voix, dans la tête de la jeune demoiselle, sonna comme immensément rassurante et la stimula à nouveau.

* - Flore, ils viennent sur nous.
- Je sais. On y va ?
- On y va ! *

Elle ferma les yeux. L’air ambiant était pollué par la monstruosité des ombres qui semblaient rentre l’atmosphère encore plus étouffant qu’il ne l’était réellement. Elle eut une grimace. Elle n’arrivait pas à s’isoler pour se concentrer ne serait-ce qu’un quart de seconde. Aussi peu de temps lui était amplement suffisant.

* - Concentre-toi Flore. Je sais que tu les entends. *

Oui, elle les entendait. Toutes ces personnes qui hurlaient autour d’elle. Plongées dans une douleur indescriptible. Où se situait réellement son devoir ? Elle ne le savait pas. Elle n’arrivait même pas à vider son esprit pour entrer en pleine possession de ses moyens. Elle était perdue en cet instant même, ne sachant plus vraiment quoi faire, ni comment agir. Elle qui d’habitude était si froide, si déterminée était dorénavant hésitante et indécise. Sa moitié était prête à établir le contact et à ce qu’elles ne fassent plus qu’un. Mais Flore hésitait toujours.

* - Nous allons nous en sortir. Ensemble. Comme toujours. Fais-moi confiance Flore. *

Avait-elle vraiment le choix ? Mais sa moitié ferait toujours passer le bien-être de Flore avant tout. Elle avait donc toutes ses chances de rester en vie si elle acceptait de lui faire confiance. Même si une fois que la fusion serait totale, elle n’était pas sûre de la suite des évènements. Tout était possible. Elle pouvait parfaitement perdre le contrôle du corps. C’était dangereux.
Elle inspira. Puis expira. Son esprit se vida. Ses traits se détendirent. Ses muscles également. Elle sentit la présence de sa moitié s’agrandir. Elle lui insufflait de la détermination, de la puissance. Elle était prête à présent.
Une ombre s’aventura en direction de la jeune femme qui semblait presque inconsciente.

* - Maintenant, bats-toi. *

Soudain, alors que l’ombre s’insinuait en direction de sa victime, Flore ouvrit les yeux. Ses yeux argentés qui n’exprimaient rien d’autre qu’une détermination sans égal. Elle eut un bond en arrière, évitant l’approche de l’ombre qui souhaitait faire d’elle un sacrifice. Elle s’agenouilla à la réception et releva la tête, dévisageant celle qui avait osé s’attaquer à elle. La demoiselle aux traits angéliques se redressa et passa ses doigts fins et agiles autour de la garde de son épée. Empoignant cette dernière, elle la sortit de son fourreau avec une extrême délicatesse. A son tour, elle chargea et intercepta l’ombre d’un coup d’épée direct. Elle s’arrêta et prit à nouveau conscience de la réalité qui l’entourait. Les gens mourraient dans d’atroces souffrances. Leurs cris s’élevaient de part et d’autre. Dans sa tête, résonnaient tous ces hurlements de terreur et de douleurs. A nouveau, sa concentration et sa détermination fléchirent.
Soudain, devant ses yeux, un enfant tomba à terre, cherchant désespérément à échapper à l’instrument du sacrifice. L’ombre se dressa devant lui, imposante et prête à l’utiliser pour arriver à ses fins.

* - Fuyons, Flore. Maintenant !
- IL n’en est pas question.
- Ne fais pas l’imbécile ! Suivons le plan !
- Il n’y a plus de plan ! *

Elle se redressa sur ses appuis et dans sa main droite se forma une lance de glace. D’un geste rapide elle l’envoya sur une ombre à sa droite laissant aux Luciniens le temps de se reculer. Puis elle se mit à courir en direction de l’enfant tombé à terre. Juste à temps, elle abattit sa précieuse épée sur l’ombre qui s’évapora en deux. L’enfant se releva en se blottit contre la femme. C’était un petit garçon âge peut-être d’une dizaine d’années, guère plus. Il semblait effrayé par ce qui se produisait autour d’eux. Flore comprit qu’elle ne pourrait jamais sauver tout le monde. Déjà la plupart des gens avaient été utilisés aux fins obscures de l’oiseau. Les gardes présents s’étaient ressaisis et se battaient aux côtés de l’homme qui s’était adressé à leur gardien au plumage noir précédemment. L’enfant se rapprocha de la jeune femme qui eut un rictus de surprise : en général, les enfants n’osaient pas s’approcher d’elle, encore moins lorsqu’elle était dans cet état. D’ailleurs, sa moitié la laissait relativement libre de ses mouvements pendant le combat. La fusion n’était donc pas totale. Elle allait chercher un moyen de s’échapper avec l’enfant lorsque de nouveaux protagonistes apparurent et firent prendre aux évènements une tournure toute nouvelle.

Soudain, ils apparurent. Les deux esprits créateurs. Jamais Flore ne les avait vus réellement, mais elle sut instantanément que c’était eux et personne d’autre. Il y avait une sorte de lumière quand ils se trouvaient à proximité. Le petit garçon s’accrocha désespérément aux vêtements de la belle blonde, observant avec une certaine crainte les deux arrivants. Mais ses yeux bleus semblaient briller d’admiration. L’heure des sacrifices n’était plus. Les ombres s’étaient retirées face à tant de lumière. Elle passa son bras autour des épaules du jeune garçon, elle-même impressionnée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Mais malgré cette beauté et cette lumière, Flore avait l’impression la sensation fugace que ce n’était que de belles paroles. Qu’au fond, ils ne seraient pas sauvés.
Alors, il sortit. Le dieu déchu. Celui qui représentait la mort. Et ce fut la fin. La fin des esprits créateurs. Le début de l’ère des déchus. Tout se joua à cet instant sous les yeux de Flore qui ne put que regarder la scène. Sans même oser bouger. Et la sorcière se leva, rejoignant le déchu. Cette belle femme qui contempla d’un air dédaigneux les Luciniens rassemblés. Ils devaient partir. Elle serra l’enfant contre elle de son bras libre et raffermit sa prise sur son épée. Ce dernier cacha sa tête contre Flore.

* - Il faut qu’on se tire d’ici ! MAINTENANT !
- On ne va pas les laisser ici.
- Et on ne va pas non plus crever ici comme des imbéciles.
- Il vaut sans doute mieux mourir avec honneur que vivre dans la honte.
- Oh, toi et tes grands principes vous commencez sérieusement à m’emmerder. *

Il existait un seul moyen de s’échapper. Le déchu s’adressa à l’assemblée, s’érigeant dorénavant en maître de ce monde. Cet endroit n’était rien d’autre qu’une prison. Et tous avaient été pris au piège. S’en sortiraient-ils tous vivants ? Non. Déjà le déchu disparaissait, accompagné de celle qu’il avait libéré. Dans un nuage de fumée, il s’évapora.
Restait alors ceux qui n’étaient rien d’autre que des sacrifices. Flore resta un instant interloquée. Tout ceci n’était pas attendu. Rien ne se passait comme elle l’avait prévu. Le hasard ? La malchance ? Les choix qu’elle avait faits, précédemment, étaient-il les bons ? Elle paniquait, malgré la présence d’habitude si rassurante de sa moitié en elle qui n’était rien d’autre que de la puissance à l’état pur. Et pourtant, les gens paniquaient, courraient. Ils se dirigeaient vers la liane tandis que le sol tremblait et semblait sur le point de s’effondrer. L’indécision la clouait littéralement sur place. Son regard croisa alors celui de l’enfant qui se cramponnait toujours à elle avec le désespoir d’un naufragé à une bouée. La vue de ce petit garçon blond lui rappela plusieurs choses. La première, il n’y avait pas que sa vie en jeu. Et rien que pour sauver celle de l’enfant, elle allait devoir agir. Parce qu’elle ne voulait pas le laisser mourir comme ça, de manière égoïste et préférant sauver seulement sa peau. Oui, elle était peut-être une disciple de l’Ordre, mais elle n’abandonnait jamais derrière elle ceux qu’elle estimait. Tous ces gens étaient ses compatriotes. Elle empoigna la main du garçon.

- Suis-moi. Nous allons sortir de cet endroit.

* - A ta gauche. L’espèce d’homme-elfe a tendu des câbles.
- Que puis-je faire de plus ?
- Rien. Nous sommes impuissantes dans les airs. Construire un pont de glace nous prendrait trop de temps. *

Elle suivit patiemment les autres Luciniens qui cherchaient à fuir le plus vite possible. Les quelques gardes présents sur place avaient canalisé la foule, évitant ainsi les mouvements de panique. Le sol tremblait. Bientôt il s’effondrerait. L’homme dont elle ignorait l’identité et qui s’occupait de faire évacuer la population était plus à l’écart, suivant les opérations. Les derniers Luciniens passaient alors. Ça n’était qu’une question de minutes avant que la bâtisse ne s’écroule totalement. S’approchant donc de l’auteur des câbles tendus, elle s’arrêta un court instant pour lui dire :

- Vous devriez y aller. Vous ne pourrez sauver tout le monde.

A son tour, elle s’approcha d’un câble et rangea son épée. Puis, elle prit ses gants coincés dans sa ceinture et les mit de manière à ne pas se blesser les mains. Le petit garçon était apeuré. Elle se pencha vers lui et avec beaucoup de douceur, lui dit :

- Nous allons sortir d’ici. Mais pour ça, tu vas devoir me faire confiance.

Il hocha la tête.

- Tu vas t’accrocher sur mon dos et surtout ne pas regarder en bas, quoi qu’il arrive.
- D’accord.

Sa voix avait été un couinement à peine audible. Flore le plaça donc dans son dos et il s’accrocha comme il le pouvait à elle. S’avançant vers le câble, elle se prépara à sauter. D’un bond puissant, elle se hissa sur le câble, debout, les bras tendus au-dessus du vide. Elle n’avait pas assez de force dans les bras pour soutenir son propre poids et celui de l’enfant. Il ne lui restait plus que comme option de montrer son incroyable agilité. Elle inspira profondément, tentant de se calmer. Elle devait se oublier tout le reste. Même les gens qui lâchaient prise et tombaient. En de petits pas glissés, elle s’aventura de plus en plus loin sur le câble tendu. Le poids de l’enfant ne facilitait pas la tâche de la jeune demoiselle. Ni même l’atmosphère tendu autour d’elle. D’ailleurs, elle devait rester excessivement calme pour réussir son avancée.

* - C’est bien. Tu t’en sors pas mal. Courage. Reste concentrée.
- Si tu te taisais, ça irait mieux.
- Pardon. *

Elle tangua au-dessus du vide mais réussit à reprendre son équilibre. Respirant un bon coup, elle reprit sa marche. Soudain, juste devant elle, un Lucinien lâcha prise. Ignorant sa raison et agissant par instinct, elle tendit les deux mains devant elle et créa une plaque de glace sur laquelle atterrit l’homme. Elle remonta progressivement la plaque et il put à nouveau s’accrocher au câble. La plaque de glace explosa en mille flocons de neige. A nouveau, elle faillit perdre l’équilibre.
Progressivement, elle parvint jusqu’à la liane. Puis, elle sauta dans le vide et attrapa la liane – avec plus ou moins de grâce. Alors, lentement elle se laissa glisser. Elle sentait que l’enfant s’accrochait aussi fort qu’il le pouvait à elle. Flore avait mal aux bras. Mais elle se laissa tout de même glisser encore et encore. Jusqu’à ce que son corps heurte quelque chose de dur. Elle et l’enfant roulèrent.